La taille et le rabattage du gui blanc sont les interventions de gestion les plus directes et les plus efficaces pour contrôler son développement et préserver la santé de l’arbre hôte. Contrairement à la taille des arbres d’ornement ou fruitiers qui vise à améliorer leur forme ou leur productivité, la taille du gui est une mesure de contrôle. Elle a pour but de limiter la charge parasitaire sur l’hôte, de réduire le risque de casse des branches et d’empêcher une dissémination excessive. Cette opération, si elle est bien menée, permet d’établir une coexistence durable entre le gui et son arbre porteur, en profitant de sa présence singulière sans pour autant sacrifier la vigueur de l’hôte.
La décision de tailler le gui doit être basée sur une évaluation attentive de la situation. Il est rarement nécessaire de tout enlever. Les principaux facteurs à considérer sont le nombre de touffes de gui sur l’arbre, leur taille, leur emplacement et l’état de santé général de l’hôte. Si un arbre robuste porte une ou deux petites touffes, une intervention n’est pas forcément urgente. En revanche, si un arbre montre des signes de faiblesse et est couvert de nombreuses grosses touffes, une taille de réduction devient impérative pour sa survie.
La meilleure période pour tailler le gui est l’hiver, pendant la période de dormance de l’arbre hôte (s’il est à feuilles caduques). À ce moment, les touffes de gui sont parfaitement visibles, ce qui facilite grandement le travail. De plus, une intervention durant le repos végétatif de l’hôte est moins stressante pour lui, et les plaies de coupe auront le temps de commencer à cicatriser avant la montée de sève printanière. Travailler dans un arbre dénudé est également plus simple et plus sécuritaire.
Les outils à utiliser dépendent de la taille et de l’emplacement des touffes et des branches. Pour les petites touffes accessibles, un sécateur ou un coupe-branche bien aiguisé et désinfecté suffit. Pour les touffes plus grosses ou plus hautes, une scie d’élagage montée sur une perche télescopique (un échenilloir) est l’outil de choix. Pour les interventions majeures sur de grosses branches, il est fortement recommandé de faire appel à un élagueur professionnel qui dispose de l’équipement de sécurité et de l’expertise nécessaires pour travailler en hauteur.
Il est crucial de comprendre que la simple coupe de la touffe de gui à sa base ne l’élimine pas définitivement. Le système de suçoirs reste vivant à l’intérieur du bois de l’hôte et, dans la plupart des cas, il produira de nouvelles pousses dans les années qui suivent. La taille du gui est donc une opération à renouveler périodiquement, tous les 3 à 5 ans environ, pour maintenir la population sous contrôle. C’est un travail d’entretien régulier plutôt qu’une solution unique et définitive.
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Les objectifs de la taille
Le premier objectif de la taille du gui est de réduire la pression qu’il exerce sur l’arbre hôte. Chaque touffe de gui puise de l’eau et des sels minéraux, affaiblissant l’arbre. En réduisant la masse foliaire totale du parasite, on diminue la quantité de sève détournée, laissant plus de ressources à l’hôte pour sa propre croissance et sa santé. C’est particulièrement important pour les arbres fruitiers, où une forte infestation peut entraîner une baisse significative de la production, ou pour les arbres âgés et moins vigoureux.
Le deuxième objectif est de prévenir les risques mécaniques. Une grosse touffe de gui, gorgée d’eau ou couverte de neige en hiver, peut représenter un poids considérable. Ce surpoids, combiné à la prise au vent de la touffe, exerce une forte contrainte sur la branche porteuse, augmentant considérablement le risque de casse, même sur des branches saines. La taille vise à alléger cette charge et à préserver l’intégrité structurelle de l’arbre.
Un autre objectif important est de limiter la propagation du gui. Les grosses touffes bien développées sont celles qui produisent le plus de baies, et donc de graines. En les supprimant ou en les réduisant avant qu’elles ne fructifient, on casse le cycle de reproduction et on limite la dissémination des graines par les oiseaux vers d’autres branches ou d’autres arbres du voisinage. C’est une mesure préventive efficace pour contenir l’infestation à une échelle locale.
Enfin, la taille peut avoir un but esthétique. Certains propriétaires peuvent trouver qu’une prolifération excessive de gui dénature la silhouette de leurs arbres. Une taille sélective permet de retrouver un équilibre visuel, en conservant quelques touffes bien placées pour leur intérêt décoratif hivernal, tout en éliminant celles qui alourdissent ou déséquilibrent la forme de l’arbre. La taille permet de sculpter cette relation pour qu’elle reste harmonieuse.
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Les différentes techniques de taille
La technique la plus simple et la plus courante est le rabattage de la touffe. Elle consiste à couper toutes les tiges du gui au ras de la branche de l’arbre hôte. Il est important de réaliser une coupe aussi nette que possible sans endommager l’écorce de la branche. Cette méthode est efficace pour éliminer immédiatement la partie aérienne du parasite. Cependant, elle est temporaire, car les suçoirs internes vont inévitablement produire de nouvelles pousses, souvent multiples, autour du point de coupe.
Une approche plus radicale est l’ablation de la branche porteuse. Cette technique est recommandée lorsque la branche est massivement infestée par plusieurs touffes, lorsqu’elle montre des signes de dépérissement avancé (bois mort, champignons) ou si la touffe de gui est si grosse que son poids met en danger la branche elle-même. La coupe doit être effectuée selon les règles de l’art de l’élagage, au niveau de l’insertion de la branche sur une branche plus grosse ou sur le tronc, en veillant à ne pas laisser de chicot. Cette méthode est la seule qui garantit l’élimination complète du gui dans cette zone.
Une méthode moins courante, mais parfois mentionnée, est l’enveloppement de la jeune touffe. Elle consiste à couvrir une très jeune touffe de gui avec une bande de plastique noir opaque et résistant. En la privant totalement de lumière, on empêche la photosynthèse et on peut espérer la faire dépérir. Cette technique n’est applicable que sur de très jeunes sujets facilement accessibles et son efficacité sur le long terme est débattue, car le suçoir pourrait survivre un certain temps en puisant des ressources de l’hôte.
Il est important de noter qu’il n’existe aucune méthode chimique (herbicide) sélective et sûre pour éliminer le gui. Les produits qui pourraient tuer le gui sont également toxiques pour l’arbre hôte, car ils partagent le même système vasculaire. De plus, leur utilisation est dangereuse pour l’environnement. La gestion du gui doit donc reposer exclusivement sur des méthodes de contrôle mécanique comme la taille.
La gestion des repousses après la taille
Après avoir coupé une touffe de gui, il est essentiel de surveiller la zone de coupe dans les années qui suivent. Inévitablement, le système de suçoirs resté dans le bois va mobiliser ses réserves pour produire de nouvelles pousses. Ces repousses apparaissent généralement au printemps suivant la taille, sous la forme de petits bourgeons verts directement sur l’écorce de la branche, autour de l’ancienne base du gui.
Ces jeunes repousses sont beaucoup plus faciles à gérer que la touffe d’origine. Lorsqu’elles sont encore petites et tendres, il est souvent possible de les éliminer simplement en les frottant vigoureusement avec une brosse dure ou en les grattant avec la lame d’un couteau. Cette intervention précoce, répétée chaque année si nécessaire, peut suffire à épuiser les réserves du suçoir et à empêcher la reconstitution d’une nouvelle touffe. C’est une étape de suivi cruciale pour pérenniser les effets de la taille initiale.
Si on laisse les repousses se développer, elles finiront par former une nouvelle touffe, souvent plus large et plus étalée que la première. Il faudra alors procéder à une nouvelle taille de rabattage au bout de quelques années. La gestion du gui est un cycle : taille, surveillance des repousses, élimination des repousses ou nouvelle taille. La régularité des interventions est la clé pour maintenir l’infestation à un niveau acceptable avec un minimum d’effort.
Cette capacité de régénération est une preuve de l’incroyable résilience du gui. Elle souligne le fait que son élimination complète d’une branche sans la couper est pratiquement impossible. L’objectif de la taille n’est donc pas l’éradication, mais bien le contrôle à long terme. C’est une philosophie de jardinage qui accepte la présence de la plante tout en fixant les limites de son développement pour le bien-être de l’arbre.
Précautions et sécurité
Toute intervention de taille, et plus particulièrement sur le gui qui se trouve souvent en hauteur, comporte des risques et nécessite de prendre des précautions. La première règle de sécurité est de ne jamais prendre de risques inconsidérés. Si les touffes de gui sont situées sur de grosses branches ou à grande hauteur, il est impératif de confier le travail à un élagueur-grimpeur professionnel. Ces artisans sont formés et équipés pour travailler en hauteur en toute sécurité.
Pour les interventions réalisables depuis le sol ou avec une échelle stable, portez toujours un équipement de protection individuelle. Des gants de travail protègeront vos mains, et des lunettes de sécurité sont indispensables pour protéger vos yeux des chutes de brindilles et de sciure. Un casque est également fortement recommandé, même pour les travaux à faible hauteur, car la chute d’une branche, même petite, peut provoquer des blessures graves.
Assurez-vous que vos outils de coupe sont en parfait état, propres, désinfectés et bien aiguisés. Des outils émoussés demandent plus d’effort, augmentent le risque de dérapage et créent des coupes effilochées qui cicatrisent mal sur l’arbre. Après utilisation, nettoyez et huilez vos outils pour les maintenir en bon état de fonctionnement.
Enfin, faites attention à ce qui se trouve en dessous de votre zone de travail. Balisez la zone pour éviter que des personnes ne passent en dessous pendant que vous coupez. Faites attention aux lignes électriques, aux clôtures, aux serres ou à tout autre élément qui pourrait être endommagé par la chute de branches. Une bonne planification avant de commencer à couper est essentielle pour garantir une opération sûre et sans dégâts.