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L’hivernage du savonnier

Daria · 28.07.2025.

Le savonnier est un arbre d’une grande valeur ornementale, apprécié pour sa capacité à s’adapter à une multitude de climats. Originaire de Chine et de Corée, il est habitué à des hivers qui peuvent être froids et rigoureux, ce qui lui confère une excellente rusticité. Pour le jardinier, cela signifie que la préparation à l’hiver est souvent une tâche simple et peu contraignante, surtout pour les sujets adultes. Cependant, une compréhension approfondie de sa résistance au froid et des quelques précautions à prendre, notamment pour les jeunes arbres, est essentielle pour lui permettre de traverser la saison froide sans encombre et de garantir une reprise vigoureuse au printemps. Ce guide vous expliquera comment accompagner votre savonnier durant la période hivernale.

La rusticité naturelle de l’arbre

Le savonnier est un arbre reconnu pour sa bonne rusticité. La plupart des sources s’accordent pour dire qu’il peut résister à des températures allant jusqu’à -15°C, voire -20°C pour des sujets bien établis et en bonne santé. Cette capacité à supporter des froids importants lui permet d’être cultivé avec succès dans une grande partie des régions à climat tempéré. Un arbre mature, installé depuis plusieurs années, n’aura donc généralement besoin d’aucune protection spécifique pour passer l’hiver. Ses racines profondes sont bien isolées dans le sol et son bois aoûté est préparé pour affronter le gel.

Cette résistance au froid est toutefois conditionnée par plusieurs facteurs. Un arbre planté dans un sol bien drainé sera toujours plus résistant qu’un arbre dont les racines baignent dans un sol gorgé d’eau. L’humidité stagnante en hiver est l’ennemi numéro un des racines, car l’eau gelée peut les faire éclater et provoquer des pourritures. De même, un emplacement abrité des vents froids et desséchants de l’hiver peut aider l’arbre à mieux conserver son énergie et à limiter les risques de dommages sur ses bourgeons et ses rameaux.

Il est également crucial que l’arbre ait eu le temps de s’aoûter correctement durant l’automne. L’aoûtement est le processus par lequel les jeunes rameaux de l’année se lignifient, c’est-à-dire se transforment en bois dur, pour se préparer à l’hiver. Une fertilisation azotée trop tardive en saison ou un automne anormalement doux suivi d’un gel brutal peuvent perturber ce processus. L’arbre pourrait alors entamer l’hiver avec des tissus encore tendres et vulnérables, qui seraient facilement endommagés par les premières fortes gelées.

La provenance de l’arbre peut également jouer un rôle dans sa rusticité. Les savonniers issus de pépinières locales sont souvent mieux adaptés au climat de la région que ceux importés de zones plus clémentes. En somme, la rusticité n’est pas une valeur absolue, mais le résultat d’une combinaison entre le potentiel génétique de l’arbre et la qualité de ses conditions de culture. Un arbre sain, planté au bon endroit et dans un sol adéquat, exprimera pleinement sa capacité à résister au froid.

La protection des jeunes sujets

Si les savonniers adultes sont très autonomes face au froid, les jeunes arbres, en particulier durant leurs deux ou trois premières années en pleine terre, sont plus vulnérables. Leur système racinaire est encore peu développé et plus superficiel, les rendant plus sensibles au gel du sol. De plus, leur tronc fin et leur écorce encore tendre les exposent davantage aux agressions hivernales comme les fissures dues au gel (gélivures) ou les morsures de rongeurs. Il est donc prudent de leur accorder une attention particulière pour leur premier hivernage.

La protection la plus importante et la plus efficace consiste à pailler généreusement la base de l’arbre. À la fin de l’automne, après la chute des feuilles, étalez une épaisse couche de paillis organique sur une large zone autour du tronc. Une couche de 10 à 15 centimètres de feuilles mortes, de paille, de fougères ou de compost bien décomposé créera une couverture isolante très efficace. Ce matelas protecteur aidera à modérer les fluctuations de température du sol, empêchera le gel de pénétrer trop en profondeur et protégera ainsi le système racinaire du jeune arbre.

Pour protéger le tronc des jeunes sujets, plusieurs options sont possibles. L’installation d’un manchon de protection, disponible en jardinerie, ou l’enroulement du tronc avec de la toile de jute ou des bandes de tissu spécifiques peut être une bonne précaution. Cette protection a un double rôle : elle isole le tronc des froids intenses et des variations brutales de température (soleil d’hiver suivi de nuits glaciales) qui peuvent provoquer des fissures dans l’écorce, et elle constitue une barrière physique contre les lapins ou les chevreuils qui pourraient grignoter l’écorce tendre pendant l’hiver, lorsque la nourriture se fait rare.

Dans les régions où les hivers sont particulièrement rigoureux et neigeux, il peut être judicieux d’installer un tuteur solide dès la plantation. Ce tuteur aidera non seulement l’arbre à résister aux vents hivernaux, mais il pourra aussi servir de support pour fixer un voile d’hivernage. Ce voile peut être drapé autour de la ramure lors des vagues de froid les plus intenses pour offrir une protection supplémentaire aux bourgeons et aux jeunes branches. Il est important de retirer ce voile dès que les températures se radoucissent pour permettre à l’arbre de respirer.

Les gestes d’entretien avant l’hiver

Préparer correctement son savonnier à l’hiver commence dès la fin de l’été et l’automne. Plusieurs gestes simples permettent de s’assurer que l’arbre entre dans sa période de dormance dans les meilleures conditions possibles. L’une des premières choses à faire est de cesser toute fertilisation azotée à partir de la fin du mois de juillet. Comme mentionné précédemment, un apport tardif d’azote encouragerait une croissance de nouvelles pousses qui n’auraient pas le temps de s’endurcir avant les premiers gels et seraient donc détruites par le froid.

La gestion de l’arrosage doit également être adaptée. Réduisez progressivement la fréquence et la quantité des arrosages à partir du début de l’automne. Laisser le sol s’assécher légèrement entre deux apports d’eau signale à l’arbre qu’il est temps de ralentir sa croissance et de se préparer pour l’hiver. Un sol trop humide à l’automne peut retarder l’entrée en dormance et rendre l’arbre plus sensible au gel. Une fois que les feuilles sont tombées, cessez complètement les arrosages, sauf en cas de sécheresse hivernale prolongée dans un climat doux.

Le nettoyage au pied de l’arbre est une étape importante. Après la chute des feuilles, il est conseillé de les ramasser, surtout si l’arbre a montré des signes de maladies fongiques durant la saison. Cela permet de réduire la quantité de spores de champignons qui pourraient hiverner dans la litière et réinfecter l’arbre au printemps suivant. Si les feuilles sont saines, elles peuvent être utilisées pour constituer une partie du paillis protecteur, car en se décomposant, elles enrichiront le sol.

Enfin, il est déconseillé de tailler le savonnier à l’automne. La taille crée des plaies qui cicatrisent mal à l’approche de l’hiver et qui peuvent constituer des portes d’entrée pour le gel et les maladies. De plus, une taille automnale pourrait stimuler une reprise tardive de la végétation si un redoux survient. La meilleure période pour la taille reste la fin de l’hiver ou le tout début du printemps, juste avant la reprise de la végétation, lorsque l’arbre est encore en dormance mais que les risques de grands froids sont passés.

La gestion de l’arbre pendant et après l’hiver

Pendant la période hivernale, le savonnier est en dormance et ne nécessite que très peu d’attention. La principale recommandation est de le laisser tranquille. Évitez de tasser la neige au pied de l’arbre, car une couche de neige poudreuse constitue un excellent isolant naturel. Si de fortes chutes de neige lourde et collante s’accumulent sur les branches, il peut être prudent de les secouer délicatement avec un balai pour éviter qu’elles ne cassent sous le poids. Faites ce geste avec précaution, car les branches gelées sont plus cassantes.

Surveillez de temps en temps l’état des protections que vous avez installées sur les jeunes sujets. Assurez-vous que le paillis est toujours en place et que les manchons de protection du tronc n’ont pas été endommagés par le vent ou des animaux. En cas de redoux prolongé au milieu de l’hiver, vérifiez l’humidité du sol pour les arbres en pot ou les très jeunes sujets plantés dans un sol très drainant, un léger arrosage pourrait être nécessaire si le sol est complètement sec.

À la fin de l’hiver, lorsque les risques de fortes gelées sont écartés, il est temps de commencer à retirer progressivement les protections hivernales. Enlevez le voile d’hivernage en premier pour éviter que la chaleur ne s’accumule dessous et ne provoque un démarrage trop précoce de la végétation. Quelques semaines plus tard, vous pourrez retirer les manchons de protection du tronc. Le paillis, quant à lui, peut être laissé en place ; il vous suffira de l’écarter un peu de la base du tronc pour permettre au sol de se réchauffer. Il continuera à jouer son rôle bénéfique en limitant les mauvaises herbes et en conservant l’humidité au printemps.

Après le retrait des protections, inspectez attentivement votre arbre pour déceler d’éventuels dégâts hivernaux. Il est courant de trouver quelques extrémités de rameaux qui ont été grillées par le gel. C’est le moment idéal pour effectuer la taille annuelle. Taillez tout le bois mort, sec ou abîmé par le froid, en coupant juste au-dessus d’un bourgeon sain orienté vers l’extérieur. Cette taille de nettoyage stimulera l’apparition de nouvelles pousses vigoureuses et assurera une belle silhouette à votre arbre pour la saison à venir.

📷 Flickr / Szerző: Plant Image Library / Licence: CC BY-SA 2.0

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