L’hivernage est une phase cruciale dans le cycle annuel du plaqueminier d’Asie, particulièrement dans les régions où les hivers peuvent être rigoureux. Bien que de nombreuses variétés de Diospyros kaki soient rustiques et capables de supporter des températures négatives une fois adultes, les jeunes arbres sont beaucoup plus sensibles au gel. Une bonne préparation à la saison froide et des protections adéquates permettent de minimiser les risques de dommages liés au gel et d’assurer une bonne reprise de la végétation au printemps suivant. L’hivernage ne se résume pas à une simple protection contre le froid, mais englobe un ensemble de soins automnaux et hivernaux qui préparent l’arbre à traverser la période de dormance dans les meilleures conditions possibles. Une attention particulière durant cette période est un gage de santé et de longévité pour l’arbre.
La résistance au froid du plaqueminier varie considérablement en fonction de la variété, du porte-greffe et de l’âge de l’arbre. Les variétés issues de Diospyros virginiana (le plaqueminier d’Amérique), souvent utilisé comme porte-greffe, confèrent une meilleure rusticité. En général, un arbre adulte bien établi peut tolérer des températures allant jusqu’à -15°C, voire -20°C pour les plus résistants, sur de courtes périodes. Cependant, les jeunes arbres, dont le bois n’est pas encore bien aoûté (durci) et dont le système racinaire est moins développé, peuvent subir des dégâts dès -5°C à -10°C. C’est pourquoi les trois à quatre premières années suivant la plantation sont les plus critiques.
La préparation de l’arbre à l’hiver commence dès la fin de l’été et l’automne. Il est important d’arrêter toute fertilisation azotée à partir de la fin du mois de juillet pour ne pas encourager la croissance de nouvelles pousses tendres qui n’auraient pas le temps de s’aoûter avant les premières gelées et seraient donc très vulnérables au gel. Une fertilisation automnale riche en potassium peut en revanche aider l’arbre à durcir ses tissus et à mieux résister au froid. De même, il faut veiller à ce que l’arbre ne souffre pas de la sécheresse en automne, car un arbre bien hydraté entre en dormance avec de meilleures réserves.
Une fois la récolte terminée et les feuilles tombées, quelques gestes de propreté sont essentiels. Il est impératif de ramasser toutes les feuilles mortes au pied de l’arbre ainsi que les fruits momifiés qui pourraient rester accrochés aux branches. Ces débris peuvent abriter des spores de maladies ou des œufs de ravageurs qui passeraient l’hiver et infecteraient l’arbre au printemps. Cette mesure sanitaire simple est l’une des clés pour réduire les problèmes phytosanitaires de la saison suivante.
La protection des jeunes arbres
La protection des jeunes plaqueminiers contre le froid hivernal est la priorité absolue durant leurs premières années. La partie la plus sensible de l’arbre est le point de greffe, cette zone de jonction entre le porte-greffe et la variété, qui se situe généralement juste au-dessus du niveau du sol. Le gel de cette zone peut entraîner la mort de toute la partie greffée, ne laissant que le porte-greffe qui, s’il survit, ne produira pas les fruits de la variété désirée. Il est donc fondamental de protéger cette zone.
Plus d'articles sur ce sujet
Une méthode simple et efficace pour protéger le point de greffe et la base du tronc est le buttage. Cela consiste à ramener de la terre, des feuilles mortes ou de la paille en un monticule protecteur tout autour de la base de l’arbre. Cette butte, d’une hauteur de 20 à 30 centimètres, agit comme un isolant naturel et protège les parties vitales de l’arbre des froids les plus intenses. Cette protection sera retirée au printemps, après les dernières fortes gelées, pour éviter que l’humidité ne favorise le développement de maladies.
En plus de la protection de la base, il est fortement recommandé d’emballer complètement les jeunes arbres avec un voile d’hivernage. Ce matériau non tissé laisse passer l’air et la lumière mais crée un microclimat qui protège l’arbre de plusieurs degrés. Il est important d’installer le voile avant les premières fortes gelées et de bien le fixer pour qu’il ne s’envole pas avec le vent. Il ne faut surtout pas utiliser de bâche en plastique, qui est étanche et provoquerait de la condensation, favorisant les maladies et brûlant les bourgeons au premier rayon de soleil.
Pour une protection encore plus efficace, notamment dans les régions très froides, on peut combiner plusieurs techniques. Après avoir paillé généreusement le pied de l’arbre, on peut entourer le tronc et les branches principales d’un manchon de paille ou de canisses avant d’envelopper le tout dans un ou plusieurs voiles d’hivernage. Cette double isolation protégera efficacement l’arbre, même lors des vagues de froid les plus sévères. Cette protection sera maintenue tout l’hiver et retirée progressivement au printemps.
Le paillage hivernal
Le paillage est une technique bénéfique en toute saison, mais il revêt une importance particulière en hiver. L’application d’une épaisse couche de paillis organique au pied de l’arbre avant l’arrivée des grands froids est une excellente protection pour le système racinaire. Les racines du plaqueminier, surtout les plus superficielles, sont sensibles au gel, en particulier dans les sols qui ne sont pas couverts par la neige, qui est un excellent isolant naturel. Un sol gelé en profondeur peut endommager gravement les racines et compromettre la survie de l’arbre.
Plus d'articles sur ce sujet
Le paillis agit comme une couverture isolante, atténuant les variations de température du sol. Il empêche le sol de geler en profondeur lors des pics de froid et le protège des cycles de gel-dégel rapides, qui peuvent être très dommageables pour les racines. Une couche de 15 à 20 centimètres de feuilles mortes, de paille, de fougères ou de broyat de branches (BRF) est idéale. Il faut étaler le paillis sur toute la surface couverte par la ramure de l’arbre, en laissant un petit espace libre autour du tronc pour éviter que l’humidité ne favorise les maladies du collet.
En plus de son rôle protecteur contre le froid, le paillage hivernal présente d’autres avantages. Il protège le sol de l’érosion causée par les fortes pluies d’hiver et du compactage. En se décomposant lentement tout au long de l’hiver, il enrichit le sol en matière organique et en nutriments qui seront disponibles pour l’arbre dès la reprise de la végétation au printemps. C’est donc une méthode qui combine protection et fertilisation de fond.
Il est important de noter que le paillage doit être appliqué sur un sol suffisamment humide. Si l’automne a été sec, il est conseillé de procéder à un bon arrosage avant de mettre en place le paillis. Cela permettra de conserver une réserve d’humidité dans le sol pour l’hiver. Au printemps, lorsque les risques de fortes gelées sont passés, on peut écarter légèrement le paillis autour du tronc pour permettre au sol de se réchauffer plus rapidement sous l’action du soleil.
La gestion des arbres en pots
Pour les jardiniers qui cultivent le plaqueminier en pot sur un balcon ou une terrasse, l’hivernage demande des précautions spécifiques. Les racines des plantes en pot sont beaucoup plus exposées au gel que celles des plantes en pleine terre, car elles ne bénéficient pas de l’inertie thermique du sol. Le gel complet de la motte peut être fatal pour l’arbre. La première règle est donc de ne jamais laisser un plaqueminier en pot exposé aux vents glacials et aux fortes gelées sans protection.
La meilleure solution est de rentrer le pot dans un local non chauffé mais hors gel, comme un garage, une cave ou une véranda froide. La température idéale se situe entre 0°C et 8°C. L’arbre étant en dormance, il n’a pas besoin de beaucoup de lumière, mais le local doit être aéré. Durant cette période, il faut réduire les arrosages au strict minimum, en laissant le substrat sécher en surface entre deux apports d’eau. Il s’agit simplement d’éviter le dessèchement complet de la motte. Un excès d’eau en hiver dans un pot est la cause la plus fréquente de pourriture des racines.
Si l’on ne dispose pas d’un local adéquat, il est possible de laisser le pot à l’extérieur, mais en prenant de sérieuses précautions. Il faut d’abord surélever le pot pour l’isoler du sol froid et humide, en le plaçant sur des cales en bois ou en polystyrène. Ensuite, il est indispensable d’isoler le contenant lui-même. On peut l’envelopper dans plusieurs couches de plastique à bulles, de la toile de jute ou des couvertures, en veillant à bien protéger toute la surface du pot.
La partie aérienne de l’arbre doit également être protégée avec un ou plusieurs voiles d’hivernage, comme pour un arbre en pleine terre. Il est conseillé de regrouper les pots contre un mur abrité, idéalement exposé au sud ou à l’ouest, pour qu’ils bénéficient d’un maximum de protection et d’un peu de chaleur. Il faudra surveiller l’humidité du substrat, car même en hiver, un arbre en pot exposé au vent peut se dessécher. Un arrosage modéré, en dehors des périodes de gel, peut être nécessaire de temps en temps.