L’hivernage du lavandin est une préoccupation légitime pour de nombreux jardiniers, surtout ceux qui vivent dans des régions aux hivers longs et rigoureux. Heureusement, le lavandin (Lavandula x intermedia) est l’une des lavandes les plus rustiques, capable de supporter des températures négatives pouvant aller jusqu’à -15°C, voire -20°C, une fois qu’il est bien établi et planté dans des conditions optimales. Le facteur le plus critique pour sa survie hivernale n’est pas tant le froid sec que la combinaison du gel et de l’humidité excessive du sol. Un drainage parfait est donc la clé de voûte d’un hivernage réussi, bien plus efficace que n’importe quelle protection de surface. Préparer correctement la plante à affronter la saison froide permet de la retrouver en pleine forme au printemps suivant.
La rusticité du lavandin, c’est-à-dire sa capacité à résister au gel, est une donnée essentielle à connaître. La plupart des cultivars de Lavandula x intermedia, comme ‘Grosso’, ‘Super’ ou ‘Provence’, sont considérés comme rustiques en zone USDA 5 ou 6, ce qui correspond à des températures minimales hivernales de -23°C à -18°C. Cependant, cette rusticité théorique doit être nuancée par les conditions réelles du jardin. Une plante installée dans un sol lourd et humide sera beaucoup plus sensible au gel qu’une autre plantée dans un sol caillouteux et sec, même à des températures identiques.
Plusieurs facteurs influencent la résistance au froid d’un lavandin. L’âge de la plante est important : un jeune plant récemment mis en terre est plus fragile qu’un arbuste bien établi avec un système racinaire profond et lignifié. L’exposition au vent joue également un rôle crucial. Les vents froids et desséchants de l’hiver peuvent « brûler » le feuillage persistant et déshydrater la plante, un phénomène connu sous le nom de « gel physiologique ». Un emplacement abrité des vents dominants est donc préférable.
La santé générale de la plante à l’approche de l’hiver est un autre facteur déterminant. Une plante qui a été correctement taillée, qui n’est pas affaiblie par des maladies ou des ravageurs et qui n’a pas été sur-fertilisée sera beaucoup plus apte à affronter les rigueurs de l’hiver. Une croissance forcée par un excès d’engrais produit des tissus tendres et gorgés d’eau, qui sont particulièrement sensibles aux dommages causés par le gel. C’est pourquoi il est crucial de cesser toute fertilisation après la fin de l’été.
Il existe également des différences de rusticité entre les divers cultivars de lavandin. Bien que la plupart soient robustes, il est toujours bon de se renseigner sur les spécificités de la variété que l’on cultive, surtout si l’on habite dans une région à la limite de sa zone de rusticité. Choisir un cultivar réputé pour sa bonne tenue au froid est une première étape pour s’assurer un succès à long terme.
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Préparation automnale du jardin
La préparation pour l’hiver commence bien avant les premières gelées, dès la fin de l’été. L’une des actions les plus importantes est la taille post-floraison, généralement effectuée à la fin août ou au début septembre. Cette taille permet de nettoyer la plante, de maintenir sa forme compacte et, surtout, de lui laisser le temps de produire de nouvelles petites pousses qui auront le temps de durcir avant l’hiver. Il faut absolument éviter de tailler tard en automne (après la mi-septembre), car cela stimulerait une nouvelle croissance trop tendre qui serait immédiatement endommagée par le gel.
S’assurer que le drainage est optimal est la deuxième priorité de l’automne. C’est la saison des pluies dans de nombreuses régions, et il est essentiel que l’eau ne stagne pas au pied du lavandin. Si vous avez un sol lourd, vous pouvez légèrement butter la base de la plante avec un mélange de terre et de gravier pour surélever le collet et faciliter l’écoulement de l’eau. C’est aussi le bon moment pour vérifier que les rigoles d’évacuation ou les pentes sont bien fonctionnelles.
Le nettoyage de la zone autour de la plante est une étape simple mais efficace. Ramassez les feuilles mortes et autres débris végétaux qui s’accumulent à la base du lavandin. Ces débris ont tendance à retenir l’humidité et à créer un environnement propice au développement de champignons et de pourritures au niveau du collet, la partie la plus sensible de la plante. Une base propre et aérée est une base saine qui passera mieux l’hiver.
Enfin, comme mentionné précédemment, il est impératif de cesser toute forme de fertilisation dès la fin de l’été. L’engrais, surtout s’il est riche en azote, encourage la croissance de nouvelles pousses. En automne, la plante doit au contraire entrer progressivement en dormance et concentrer son énergie dans le durcissement de ses tissus existants (l’aoûtement) pour se préparer au froid. Nourrir la plante à cette période serait contre-productif et la fragiliserait considérablement.
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Techniques de protection hivernale
Dans la plupart des cas, pour un lavandin adulte et bien installé dans un sol drainant, aucune protection hivernale n’est nécessaire. La plante est suffisamment rustique pour se débrouiller seule. Cependant, dans les régions très froides (zone 5 et moins) ou pour les jeunes plants de la première année, quelques précautions peuvent être prises pour augmenter leurs chances de survie.
Le paillage peut être une forme de protection, à condition de choisir le bon matériau. Il faut impérativement éviter les paillis organiques (feuilles, paille, écorces) qui retiennent l’humidité. Un paillis minéral (gravier, pouzzolane) est idéal. Il protège les racines des grands froids tout en gardant le collet au sec. Une autre option, surtout en cas de froid intense annoncé, est de couvrir la base de la plante avec des branches de sapin ou de pin. Ces dernières offrent une bonne isolation sans retenir l’humidité et sans étouffer la plante.
Si la plante est particulièrement exposée aux vents d’hiver, la création d’un brise-vent temporaire peut être bénéfique. Une simple barrière faite de toile de jute tendue entre des piquets du côté du vent dominant peut suffire à réduire l’impact desséchant du vent glacial. Il est important que cette protection ne soit pas en contact direct avec la plante pour permettre à l’air de circuler.
L’utilisation d’un voile d’hivernage est une autre possibilité, mais elle doit être utilisée avec discernement. Le voile ne doit être mis en place que pendant les périodes de froid les plus intenses et retiré dès que les températures radoucissent pour éviter la condensation et la pourriture. Il est préférable de créer une sorte de « tente » au-dessus de la plante plutôt que de l’emballer directement, afin de maintenir une poche d’air isolante et une bonne aération. Un lavandin emballé de manière hermétique risque de plus souffrir de l’humidité que du froid.
Soins du lavandin en pot pendant l’hiver
Les plantes cultivées en pot sont beaucoup plus vulnérables au gel que celles en pleine terre. Les racines ne bénéficient pas de l’inertie thermique du sol et sont exposées au froid sur tous les côtés du pot. Pour un lavandin en pot, une protection hivernale est donc presque toujours nécessaire, sauf dans les climats les plus doux. La première règle est de cesser l’arrosage quasi complètement. Le substrat doit rester sec pendant toute la période de gel.
La solution la plus simple est de déplacer le pot dans un endroit abrité. Un garage non chauffé, une serre froide, une grange ou même le long d’un mur de maison protégé par un auvent sont des emplacements idéaux. L’important est que l’endroit soit hors gel ou que le gel y soit très modéré, et qu’il soit protégé de la pluie hivernale. La plante n’a pas besoin de beaucoup de lumière pendant sa période de dormance, mais un minimum de clarté est préférable.
Si le pot est trop grand pour être déplacé, il faut l’isoler sur place. Surélevez le pot du sol froid et humide en le plaçant sur des cales en bois ou en terre cuite. Emballez le pot (pas la plante) avec du papier bulle, de la toile de jute remplie de paille ou des plaques de polystyrène pour isoler les racines du froid. Un paillage de branches de sapin peut être placé sur le dessus du substrat pour protéger le collet.
Il faut absolument éviter de laisser les pots se gorger d’eau de pluie pendant l’hiver. Une soucoupe sous le pot doit être retirée pour que l’excès d’eau puisse s’écouler librement. Un substrat détrempé qui gèle se transforme en un bloc de glace, ce qui est fatal pour les racines. Au printemps, lorsque tout risque de forte gelée est écarté, vous pourrez ressortir vos pots à leur emplacement habituel et reprendre progressivement les arrosages.
