Share

L’hivernage du citronnier

Daria · 05.04.2025.

L’hivernage est une étape absolument cruciale et souvent délicate dans la culture du citronnier, en particulier dans les régions où les températures descendent en dessous de zéro. Originaire de climats subtropicaux, le citronnier ne supporte pas le gel. Une bonne gestion de la période hivernale est donc indispensable pour assurer sa survie et garantir une bonne reprise de la végétation au printemps suivant. Un hivernage réussi ne consiste pas seulement à protéger l’arbre du froid, mais aussi à lui fournir les conditions de lumière, d’humidité et de repos dont il a besoin pour traverser cette période de dormance. C’est une phase de transition qui doit être préparée avec soin, tant à l’automne qu’au printemps.

La principale raison de l’hivernage est la sensibilité du citronnier au froid. Si les variétés les plus rustiques peuvent tolérer de très courtes et légères gelées (de l’ordre de -2°C à -5°C), un gel prolongé ou plus intense endommagera gravement les feuilles, les branches et peut même tuer l’arbre. Les racines, surtout dans un pot, sont encore plus vulnérables au gel que les parties aériennes. Il est donc impératif de mettre l’arbre à l’abri dès que les températures nocturnes menacent de s’approcher durablement de 0°C.

L’objectif de l’hivernage est de faire entrer l’arbre dans une période de repos végétatif, ou dormance. Pour cela, il faut trouver un équilibre entre la température et la lumière. L’idéal est de placer le citronnier dans un local frais et lumineux. Une température basse ralentit son métabolisme, tandis que la lumière lui permet de maintenir son feuillage et de réaliser un minimum de photosynthèse. Une combinaison de chaleur et de manque de lumière, typique de nos appartements chauffés, est le pire scénario pour un citronnier en hiver.

La transition entre l’extérieur et l’intérieur à l’automne, et inversement au printemps, doit être la plus douce possible pour éviter un choc thermique et lumineux. Une acclimatation progressive sur plusieurs jours est fortement recommandée. Pendant toute la période d’hivernage, les soins doivent être adaptés à l’état de dormance de la plante : l’arrosage et la fertilisation doivent être drastiquement réduits. C’est une période de repos pour l’arbre, mais de vigilance pour le jardinier.

Préparer le citronnier pour l’hiver

La préparation à l’hivernage commence dès la fin de l’été. Il est important de réduire progressivement la fertilisation à partir de la fin août pour ne pas encourager la croissance de nouvelles pousses tendres qui seraient vulnérables au froid. L’objectif est de permettre aux branches de l’année de s’aoûter, c’est-à-dire de se transformer en bois dur et résistant, avant l’arrivée des premières baisses de température.

Avant de rentrer le citronnier, il est essentiel de procéder à une inspection sanitaire complète. Il faut examiner attentivement le feuillage, les tiges et le tronc à la recherche de parasites comme les cochenilles, les pucerons ou les araignées rouges. Rentrer un arbre infesté à l’intérieur, où les conditions de chaleur et de confinement favorisent la prolifération des ravageurs, est une erreur à ne pas commettre. Il faut donc traiter préventivement ou curativement l’arbre à l’extérieur avant de le mettre à l’abri.

Un léger nettoyage de l’arbre peut également être bénéfique. On peut dépoussiérer les feuilles avec un chiffon humide pour maximiser leur capacité à capter la faible lumière hivernale. C’est aussi le bon moment pour supprimer les branches mortes, cassées ou celles qui s’entrecroisent au centre de l’arbre afin d’améliorer la circulation de l’air. Une taille plus sévère, si nécessaire, attendra la fin de l’hiver.

Enfin, il faut préparer le pot et le substrat. On peut nettoyer l’extérieur du pot et vérifier que les trous de drainage ne sont pas obstrués. Il est conseillé de cesser l’arrosage quelques jours avant de rentrer la plante pour que la motte ne soit pas détrempée. Un substrat trop humide dans un local frais et peu aéré augmente considérablement le risque de pourriture des racines pendant l’hiver.

Le lieu d’hivernage idéal

Le choix du local d’hivernage est déterminant pour la réussite de cette période. L’endroit idéal doit répondre à un double critère : être frais et lumineux. Une température comprise entre 5°C et 10°C est parfaite pour induire une bonne dormance. À cette température, la croissance de l’arbre est stoppée, mais il ne souffre pas du froid. Le local doit impérativement être hors gel.

La lumière est le deuxième facteur clé. Le citronnier est un arbre à feuillage persistant, il a donc besoin de lumière même en hiver pour survivre. Le local doit donc être équipé d’une source de lumière naturelle, comme une fenêtre, une baie vitrée ou une toiture transparente. Une véranda non chauffée, une serre froide, un jardin d’hiver ou même un garage lumineux et isolé sont d’excellentes options.

L’un des pièges les plus courants est de vouloir hiverner son citronnier dans un salon ou un appartement chauffé. La température y est trop élevée (autour de 20°C) et la lumière souvent insuffisante, surtout si l’on ajoute à cela l’air très sec produit par le chauffage. Dans ces conditions, l’arbre ne peut pas entrer en dormance, il tente de poursuivre sa croissance mais s’épuise par manque de lumière, ce qui conduit souvent à une chute massive des feuilles et à une grande vulnérabilité aux parasites.

Si l’on ne dispose pas d’un local frais et lumineux, il faut faire un compromis. Une pièce moins chauffée de la maison, comme une chambre d’amis peu utilisée, près de la fenêtre la plus ensoleillée, peut être une solution. Dans ce cas, il sera crucial d’augmenter l’humidité ambiante et de surveiller très attentivement l’arrosage et les parasites. L’utilisation d’une lampe horticole d’appoint peut également aider à compenser le manque de lumière naturelle.

Les soins durant l’hivernage

Une fois le citronnier installé dans son quartier d’hiver, les soins doivent être adaptés à son état de dormance. L’erreur la plus fréquente est de continuer à s’en occuper comme pendant la belle saison. En hiver, la règle est la parcimonie. L’arrosage doit être très fortement réduit. Le métabolisme de la plante étant au ralenti, ses besoins en eau sont minimes.

Il faut laisser le substrat sécher en profondeur entre deux arrosages. En fonction de la température et de l’humidité du local, un arrosage léger toutes les trois à six semaines peut être suffisant. Il s’agit simplement d’éviter un dessèchement complet de la motte. Avant d’arroser, il faut toujours vérifier l’humidité en enfonçant un doigt de plusieurs centimètres dans le terreau. Un excès d’eau en hiver est la cause la plus fréquente de la perte d’un citronnier.

Toute fertilisation doit être complètement suspendue pendant la période d’hivernage, de novembre à fin février. L’arbre est au repos et n’a pas besoin de nutriments supplémentaires. Apporter de l’engrais à ce moment-là serait contre-productif et risquerait de brûler les racines inactives. La fertilisation ne reprendra qu’au printemps, avec les premiers signes de reprise de la végétation.

Il est également important d’assurer une bonne ventilation du local d’hivernage. Il faut aérer régulièrement la pièce pendant les journées les plus douces et non gélives pour renouveler l’air. Une bonne circulation de l’air aide à prévenir le développement de maladies fongiques et limite la prolifération de certains parasites. Il faut continuer à inspecter la plante de temps en temps pour déceler tout problème.

La sortie d’hivernage au printemps

La sortie d’hivernage est une autre étape délicate qui doit se faire en douceur. Il ne faut pas se précipiter pour sortir le citronnier dès les premiers beaux jours. Les gelées tardives sont toujours possibles jusqu’aux Saints de Glace à la mi-mai dans de nombreuses régions. La sortie définitive ne doit avoir lieu que lorsque tout risque de gel est écarté et que les températures nocturnes se maintiennent durablement au-dessus de 10°C.

L’acclimatation au nouvel environnement extérieur est primordiale. Après avoir passé plusieurs mois à l’intérieur avec une luminosité réduite, les feuilles sont sensibles aux brûlures du soleil. Il faut donc réhabituer progressivement la plante à la lumière directe. On commence par placer le pot à l’ombre ou à la mi-ombre pendant plusieurs jours. Ensuite, on l’expose au soleil du matin, plus doux, avant de le placer à son emplacement définitif en plein soleil.

C’est également le moment de reprendre les soins de la saison de croissance. On peut effectuer une taille de nettoyage pour supprimer le bois mort et aérer le centre de l’arbre. C’est aussi la période idéale pour procéder au rempotage si nécessaire. L’arrosage est repris de manière plus régulière, en suivant la croissance des besoins de la plante. La fertilisation peut également recommencer, d’abord avec un dosage réduit, puis à un rythme normal.

La sortie d’hivernage est souvent accompagnée d’une chute de feuilles, ce qui peut être alarmant mais est souvent une réaction normale de la plante au changement brutal de conditions (température, lumière, humidité). L’arbre va rapidement produire de nouvelles feuilles mieux adaptées à son environnement extérieur. Il faut simplement lui laisser le temps de s’adapter et continuer à lui prodiguer des soins attentifs.

📷 Pixabay

Ça pourrait aussi te plaire