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L’hivernage du cerisier ornemental japonais

Daria · 12.07.2025.

L’arrivée de l’hiver marque une période de repos bien méritée pour le cerisier ornemental japonais, mais cela ne signifie pas qu’il faille le négliger. Bien que la plupart des variétés soient rustiques et bien adaptées aux climats froids, une préparation adéquate à la saison hivernale est cruciale, en particulier pour les jeunes arbres et ceux cultivés en pot. Le gel, le vent desséchant, le poids de la neige et les rongeurs affamés sont autant de menaces potentielles qui peuvent compromettre la santé de ton arbre et la beauté de sa future floraison. En prenant quelques précautions simples mais efficaces à l’automne, tu t’assureras que ton cerisier traverse la saison froide en toute sécurité et qu’il est prêt à s’éveiller dans toute sa splendeur au retour du printemps. C’est un dernier geste de soin avant le grand repos de la nature.

La préparation de l’arbre à l’automne

La préparation à l’hivernage commence bien avant les premières gelées, dès le début de l’automne. Une des tâches les plus importantes à cette période est le nettoyage méticuleux de la zone située sous l’arbre. Ramasse soigneusement toutes les feuilles mortes, ainsi que les éventuels fruits momifiés qui pourraient rester sur les branches ou être tombés au sol. Cette mesure sanitaire est primordiale car de nombreux champignons responsables de maladies (comme la criblure ou la moniliose) et les œufs de certains insectes ravageurs passent l’hiver dans ces débris végétaux. En les éliminant, tu réduis considérablement les sources d’infection pour le printemps suivant.

Si l’automne est particulièrement sec, il est très important de t’assurer que ton cerisier entre en dormance en étant bien hydraté. Effectue un ou deux arrosages profonds avant les premières grosses gelées. Un arbre dont les tissus sont bien gorgés d’eau est beaucoup plus résistant aux dommages causés par le gel et au dessèchement provoqué par les vents hivernaux. Cette hydratation automnale est particulièrement critique pour les jeunes arbres dont le système racinaire est encore en développement.

C’est aussi le moment d’inspecter l’arbre à la recherche de branches mortes, malades ou endommagées par la saison passée. Bien que la taille principale soit recommandée après la floraison, tu peux sans risque retirer le bois manifestement mort ou cassé avant l’hiver. Cela évite que ces branches ne se brisent sous le poids de la neige ou de la glace, ce qui pourrait provoquer des déchirures plus importantes sur le tronc ou les branches maîtresses. Une inspection générale te permet de faire un bilan de santé avant la période de repos.

Enfin, arrête toute forme de fertilisation à partir de la mi-été. Un apport d’engrais tardif stimulerait une croissance de nouvelles pousses qui n’auraient pas le temps de s’aoûter (se lignifier) avant l’hiver. Ces pousses tendres et gorgées d’eau seraient extrêmement vulnérables au gel. Permettre à l’arbre de ralentir naturellement sa croissance et de se préparer à la dormance est une étape essentielle pour un bon hivernage.

La protection du système racinaire

Le système racinaire est l’une des parties les plus vitales de l’arbre, mais aussi l’une des plus vulnérables au froid, surtout lorsque le gel pénètre profondément dans le sol. Pour les arbres en pleine terre, en particulier les jeunes sujets plantés depuis moins de trois ans, la meilleure protection est l’application d’une épaisse couche de paillis. Une fois que le sol a commencé à refroidir, mais avant qu’il ne soit complètement gelé, étale une couche de 10 à 15 centimètres de paillis organique (feuilles mortes, paille, copeaux de bois, BRF) sur toute la surface sous la couronne de l’arbre.

Ce paillis agit comme une couverture isolante, modérant les fluctuations de température du sol. Il empêche le sol de geler trop profondément et protège les racines les plus superficielles des dommages causés par le gel. De plus, il aide à prévenir les cycles de gel-dégel rapides qui peuvent soulever les jeunes arbres hors du sol (« déchaussement »). Veille à laisser un petit espace libre autour de la base du tronc pour éviter de créer un environnement humide propice à la pourriture et pour ne pas offrir un abri confortable aux rongeurs.

Pour les cerisiers cultivés en pot, la protection des racines est encore plus cruciale car elles sont beaucoup plus exposées au froid ambiant que celles d’un arbre en pleine terre. Le contenant n’offre que très peu d’isolation. La meilleure solution est de déplacer le pot dans un endroit abrité pour l’hiver, comme un garage non chauffé, une serre froide ou une remise. L’objectif n’est pas de le garder au chaud, mais de le protéger des températures les plus extrêmes et des vents glaciaux.

Si tu ne peux pas déplacer le pot, il faut l’isoler. Enveloppe le pot avec plusieurs couches de papier bulle, de toile de jute ou de vieux couvertures. Tu peux aussi « planter » le pot dans le sol du jardin jusqu’au rebord, en utilisant la terre comme isolant naturel. Une autre technique consiste à regrouper plusieurs pots les uns contre les autres et à combler les espaces avec des feuilles mortes ou de la paille. Pense également à surélever légèrement le pot du sol pour assurer un bon drainage et éviter qu’il ne gèle au contact d’un sol froid et humide.

La protection du tronc et des branches

Le tronc des jeunes cerisiers, avec son écorce fine et lisse, est particulièrement sensible à un phénomène appelé l’insolation hivernale ou les gerçures de gel. Par une journée d’hiver ensoleillée, le soleil peut réchauffer l’écorce du côté sud-ouest du tronc, activant la sève dans les tissus sous-jacents. Lorsque le soleil se couche, la température chute brutalement, faisant geler cette sève et éclater les cellules de l’écorce. Cela crée des fissures verticales qui sont des portes d’entrée pour les maladies et les insectes.

Pour prévenir ce problème, il est fortement recommandé de protéger le tronc des jeunes arbres pendant leurs premiers hivers. La méthode la plus simple est d’appliquer un badigeon de chaux ou un blanc arboricole sur le tronc à l’automne. La couleur blanche réfléchit la lumière du soleil et empêche l’écorce de surchauffer, maintenant ainsi l’arbre en dormance complète. Une autre solution consiste à envelopper le tronc avec des protections spécifiques, comme des spirales en plastique blanc ou des bandes de toile de jute, de la base jusqu’aux premières branches.

Les branches du cerisier peuvent également souffrir du poids de la neige lourde et humide ou du verglas, qui peuvent les faire plier jusqu’à la rupture. Après une forte chute de neige, il est judicieux de secouer doucement les branches avec un balai pour enlever l’excès de neige et soulager la structure de l’arbre. Fais ce geste avec précaution pour ne pas endommager les bourgeons ou les branches gelées et cassantes. Pour les arbres ayant une forme très évasée, un léger regroupement des branches principales avec une ficelle peut aider à prévenir leur écartèlement sous le poids de la neige.

La protection contre les rongeurs est un autre aspect important. En hiver, lorsque la nourriture se fait rare, les campagnols, les mulots et les lapins peuvent ronger l’écorce à la base du tronc pour se nourrir des tissus nutritifs du cambium. Si l’écorce est rongée sur toute la circonférence du tronc (annélation), la circulation de la sève est coupée et l’arbre mourra. L’installation d’une grille ou d’un manchon de protection en plastique ou en métal autour de la base du tronc est la meilleure défense. Assure-toi que la protection est enfoncée de quelques centimètres dans le sol et qu’elle est assez haute pour dépasser la hauteur de neige attendue.

L’arrosage et les soins durant l’hiver

Même en dormance, un cerisier peut avoir besoin d’un peu d’eau, surtout dans les régions aux hivers secs ou venteux. Le vent d’hiver peut dessécher les tissus de l’arbre, en particulier les bourgeons. Si une longue période sèche se produit en hiver et que le sol n’est pas gelé, il peut être bénéfique d’effectuer un arrosage léger. Cela est particulièrement vrai pour les arbres à feuilles persistantes, mais aussi pour les jeunes cerisiers à feuilles caduques. L’arrosage ne doit être effectué que lorsque les températures sont au-dessus de zéro.

Pour les cerisiers en pot, la gestion de l’humidité est un équilibre délicat. Le substrat ne doit jamais se dessécher complètement, mais il ne doit pas non plus être constamment détrempé, car cela favoriserait la pourriture des racines dans un pot froid. Vérifie l’humidité du terreau environ une fois par mois. Si les premiers centimètres sont secs, apporte une petite quantité d’eau, juste assez pour humidifier légèrement la motte. L’arrosage sera plus fréquent pour un pot stocké dans un garage que pour un pot laissé à l’extérieur.

C’est aussi pendant l’hiver, lorsque l’arbre est nu, que tu peux le mieux observer sa structure et planifier la taille future. Profite de cette période pour repérer les branches qui se croisent, qui sont mal orientées ou qui encombrent le centre de l’arbre. Tu peux marquer ces branches avec un ruban pour te souvenir de les enlever au bon moment, c’est-à-dire après la floraison. Évite toute taille pendant l’hiver, sauf pour enlever du bois cassé, car les plaies de taille cicatrisent mal par temps froid et sont des portes d’entrée pour les maladies.

Enfin, l’hiver est une période d’attente et d’anticipation. Surveille l’évolution des bourgeons à la fin de la saison. Le gonflement des bourgeons est le premier signe que ton cerisier sort de sa dormance et que tes efforts pour bien l’hiverner ont porté leurs fruits. Dès que le risque de fortes gelées est passé, tu peux commencer à retirer progressivement les protections hivernales pour permettre à l’arbre de profiter pleinement des premiers rayons de soleil du printemps.

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