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L’hivernage du bouvardia

Daria · 09.07.2025.

L’hivernage est une phase cruciale et délicate dans le cycle annuel du bouvardia, en particulier pour les plantes cultivées en dehors des climats subtropicaux. Cette période de repos, ou dormance, est essentielle pour que la plante reconstitue ses réserves d’énergie et se prépare à une nouvelle saison de croissance et de floraison vigoureuse. Un hivernage réussi ne consiste pas simplement à rentrer la plante à l’intérieur, mais à lui fournir des conditions spécifiques de température, de lumière et d’arrosage qui respectent son ralentissement métabolique naturel. Une mauvaise gestion de cette période peut affaiblir la plante de manière irréversible, voire entraîner sa perte.

La préparation à l’hivernage doit commencer dès l’automne. À mesure que les températures extérieures commencent à baisser, il est temps de songer à rentrer le bouvardia avant les premières gelées, auxquelles il ne survivrait pas. Avant de le rentrer, il est conseillé de procéder à une inspection minutieuse de la plante pour détecter la présence éventuelle de parasites. Traiter tout problème à l’extérieur est plus simple et évite d’introduire des ravageurs dans la maison qui pourraient ensuite infester d’autres plantes d’intérieur. Un nettoyage du feuillage avec un chiffon humide peut également aider à éliminer la poussière et d’éventuels œufs d’insectes.

Une taille légère avant l’hivernage est souvent bénéfique. Elle consiste à rabattre légèrement les tiges, d’environ un tiers de leur longueur, et à supprimer toutes les fleurs fanées, les feuilles jaunies ou abîmées. Cette opération permet de réduire le volume de la plante, ce qui facilite son placement à l’intérieur, mais aussi de limiter les besoins en eau et l’évaporation pendant l’hiver. De plus, cela réduit les risques de développement de maladies en éliminant les parties végétales potentiellement porteuses de germes. Il ne s’agit pas d’une taille sévère, mais plutôt d’un nettoyage d’automne.

Il est également important d’adapter les soins dès le début de l’automne pour préparer la plante à sa période de repos. La fréquence des arrosages doit être progressivement réduite pour accompagner le ralentissement naturel de la croissance. De même, tous les apports d’engrais doivent être stoppés. Continuer à fertiliser forcerait la plante à produire une croissance faible et étiolée dans les conditions de faible luminosité de l’hiver, ce qui l’épuiserait inutilement. Cette transition en douceur est moins stressante pour la plante qu’un changement brutal de conditions.

Une fois la plante préparée, le choix de l’emplacement pour l’hiver est déterminant. L’idéal est une pièce fraîche, lumineuse et peu chauffée. Une véranda non chauffée, une cage d’escalier éclairée ou une chambre d’amis peu utilisée sont souvent des options parfaites. La température optimale pour l’hivernage du bouvardia se situe entre 10 et 15 degrés Celsius. Des températures plus élevées, associées à la faible luminosité hivernale, favoriseraient une croissance étiolée et l’apparition de parasites.

Les conditions idéales d’hivernage

La lumière reste un facteur important même pendant la dormance. Le bouvardia n’est pas une plante qui peut être hivernée dans l’obscurité totale comme un bulbe. Il a besoin de conserver son feuillage pour survivre, et pour cela, la photosynthèse, même réduite, doit pouvoir se poursuivre. Il faut donc lui offrir l’emplacement le plus lumineux possible, par exemple près d’une fenêtre orientée au sud ou à l’ouest. En hiver, le soleil est beaucoup moins intense, donc le risque de brûlure est quasi nul, et un maximum de lumière aidera la plante à rester saine et trapue.

La gestion de la température est le deuxième pilier d’un hivernage réussi. Une atmosphère fraîche est indispensable pour induire et maintenir une véritable dormance. Si la plante est maintenue dans une pièce trop chaude (au-dessus de 18-20°C), son métabolisme ne ralentira pas suffisamment. Elle tentera de pousser, mais le manque de lumière produira des tiges faibles et pâles, la rendant vulnérable aux maladies et aux ravageurs comme les pucerons ou les aleurodes. La fraîcheur est donc un signal clair pour que la plante se mette au repos.

L’arrosage pendant l’hiver doit être réduit au strict minimum. Le mot d’ordre est la parcimonie. Comme la croissance est à l’arrêt et que l’évaporation est faible en raison de la fraîcheur, les besoins en eau sont très limités. Un arrosage excessif en hiver est la cause la plus fréquente de la perte du bouvardia, car il entraîne immanquablement la pourriture des racines dans un substrat froid et saturé d’eau. Il faut laisser le terreau sécher presque complètement entre deux arrosages. Un petit apport d’eau une fois toutes les 3 à 4 semaines est souvent amplement suffisant.

L’humidité de l’air peut devenir un problème dans les intérieurs chauffés, même dans une pièce fraîche. Un air trop sec peut favoriser les attaques d’araignées rouges. Il faut donc surveiller l’hygrométrie et, si nécessaire, placer le pot sur un plateau de billes d’argile humides pour augmenter l’humidité locale. Il est également important d’assurer une légère circulation de l’air dans la pièce d’hivernage pour prévenir les problèmes de moisissure, mais il faut éviter de placer la plante dans un courant d’air froid direct.

La surveillance durant la période de repos

Même si la plante est en dormance, elle n’est pas à l’abri de tous les dangers. Une surveillance régulière, au moins une fois toutes les deux semaines, reste nécessaire pendant tout l’hiver. Cette inspection permet de vérifier l’état général de la plante, de s’assurer que le substrat n’est ni complètement desséché ni détrempé, et surtout de guetter l’apparition de parasites. Les ravageurs d’intérieur peuvent proliférer rapidement dans les conditions confinées de nos maisons en hiver.

La chute d’une partie du feuillage durant l’hiver est un phénomène relativement normal et ne doit pas être une source d’inquiétude excessive, surtout si la plante est dans une pièce très fraîche. C’est une réaction naturelle au changement de conditions et à la faible luminosité. Tant que les tiges restent fermes et saines, la plante est en bonne santé. Il suffit de ramasser régulièrement les feuilles tombées pour maintenir un environnement propre et éviter le développement de maladies.

Lors des inspections, il faut porter une attention particulière au revers des feuilles et à l’aisselle des tiges, des endroits de prédilection pour les cochenilles, les pucerons et les aleurodes. Une détection précoce permet une intervention rapide et ciblée, par exemple en retirant manuellement les quelques parasites présents avec un coton-tige imbibé d’alcool. Attendre une infestation massive rendrait le traitement beaucoup plus compliqué et stressant pour une plante déjà en état de faiblesse relative.

Il faut également être attentif aux signes de pourriture. Des tiges qui deviennent molles et noires à la base sont le symptôme d’une pourriture du collet, généralement due à un excès d’humidité. Malheureusement, à ce stade, il est souvent trop tard pour sauver la plante. C’est pourquoi une gestion extrêmement prudente de l’arrosage est si fondamentale pendant la période hivernale. Mieux vaut une plante qui a un peu soif qu’une plante dont les racines pourrissent.

La sortie de l’hivernage au printemps

La sortie de la dormance est une étape aussi importante que l’entrée en hivernage et doit se faire de manière progressive. Vers la fin de l’hiver, généralement en mars, lorsque les jours rallongent et que la lumière devient plus intense, la plante commencera à montrer des signes de réveil, comme le gonflement des bourgeons ou l’apparition de nouvelles petites feuilles. C’est le signal qu’il est temps de commencer à la préparer pour la nouvelle saison.

La première étape consiste à augmenter progressivement les arrosages. On peut commencer à humidifier la motte un peu plus régulièrement, en s’assurant toujours que le substrat sèche légèrement en surface entre deux apports d’eau. C’est aussi le moment idéal pour effectuer une taille plus structurée, si nécessaire. On peut rabattre les tiges qui se sont éventuellement étiolées pendant l’hiver pour encourager une croissance plus compacte et ramifiée. Cette taille stimulera la plante et favorisera l’apparition de nouvelles pousses vigoureuses.

Après quelques semaines d’arrosage régulier, lorsque la croissance a bien repris, on peut recommencer les apports d’engrais. Le premier apport doit être léger, avec une solution diluée de moitié par rapport à la dose normale, pour ne pas agresser les racines qui se réactivent. On pourra ensuite reprendre un rythme de fertilisation normal, toutes les deux semaines, avec un engrais pour plantes à fleurs. Un rempotage dans un substrat frais peut également être envisagé à ce moment-là, si la plante est à l’étroit dans son pot.

La réacclimatation à l’extérieur doit être très progressive pour éviter de choquer la plante. Il ne faut la sortir que lorsque tout risque de gelée est définitivement écarté et que les températures nocturnes sont stabilisées au-dessus de 10-12°C. Au début, on la placera à l’extérieur seulement quelques heures par jour, à un endroit ombragé et abrité du vent. On augmentera progressivement la durée d’exposition et la quantité de lumière sur une période d’une à deux semaines avant de l’installer à son emplacement définitif pour l’été. Cette acclimatation en douceur est la garantie d’une transition réussie vers la belle saison.

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