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L’hivernage du bacopa

Daria · 04.07.2025.

Le bacopa, que l’on cultive le plus souvent comme une plante annuelle dans les jardins et sur les balcons, est en réalité une vivace originaire de climats doux. Il ne supporte pas les températures négatives. Cependant, avec quelques précautions, il est tout à fait possible de le conserver durant l’hiver pour le voir refleurir la saison suivante. L’hivernage est une solution à la fois économique et écologique qui te permettra de profiter de tes plus beaux spécimens d’une année sur l’autre. Cette démarche demande une bonne préparation à l’automne et un suivi attentif durant la période de repos, mais la récompense au printemps, en voyant tes plantes reprendre vie, est immense.

La décision d’hiverner un bacopa doit être prise avant l’arrivée des premiers froids. Il est crucial de rentrer les plantes avant qu’elles n’aient subi le moindre gel, car même une légère gelée peut leur être fatale. Surveille les prévisions météorologiques à l’automne et prépare-toi à agir dès que les températures nocturnes commencent à flirter avec les 5°C. Choisis uniquement les plants les plus sains, les plus vigoureux et exempts de maladies ou de ravageurs pour maximiser les chances de succès. Tenter de sauver une plante déjà affaiblie est souvent voué à l’échec.

La préparation de la plante est une étape clé. Avant de la rentrer, il est indispensable de la tailler sévèrement. Rabats toutes les longues tiges retombantes, en ne laissant que 10 à 15 centimètres de longueur à partir de la base. Cette taille drastique peut sembler cruelle, mais elle est nécessaire. Elle permet de réduire le volume de la plante, de limiter l’évaporation, d’éliminer les parties potentiellement porteuses de maladies et d’encourager la plante à concentrer son énergie dans ses racines durant l’hiver. Profite de cette occasion pour inspecter minutieusement la plante et traiter tout problème de ravageurs avant de l’introduire à l’intérieur.

Le choix du lieu d’hivernage est déterminant. Le bacopa a besoin d’un local lumineux mais frais, à l’abri du gel. La température idéale se situe entre 5 et 10°C. Une véranda peu ou pas chauffée, une serre froide, un garage avec une fenêtre ou une cage d’escalier bien éclairée sont des options parfaites. Il faut absolument éviter les pièces de vie chauffées, où l’air est trop chaud et trop sec. Dans de telles conditions, la plante ne pourrait pas entrer en dormance et s’épuiserait rapidement, tout en devenant une cible de choix pour les araignées rouges.

Préparer la plante pour l’hiver

La préparation automnale conditionne la survie du bacopa pendant l’hiver. Environ un mois avant la date prévue de rentrée, commence à réduire puis à cesser complètement la fertilisation. La plante doit ralentir sa croissance et commencer à s’endurcir en prévision de la période de dormance. Continuer à lui fournir de l’engrais encouragerait la production de nouvelles pousses tendres et fragiles qui ne résisteraient pas bien aux conditions hivernales.

Juste avant de rentrer le pot, procède à une inspection sanitaire méticuleuse. Examine attentivement le dessus et le dessous des feuilles, ainsi que les tiges, à la recherche de pucerons, d’aleurodes ou de toiles d’araignées rouges. Il est beaucoup plus facile de traiter un problème à l’extérieur que de gérer une infestation qui se propage à toutes tes plantes d’intérieur durant l’hiver. Si nécessaire, applique un traitement insecticide doux, comme une pulvérisation de savon noir, quelques jours avant de rentrer la plante.

La taille, comme mentionné précédemment, est une étape cruciale. Utilise un sécateur propre et désinfecté pour rabattre les tiges à une dizaine de centimètres de la base. N’hésite pas à être sévère ; cette opération stimule la ramification à la base et assure une meilleure reprise au printemps. Profites-en pour nettoyer la plante en enlevant toutes les feuilles jaunes, sèches ou abîmées, ainsi que les éventuelles mauvaises herbes à la surface du pot. Un surfaçage, qui consiste à retirer les premiers centimètres de l’ancien terreau pour les remplacer par du nouveau, peut aussi être bénéfique.

Enfin, juste avant de la placer dans son quartier d’hiver, il est conseillé de modérer l’arrosage. Laisse le substrat sécher légèrement. Rentrer une plante avec une motte complètement détrempée dans un local frais et peu ventilé est le meilleur moyen de provoquer la pourriture des racines. La plante entre en dormance et ses besoins en eau vont chuter drastiquement. Cette transition progressive des conditions d’arrosage aide la plante à s’adapter en douceur à son nouveau rythme de vie hivernal.

Le lieu d’hivernage idéal

Trouver le bon endroit pour hiverner ton bacopa est la moitié de la bataille gagnée. Le critère le plus important est la combinaison de fraîcheur et de luminosité. La fraîcheur, avec des températures comprises entre 5 et 10°C, est essentielle pour induire et maintenir la dormance de la plante. C’est un état de repos végétatif qui lui permet de conserver son énergie pour le printemps. Des températures plus élevées la maintiendraient en état de croissance active, ce qui l’épuiserait en raison du manque de lumière.

La lumière est le second critère indispensable. Même en dormance, la plante a besoin de lumière pour survivre. Une absence totale de lumière la ferait dépérir. Place le pot près d’une fenêtre orientée au nord ou à l’est dans un garage, une cave ou une véranda non chauffée. La lumière n’a pas besoin d’être aussi intense qu’en été, mais elle doit être suffisante pour permettre une photosynthèse minimale. Si tu ne disposes pas d’un local naturellement lumineux, un éclairage horticole d’appoint peut être une solution.

La qualité de l’air ambiant est également à considérer. Le lieu d’hivernage doit être suffisamment aéré pour éviter la condensation et le développement de maladies fongiques comme le botrytis. Une aération régulière du local, en ouvrant une fenêtre pendant les heures les plus douces de la journée, est bénéfique. Évite cependant de placer la plante dans un courant d’air froid constant. Un air stagnant et humide est le pire ennemi de tes plantes en hivernage.

Enfin, il faut penser à l’aspect pratique. Choisis un endroit où tes plantes ne seront pas encombrantes et où tu pourras y accéder facilement pour les surveiller et les arroser occasionnellement. L’hivernage n’est pas un abandon ; un coup d’œil une fois par semaine permet de vérifier que tout va bien, que le substrat ne se dessèche pas complètement et qu’aucun parasite ne s’est développé. Cette surveillance discrète mais régulière est la clé d’un hivernage sans encombre.

Les soins durant la période hivernale

Pendant l’hiver, le bacopa est au repos et ses besoins sont réduits au strict minimum. L’erreur la plus commune et la plus fatale est l’excès d’arrosage. Le métabolisme de la plante étant ralenti par le froid et le manque de lumière, sa consommation d’eau est très faible. Il faut arroser avec une extrême parcimonie, uniquement lorsque le terreau est sec sur plusieurs centimètres de profondeur. En pratique, cela peut signifier un léger arrosage toutes les trois à six semaines, selon les conditions du local. En cas de doute, il est toujours préférable de pécher par manque d’eau que par excès.

Aucun apport d’engrais ne doit être fait durant toute la période d’hivernage, de la fin de l’automne jusqu’au début du printemps. La plante est en dormance et n’est pas en mesure d’utiliser les nutriments. Fertiliser une plante au repos est non seulement inutile, mais aussi dangereux, car cela peut brûler les racines et perturber son cycle naturel. La fertilisation ne reprendra qu’au printemps, au moment du réveil de la plante.

La surveillance sanitaire doit se poursuivre pendant l’hiver. Même dans un local frais, certains parasites comme les pucerons ou les cochenilles peuvent survivre et se développer lentement. Inspecte régulièrement la base des tiges et le peu de feuillage restant. L’air sec de certains locaux peut aussi favoriser l’apparition d’araignées rouges. En cas d’attaque, interviens immédiatement avec des méthodes douces, comme un chiffon humide ou un coton-tige imbibé d’alcool pour les cochenilles, pour éviter que l’infestation ne prenne de l’ampleur.

Il est également bon de faire un peu de ménage de temps en temps. Retire les feuilles qui jaunissent et tombent au fur et à mesure. Cela permet de maintenir un environnement propre et de limiter les risques de développement de pourriture grise (botrytis) sur les débris végétaux. Maintenir un environnement sain autour de la plante contribue grandement à son bien-être et à sa survie jusqu’au printemps.

Le réveil et la sortie au printemps

Le réveil du bacopa est un processus progressif qui doit commencer à la fin de l’hiver, vers la fin février ou le début mars. C’est le moment de préparer la plante pour son retour à une vie active. Commence par augmenter légèrement la luminosité et la température en la déplaçant vers un endroit un peu plus chaud et mieux éclairé de ton local d’hivernage, ou en la rentrant dans une pièce plus tempérée de la maison.

C’est aussi le moment idéal pour effectuer un rempotage. Sors délicatement la plante de son pot. Si le système racinaire est dense, n’hésite pas à le réduire d’un tiers et à démêler un peu les racines. Rempote-la dans le même pot ou un pot légèrement plus grand, avec un terreau neuf et riche pour plantes fleuries. Ce nouveau substrat apportera les nutriments nécessaires à la reprise de la croissance. Après le rempotage, effectue un premier arrosage plus conséquent que durant l’hiver.

Avec l’augmentation de la lumière et de la chaleur, et le nouveau terreau, la plante va commencer à produire de nouvelles pousses. C’est le signal pour reprendre les arrosages de manière plus régulière, en laissant le substrat sécher légèrement en surface entre deux apports. Tu peux également recommencer la fertilisation, mais avec parcimonie au début. Utilise un engrais liquide pour plantes fleuries dilué de moitié par rapport à la dose normale, une fois toutes les trois semaines, puis augmente progressivement la fréquence.

La sortie à l’extérieur ne doit pas être brutale. Il faut attendre que tout risque de gelée soit définitivement écarté, généralement après la mi-mai. Avant de la laisser dehors en permanence, il est crucial de l’acclimater. Sors-la pendant quelques heures chaque jour dans un endroit ombragé et abrité du vent, puis augmente progressivement la durée d’exposition et l’ensoleillement sur une période de 10 à 15 jours. Ce processus d’endurcissement évite que le feuillage tendre ne brûle au soleil et que la plante ne subisse un choc thermique.

📷: DeavmiCC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

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