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L’hivernage de la menthe poivrée

Linden · 26.06.2025.

La menthe poivrée est une plante vivace rustique, capable de survivre à des hivers rigoureux en entrant dans une période de dormance. Cependant, pour assurer une reprise vigoureuse au printemps suivant, quelques gestes de préparation et de protection sont nécessaires. L’hivernage ne consiste pas seulement à laisser la nature suivre son cours, mais à accompagner la plante dans cette transition cruciale. Que ta menthe soit cultivée en pleine terre ou en pot, les soins que tu lui apporteras à l’automne détermineront en grande partie sa santé et sa productivité pour la saison à venir. Ce guide te détaillera les étapes essentielles pour aider ta menthe poivrée à passer l’hiver sans encombre, garantissant ainsi une nouvelle année de récoltes fraîches et parfumées.

La préparation à l’hiver commence bien avant les premières gelées, dès la fin de l’été. Il est important de réduire progressivement, puis d’arrêter complètement la fertilisation. Continuer à apporter de l’engrais, surtout azoté, stimulerait la croissance de nouvelles pousses tendres. Ces pousses, n’ayant pas le temps de se lignifier (durcir) avant l’arrivée du froid, seraient extrêmement vulnérables au gel et pourraient devenir des portes d’entrée pour les maladies. L’arrêt de la fertilisation envoie le signal à la plante qu’il est temps de ralentir son métabolisme et de commencer à accumuler des réserves dans ses racines pour l’hiver.

La partie aérienne de la menthe poivrée meurt généralement avec les premières fortes gelées. C’est un processus tout à fait normal. Le système racinaire et les rhizomes souterrains, eux, restent vivants et en dormance sous la terre, prêts à redémarrer au printemps. Avant que le gel ne détruise complètement le feuillage, il est conseillé de procéder à une dernière taille. Cette opération consiste à rabattre toutes les tiges à quelques centimètres du sol, environ 5 à 10 centimètres. Cette taille automnale a plusieurs avantages.

Premièrement, elle nettoie la touffe et élimine les vieilles tiges et feuilles qui pourraient abriter des œufs de ravageurs ou des spores de champignons pathogènes pendant l’hiver. C’est une mesure sanitaire importante qui réduit les risques de problèmes au printemps. Deuxièmement, en supprimant la partie aérienne, tu encourages la plante à concentrer toute son énergie restante dans ses racines et ses rhizomes, renforçant ainsi sa capacité à survivre au froid. Cette taille permet également de faciliter l’application d’un paillis protecteur.

Après la taille, l’étape la plus importante de l’hivernage en pleine terre est l’application d’un paillis. Le paillage a pour but de protéger le système racinaire des variations extrêmes de température et du gel profond. Il agit comme une couverture isolante, maintenant une température plus stable dans le sol. Une couche épaisse, d’environ 10 à 15 centimètres, de feuilles mortes, de paille, de fougères ou de compost bien décomposé est idéale. Ce paillis protège non seulement du froid, mais il enrichira également le sol en se décomposant lentement pendant l’hiver.

La préparation à l’hiver en pleine terre

La préparation de la menthe en pleine terre pour l’hiver est une étape cruciale pour sa survie et sa vigueur future. Tout commence par un nettoyage méticuleux de la zone de culture à l’automne. Il est important de retirer toutes les mauvaises herbes qui pourraient concurrencer la menthe pour les ressources restantes et potentiellement héberger des nuisibles. Ramasse également les feuilles mortes ou malades tombées au sol tout au long de la saison pour limiter la propagation des maladies d’une année sur l’autre. Un environnement propre est moins propice à la survie des pathogènes.

La taille de fin de saison est un geste essentiel. Une fois que la croissance a visiblement ralenti et avant les premières grosses gelées, utilise un sécateur propre pour couper toutes les tiges à une hauteur d’environ 5 centimètres du sol. Ne coupe pas complètement au ras du sol ; laisser quelques centimètres de tige aide à protéger la couronne de la plante. Cette coupe sévère élimine les parties aériennes qui de toute façon gèleraient et pourriraient, et prévient l’installation d’abris hivernaux pour les insectes et les maladies.

L’application d’un paillis protecteur est l’action la plus importante pour l’hivernage en pleine terre. Après la taille, recouvre généreusement la souche de la menthe avec une couche épaisse de paillis organique. Les feuilles mortes sont une excellente option, gratuite et efficace. La paille, le foin, ou même des branches de conifères peuvent aussi être utilisés. Ce manteau isolant protégera les rhizomes des cycles de gel et de dégel répétés, qui peuvent endommager les racines et même pousser la plante hors du sol.

Il est important de noter que même en hiver, le sol ne doit pas se dessécher complètement, surtout dans les régions aux hivers secs et sans couverture neigeuse. Si une longue période de sécheresse survient, un arrosage léger peut être bénéfique pour maintenir une humidité minimale au niveau des racines. Cependant, il faut absolument éviter l’excès d’eau, car un sol gorgé d’eau et gelé peut être fatal. L’objectif est simplement d’empêcher la déshydratation complète du système racinaire dormant.

La protection contre le gel et les basses températures

Le paillage est la principale méthode de protection contre le gel pour la menthe en pleine terre. L’épaisseur de la couche de paillis doit être adaptée à la rigueur des hivers de ta région. Dans les zones aux hivers doux, 5 à 10 centimètres peuvent suffire. Dans les régions où les températures descendent régulièrement bien en dessous de zéro, une couche de 15 à 20 centimètres n’est pas excessive. La neige est également un excellent isolant naturel. Si ton jardin est couvert d’une bonne couche de neige tout l’hiver, tes plantes sont bien protégées. Le paillis est surtout crucial en l’absence de neige.

Le moment d’application du paillis est important. Il ne faut pas pailler trop tôt en automne, lorsque le sol est encore chaud. Attends que le sol ait commencé à refroidir et après les premières gelées légères. Pailler trop tôt pourrait piéger la chaleur et l’humidité, favorisant la pourriture, et pourrait également fournir un abri confortable pour les rongeurs qui pourraient grignoter les racines pendant l’hiver. L’idéal est de laisser le sol « prendre le froid » avant de le couvrir.

Au printemps, il faudra également gérer le retrait de ce paillis. Ne te précipite pas pour enlever toute la protection dès les premiers redoux. Les gelées tardives sont fréquentes et peuvent endommager les jeunes pousses tendres qui commencent à émerger. Commence à retirer le paillis progressivement lorsque les risques de fortes gelées sont écartés et que la croissance a bien repris. Tu peux laisser une fine couche de paillis en place, qui continuera à nourrir le sol et à conserver l’humidité.

Pour les régions vraiment extrêmes, où la survie de la menthe en pleine terre est incertaine, il est possible de déterrer une partie de la touffe à l’automne, de la mettre en pot et de l’hiverner dans un endroit protégé, comme une serre froide ou un garage non chauffé. Cela permet de conserver une souche de sécurité au cas où la plante en extérieur ne survivrait pas. C’est une bonne assurance pour ne pas perdre ta variété de menthe préférée.

L’hivernage de la menthe cultivée en pot

L’hivernage de la menthe en pot demande une attention différente de celle en pleine terre, car les racines dans un pot sont beaucoup plus exposées au gel. Un pot gèle beaucoup plus rapidement et plus profondément que le sol du jardin. Laisser simplement le pot à l’extérieur sans protection dans une région aux hivers froids est risqué. Les racines peuvent geler complètement, tuant la plante. Il y a plusieurs stratégies pour protéger la menthe en pot.

La première option, et la plus sûre dans les climats rigoureux, est de rentrer le pot dans un abri hors gel. Un garage, une cave, une serre froide ou une véranda non chauffée sont des endroits idéaux. La plante n’a pas besoin de beaucoup de lumière pendant sa dormance, mais elle a besoin d’être protégée des températures glaciales. L’arrosage devra être très réduit pendant cette période, juste assez pour que le terreau ne se transforme pas en un bloc de poussière sèche. Arrose légèrement une fois par mois environ.

Si tu ne disposes pas d’un tel abri, tu peux protéger le pot à l’extérieur. Une technique consiste à « enterrer » le pot dans le sol du jardin jusqu’au rebord. La terre du jardin isolera les racines de la même manière qu’elle le fait pour les plantes en pleine terre. Tu peux ensuite pailler la surface du pot comme tu le ferais pour une culture en pleine terre. Cette méthode est très efficace pour protéger la motte du gel.

Une autre méthode de protection extérieure consiste à isoler le pot lui-même. Regroupe tes pots contre un mur abrité de la maison, idéalement orienté au sud. Entoure ensuite le groupe de pots avec une cage en grillage que tu rempliras de feuilles mortes ou de paille. Tu peux aussi envelopper chaque pot individuellement avec du papier bulle ou de la toile de jute. Le but est de créer une couche d’air isolante entre le froid et les parois du pot. Surélève également les pots du sol froid et humide en les plaçant sur des cales en bois ou en brique.

Les soins post-hivernage et la reprise printanière

Le réveil de la menthe au printemps est un moment clé qui nécessite quelques soins pour assurer un bon départ. Lorsque les températures commencent à se radoucir de manière constante et que tout risque de forte gelée est passé, il est temps de commencer à retirer progressivement le paillis d’hiver. Ne l’enlève pas d’un seul coup. Retire-le par couches sur plusieurs jours pour permettre à la plante de s’acclimater doucement aux conditions changeantes et pour ne pas exposer les nouvelles pousses fragiles à une gelée tardive inattendue.

Une fois le paillis retiré, c’est le moment idéal pour apporter les premiers nutriments de la saison. Une couche de compost bien mûr ou un engrais organique équilibré épandu autour de la base de la plante lui donnera l’énergie nécessaire pour une croissance vigoureuse. Griffe légèrement la surface du sol pour incorporer l’amendement sans endommager les jeunes pousses ou les racines superficielles. Un bon arrosage après cet apport aidera les nutriments à pénétrer dans le sol.

Pour la menthe qui a passé l’hiver en pot dans un abri, la transition vers l’extérieur doit être progressive. C’est ce qu’on appelle l’acclimatation. Sors le pot à l’extérieur pendant quelques heures chaque jour, en commençant par un endroit ombragé et abrité. Augmente progressivement la durée d’exposition à la lumière directe du soleil et aux conditions extérieures sur une période d’une à deux semaines. Cette étape est cruciale pour éviter de choquer la plante et de brûler son nouveau feuillage tendre.

Le début du printemps est également le moment parfait pour diviser les touffes de menthe qui sont devenues trop grandes ou moins productives au centre. Comme nous l’avons vu, la division rajeunit la plante et te permet d’en obtenir de nouvelles. C’est aussi le bon moment pour rempoter la menthe cultivée en pot, en lui offrant un substrat frais et riche en nutriments pour la nouvelle saison de croissance. Ces soins post-hivernage sont la dernière étape pour boucler le cycle annuel et lancer la menthe sur la voie d’une saison productive.

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