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L’hivernage de la lavande papillon

Daria · 17.07.2025.

L’arrivée de l’hiver représente un défi majeur pour la lavande papillon, particulièrement dans les régions où les températures descendent régulièrement en dessous de zéro. Contrairement à sa cousine, la lavande vraie (Lavandula angustifolia), qui est très rustique, la lavande papillon est d’une nature plus frileuse. Originaire des climats doux du pourtour méditerranéen, sa capacité à résister au gel est limitée. Un hivernage réussi est donc une condition sine qua non pour pouvoir profiter de sa floraison spectaculaire année après année. La stratégie à adopter dépendra fondamentalement de ton climat et du mode de culture de ta lavande, qu’elle soit en pleine terre ou en pot.

La principale menace pour la lavande papillon en hiver n’est pas seulement le froid sec, mais surtout la combinaison du gel et de l’humidité. Un sol gorgé d’eau qui gèle en profondeur est fatal pour ses racines. C’est pourquoi un drainage parfait, préparé dès la plantation, est la première et la plus importante des protections hivernales. Une plante installée dans un sol léger et bien drainé, à un emplacement abrité, aura de bien meilleures chances de traverser la saison froide sans encombre qu’une plante dont les racines baignent dans une terre lourde et humide.

Pour les lavandes cultivées en pleine terre dans des régions où le gel est modéré mais possible, des mesures de protection s’imposent. Il s’agit d’isoler à la fois la base de la plante et ses parties aériennes des conditions les plus rudes. Le paillage et l’utilisation d’un voile d’hivernage sont des techniques simples mais très efficaces pour aider la plante à passer le cap difficile de l’hiver. Ces protections doivent être mises en place au bon moment, généralement après les premières gelées légères, mais avant l’arrivée des grands froids.

La culture en pot offre une flexibilité beaucoup plus grande pour l’hivernage. Dans la plupart des régions, à l’exception de celles au climat très doux, la meilleure solution consiste à rentrer les pots à l’abri. Le choix du lieu d’hivernage est alors crucial : il doit être frais, lumineux et à l’abri des fortes gelées. La gestion de l’arrosage pendant cette période de dormance est également un point clé de la réussite. En maîtrisant ces quelques techniques, tu assureras la pérennité de tes lavandes papillon, prêtes à repartir de plus belle au printemps suivant.

Évaluation de la rusticité de la plante

La rusticité d’une plante est sa capacité à résister à des températures hivernales basses. Pour la lavande papillon (Lavandula stoechas), cette rusticité est qualifiée de moyenne à faible. En général, on considère qu’elle peut supporter des températures négatives allant jusqu’à -5°C, voire -7°C sur de très courtes périodes et impérativement en sol sec. Au-delà de ces températures, ou lors de gels prolongés, les dommages peuvent être importants et souvent irréversibles. Le feuillage persistant peut griller et les tiges peuvent être détruites par le gel.

Il est important de comprendre que plusieurs facteurs influencent la rusticité réelle d’une plante dans ton jardin. Un plant bien établi, en bonne santé, planté depuis plusieurs années, sera toujours plus résistant qu’un jeune plant fraîchement installé. De même, une lavande cultivée dans des conditions optimales (plein soleil, sol drainant) sera plus apte à s’endurcir et à supporter le froid. L’exposition est également un facteur clé : une plante située dans un endroit abrité des vents du nord et de l’est, par exemple contre un mur exposé au sud, bénéficiera d’un microclimat plus favorable et gagnera quelques précieux degrés de rusticité.

L’humidité du sol est l’ennemi numéro un de la rusticité. Des racines qui se trouvent dans une terre détrempée sont beaucoup plus sensibles au gel. L’eau présente dans le sol gèle, emprisonnant les racines dans un bloc de glace et provoquant des lésions cellulaires fatales. C’est pourquoi une lavande plantée dans un sol lourd et argileux a très peu de chances de survivre à un hiver moyennement rigoureux, même si les températures de l’air ne sont pas extrêmes. Un sol drainant permet à l’eau de s’évacuer, laissant des poches d’air qui agissent comme un isolant naturel pour les racines.

Avant de décider de la stratégie d’hivernage, tu dois donc évaluer honnêtement les conditions de ton jardin et le climat de ta région. Renseigne-toi sur les températures minimales moyennes enregistrées dans ta zone. Si les températures descendent régulièrement et durablement sous les -5°C, la culture en pleine terre est risquée et il est préférable d’opter pour une culture en pot qui permettra de mettre ta lavande à l’abri. Si les gels sont rares et légers, une protection hivernale en pleine terre peut être suffisante.

Préparation à l’hiver en pleine terre

Dans les régions où les hivers sont relativement cléments (gelées légères et peu fréquentes), il est tout à fait possible de conserver la lavande papillon en pleine terre avec quelques précautions. La préparation commence dès la fin de l’automne. Il est conseillé de ne pas effectuer de taille sévère à cette période. Une taille tardive pourrait stimuler la croissance de nouvelles pousses qui n’auraient pas le temps de s’endurcir avant le froid. Contente-toi de nettoyer la plante en retirant les dernières fleurs fanées.

La protection la plus importante est le paillage du pied. Avant les premières fortes gelées, installe une épaisse couche (10 à 15 cm) de paillis isolant autour de la base de la plante. Les feuilles mortes sèches, la paille, les frondes de fougères ou même des écorces de pin sont d’excellents matériaux. Ce matelas protecteur va isoler la souche et les racines superficielles du gel, tout en laissant respirer le sol. Veille à ne pas étouffer le collet de la plante ; laisse un petit espace libre juste autour de la base des tiges.

Dans les zones un peu plus froides ou très ventées, il est également judicieux de protéger les parties aériennes. Le vent d’hiver peut être très desséchant pour le feuillage persistant. Un voile d’hivernage est la solution idéale. Enveloppe délicatement toute la touffe avec une ou deux épaisseurs de ce tissu non-tissé qui protège du froid tout en laissant passer l’air et la lumière. Fixe le voile à la base de la plante pour qu’il ne s’envole pas. Évite absolument les bâches en plastique, qui sont étanches et créent de la condensation, favorisant ainsi la pourriture.

Cette protection doit rester en place pendant toute la période de grand froid, de décembre à fin février ou début mars, selon les régions. Dès que les températures se radoucissent et que les risques de fortes gelées sont écartés, il est important de retirer le voile d’hivernage pour permettre à la plante de profiter de la lumière et de l’air printanier. Le paillis peut être laissé en place un peu plus longtemps ou être retiré et remplacé par un paillis plus estival.

Hivernage des lavandes en pot

Pour la grande majorité des climats qui ne sont pas strictement méditerranéens, la culture en pot est la méthode la plus sûre pour conserver sa lavande papillon en hiver. La mobilité du pot permet de la soustraire aux rigueurs de l’hiver en la déplaçant dans un lieu approprié. Les racines dans un pot sont beaucoup plus exposées au gel que celles en pleine terre, car elles ne bénéficient pas de l’inertie thermique du sol. Laisser un pot de lavande papillon à l’extérieur durant un hiver rigoureux équivaut presque certainement à sa perte.

L’endroit idéal pour hiverner une lavande en pot est un local hors gel, lumineux et frais. Une véranda non chauffée, une serre froide, un jardin d’hiver ou un garage disposant d’une fenêtre sont parfaits. La température optimale se situe entre 5°C et 10°C. Il faut absolument éviter les pièces chauffées de la maison, où l’air est trop sec et chaud, ce qui pourrait empêcher la plante d’entrer dans son nécessaire repos végétatif et favoriser l’apparition d’acariens. La lumière est importante pour que la plante ne s’étiole pas, même si elle est en dormance.

Avant de rentrer les pots, généralement en novembre avant les premières fortes gelées, inspecte tes plantes. Nettoie-les en enlevant les feuilles mortes, les fleurs fanées et les éventuelles mauvaises herbes à la surface du pot. C’est aussi le bon moment pour vérifier la présence de parasites et traiter si nécessaire, afin de ne pas introduire de problèmes à l’intérieur. Tu peux également tailler très légèrement les extrémités des tiges si la plante est devenue trop encombrante, mais la taille principale se fera au printemps.

Pendant toute la période d’hivernage, les besoins en eau de la lavande sont extrêmement réduits. La plante est en dormance, sa croissance est à l’arrêt. Il faut donc réduire les arrosages au strict minimum. Laisse le substrat sécher presque complètement entre deux apports d’eau. Un arrosage très léger, une fois par mois ou toutes les six semaines, est généralement suffisant. L’objectif est juste d’éviter que la motte ne se transforme en un bloc de poussière. Un excès d’arrosage en hiver est la cause la plus fréquente de mortalité des plantes hivernées en pot.

Soins de sortie d’hiver

La transition entre la protection hivernale et le retour à la vie active du printemps est une étape délicate qui demande un peu d’attention. Que ta lavande ait passé l’hiver sous un voile ou à l’intérieur, il faut éviter les chocs thermiques et l’exposer progressivement aux conditions extérieures. Agir trop tôt peut l’exposer à des gelées tardives, tandis qu’agir trop tard peut retarder son démarrage et la fragiliser. L’observation de la météo et des premiers signes de reprise de la végétation est ton meilleur guide.

Pour les plantes qui ont hiverné en pleine terre, retire le voile d’hivernage dès que les températures diurnes redeviennent positives de manière constante et que les risques de gelées inférieures à -3/-4°C sont écartés, généralement en mars. Tu peux laisser le paillis au sol encore quelques semaines pour protéger les racines des derniers coups de froid. C’est le moment idéal pour inspecter la plante, voir si elle a souffert du froid et effectuer la taille de printemps. Cette taille consiste à supprimer le bois mort et à redonner une forme compacte à la touffe.

Pour les lavandes en pot qui ont été rentrées, la réacclimatation doit être progressive. Vers la fin mars ou le début avril, commence à sortir les pots à l’extérieur pendant les heures les plus douces de la journée, dans un endroit abrité du vent et du soleil direct. Rentre-les à l’intérieur pour la nuit. Fais cela pendant une à deux semaines, en augmentant progressivement la durée de séjour à l’extérieur et l’exposition au soleil. Une fois que tout risque de gelée est passé, tu peux les laisser définitivement à leur emplacement estival.

La sortie de l’hiver est également le moment de reprendre les soins de culture. Augmente progressivement la fréquence des arrosages pour accompagner le redémarrage de la croissance. C’est aussi le bon moment pour effectuer un surfaçage des pots, en remplaçant les premiers centimètres de terreau par un substrat neuf et riche. Pour les plantes en pleine terre, un léger griffage du sol en surface avec un peu de compost peut être bénéfique. Ces soins de printemps donneront à ta lavande papillon toute l’énergie nécessaire pour une nouvelle saison de floraison spectaculaire.

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