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Les maladies et les ravageurs du romarin

Linden · 06.09.2025.

Le romarin, avec son feuillage coriace et son parfum puissant, est une forteresse végétale naturellement répulsive pour de nombreux agresseurs. Ses huiles essentielles, si appréciées en cuisine, agissent comme un bouclier protecteur, le rendant bien moins sujet aux maladies et aux ravageurs que beaucoup d’autres plantes de jardin. Cependant, cette robustesse n’est pas une immunité absolue. Des conditions de culture inadaptées, comme un excès d’humidité, un manque d’aération ou un sol inadéquat, peuvent affaiblir ses défenses et ouvrir la porte à des problèmes sanitaires. Connaître ces menaces potentielles et, surtout, savoir comment les prévenir par des pratiques culturales saines, est la meilleure garantie pour conserver un romarin vigoureux et en parfaite santé.

La grande majorité des problèmes rencontrés avec le romarin ne sont pas d’origine parasitaire, mais physiologique, c’est-à-dire liés à un déséquilibre dans ses conditions de vie. L’ennemi numéro un est incontestablement l’excès d’eau, qui provoque l’asphyxie et la pourriture des racines. Un sol lourd, mal drainé, ou des arrosages trop fréquents créent un environnement anaérobie où les champignons pathogènes du sol, comme le Phytophthora, prolifèrent. Avant de suspecter une maladie, il faut donc toujours s’interroger sur la qualité du drainage et la gestion de l’arrosage.

La prévention est la pierre angulaire de la protection du romarin. Cela commence dès la plantation, en choisissant un emplacement ensoleillé et bien ventilé et en préparant le sol pour qu’il soit parfaitement drainant. Un sol léger, amendé avec du sable ou du gravier, est la meilleure assurance contre les maladies racinaires. De même, un arrosage parcimonieux, qui laisse la terre sécher entre deux apports, est essentiel. Éviter de mouiller le feuillage lors de l’arrosage contribue également à limiter les risques de maladies foliaires.

Une bonne hygiène culturale joue aussi un rôle important. Il faut régulièrement enlever les feuilles mortes et les débris végétaux à la base de la plante, car ils peuvent abriter des spores de champignons. Utiliser des outils de taille propres et désinfectés permet de ne pas transmettre de maladies d’une plante à l’autre. En respectant ces principes de base, on réduit de manière drastique la probabilité de voir apparaître des maladies ou des infestations de ravageurs sur son romarin.

Les maladies fongiques

La maladie la plus redoutable pour le romarin est la pourriture des racines, causée par divers champignons telluriques. Les symptômes sont souvent visibles trop tard : le feuillage jaunit, brunit, se dessèche comme s’il manquait d’eau, alors que la cause est un excès d’humidité. Les tiges à la base de la plante peuvent noircir et devenir molles. Malheureusement, lorsque ces symptômes apparaissent, il est souvent trop tard pour sauver la plante. La seule véritable action est préventive : assurer un drainage impeccable et un arrosage modéré.

L’oïdium, ou « maladie du blanc », est une autre affection fongique qui peut toucher le romarin, bien que ce soit moins fréquent. Elle se caractérise par l’apparition d’un feutrage blanc poudreux sur les feuilles, les jeunes pousses et parfois les fleurs. Cette maladie se développe particulièrement par temps chaud et humide, avec une mauvaise circulation de l’air. Pour la prévenir, il faut éviter les plantations trop denses et arroser au pied de la plante. En cas d’attaque légère, on peut pulvériser une solution de lait écrémé dilué (1 volume de lait pour 9 volumes d’eau) ou de bicarbonate de soude (1 cuillère à café par litre d’eau avec un peu de savon noir).

Plus rarement, le botrytis, ou pourriture grise, peut se développer sur le romarin, surtout en hiver sur les plantes hivernées dans des conditions humides et peu ventilées. Ce champignon provoque un pourrissement des tiges et des feuilles, qui se couvrent d’un duvet grisâtre. La prévention passe par une bonne aération, la suppression des parties atteintes dès leur apparition et une limitation drastique de l’arrosage en période de dormance. Il est crucial d’inspecter régulièrement les plantes hivernées pour détecter les premiers signes.

Enfin, certaines taches foliaires peuvent être causées par des champignons comme l’Alternaria ou le Septoria, mais elles sont généralement sans gravité pour la santé globale de la plante. Elles se manifestent par de petites taches brunes ou noires sur les feuilles. Il suffit de supprimer les feuilles les plus atteintes et d’améliorer la circulation de l’air autour de la plante. Le respect des bonnes pratiques culturales est généralement suffisant pour que le romarin surmonte ces affections mineures sans traitement spécifique.

Les principaux ravageurs

Le romarin est rarement la cible des ravageurs courants du jardin. Cependant, quelques insectes spécialisés ou opportunistes peuvent parfois s’y attaquer. La chrysomèle du romarin (Chrysolina americana) est l’un des plus connus. C’est un petit coléoptère aux couleurs métalliques irisées, vertes et violettes, très joli mais dont les larves et les adultes grignotent les jeunes pousses et les feuilles. Les dégâts sont souvent plus esthétiques que réellement dangereux pour la plante. La méthode de lutte la plus simple et la plus efficace est le contrôle manuel : inspecter la plante régulièrement et écraser les adultes et les larves.

Les cicadelles sont de petits insectes piqueurs-suceurs qui peuvent parfois s’observer sur le romarin. Bien que les dégâts directs soient minimes, elles sont potentiellement vectrices de la bactérie Xylella fastidiosa, une maladie de quarantaine très grave qui affecte de nombreuses espèces végétales, dont le romarin et l’olivier. La lutte contre les cicadelles est difficile. La meilleure approche est préventive, en favorisant la biodiversité au jardin pour attirer leurs prédateurs naturels (oiseaux, araignées, syrphes). La surveillance est essentielle, surtout dans les régions où la bactérie est présente.

Dans des atmosphères très sèches et confinées, comme à l’intérieur en hiver, le romarin peut être la proie des araignées rouges. Ces minuscules acariens, à peine visibles à l’œil nu, se développent sur la face inférieure des feuilles et provoquent leur jaunissement et leur dessèchement. La présence de très fines toiles d’araignée est un signe caractéristique. Pour les prévenir et les combattre, il faut augmenter l’humidité ambiante en pulvérisant de l’eau non calcaire sur le feuillage et en plaçant le pot sur une soucoupe remplie de billes d’argile humides. En cas de forte infestation, des pulvérisations de savon noir dilué peuvent être nécessaires.

Les pucerons peuvent occasionnellement s’attaquer aux jeunes pousses les plus tendres du romarin, surtout si la plante a été affaiblie par une fertilisation trop azotée. Ils se regroupent en colonies sur les extrémités des tiges et sucent la sève. En général, les prédateurs naturels comme les coccinelles régulent rapidement leur population. Si l’infestation est localisée, un jet d’eau puissant ou une pulvérisation d’eau savonneuse peut suffire à les déloger. Il est surtout important de revoir la fertilisation pour rendre la plante moins appétente.

Les problèmes physiologiques

Le jaunissement du feuillage est un symptôme fréquent qui inquiète souvent les jardiniers, mais qui n’est pas toujours le signe d’une maladie. Comme nous l’avons vu, il est le plus souvent lié à un excès d’eau et à la pourriture des racines. Cependant, il peut aussi indiquer un substrat trop compact ou épuisé pour une plante en pot, une carence en fer (chlorose) dans un sol très calcaire, ou tout simplement le vieillissement naturel des feuilles les plus anciennes à la base de la plante. Il est donc crucial d’analyser l’ensemble des conditions de culture avant de poser un diagnostic.

Le dessèchement des branches est un autre problème courant. Il peut être la conséquence d’une pourriture racinaire qui a progressé le long des tiges. Mais il peut aussi être dû à un coup de gel hivernal sur des pousses non aoûtées, à des dégâts causés par une taille dans le vieux bois (le romarin ne repart pas sur le bois nu), ou à une sécheresse extrême pour une plante en pot oubliée. Identifier la cause est essentiel : si une branche est complètement sèche et cassante, il faut la supprimer à sa base pour nettoyer la plante et favoriser une nouvelle croissance à partir de parties saines.

La perte de parfum est un signe subtil mais important d’un problème cultural. Un romarin en bonne santé, cultivé dans des conditions optimales (plein soleil, sol pauvre et sec), produit une grande quantité d’huiles essentielles. Si son parfum s’affaiblit, c’est souvent le signe d’un excès d’engrais, notamment azoté, ou d’un manque de soleil. La plante privilégie alors la croissance du feuillage au détriment de la production de composés aromatiques. Pour retrouver un romarin parfumé, il faut le replacer dans des conditions plus spartiates, plus proches de son milieu naturel.

Enfin, l’absence de floraison peut être une source de déception. Elle est généralement due à un manque d’ensoleillement. Le romarin a besoin d’au moins six à huit heures de soleil direct par jour pour fleurir abondamment. Une taille trop tardive en saison, qui supprime les rameaux qui auraient dû porter les fleurs, peut aussi en être la cause. Parfois, un excès d’azote peut également favoriser le feuillage au détriment des fleurs. Assurer un ensoleillement maximal et une fertilisation modérée sont les meilleures garanties pour une belle floraison.

La lutte biologique et les bonnes pratiques

La meilleure stratégie de défense pour le romarin est de favoriser un écosystème de jardin riche et équilibré. En encourageant la présence d’insectes auxiliaires, comme les coccinelles, les syrphes, les chrysopes (prédateurs de pucerons) ou les araignées, on met en place une régulation naturelle des populations de ravageurs. Pour cela, il faut diversifier les plantations, installer des hôtels à insectes, laisser des zones de jachère fleurie et, surtout, bannir l’usage des pesticides chimiques à large spectre qui détruisent indistinctement la faune nuisible et la faune utile.

L’utilisation de préparations naturelles peut aider à renforcer la plante et à prévenir les maladies. Des pulvérisations de purin de prêle, riche en silice, peuvent renforcer les tissus de la plante et la rendre plus résistante aux agressions des champignons. Le purin d’ortie, utilisé comme fertilisant léger, agit également comme un stimulant des défenses immunitaires. Ces traitements doux, appliqués préventivement, sont bien plus efficaces qu’une intervention curative sur une plante déjà très malade.

L’observation régulière et attentive de la plante est une pratique fondamentale. En inspectant son romarin de près, on peut détecter les tout premiers signes d’un problème : l’arrivée d’une chrysomèle, le début d’un feutrage d’oïdium, le jaunissement d’une branche. Une intervention précoce, comme la suppression manuelle d’un ravageur ou d’une feuille malade, est souvent suffisante pour enrayer le problème avant qu’il ne prenne de l’ampleur et ne nécessite des traitements plus lourds.

En résumé, la santé du romarin dépend moins de l’application de produits de traitement que du respect de ses besoins fondamentaux. Un sol drainant, une exposition ensoleillée, un arrosage maîtrisé et une fertilisation inexistante ou très légère sont les quatre piliers de sa culture. Un jardinier qui respecte ces principes aura très peu de soucis à se faire et pourra profiter pleinement de cet arbuste aromatique, généreux et résistant. La meilleure protection est celle qui est intégrée aux gestes quotidiens du jardinage.

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