Share

Les maladies et les ravageurs du haricot

Daria · 25.06.2025.

Même le jardinier le plus attentif peut voir ses cultures de haricots menacées par une variété de maladies et de ravageurs. Savoir identifier rapidement les premiers signes d’une attaque ou d’une infection est crucial pour intervenir efficacement et limiter les dégâts. Une approche préventive, basée sur de bonnes pratiques culturales comme la rotation des cultures, le respect des distances de plantation et le choix de variétés résistantes, reste la meilleure des stratégies. Connaître ses ennemis, qu’ils soient des champignons microscopiques, des virus ou des insectes affamés, permet de mettre en place des solutions ciblées et respectueuses de l’environnement pour protéger sa récolte et assurer la santé à long terme de son potager. La vigilance et la proactivité sont les maîtres mots pour garder ses rangs de haricots verts et productifs.

Les maladies du haricot sont principalement d’origine cryptogamique, c’est-à-dire causées par des champignons. L’anthracnose est l’une des plus courantes et des plus redoutables. Elle se manifeste par l’apparition de taches noires et creuses, souvent bordées d’un halo rougeâtre, sur les gousses, les feuilles et les tiges. Ces taches peuvent s’étendre et faire pourrir les gousses. La maladie est favorisée par un temps humide et se conserve sur les débris de culture et les semences. La lutte passe par l’utilisation de semences saines, la rotation des cultures et l’élimination des plants infectés.

La rouille est une autre maladie fongique fréquente, reconnaissable aux petites pustules de couleur rouille qui apparaissent sur la face inférieure des feuilles. En cas de forte attaque, les feuilles jaunissent et tombent prématurément, affaiblissant la plante et réduisant le rendement. La rouille est favorisée par une humidité élevée et une mauvaise circulation de l’air. Il est donc important d’espacer suffisamment les plants et d’éviter d’arroser le feuillage. Des pulvérisations préventives de purin de prêle peuvent aider à renforcer les défenses de la plante.

La graisse du haricot, ou pourriture bactérienne, est causée par une bactérie. Elle provoque des taches d’aspect huileux et translucide sur les feuilles, qui finissent par noircir et se dessécher. Des taches similaires peuvent apparaître sur les gousses, qui se déforment et pourrissent. La maladie se propage rapidement par temps pluvieux. Comme pour l’anthracnose, les mesures préventives sont essentielles : semences saines, rotation sur 3 à 4 ans et destruction des débris de culture. La bouillie bordelaise peut avoir une efficacité limitée en traitement préventif.

Enfin, le virus de la mosaïque du haricot provoque une décoloration du feuillage, qui prend un aspect marbré de vert clair et de vert foncé, ainsi qu’une déformation des feuilles et un rabougrissement de la plante. Ce virus est principalement transmis par les pucerons. Il n’existe pas de traitement curatif ; la lutte consiste donc à contrôler les populations de pucerons et à arracher et détruire immédiatement les plants atteints pour éviter la propagation de la maladie. Le choix de variétés résistantes est la meilleure des préventions.

Les principaux insectes ravageurs

Les pucerons noirs sont sans doute les ravageurs les plus communs sur les haricots. Ils se regroupent en colonies denses sur les jeunes pousses, les tiges et parfois sous les feuilles, où ils se nourrissent de la sève de la plante. Leurs piqûres affaiblissent la plante, provoquent l’enroulement des feuilles et peuvent transmettre des virus comme celui de la mosaïque. En cas d’attaque limitée, on peut les écraser à la main ou les déloger avec un jet d’eau puissant. Pour des infestations plus importantes, une pulvérisation d’eau additionnée de savon noir est souvent très efficace.

La mouche des semis (ou mouche du haricot) est un ravageur plus discret mais redoutable au début du printemps. Les adultes pondent leurs œufs dans le sol près des graines en cours de germination. Les larves, de petits asticots blancs, pénètrent alors dans les graines ou les jeunes plantules et s’en nourrissent, provoquant leur pourriture et l’échec de la levée. Un semis plus tardif dans un sol bien réchauffé (à plus de 15°C) permet de limiter les risques, car la germination est plus rapide et la plante devient vite moins vulnérable.

Les araignées rouges sont de minuscules acariens qui prolifèrent par temps chaud et sec. Elles tissent de fines toiles sur la face inférieure des feuilles et piquent les cellules végétales pour en aspirer le contenu. Le feuillage prend alors un aspect plombé, grisâtre, et se dessèche. Pour prévenir leur apparition, il faut maintenir une bonne humidité ambiante en arrosant le sol et en douchant le feuillage (tôt le matin) en période de sécheresse. La présence d’acariens prédateurs, favorisée par la biodiversité au jardin, est également une aide précieuse.

La bruche du haricot est un petit coléoptère dont la larve se développe à l’intérieur des grains, les rendant impropres à la consommation et à la germination. L’infestation commence au champ, où la femelle pond ses œufs sur les gousses en formation. Les larves pénètrent dans les grains et la contamination se poursuit ensuite dans les locaux de stockage. Pour protéger les haricots secs récoltés, il est indispensable de les passer quelques jours au congélateur (-18°C) pour tuer les œufs et les larves avant de les stocker dans des bocaux hermétiques.

Les stratégies de lutte préventive

La meilleure façon de lutter contre les maladies et les ravageurs est d’éviter leur apparition. La rotation des cultures est la règle d’or : il faut éviter de cultiver des haricots (ou d’autres légumineuses) au même endroit pendant au moins trois à quatre années consécutives. Cette pratique permet de briser le cycle de vie des champignons et des parasites spécifiques qui peuvent survivre dans le sol. Après les haricots, on installera une culture d’une autre famille botanique, comme des légumes-racines ou des légumes-feuilles.

Le choix de variétés résistantes ou tolérantes aux maladies les plus courantes dans sa région est une autre stratégie préventive très efficace. De nombreux sélectionneurs proposent aujourd’hui des variétés de haricots qui présentent une bonne résistance à l’anthracnose, à la mosaïque ou à la graisse. Se renseigner sur les caractéristiques des variétés avant l’achat des semences est un investissement judicieux pour s’éviter bien des tracas.

Des pratiques culturales saines sont également fondamentales. Il faut respecter les distances de plantation recommandées pour assurer une bonne circulation de l’air entre les plants, ce qui limite la stagnation de l’humidité propice aux champignons. Il est crucial d’arroser au pied des plantes sans mouiller le feuillage. Enfin, il faut maintenir le potager propre en éliminant régulièrement les mauvaises herbes qui peuvent héberger des ravageurs et en compostant ou en brûlant les débris de culture malades en fin de saison.

Favoriser la biodiversité au jardin est un atout majeur. En plantant des haies variées, des bandes fleuries et des plantes aromatiques (comme la sarriette près des haricots), on attire une multitude d’insectes auxiliaires. Les coccinelles et leurs larves sont de grandes prédatrices de pucerons, les syrphes également, et de nombreuses petites guêpes parasitent les œufs ou les larves de divers ravageurs. Un écosystème de jardin équilibré est la meilleure des protections à long terme.

Les méthodes de lutte biologique et naturelle

Lorsque, malgré les mesures préventives, une attaque survient, il est possible de recourir à des traitements naturels et respectueux de l’environnement. Contre les pucerons, les acariens et autres petits insectes à corps mou, une pulvérisation à base de savon noir est la solution la plus simple et la plus connue. Il suffit de diluer environ 15 à 20 grammes de savon noir liquide dans un litre d’eau. Il faut bien pulvériser sur et sous les feuilles, de préférence le soir pour éviter les brûlures du soleil.

Les macérations et purins de plantes sont des outils précieux du jardinier biologique. Le purin d’ortie, en plus d’être un bon fertilisant, a un effet répulsif et fortifiant qui rend les plantes plus résistantes aux agressions. Le purin de prêle, riche en silice, renforce les parois cellulaires des végétaux et est très efficace en prévention des maladies cryptogamiques comme la rouille ou le mildiou. Une décoction d’ail peut également avoir une action fongicide et insecticide.

L’introduction ou la favorisation d’organismes auxiliaires est une méthode de lutte biologique très efficace. On peut par exemple acheter des larves de coccinelles pour les lâcher sur les foyers de pucerons. De même, les nématodes utiles (du genre Steinernema ou Heterorhabditis) peuvent être utilisés en arrosage sur le sol pour lutter contre les larves de certains insectes du sol. Ces solutions sont très ciblées et n’ont aucun impact négatif sur le reste de l’écosystème.

Pour les ravageurs plus gros comme les limaces et les escargots, qui peuvent s’attaquer aux jeunes plantules, plusieurs méthodes existent. La pose de pièges à bière, l’épandage de cendre ou de coquilles d’œufs broyées autour des plants, ou encore l’utilisation de granulés à base de phosphate ferrique (autorisés en agriculture biologique) sont des solutions efficaces. La récolte manuelle, tôt le matin ou après la pluie, reste également une méthode très efficace dans un petit potager.

La gestion des problèmes abiotiques

Il est important de ne pas confondre les symptômes de maladies ou de ravageurs avec des problèmes d’origine non vivante, dits abiotiques. Un jaunissement du feuillage, par exemple, peut être causé par une carence en nutriments, un excès ou un manque d’eau, un sol trop calcaire bloquant l’assimilation du fer (chlorose ferrique), ou encore un coup de froid. Une observation attentive de l’ensemble des conditions de culture est nécessaire pour poser le bon diagnostic.

Le stress thermique, qu’il soit dû au froid ou à la chaleur, peut également affecter les haricots. Un coup de froid inattendu au printemps peut stopper la croissance et faire jaunir les feuilles. À l’inverse, une forte canicule, surtout si elle s’accompagne d’un air sec, peut provoquer la coulure des fleurs, c’est-à-dire leur chute avant qu’elles ne soient fécondées. Dans ce cas, un arrosage régulier et un ombrage aux heures les plus chaudes peuvent aider à limiter les dégâts.

Les dégâts physiques ne sont pas à négliger. La grêle peut hacher le feuillage et meurtrir les gousses, créant des portes d’entrée pour les maladies. Un vent fort et constant peut dessécher les plantes et casser les tiges, surtout pour les variétés à rames mal tuteurées. Un sol compacté ou une croûte de battance peuvent également entraver la croissance des racines et la levée des semis.

Enfin, les problèmes liés au pH du sol peuvent induire des symptômes de carence même si les éléments sont présents dans le sol. Un pH trop acide ou trop basique peut bloquer l’assimilation de certains nutriments par les racines. Le haricot préfère un sol proche de la neutralité (pH entre 6.0 et 7.0). Un test de pH et un amendement approprié (chaux pour un sol trop acide, soufre pour un sol trop calcaire) peuvent être nécessaires pour rééquilibrer le sol et assurer une bonne santé à long terme des cultures.

Ça pourrait aussi te plaire