Share

Les maladies et les ravageurs du daphné laurier-des-bois

Daria · 14.07.2025.

Le daphné laurier-des-bois est un arbuste d’une robustesse appréciable, généralement peu sujet aux maladies et aux attaques de ravageurs lorsque ses conditions de culture sont respectées. Sa toxicité naturelle pour de nombreux herbivores constitue une première ligne de défense efficace. Cependant, comme toute plante, il peut être affaibli par des conditions de culture inadéquates, le rendant alors plus vulnérable à certains problèmes spécifiques. La meilleure stratégie de lutte est sans conteste la prévention, qui passe par une plantation dans les règles de l’art et un entretien attentif aux besoins de la plante.

Le principal ennemi du daphné, et la cause la plus fréquente de sa mort, n’est pas un insecte ou un virus, mais un champignon du sol : le Phytophthora. Ce micro-organisme est responsable de la pourriture des racines et du collet. Il se développe dans les sols lourds, compacts, mal drainés et constamment gorgés d’eau. La prévention de cette maladie est donc entièrement liée à la qualité du sol et à la gestion de l’arrosage. Un daphné planté dans un sol léger, humifère et bien drainé, et arrosé avec parcimonie, a très peu de risques de contracter cette maladie fatale.

Parmi les autres maladies fongiques, certaines peuvent parfois affecter le feuillage, bien que cela soit relativement rare. Des taches foliaires, causées par divers champignons comme l’anthracnose, peuvent apparaître sous forme de taches brunes ou noires sur les feuilles, surtout par temps humide et confiné. L’oïdium, reconnaissable à son feutrage blanc poudreux, peut également se développer si la plante manque d’aération. Ces problèmes sont rarement graves et peuvent souvent être contenus en améliorant la circulation de l’air autour de la plante.

Du côté des ravageurs, le daphné laurier-des-bois est assez tranquille. Les pucerons sont les insectes les plus susceptibles de s’y intéresser, s’attaquant aux jeunes pousses tendres au printemps. Ils peuvent affaiblir la plante et, dans de rares cas, transmettre des virus. Les limaces et les escargots peuvent également grignoter les jeunes feuilles au ras du sol. Cependant, les attaques massives sont rares et les dégâts souvent limités et d’ordre purement esthétique.

Les maladies fongiques et leur prévention

La maladie la plus redoutable pour le daphné laurier-des-bois est sans aucun doute la pourriture des racines, ou pourridié. Les symptômes sont souvent soudains et spectaculaires : l’arbuste entier se met à flétrir comme s’il manquait d’eau, le feuillage jaunit puis brunit, et la plante meurt en quelques semaines, voire quelques jours. Malheureusement, lorsque ces symptômes sont visibles, il est déjà trop tard, car le système racinaire et le collet sont irrémédiablement atteints. Il n’existe aucun traitement curatif efficace.

La prévention du pourridié repose exclusivement sur les conditions de plantation. Il est impératif de choisir un emplacement où l’eau ne stagne jamais. Le sol doit être amendé pour être parfaitement drainant. Dans les terres lourdes, la plantation sur une butte surélevée est une précaution très judicieuse. L’arrosage doit être modéré, en laissant toujours le sol sécher en surface entre deux apports d’eau. Il faut absolument éviter les « petits coups d’arrosoir » quotidiens qui maintiennent une humidité constante et fatale en surface.

Les maladies des taches foliaires, comme l’anthracnose, sont favorisées par une humidité stagnante sur le feuillage. Pour les prévenir, il faut éviter d’arroser les feuilles et privilégier un arrosage au pied. Une bonne circulation de l’air est également essentielle. Si l’arbuste est trop à l’étroit, entouré d’une végétation dense, il peut être judicieux d’éclaircir un peu les plantes voisines pour que le vent puisse sécher rapidement son feuillage après une pluie. En cas d’attaque, il faut ramasser et brûler les feuilles atteintes pour limiter la propagation des spores.

L’oïdium est moins fréquent sur le daphné, mais peut survenir dans des conditions de confinement et d’humidité atmosphérique élevée, combinées à une sécheresse du sol. La prévention passe là encore par une bonne aération et un paillage qui maintient une certaine fraîcheur au pied, évitant le stress hydrique. Si les premiers signes apparaissent, des pulvérisations de lait écrémé dilué (1 volume de lait pour 9 volumes d’eau) ou de soufre mouillable peuvent être efficaces pour stopper le développement du champignon.

Les principaux ravageurs et les méthodes de lutte

Les pucerons sont les ravageurs les plus courants sur le daphné laurier-des-bois. Ils apparaissent généralement au printemps, en colonies denses sur l’extrémité des jeunes pousses les plus tendres. En piquant les tissus pour sucer la sève, ils affaiblissent la croissance et peuvent provoquer le recroquevillement des feuilles. Ils excrètent également un miellat collant sur lequel peut se développer la fumagine, un champignon noir qui nuit à l’esthétique et à la photosynthèse.

La lutte contre les pucerons doit être précoce pour être efficace. Une inspection régulière des jeunes pousses permet de détecter les premières colonies. Si l’attaque est limitée, on peut les écraser à la main ou les déloger avec un jet d’eau puissant. En cas d’infestation plus importante, une pulvérisation d’eau additionnée de savon noir (environ 5 cuillères à soupe de savon liquide pour 1 litre d’eau) est une solution écologique et très efficace. Il faut bien insister sous les feuilles et sur les tiges.

Les limaces et les escargots peuvent parfois causer des dégâts sur les jeunes feuilles tendres, surtout au printemps par temps humide. Ils créent des trous irréguliers dans le limbe des feuilles ou les grignotent sur les bords. Pour les contrôler de manière naturelle, on peut disposer des barrières de cendres, de coquilles d’œufs écrasées ou de marc de café autour du pied de l’arbuste. La pose de pièges à bière est également une méthode bien connue. Il faut éviter les granulés anti-limaces à base de métaldéhyde, qui sont toxiques pour la faune du jardin (hérissons, oiseaux) et les animaux domestiques.

Plus rarement, le daphné peut être attaqué par des cochenilles, de petits insectes piqueurs qui se protègent sous un bouclier cireux ou un amas cotonneux. Elles se fixent le long des tiges et sous les feuilles et affaiblissent la plante en suçant la sève. En cas d’attaque faible, on peut les retirer manuellement avec un coton-tige imbibé d’alcool à 70° ou d’huile végétale. Pour une infestation plus large, des pulvérisations d’huile de colza mélangée à du savon noir peuvent les étouffer.

Les virus et leur gestion

Les virus sont des agents pathogènes plus insidieux qui peuvent affecter le daphné laurier-des-bois. Ils ne sont pas aussi courants que les maladies fongiques, mais peuvent causer des problèmes significatifs. Les symptômes d’une infection virale sont variés et peuvent inclure des mosaïques (taches jaunes ou vert clair sur les feuilles), des marbrures, des déformations des feuilles et des fleurs, un rabougrissement de la plante ou une striation des tiges.

Il n’existe aucun traitement curatif contre les maladies virales des plantes. Une fois qu’un daphné est infecté, il le restera toute sa vie et sa vigueur en sera diminuée. La seule chose à faire est de limiter la propagation du virus à d’autres plantes sensibles du jardin. Les virus sont le plus souvent transmis par des insectes piqueurs-suceurs, comme les pucerons, ou par des outils de taille non désinfectés.

La gestion des virus est donc entièrement préventive. La première mesure consiste à lutter activement contre les populations de pucerons. En contrôlant ces vecteurs, on réduit considérablement le risque de transmission d’un virus d’une plante malade à une plante saine. Il est également crucial de toujours utiliser des outils de taille (sécateur, couteau) propres et désinfectés, en les passant à l’alcool ou à la flamme entre chaque plante, surtout si l’on suspecte la présence d’une maladie.

Si un daphné est fortement atteint par un virus et que son apparence est très dégradée, la décision la plus sage, bien que difficile, est de l’arracher et de le détruire (ne pas le mettre au compost) pour éviter qu’il ne devienne un réservoir de virus pour le reste du jardin. Lors de l’achat d’un nouveau plant, il faut toujours choisir un sujet vigoureux et parfaitement sain, exempt de toute décoloration ou déformation suspecte du feuillage.

Les problèmes abiotiques : erreurs de culture

Au-delà des maladies et des ravageurs, de nombreux problèmes rencontrés sur le daphné laurier-des-bois sont d’origine abiotique, c’est-à-dire liés à des conditions environnementales ou des erreurs de culture. Un feuillage qui jaunit uniformément et tombe prématurément est souvent le signe d’un stress hydrique, soit par manque d’eau, soit, plus fréquemment, par un excès d’eau qui a provoqué un début d’asphyxie racinaire. Il est donc primordial de vérifier l’humidité du sol avant de suspecter une maladie.

Les brûlures sur le feuillage, qui se manifestent par des taches sèches et brunes sur les bords ou au centre des feuilles, sont presque toujours le résultat d’une exposition trop directe au soleil. Le daphné est une plante d’ombre stricte ; le soleil de l’après-midi, même pour une courte durée, peut endommager irrémédiablement son feuillage délicat. Le choix initial de l’emplacement est donc crucial pour éviter ce type de problème. Il n’y a pas d’autre remède que de transplanter la plante dans un lieu plus ombragé, une opération très risquée pour un daphné.

Le dépérissement soudain d’une branche ou d’une partie de l’arbuste peut parfois être confondu avec une maladie, mais il peut aussi s’agir d’un phénomène naturel de sénescence ou d’un dommage mécanique. Une branche cassée par le vent ou le poids de la neige peut se dessécher progressivement. Avant de paniquer, il faut inspecter soigneusement la base de la branche concernée pour déceler une éventuelle blessure. Dans ce cas, il suffit de la tailler proprement à sa base.

Enfin, une absence de croissance ou une vigueur médiocre peut être liée à un sol inadapté. Un sol trop pauvre, trop compact ou dont le pH est inadéquat (trop acide) peut limiter le développement de la plante. Une analyse de sol simple peut aider à identifier le problème. Souvent, un apport de compost de qualité et un paillage annuel suffisent à corriger la situation en améliorant la structure et la richesse du sol de manière durable.

📷: Josep GestiCC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Ça pourrait aussi te plaire