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Les maladies et les ravageurs de l’ail d’ornement de l’Iran

Daria · 22.03.2025.

Bien que l’Allium aflatunense soit réputé pour sa robustesse et sa relative résistance aux problèmes phytosanitaires, il n’est pas totalement invulnérable. Comme toutes les plantes du jardin, il peut être la cible de certaines maladies ou de quelques ravageurs spécifiques. Une bonne connaissance de ces ennemis potentiels et des conditions qui favorisent leur apparition est la première étape pour une prévention efficace. La plupart du temps, de bonnes pratiques culturales, comme le respect des distances de plantation, le choix d’un emplacement adapté et une gestion rigoureuse de l’humidité, suffisent à maintenir les plantes en parfaite santé et à éviter le recours à des traitements curatifs.

La prévention est sans conteste la meilleure stratégie pour lutter contre les maladies et les ravageurs. Un ail d’ornement planté dans des conditions optimales sera beaucoup plus vigoureux et donc moins susceptible d’être attaqué. Cela commence par le choix d’un emplacement en plein soleil et, surtout, d’un sol parfaitement drainé. L’humidité stagnante est le principal facteur favorisant le développement des maladies fongiques, qui sont les problèmes les plus courants chez les Allium. Un sol qui reste gorgé d’eau en hiver ou après de fortes pluies est une menace directe pour la santé du bulbe.

Une bonne circulation de l’air est également un élément clé de la prévention. Il est important de respecter des distances de plantation suffisantes entre les bulbes (environ 20-25 cm) et d’éviter de les noyer au milieu d’une végétation trop dense qui maintiendrait une atmosphère humide autour du feuillage. Un espacement adéquat permet aux feuilles de sécher rapidement après la pluie ou la rosée, limitant ainsi le temps pendant lequel les spores de champignons peuvent germer et infecter la plante.

La rotation des cultures, bien que plus difficile à mettre en œuvre dans un jardin d’ornement que dans un potager, est un principe à garder à l’esprit. Éviter de replanter des ails d’ornement au même endroit pendant plusieurs années consécutives permet de briser le cycle de vie des maladies et des ravageurs spécifiques qui pourraient s’être installés dans le sol. Si vous devez diviser une touffe, profitez-en pour la déplacer dans une autre partie du jardin. De même, inspectez toujours les bulbes avant de les acheter ou de les planter, en écartant ceux qui présentent des taches, des moisissures ou des zones molles.

Enfin, une hygiène rigoureuse au jardin contribue grandement à la prévention. Il est important de ramasser et d’éliminer les feuilles et les tiges malades dès leur apparition et de ne pas les mettre au compost. À la fin de la saison, une fois le feuillage complètement sec, le nettoyage de la zone de plantation permet de réduire la quantité de débris végétaux sur lesquels les spores de champignons pourraient passer l’hiver. Des outils de jardinage propres et désinfectés, surtout lors de la division des bulbes, évitent également la propagation des maladies d’une plante à l’autre.

Les maladies fongiques

Les maladies les plus fréquentes susceptibles d’affecter l’Allium aflatunense sont d’origine fongique, favorisées par un excès d’humidité. La plus redoutable est la pourriture blanche du bulbe, causée par le champignon Sclerotium cepivorum. Elle se manifeste par un jaunissement et un flétrissement du feuillage, suivi de la pourriture du bulbe, qui se couvre d’un mycélium blanc cotonneux puis de petits sclérotes noirs. Il n’existe pas de traitement curatif efficace ; il faut arracher et détruire les plantes atteintes et éviter de replanter des Allium ou d’autres liliacées au même endroit pendant de très nombreuses années, car les sclérotes sont extrêmement persistants dans le sol.

La rouille (Puccinia allii) est une autre maladie fongique courante. Elle se caractérise par l’apparition de petites pustules poudreuses de couleur orange à brune sur les feuilles. Bien que souvent plus inesthétique que réellement dangereuse pour la survie de la plante, une forte attaque peut affaiblir le feuillage, réduisant ainsi sa capacité à réaliser la photosynthèse et à nourrir le bulbe pour l’année suivante. Pour la contrôler, il faut supprimer les feuilles atteintes dès les premiers symptômes, éviter de mouiller le feuillage lors de l’arrosage et assurer une bonne circulation de l’air. Des pulvérisations de purin de prêle peuvent aider à renforcer les défenses de la plante.

Le mildiou (Peronospora destructor) peut également apparaître par temps frais et humide au printemps. Il provoque l’apparition de taches jaunâtres et allongées sur les feuilles, qui se couvrent ensuite d’un feutrage gris-violacé, principalement sur la face inférieure. Les feuilles finissent par se dessécher prématurément. Comme pour les autres maladies fongiques, la prévention est essentielle : drainage, aération et limitation de l’humidité sur le feuillage. En cas d’attaque, des pulvérisations de bouillie bordelaise peuvent être envisagées en respectant scrupuleusement les doses et les précautions d’emploi.

Enfin, la fusariose est une autre maladie de pourriture du bulbe qui peut survenir, surtout si les bulbes ont été blessés lors de la plantation ou de la division. Le champignon pénètre par les blessures et provoque une pourriture molle et rosâtre à la base du bulbe. La prévention passe par une manipulation soigneuse des bulbes et une plantation dans un sol sain et bien drainé. Tout bulbe présentant des signes de blessure ou de maladie doit être écarté avant la plantation pour ne pas contaminer le sol.

Les principaux ravageurs

L’ail d’ornement, grâce à son odeur et à sa composition chimique, a un effet répulsif sur de nombreux ravageurs, mais certains parviennent tout de même à l’attaquer. Le plus redoutable est la mouche de l’oignon (Delia antiqua). Les larves (asticots) de cette mouche pénètrent dans le bulbe et s’en nourrissent, provoquant le flétrissement et la mort de la plante. Les attaques sont plus fréquentes au printemps. Pour prévenir ce problème, on peut installer un filet anti-insectes au-dessus des jeunes pousses au début du printemps pour empêcher les mouches de venir pondre. L’association avec des carottes, dont l’odeur perturbe la mouche de l’oignon, est une technique bien connue au potager qui peut être transposée au jardin d’ornement.

Les pucerons peuvent parfois s’installer en colonies sur les tiges ou sous les feuilles, surtout si la plante a subi un excès d’azote qui a rendu ses tissus plus tendres. Ils piquent la plante pour se nourrir de sa sève, l’affaiblissant et pouvant transmettre des virus. En général, les prédateurs naturels comme les coccinelles, les syrphes ou les chrysopes régulent rapidement les populations. En cas de forte infestation, une pulvérisation d’eau savonneuse (à base de savon noir) est souvent suffisante pour les éliminer sans nuire aux insectes utiles.

Les thrips sont de minuscules insectes piqueurs-suceurs qui peuvent également s’attaquer au feuillage, provoquant l’apparition de petites taches argentées et de points noirs (leurs déjections). Ils prospèrent par temps chaud et sec. Comme pour les pucerons, une pulvérisation d’eau peut les déloger. Encourager la biodiversité au jardin pour attirer leurs prédateurs naturels est la meilleure des préventions. L’ail d’ornement est cependant rarement gravement affecté par les thrips.

Plus rarement, les nématodes des tiges et des bulbes (Ditylenchus dipsaci) peuvent causer des dégâts importants. Ces vers microscopiques invisibles à l’œil nu provoquent des déformations, des gonflements et une pourriture des tissus. La lutte est très difficile, principalement préventive : acheter des bulbes certifiés sains, pratiquer de longues rotations et éviter de propager de la terre d’une zone infestée. L’arrachage et la destruction par le feu des plantes atteintes sont impératifs pour limiter la propagation.

Les autres menaces

Outre les maladies et les insectes, d’autres créatures peuvent causer des dommages à l’Allium aflatunense. Les limaces et les escargots peuvent s’attaquer aux jeunes pousses tendres au début du printemps. Leur appétit peut parfois compromettre le démarrage de la végétation. Des méthodes de lutte classiques peuvent être employées, comme la pose de pièges à bière, l’épandage de cendre ou de coquilles d’œufs broyées autour des plantes, ou l’utilisation de granulés à base de phosphate ferrique, sans danger pour la faune utile et les animaux domestiques.

Dans certains jardins, les rongeurs comme les campagnols ou les mulots peuvent être une menace sérieuse, car ils sont friands de bulbes et peuvent les dévorer pendant l’hiver. Si vous constatez la disparition de bulbes, les rongeurs sont les principaux suspects. Pour protéger les plantations, il est possible d’utiliser des paniers de plantation en grillage fin que l’on enterre avec les bulbes. La plantation de plantes répulsives à proximité, comme la fritillaire impériale ou l’euphorbe, peut également aider à les éloigner.

Les conditions météorologiques extrêmes peuvent également être considérées comme une menace. Une grêle violente peut hacher le feuillage et les tiges florales, créant des portes d’entrée pour les maladies. Une sécheresse prolongée au printemps peut freiner la croissance et réduire la floraison, tandis qu’un excès de pluie peut, comme nous l’avons vu, provoquer la pourriture des bulbes. Bien que l’on ne puisse pas contrôler la météo, un sol bien structuré et riche en matière organique rendra les plantes plus résilientes face à ces stress climatiques.

Enfin, les dégâts mécaniques causés par le jardinier lui-même sont une menace non négligeable. Un coup de bêche ou de binette malheureux peut blesser gravement un bulbe et le condamner. C’est pourquoi il est très important de bien marquer l’emplacement des bulbes, surtout pendant leur période de dormance où ils sont invisibles. Une petite étiquette ou un bâton planté à proximité permet d’éviter les accidents lors des travaux de désherbage ou de plantation d’autres végétaux.

La stratégie de surveillance et d’intervention

La clé pour gérer efficacement les problèmes sanitaires est une surveillance régulière et attentive du jardin. Il est conseillé d’inspecter ses ails d’ornement au moins une fois par semaine pendant la période de croissance. Cette observation permet de détecter les tout premiers symptômes d’une maladie ou la présence de ravageurs avant que l’infestation ne devienne grave. Une intervention précoce est toujours plus simple et plus efficace.

Face à un problème, la première étape est de poser le bon diagnostic. S’agit-il d’une maladie, d’un ravageur, d’une carence ou d’un problème cultural (excès d’eau, manque de soleil) ? Observer attentivement les symptômes et les comparer avec des sources fiables permet d’éviter les traitements inutiles ou inadaptés. Ne pas hésiter à couper une feuille ou à déterrer une plante sacrifiée pour examiner les racines et le bulbe.

L’approche doit toujours privilégier les méthodes de lutte les plus douces et les plus respectueuses de l’environnement. L’intervention mécanique (retirer les feuilles malades, écraser les pucerons à la main) est souvent la première chose à faire. Ensuite, on peut envisager l’utilisation de préparations naturelles comme les purins de plantes (prêle, ortie), le savon noir ou les huiles végétales. Les traitements chimiques de synthèse ne devraient être utilisés qu’en tout dernier recours, en cas d’attaque massive qui menace la survie de la plante, et toujours en respectant scrupuleusement les conditions d’utilisation.

Enfin, il faut accepter une part de « perte » au jardin. Un écosystème sain est un équilibre où les ravageurs et les maladies ont leur place, mais sont régulés par une faune et une flore diversifiées. Viser le « zéro défaut » est souvent contre-productif et mène à une utilisation excessive de produits. Une approche globale, favorisant la biodiversité, la santé du sol et la vigueur des plantes, est la stratégie la plus durable et la plus satisfaisante pour cultiver l’ail d’ornement de l’Iran en toute sérénité.

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