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Les maladies et les ravageurs de l’ail

Daria · 27.07.2025.

Bien que l’ail soit souvent considéré comme une plante robuste et soit lui-même utilisé pour ses propriétés répulsives, il n’est malheureusement pas à l’abri des maladies et des attaques de ravageurs. Une culture d’ail saine et productive passe inévitablement par une surveillance attentive et une gestion proactive des menaces sanitaires. Connaître les principaux ennemis de l’ail, savoir reconnaître les premiers symptômes et mettre en place des stratégies de prévention efficaces sont des compétences essentielles pour le jardinier. Une approche intégrée, privilégiant la prévention, la rotation des cultures et des interventions respectueuses de l’environnement, est la clé pour protéger sa récolte sans recourir systématiquement à des traitements chimiques agressifs, assurant ainsi la santé du jardin et la qualité des bulbes.

Les maladies de l’ail sont principalement d’origine fongique, favorisées par une humidité excessive et une mauvaise circulation de l’air. Parmi les plus redoutables, on trouve la rouille, le mildiou, et diverses pourritures du bulbe comme la pourriture blanche ou la fusariose. Ces maladies peuvent non seulement réduire la vigueur de la plante et la taille des bulbes, mais aussi compromettre totalement leur conservation après la récolte. Les symptômes varient, allant de pustules orangées sur les feuilles pour la rouille à un feutrage grisâtre pour le mildiou, ou encore un flétrissement général et une pourriture racinaire pour les maladies du sol.

Du côté des ravageurs, plusieurs insectes et nématodes peuvent s’attaquer à l’ail. La teigne du poireau, dont la larve creuse des galeries dans les feuilles et les tiges, et la mouche de l’oignon, dont l’asticot dévore les racines et la base du bulbe, sont parmi les plus courants et les plus destructeurs. Les thrips peuvent également causer des dégâts en piquant les feuilles, qui prennent alors un aspect argenté et perdent de leur capacité de photosynthèse. Enfin, les nématodes des tiges et des bulbes, des vers microscopiques, peuvent provoquer des déformations, un ralentissement de la croissance et la pourriture des bulbes.

Face à ces menaces, la prévention est sans conteste la meilleure des stratégies. Elle repose sur des pratiques culturales saines qui visent à créer un environnement défavorable au développement des pathogènes et des ravageurs. Cela inclut le choix d’un emplacement ensoleillé et bien aéré, le respect d’un espacement suffisant entre les plants, et surtout, une gestion rigoureuse de la rotation des cultures. Ces mesures de bon sens, combinées à l’utilisation de matériel de plantation certifié sain, permettent de réduire considérablement les risques d’infestation et de maladie.

Les principales maladies fongiques

La rouille de l’ail (Puccinia allii) est l’une des maladies foliaires les plus fréquentes. Elle se manifeste par l’apparition de petites pustules poudreuses de couleur orange à brune sur les feuilles et parfois sur les tiges. En cas de forte attaque, le feuillage peut jaunir et se dessécher prématurément, ce qui réduit la photosynthèse et affecte directement la taille des bulbes. La rouille est favorisée par un temps humide et des températures douces. Pour la contrôler, il faut éviter de mouiller le feuillage lors de l’arrosage et assurer une bonne circulation de l’air entre les plants. Des pulvérisations de décoction de prêle peuvent être utilisées en prévention pour renforcer les tissus de la plante.

Le mildiou (Peronospora destructor) est une autre maladie redoutable, qui se développe par temps frais et humide. Il se caractérise par l’apparition de taches allongées, pâles ou jaunâtres sur les feuilles, qui se couvrent ensuite d’un feutrage gris-violacé, surtout par temps humide le matin. Les feuilles atteintes finissent par se dessécher. Comme pour la rouille, la prévention passe par une bonne aération de la culture et un arrosage au pied. En cas d’attaque déclarée, des pulvérisations de bouillie bordelaise peuvent être envisagées en respectant les doses et les précautions d’usage, bien que les traitements préventifs à base de cuivre soient de plus en plus réglementés.

Les maladies de pourriture du bulbe, comme la pourriture blanche (Sclerotium cepivorum) ou la fusariose (Fusarium oxysporum), sont particulièrement graves car elles s’attaquent directement à la partie récoltée et peuvent persister de nombreuses années dans le sol. Elles provoquent un jaunissement et un flétrissement du feuillage, suivi d’une pourriture des racines et du bulbe, qui se couvre d’un mycélium blanc ou rosâtre. Il n’existe pas de traitement curatif efficace. La seule solution est la prévention : utiliser des plants sains, assurer un excellent drainage du sol et, surtout, pratiquer une rotation des cultures très longue (7 ans ou plus) si la maladie est détectée. L’arrachage et la destruction des plants malades sont impératifs pour limiter la propagation.

La gestion de ces maladies fongiques repose avant tout sur une approche prophylactique. Le choix de variétés résistantes ou tolérantes, lorsque c’est possible, est un atout majeur. Une fertilisation équilibrée, sans excès d’azote qui rend les tissus plus tendres et sensibles, contribue également à la vigueur de la plante. Enfin, une bonne hygiène au jardin, en nettoyant les outils et en éliminant les débris de culture en fin de saison, aide à réduire la présence d’inoculum pour la saison suivante.

Les ravageurs les plus courants

La mouche de l’oignon (Delia antiqua) est un ravageur majeur pour toutes les cultures d’Alliacées. L’adulte ressemble à une petite mouche domestique et pond ses œufs à la base des plants d’ail. Les larves (asticots) qui en éclosent pénètrent dans le sol et dévorent les racines et le bulbe, provoquant le flétrissement, le jaunissement et la mort de la plante. La lutte est principalement préventive. La pose d’un filet anti-insectes à mailles fines juste après la plantation et ce jusqu’à la récolte est la méthode la plus efficace pour empêcher les adultes de pondre. L’association avec des cultures répulsives comme la carotte peut également perturber la détection de la plante hôte par la mouche.

La teigne du poireau (Acrolepiopsis assectella) est un autre lépidoptère dont la chenille cause des dégâts significatifs. La chenille, de couleur vert clair, creuse des galeries à l’intérieur des feuilles et de la tige, créant des lacérations et des points d’entrée pour les maladies. Les feuilles jaunissent et la croissance de la plante est affaiblie. Comme pour la mouche de l’oignon, la protection physique avec un filet anti-insectes est la solution la plus fiable. Des traitements à base de Bacillus thuringiensis (Bt), une bactérie insecticide spécifique aux larves de lépidoptères, peuvent être efficaces s’ils sont appliqués au bon moment, lorsque les jeunes chenilles commencent à s’alimenter.

Les thrips sont de minuscules insectes piqueurs-suceurs qui s’attaquent au feuillage de l’ail. Leurs piqûres répétées vident les cellules végétales de leur contenu, laissant des taches argentées ou blanchâtres sur les feuilles, qui finissent par se dessécher. En cas de forte infestation, la capacité de photosynthèse est réduite, ce qui impacte le rendement. Les thrips prolifèrent par temps chaud et sec. Des pulvérisations d’eau savonneuse (savon noir) peuvent aider à limiter leur population. Encourager la présence d’auxiliaires naturels comme les chrysopes, dont les larves sont de grandes prédatrices de thrips, est une excellente stratégie de lutte biologique à long terme.

Les nématodes des tiges et des bulbes (Ditylenchus dipsaci) sont des vers microscopiques invisibles à l’œil nu qui vivent dans le sol. Ils pénètrent dans les tissus de l’ail, provoquant des déformations, un gonflement de la base des tiges, un retard de croissance et une pourriture des bulbes qui deviennent mous et caverneux. Les dégâts sont souvent irréversibles et les nématodes peuvent survivre très longtemps dans le sol. La prévention est la seule arme : utiliser des plants certifiés indemnes, pratiquer de longues rotations et éviter de propager de la terre d’une parcelle infestée à une parcelle saine. La solarisation du sol dans les régions très ensoleillées peut aider à réduire leur population.

Les stratégies de prévention intégrée

La rotation des cultures est la pierre angulaire de la prévention des maladies et des ravageurs de l’ail. Il est impératif de ne pas cultiver l’ail, ni aucune autre plante de la famille des Alliacées (oignon, poireau, échalote, ciboulette), au même endroit pendant au moins trois à quatre années consécutives. Cette pratique permet de briser le cycle de vie des pathogènes et des ravageurs spécifiques qui s’accumulent dans le sol, comme les champignons responsables de la pourriture blanche ou les nématodes. Une rotation plus longue, de cinq à sept ans, est même recommandée en cas de problème sanitaire avéré.

Le choix d’un matériel de plantation de qualité est une autre mesure préventive essentielle. Il faut toujours utiliser des caïeux certifiés sains, provenant de pépiniéristes ou de producteurs de confiance. Éviter de replanter des bulbes de sa propre récolte si celle-ci a montré des signes de maladie, même légers. Avant la plantation, un tri rigoureux des caïeux s’impose, en éliminant tout ce qui est mou, taché ou endommagé. Un trempage préventif dans une solution antifongique douce peut offrir une protection supplémentaire.

L’aménagement de la parcelle et les bonnes pratiques culturales jouent un rôle majeur. Choisir un emplacement en plein soleil avec une excellente circulation de l’air aide à sécher rapidement le feuillage et à limiter les maladies fongiques. Un espacement adéquat entre les plants (10-15 cm sur le rang, 30 cm entre les rangs) est crucial pour cette aération. Il faut également veiller à un drainage parfait du sol, car l’eau stagnante est le principal facteur favorisant la pourriture des racines et des bulbes. La culture sur buttes surélevées est une excellente solution dans les sols lourds ou humides.

Enfin, favoriser la biodiversité au jardin est une stratégie gagnante à long terme. La plantation de fleurs mellifères à proximité des cultures attire les insectes auxiliaires, tels que les syrphes, les coccinelles et les chrysopes, qui sont de précieux prédateurs pour de nombreux ravageurs comme les pucerons ou les thrips. Maintenir un sol vivant, riche en matière organique et en micro-organismes, contribue à la santé générale des plantes et à leur capacité à résister aux agressions. Un écosystème de jardin équilibré est la meilleure défense contre les problèmes sanitaires.

Les méthodes de lutte biologique et naturelle

Lorsque la prévention ne suffit pas et qu’une attaque se déclare, il existe plusieurs méthodes de lutte respectueuses de l’environnement. Les purins et décoctions de plantes sont des alliés précieux. Le purin d’ortie, utilisé en pulvérisation foliaire diluée, agit comme un stimulateur des défenses naturelles de la plante et a un effet répulsif sur certains insectes. La décoction de prêle, riche en silice, renforce les parois cellulaires des feuilles, les rendant plus résistantes à la pénétration des champignons responsables de la rouille ou du mildiou.

Contre les insectes ravageurs, l’utilisation de savon noir dilué dans l’eau est une méthode simple et efficace. Pulvérisé sur les colonies de pucerons ou de thrips, il agit par contact en bouchant leurs voies respiratoires, sans être toxique pour la plante ou la plupart des auxiliaires. Ce traitement doit être renouvelé si nécessaire et appliqué de préférence en soirée pour éviter les brûlures sur le feuillage et pour ne pas déranger les pollinisateurs.

L’introduction ou la favorisation des ennemis naturels est au cœur de la lutte biologique. On peut acheter des larves de coccinelles ou de chrysopes pour les lâcher sur les foyers de pucerons, ou installer des hôtels à insectes pour offrir des abris aux auxiliaires présents naturellement dans le jardin. La présence de haies variées, de bandes fleuries et de points d’eau crée un habitat favorable à toute cette faune bénéfique, qui régulera naturellement les populations de ravageurs.

Pour les problèmes plus spécifiques, des solutions ciblées existent. Le Bacillus thuringiensis (Bt) est une bactérie qui produit une toxine mortelle uniquement pour les larves de lépidoptères (chenilles) comme la teigne du poireau, tout en étant inoffensive pour les autres insectes, les animaux et l’homme. Contre les limaces, qui peuvent parfois s’attaquer aux jeunes pousses, l’utilisation de granulés à base de phosphate de fer, non toxiques pour la faune, est une alternative sûre au métaldéhyde. Ces méthodes ciblées permettent une intervention efficace tout en préservant l’équilibre du jardin.

Photo: Matěj BaťhaCC BY-SA 2.5, via Wikimedia Commons

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