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Les besoins nutritifs et la fertilisation du bananier du Japon

Linden · 12.04.2025.

Le bananier du Japon est une plante d’une voracité exceptionnelle, dont la croissance explosive durant la belle saison exige un approvisionnement constant et riche en nutriments. Pour soutenir la production de ses feuilles géantes qui peuvent apparaître au rythme d’une par semaine en plein été, une fertilisation adaptée est absolument indispensable. Comprendre ses besoins spécifiques et savoir comment et quand lui apporter les éléments nutritifs nécessaires est le secret pour obtenir une touffe dense, luxuriante et d’un vert profond. Une plante bien nourrie est non seulement plus belle, mais aussi plus résistante aux stress et aux maladies.

La croissance rapide du bananier épuise très vite les réserves nutritives du sol, même si celui-ci a été bien amendé lors de la plantation. Il est donc illusoire de penser qu’un bon sol de départ suffira à le nourrir pour toute la saison. Un programme de fertilisation régulier doit être mis en place dès le début du printemps et maintenu jusqu’à la fin de l’été. Sans ces apports réguliers, la croissance ralentira, les feuilles seront plus petites et leur couleur pourra pâlir, signe d’une carence.

Les trois macronutriments essentiels pour toutes les plantes, connus sous le sigle NPK, sont particulièrement importants pour le bananier. L’azote (N) est le moteur de la croissance végétative, favorisant le développement du feuillage. Le phosphore (P) joue un rôle clé dans le développement des racines et le transfert d’énergie. Le potassium (K) est vital pour la régulation de l’eau dans la plante, la résistance aux maladies et la robustesse générale des tissus.

Pour le bananier du Japon, qui est principalement cultivé pour son feuillage, les engrais riches en azote sont particulièrement bénéfiques durant la phase de croissance active. Cependant, un bon équilibre avec le potassium est également crucial pour assurer la solidité de la plante et sa santé globale. Un engrais équilibré ou légèrement plus dosé en azote est donc souvent le choix le plus judicieux pour une fertilisation régulière tout au long de l’été.

La fertilisation de base au printemps

La fertilisation commence au début du printemps, au moment où la plante sort de sa dormance et que les premiers signes de vie réapparaissent. C’est le moment de lui donner un « coup de fouet » pour lancer la saison. La meilleure approche consiste en un apport massif de matière organique riche. Le compost de jardin bien mûr, le fumier de cheval ou de vache bien décomposé, ou encore un terreau de feuilles sont des options excellentes.

Cet amendement organique doit être épandu en une couche généreuse, de plusieurs centimètres d’épaisseur, tout autour du pied de la touffe. Il faut ensuite l’incorporer superficiellement au sol par un léger griffage, en prenant soin de ne pas endommager les racines superficielles ou les jeunes rejets qui pourraient pointer. Cet apport a un double avantage : il fournit des nutriments qui se libéreront progressivement tout au long de la saison et il améliore la structure et la vie microbienne du sol.

En plus de la matière organique, un apport d’engrais de fond peut être bénéfique au début du printemps. Un engrais organique complet en granulés, comme la corne broyée (riche en azote à libération lente) ou le sang séché, peut être mélangé au compost. Ces engrais naturels se décomposent lentement, offrant une source de nourriture stable et durable pour la plante durant les premières semaines de sa croissance, le temps que le programme de fertilisation liquide prenne le relais.

Cette fertilisation de base prépare le terrain pour la saison à venir. Elle assure que le sol est riche, vivant et capable de soutenir la demande nutritive intense qui va suivre. C’est un investissement initial qui portera ses fruits tout l’été, se traduisant par une croissance plus rapide et un feuillage plus abondant. Il ne faut jamais négliger cette étape cruciale du cycle annuel de fertilisation.

La fertilisation d’entretien en saison de croissance

Dès que la croissance devient vigoureuse, généralement à partir de la fin du printemps et durant tout l’été, la fertilisation de base ne suffit plus. Il faut passer à un programme de fertilisation d’entretien régulier pour soutenir le rythme effréné de production de feuilles. Les engrais liquides sont idéaux pour cette phase car ils sont rapidement assimilables par les racines et permettent un contrôle précis des apports.

On peut utiliser un engrais liquide pour plantes vertes, un engrais pour agrumes, ou un engrais « universel » bien équilibré en NPK. La fréquence d’application est généralement d’une fois toutes les une à deux semaines, en diluant l’engrais dans l’eau d’arrosage selon les instructions du fabricant. Il est primordial de toujours appliquer l’engrais sur un sol déjà humide pour éviter de brûler les racines. Un bon conseil est d’arroser la veille, puis de fertiliser le lendemain matin.

Une alternative aux engrais liquides est l’utilisation d’engrais granulés à libération lente. Ces granulés, épandus à la surface du sol au début de la saison de croissance, se dissolvent progressivement à chaque pluie ou arrosage, libérant les nutriments sur une période de plusieurs mois. C’est une option pratique pour les jardiniers qui ont moins de temps, mais elle offre un contrôle moins précis des apports nutritifs. Un ou deux apports durant la saison sont généralement suffisants.

Il est aussi possible de compléter la fertilisation avec des apports organiques liquides, comme le purin d’ortie ou le purin de consoude. Le purin d’ortie, très riche en azote, est un excellent stimulant de croissance à utiliser au printemps et en début d’été. Le purin de consoude, plus riche en potasse, est bénéfique un peu plus tard dans la saison pour renforcer la plante. Ces solutions naturelles sont très efficaces et participent à la vie du sol.

Reconnaître les signes de carences

Une plante bien nourrie présente un feuillage d’un vert foncé et uniforme. Des anomalies dans la couleur ou la forme des feuilles peuvent souvent indiquer une carence en un ou plusieurs nutriments. La carence la plus courante chez le bananier est celle en azote. Elle se manifeste par un jaunissement généralisé des feuilles les plus anciennes (celles du bas), tandis que les jeunes feuilles restent plus vertes. La croissance est également visiblement ralentie.

Une carence en potassium peut également survenir. Elle se traduit typiquement par un jaunissement et un dessèchement des bords et de la pointe des feuilles les plus âgées, tandis que le centre de la feuille reste vert. Le potassium étant essentiel à la robustesse des tissus, une carence peut aussi rendre la plante plus fragile et plus sensible aux maladies. C’est une carence à ne pas négliger pour la santé globale de la plante.

Une carence en magnésium, un autre élément important, provoque un jaunissement caractéristique des feuilles plus âgées. Le jaunissement apparaît sous forme de bandes le long des nervures, créant un motif en « V » inversé ou en arêtes de poisson. Le reste de la feuille peut rester vert. Cette carence est plus fréquente dans les sols sableux et acides.

En cas de détection d’un de ces symptômes, il faut réagir rapidement en apportant un engrais correcteur. Pour une carence en azote, un apport d’engrais riche en cet élément ou un arrosage au purin d’ortie sera efficace. Pour une carence en potassium, un engrais pour géraniums ou tomates, souvent riche en potasse, peut être utilisé. Un apport de sels d’Epsom (sulfate de magnésium) dilué dans l’eau d’arrosage corrigera une carence en magnésium.

L’arrêt de la fertilisation en automne

Tout comme il y a un moment pour commencer à fertiliser, il y a un moment crucial pour s’arrêter. À partir de la fin du mois d’août ou du début de septembre, il est impératif de cesser tout apport d’engrais, en particulier ceux qui sont riches en azote. Continuer à nourrir la plante encouragerait la production de nouvelles feuilles et de tissus tendres, ce qui est contre-productif à l’approche de l’hiver.

Ces nouvelles pousses n’auraient pas le temps de s’aoûter, c’est-à-dire de durcir et de se préparer à résister au froid. Elles seraient donc extrêmement vulnérables aux premières gelées et leur destruction pourrait créer des portes d’entrée pour des maladies ou des pourritures qui pourraient atteindre le cœur de la plante. L’objectif en automne n’est plus la croissance, mais la préparation à la dormance.

L’arrêt de la fertilisation envoie un signal à la plante, lui indiquant qu’il est temps de ralentir son métabolisme et de commencer à stocker ses réserves d’énergie dans son rhizome. C’est cette accumulation de réserves qui lui permettra de survivre à l’hiver et de repartir avec vigueur au printemps suivant. C’est un processus naturel qu’il est essentiel de respecter et de ne pas perturber par des apports d’engrais tardifs.

La seule exception pourrait être un très léger apport d’un engrais pauvre en azote mais riche en potassium (comme le sulfate de potasse) au début de l’automne. Le potassium aide à l’aoûtement des tissus et peut théoriquement améliorer la résistance au froid de la plante. Cependant, pour la plupart des jardiniers, la règle la plus simple et la plus sûre est de cesser toute forme de fertilisation à la fin de l’été.

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