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Les besoins en nutriments et la fertilisation du pélargonium à grandes fleurs

Linden · 08.07.2025.

Le pélargonium à grandes fleurs est une plante d’une générosité exceptionnelle, capable de produire une profusion de fleurs aux couleurs éclatantes durant de longs mois. Cependant, cette performance remarquable a un coût énergétique élevé et puise intensément dans les réserves nutritives du sol. Pour soutenir un tel effort et garantir une floraison continue et de qualité, une fertilisation réfléchie et régulière est absolument indispensable. Considérer l’engrais non pas comme une option, mais comme une composante essentielle de l’alimentation de la plante est la première étape. Comprendre quels nutriments sont nécessaires, à quel moment et sous quelle forme les apporter, est la clé pour libérer tout le potentiel ornemental de cette plante spectaculaire.

La vie en pot impose des contraintes nutritionnelles importantes. Contrairement à une plante en pleine terre qui peut étendre ses racines pour chercher des nutriments dans un grand volume de sol, une plante en pot dépend entièrement du substrat limité qui lui est offert. Ce substrat, même s’il est de très bonne qualité au départ, a des réserves qui s’épuisent rapidement, d’une part parce qu’elles sont consommées par la plante, et d’autre part parce qu’elles sont lessivées par les arrosages successifs. Sans un apport extérieur régulier, la plante souffrira inévitablement de carences qui se traduiront par une croissance ralentie, un feuillage pâli et une floraison médiocre ou inexistante.

Les besoins nutritionnels du pélargonium à grandes fleurs sont spécifiques et orientés vers la production florale. Comme toutes les plantes, il a besoin des trois macronutriments principaux, connus sous le sigle NPK : l’azote (N), le phosphore (P) et le potassium (K). L’azote est essentiel pour la croissance des parties vertes, c’est-à-dire les tiges et les feuilles. Le phosphore joue un rôle crucial dans le développement du système racinaire et dans l’initiation de la floraison. Le potassium, quant à lui, est fondamental pour la santé générale de la plante, sa résistance aux maladies, et surtout pour la qualité et la couleur des fleurs.

Pour une plante à fleurs comme le pélargonium, l’équilibre entre ces trois éléments est primordial. Un engrais trop riche en azote (N) produirait une plante magnifique avec un feuillage luxuriant et très vert, mais au détriment des fleurs. La plante concentrerait son énergie sur la croissance végétative et non sur la reproduction. C’est pourquoi il est crucial de choisir un engrais spécifiquement formulé pour les plantes fleuries, qui présentera une teneur plus élevée en phosphore (P) et en potassium (K) par rapport à l’azote (N), afin de stimuler et de soutenir la floraison.

Outre les macronutriments NPK, la plante a également besoin d’une gamme de micronutriments ou d’oligo-éléments, tels que le fer, le magnésium, le manganèse ou le bore. Bien que nécessaires en très petites quantités, leur absence peut provoquer des carences spécifiques, comme la chlorose ferrique (jaunissement des jeunes feuilles alors que les nervures restent vertes) due à un manque de fer. Les engrais de bonne qualité pour plantes fleuries contiennent généralement un éventail complet de ces oligo-éléments pour prévenir de tels problèmes et assurer une nutrition complète.

Choisir le bon type d’engrais

Face à la diversité des produits disponibles sur le marché, le choix de l’engrais peut sembler complexe. Pour le pélargonium à grandes fleurs cultivé en pot, les engrais liquides sont souvent les plus pratiques et les plus efficaces. Ils sont dilués dans l’eau d’arrosage, ce qui permet une assimilation rapide et directe par les racines. Cette forme permet également un dosage très précis et un ajustement facile de la fréquence des apports en fonction des besoins de la plante et de la saison. C’est la solution idéale pour un contrôle optimal de la nutrition.

Il est fortement recommandé de sélectionner un engrais portant la mention « spécial géraniums » ou « plantes fleuries ». Ces formulations sont spécifiquement étudiées pour répondre aux exigences de ces plantes. Leur équilibre NPK est généralement de type 1-2-2 ou 1-2-3, indiquant une proportion plus faible en azote par rapport au phosphore et au potassium. Lire attentivement l’étiquette et la composition de l’engrais est un réflexe important pour s’assurer qu’il est bien adapté à l’objectif de floraison abondante.

Les engrais à libération lente, sous forme de granulés ou de bâtonnets à insérer dans le terreau, représentent une alternative intéressante pour les jardiniers qui souhaitent une solution moins contraignante. Ces engrais diffusent progressivement les nutriments dans le sol sur une période de plusieurs mois, à chaque arrosage. Bien que pratiques, ils offrent un contrôle moins précis sur la nutrition que les engrais liquides. Ils sont souvent utilisés en complément, incorporés au substrat lors du rempotage au printemps, et peuvent être relayés par des apports liquides en pleine saison pour donner un coup de fouet à la floraison.

Enfin, il existe des options de fertilisation organique, comme le purin de consoude, très riche en potassium et réputé pour être un excellent stimulateur de floraison. Les engrais organiques ont l’avantage de nourrir également la vie microbienne du sol, améliorant sa structure à long terme. Cependant, leur action est souvent plus lente que celle des engrais minéraux et leur composition peut être moins standardisée. Une combinaison des deux approches, avec un engrais de fond organique et des apports minéraux liquides, peut être un excellent compromis.

Le calendrier et la fréquence de fertilisation

La fertilisation du pélargonium à grandes fleurs doit suivre le rythme de son cycle de croissance. Il est inutile, et même contre-productif, de fertiliser une plante en dormance. La période de fertilisation commence au printemps, généralement en mars ou avril, lorsque la plante montre des signes de reprise de la croissance après l’hiver. On débute avec des apports légers, pour accompagner en douceur le réveil de la végétation.

La fréquence des apports augmente progressivement pour atteindre son maximum durant la période de croissance et de floraison la plus active, de mai à fin août. Pendant ces mois, un apport d’engrais liquide tous les 10 à 15 jours est un bon rythme. Il est crucial de respecter les dosages indiqués par le fabricant sur l’emballage du produit. Tenter de surdoser en pensant « faire mieux » est une grave erreur qui peut entraîner une accumulation de sels minéraux toxiques dans le substrat et brûler les racines de la plante.

À partir de septembre, lorsque les jours raccourcissent et que les températures commencent à baisser, la croissance de la plante ralentit naturellement. C’est le signal pour commencer à espacer les apports d’engrais. On peut passer à une fertilisation toutes les trois semaines, puis une fois par mois. À la fin de l’automne, avant de rentrer la plante pour l’hivernage, il faut cesser complètement toute fertilisation. La plante entre en repos végétatif et n’a plus besoin de nutriments pour soutenir sa croissance.

Durant l’hiver, la plante hivernée dans une pièce fraîche et lumineuse ne doit recevoir aucun engrais. Ses fonctions métaboliques sont au ralenti, et un apport de nutriments forcerait une croissance faible, étiolée et très sensible aux maladies. La fertilisation ne reprendra qu’au printemps suivant, lorsque le cycle recommencera. Ce respect du repos hivernal est essentiel pour permettre à la plante de reconstituer ses forces et d’assurer une belle floraison la saison suivante.

Les techniques d’application

La méthode d’application de l’engrais est un détail technique qui a une grande importance pour la sécurité et l’efficacité. La règle d’or pour les engrais liquides est de ne jamais fertiliser un substrat complètement sec. Un terreau sec absorbe la solution nutritive trop rapidement, ce qui peut créer une concentration de sels minéraux très élevée autour des racines et provoquer des brûlures chimiques graves. Il faut donc toujours procéder en deux temps : d’abord, effectuer un léger arrosage à l’eau claire pour humidifier la motte, puis, quelques minutes plus tard, administrer l’eau d’arrosage contenant l’engrais dilué.

La dilution de l’engrais doit être faite avec précision. Il est préférable de sous-doser légèrement que de sur-doser. En cas de doute, ou pour une plante qui semble fragile, il est judicieux de diviser par deux la dose recommandée par le fabricant, mais d’en appliquer plus souvent. Cette méthode de « fertilisation faible et fréquente » est plus douce pour la plante et mime mieux l’apport naturel de nutriments dans le sol, réduisant les risques de surdosage.

Après l’application de l’engrais, il faut s’assurer que la solution a bien traversé toute la motte. Si le substrat est devenu très compact, l’eau peut s’écouler sur les côtés sans humidifier le centre de la motte. Il peut être utile de percer quelques trous à la surface du terreau avec une baguette pour améliorer la pénétration de l’eau. Comme pour un arrosage classique, il ne faut pas oublier de vider la soucoupe après l’application pour éviter que les racines ne trempent dans une solution trop concentrée en sels minéraux.

Pour les engrais à libération lente en granulés, l’application se fait généralement au moment du rempotage. Les granulés sont mélangés de manière homogène au substrat. Si l’on souhaite en ajouter en cours de saison, il faut les épandre à la surface du pot et les incorporer délicatement aux premiers centimètres de terreau en griffant la surface, en prenant garde de ne pas endommager les racines superficielles. Un bon arrosage permettra ensuite de commencer à dissoudre les granulés et à libérer les nutriments.

Reconnaître les signes de carence ou d’excès

Une observation attentive de la plante permet de déceler les déséquilibres nutritionnels. Une carence en nutriments se manifeste de plusieurs façons. Le symptôme le plus courant est un ralentissement général de la croissance et une floraison qui s’arrête ou devient très faible. Le feuillage peut devenir uniformément vert pâle ou jaunâtre, signe d’une carence globale, notamment en azote. Des fleurs plus petites ou aux couleurs moins vives peuvent indiquer un manque de potassium.

Des carences plus spécifiques peuvent aussi apparaître. La chlorose ferrique, mentionnée plus haut, est un classique sur les pélargoniums. Elle se caractérise par des jeunes feuilles qui jaunissent entre les nervures, qui elles, restent bien vertes. Ce phénomène est souvent dû à un pH du sol trop élevé (causé par un arrosage avec une eau très calcaire) qui bloque l’assimilation du fer, même s’il est présent dans le sol. L’utilisation d’un produit anti-chlorose à base de chélate de fer permet de corriger rapidement le problème.

À l’inverse, un excès de fertilisation est tout aussi dommageable. Les premiers signes sont souvent l’apparition de dépôts blanchâtres ou cristallins à la surface du substrat, qui sont des accumulations de sels minéraux. Les bords des feuilles peuvent brunir et se dessécher, comme s’ils étaient brûlés. Dans les cas graves, la croissance de la plante s’arrête, elle flétrit malgré un sol humide, et les racines peuvent être gravement endommagées.

En cas de suspicion de sur-fertilisation, il faut agir rapidement. La première chose à faire est de cesser immédiatement tout apport d’engrais. Ensuite, il faut procéder à un « lessivage » du substrat. Cela consiste à arroser abondamment le pot avec de l’eau claire, en laissant l’eau s’écouler librement par les trous de drainage pendant plusieurs minutes. Ce lavage en profondeur permet d’éliminer une grande partie de l’excès de sels accumulés dans le terreau. On reprendra la fertilisation seulement après plusieurs semaines, et avec des doses réduites.

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