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Les besoins en nutriments et la fertilisation du citronnier

Daria · 30.06.2025.

Le citronnier est un arbre fruitier particulièrement gourmand, dont la croissance vigoureuse, la floraison abondante et la production généreuse de fruits exigent un approvisionnement constant et équilibré en nutriments. Une fertilisation adéquate est donc un pilier fondamental de sa culture, au même titre que l’arrosage et l’exposition à la lumière. Comprendre les besoins nutritionnels spécifiques des agrumes et savoir comment et quand leur fournir les éléments nécessaires est indispensable pour éviter les carences, prévenir les maladies et garantir une récolte de qualité. Une bonne stratégie de fertilisation permet de maintenir un feuillage dense et vert, et soutient l’arbre tout au long de son cycle de production.

Les besoins nutritionnels du citronnier sont dominés par trois éléments principaux, appelés macronutriments : l’azote (N), le phosphore (P) et le potassium (K). L’azote est crucial pour la croissance du feuillage et des tiges, donnant aux feuilles leur belle couleur verte. Le phosphore joue un rôle essentiel dans le développement des racines, la floraison et la formation des fruits. Le potassium, quant à lui, est vital pour la qualité des fruits (taille, teneur en sucre, jutosité) et pour renforcer la résistance de l’arbre aux maladies et au stress environnemental.

En plus de ces trois éléments majeurs, le citronnier a également besoin d’une gamme de micronutriments en plus petites quantités, mais qui sont tout aussi essentiels à sa santé. Parmi les plus importants, on trouve le magnésium (Mg), le fer (Fe), le zinc (Zn), le manganèse (Mn) et le bore (B). Une carence dans l’un de ces oligo-éléments peut entraîner des symptômes spécifiques, comme le jaunissement des feuilles (chlorose), des déformations ou une faible production de fruits.

La fertilisation doit être principalement concentrée durant la période de croissance active de l’arbre, qui s’étend généralement de mars à septembre. Pendant cette phase, l’arbre puise activement des ressources dans le sol pour produire de nouvelles pousses, des fleurs et des fruits. En automne et en hiver, lorsque la croissance ralentit et que l’arbre entre en dormance, il faut suspendre ou réduire très fortement les apports d’engrais. Fertiliser un arbre au repos est non seulement inutile, mais cela peut même être nuisible en brûlant les racines.

Identifier les signes de carence

L’observation attentive du feuillage est le meilleur moyen de diagnostiquer une carence nutritionnelle chez le citronnier. Chaque carence se manifeste par des symptômes visuels souvent caractéristiques, permettant d’identifier l’élément manquant et d’apporter le correctif nécessaire. Apprendre à lire les feuilles de son citronnier est une compétence précieuse pour tout jardinier.

La carence la plus fréquente est celle en azote. Elle se traduit par un jaunissement uniforme des feuilles les plus anciennes, situées à la base des branches. La plante redirige en effet l’azote mobile des vieilles feuilles vers les jeunes pousses en pleine croissance. Une carence en azote se manifeste également par une croissance générale ralentie et un feuillage clairsemé.

Une carence en fer, ou chlorose ferrique, est également très commune, surtout dans les sols calcaires. Contrairement à la carence en azote, elle affecte d’abord les jeunes feuilles à l’extrémité des branches. Les feuilles deviennent jaune pâle, tandis que les nervures restent bien vertes, créant un contraste très marqué. Si la carence est sévère, les feuilles peuvent devenir presque blanches et se nécroser.

D’autres carences présentent des symptômes distincts. Une carence en magnésium se manifeste par un jaunissement en forme de V inversé à la pointe des feuilles les plus âgées. Une carence en zinc provoque l’apparition de petites feuilles marbrées de jaune. Savoir reconnaître ces signaux permet d’agir de manière ciblée, en apportant l’élément manquant via un engrais spécifique ou un traitement foliaire, pour une action plus rapide.

Choisir le bon engrais

Face à la multitude d’engrais disponibles sur le marché, il est important de choisir celui qui est le mieux adapté aux besoins spécifiques du citronnier. L’idéal est d’opter pour un engrais spécialement formulé pour les agrumes. Ces engrais possèdent un équilibre NPK (Azote-Phosphore-Potassium) étudié pour ces plantes, avec un ratio souvent plus élevé en azote et en potassium. De plus, ils sont généralement enrichis en oligo-éléments essentiels comme le fer, le magnésium et le zinc.

Les engrais pour agrumes se présentent sous différentes formes : liquides, en granulés à libération lente ou sous forme de bâtonnets. Les engrais liquides, à diluer dans l’eau d’arrosage, ont l’avantage d’être rapidement assimilables par la plante, ce qui est idéal pour soutenir la croissance au printemps ou pour corriger rapidement une carence. Ils nécessitent cependant des applications plus fréquentes, généralement toutes les deux semaines pendant la période de croissance.

Les engrais en granulés à libération lente sont une option très pratique. Ils sont incorporés à la surface du substrat au début du printemps et diffusent progressivement les nutriments sur une période de trois à six mois. Cela assure une alimentation constante et régulière de la plante sans risque de surdosage. C’est une excellente solution de fond pour nourrir l’arbre tout au long de la saison de croissance.

Les solutions organiques constituent une alternative intéressante aux engrais chimiques. Le compost bien mûr, le fumier décomposé, la corne broyée (riche en azote) ou la potasse organique sont d’excellents amendements. Ils nourrissent non seulement la plante mais améliorent également la structure et la vie du sol. On peut combiner une fertilisation de fond organique avec des apports ponctuels d’engrais liquide pour agrumes durant les pics de croissance.

Le calendrier de fertilisation

Un calendrier de fertilisation bien structuré est essentiel pour accompagner le citronnier à chaque étape de son cycle annuel. La fertilisation doit commencer au début du printemps, généralement en mars, pour soutenir la reprise de la végétation et l’apparition des nouvelles pousses. C’est le moment idéal pour appliquer un engrais à libération lente ou pour commencer les apports réguliers d’engrais liquide.

Les apports d’engrais doivent être réguliers tout au long du printemps et de l’été, qui correspondent à la période de croissance la plus intense, de la floraison à la formation des fruits. Si l’on utilise un engrais liquide, une application tous les 15 jours est une bonne fréquence. Pour les engrais en granulés, on suit les recommandations du fabricant, avec généralement un ou deux apports dans la saison. Il est crucial de toujours appliquer l’engrais sur un substrat préalablement humidifié pour éviter de brûler les racines.

À partir de la fin du mois d’août ou du début du mois de septembre, il faut commencer à réduire progressivement la fréquence et la concentration des apports d’engrais. La croissance de l’arbre ralentit naturellement à l’approche de l’automne. Continuer à fertiliser abondamment pourrait stimuler la croissance de nouvelles pousses fragiles qui n’auraient pas le temps de s’aoûter (se lignifier) avant l’arrivée du froid et seraient donc très sensibles au gel.

Pendant l’hiver, de novembre à février, la fertilisation doit être complètement arrêtée. L’arbre est en période de repos végétatif et n’a pas besoin de nutriments supplémentaires. Un apport d’engrais à ce moment-là serait non seulement inutile mais pourrait perturber son cycle de dormance et endommager ses racines. On ne reprendra la fertilisation qu’au printemps suivant, lorsque les signes de reprise de la croissance seront bien visibles.

Les techniques de fertilisation complémentaires

En plus de la fertilisation classique au niveau des racines, des techniques complémentaires peuvent être utilisées pour répondre à des besoins spécifiques ou pour corriger rapidement une carence. La pulvérisation foliaire est l’une de ces techniques. Elle consiste à pulvériser une solution d’engrais diluée directement sur le feuillage. Les nutriments sont alors absorbés directement par les feuilles, ce qui permet une action très rapide.

La fertilisation foliaire est particulièrement efficace pour traiter les carences en oligo-éléments, comme la chlorose ferrique. En cas de jaunissement des jeunes feuilles, une pulvérisation d’un produit à base de chélate de fer peut reverdir le feuillage en quelques jours seulement. Cette méthode est un traitement curatif rapide, mais elle ne remplace pas une bonne fertilisation du sol, qui reste la base pour une nutrition durable.

L’utilisation d’amendements organiques en surfaçage est une autre pratique bénéfique, surtout pour les citronniers en pot. Chaque printemps, on peut griffer légèrement la surface du substrat et y incorporer une fine couche de compost bien mûr ou de lombricompost. Ces amendements apportent des nutriments de manière douce et progressive, tout en améliorant la structure du sol et en stimulant son activité biologique.

Enfin, il est important de ne jamais sur-fertiliser. Un excès d’engrais est plus dangereux qu’une légère carence. Il peut brûler les racines, provoquer une accumulation de sels dans le substrat et rendre la plante plus sensible aux maladies. Il faut toujours respecter les dosages recommandés par les fabricants et observer la réaction de la plante. En matière de fertilisation, la modération et la régularité sont les maîtres-mots.

L’impact du substrat sur la nutrition

Le substrat dans lequel le citronnier est planté joue un rôle fondamental dans sa nutrition. Un bon substrat ne se contente pas de fournir un ancrage physique à la plante ; il doit également être capable de retenir les nutriments et l’eau tout en assurant une bonne aération des racines. La capacité d’échange cationique (CEC) du sol est une mesure de sa capacité à retenir les éléments nutritifs et à les rendre disponibles pour la plante.

Un substrat riche en matière organique, comme le terreau ou le compost, a une CEC élevée. Cela signifie qu’il peut stocker les nutriments apportés par la fertilisation et les libérer progressivement en fonction des besoins de la plante. À l’inverse, un sol très sableux a une CEC faible et les nutriments sont rapidement lessivés par les arrosages, ce qui nécessite des fertilisations plus fréquentes.

Le pH du substrat est un autre facteur critique qui influence directement l’assimilation des nutriments. Le citronnier préfère un pH légèrement acide, entre 5,5 et 6,5. Dans cette plage de pH, la plupart des nutriments essentiels sont sous une forme chimique que les racines peuvent facilement absorber. Si le pH devient trop élevé (alcalin), comme c’est le cas avec une eau d’arrosage très calcaire, des éléments comme le fer, le manganèse et le zinc deviennent indisponibles, même s’ils sont présents en quantité suffisante dans le sol.

Il est donc important de surveiller et de maintenir un pH adéquat. L’utilisation d’un terreau pour agrumes, naturellement acide, est un bon point de départ. L’utilisation d’eau de pluie pour l’arrosage aide également à maintenir cette acidité. Si une correction est nécessaire, on peut utiliser des produits acidifiants ou incorporer des amendements comme de la tourbe ou des écorces de pin au substrat lors du rempotage pour faire baisser le pH.

📷 Pixabay

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