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La taille et l’élagage du cognassier

Daria · 13.06.2025.

La taille du cognassier est une intervention horticole fondamentale qui, loin d’être un simple acte esthétique, conditionne en profondeur la santé de l’arbre, la qualité de sa production et sa longévité. Contrairement à une idée reçue, le cognassier, bien que moins exigeant que d’autres fruitiers, ne peut se passer d’une taille régulière et réfléchie. Savoir quand et comment manier le sécateur est un art qui permet de dialoguer avec l’arbre, de guider sa croissance, d’équilibrer sa production et de prévenir de nombreux problèmes sanitaires. Une taille bien menée est un investissement pour l’avenir, assurant des récoltes généreuses de coings bien formés et savoureux année après année. C’est un geste de soin qui structure et revitalise l’arbre.

Le cognassier possède une tendance naturelle à former un buisson dense et touffu, avec de nombreuses branches qui s’entremêlent. Laissé à lui-même, il produira des fruits, mais ceux-ci seront nombreux, petits, et principalement situés à la périphérie de l’arbre, là où la lumière parvient encore. L’intérieur de la ramure, dense et ombragé, deviendra un fouillis de bois improductif et un foyer potentiel pour les maladies. La taille vise donc à contrer cette tendance naturelle en créant une structure aérée et bien organisée.

Il existe différents types de taille qui interviennent à différents moments de la vie de l’arbre et avec des objectifs distincts. La taille de formation, pratiquée sur les jeunes sujets, a pour but de construire l’architecture de base de l’arbre, sa charpente. La taille de fructification, ou d’entretien, réalisée chaque année sur les arbres adultes, vise à maintenir cette structure, à favoriser la production de fruits de qualité et à renouveler le bois fruitier. Enfin, la taille de rénovation, plus drastique, peut être nécessaire pour rajeunir un vieil arbre qui a été négligé.

Le moment de la taille est crucial. La taille principale du cognassier s’effectue pendant sa période de repos végétatif, en hiver, généralement de janvier à mars, en évitant les périodes de fortes gelées. Tailler à ce moment, lorsque l’arbre est « endormi », minimise le stress et l’écoulement de sève. L’absence de feuilles permet également d’avoir une vision claire de la structure de l’arbre et de faire des choix de coupe plus judicieux. Une petite taille complémentaire, dite « taille en vert », peut également être pratiquée en été pour contrôler la vigueur de l’arbre.

Les objectifs et les principes de la taille

Le premier objectif fondamental de la taille est d’aérer la structure de l’arbre. Il s’agit de créer de l’espace au sein de la ramure pour que l’air et la lumière puissent circuler librement et atteindre toutes les parties de l’arbre, y compris le centre et la base des branches. Une bonne circulation de l’air est essentielle pour prévenir le développement des maladies fongiques, qui adorent les atmosphères confinées et humides. Une bonne pénétration de la lumière, quant à elle, est indispensable à la photosynthèse, à la maturation des fruits et à la formation des bourgeons à fleurs pour l’année suivante.

Le deuxième objectif est de contrôler la croissance et la forme de l’arbre. La taille permet de donner à l’arbre une silhouette équilibrée et adaptée à l’espace dont tu disposes dans ton jardin. Pour le cognassier, la forme la plus courante et la plus adaptée est le « gobelet ». Cette forme sans axe central, avec 3 à 5 branches charpentières partant du tronc et s’ouvrant vers l’extérieur, crée un puits de lumière au centre de l’arbre, ce qui est idéal pour la fructification. La taille permet de maintenir cette forme ouverte au fil des ans.

Un autre principe clé est de maintenir un équilibre entre la croissance végétative (production de bois et de feuilles) et la croissance reproductive (production de fleurs et de fruits). Un arbre trop vigoureux fera beaucoup de bois au détriment des fruits. Inversement, un arbre surchargé de fruits risque de s’épuiser. La taille de fructification vise précisément à trouver ce juste milieu, en supprimant une partie du bois pour stimuler le renouvellement des rameaux fruitiers et en s’assurant que l’énergie de l’arbre est bien dirigée vers la production de fruits de qualité.

Enfin, la taille est un acte sanitaire essentiel. Elle consiste à éliminer systématiquement tout le bois mort, malade, cassé ou endommagé. Ces parties affaiblies sont des portes d’entrée pour les maladies et les parasites. En les supprimant, tu nettoies l’arbre et tu préviens la propagation d’éventuels problèmes. Il est également important de supprimer les branches qui se croisent ou se frottent, car le frottement crée des blessures sur l’écorce qui sont autant de points de vulnérabilité.

La taille de formation pour les jeunes arbres

La taille de formation se pratique durant les 3 à 4 premières années qui suivent la plantation. Elle est absolument cruciale car elle va déterminer toute la structure future de l’arbre. L’objectif est de construire une charpente solide, bien équilibrée et aérée. Un arbre bien formé dès son jeune âge sera beaucoup plus facile à entretenir par la suite et sera plus productif et plus résistant. Cette étape demande de la patience et de la vision, car il faut imaginer ce que l’arbre deviendra dans 10 ou 20 ans.

La première année, si tu as planté un scion (une jeune tige d’un an), il faut l’étêter à une hauteur d’environ 80 cm à 1 mètre du sol. Cette coupe va forcer l’arbre à se ramifier et à produire des pousses latérales juste en dessous du point de coupe. À la fin de la première saison de croissance, tu auras plusieurs nouvelles branches. L’hiver suivant, tu devras sélectionner les 3 à 5 branches les mieux réparties autour du tronc, celles qui formeront la future charpente de ton gobelet. Toutes les autres branches, notamment celles qui sont trop basses, trop verticales ou mal orientées, doivent être supprimées.

La deuxième et la troisième année, le travail consiste à consolider cette charpente. Sur chacune des branches charpentières que tu as sélectionnées, il faut à nouveau les raccourcir d’environ un tiers de leur longueur, en coupant toujours au-dessus d’un bourgeon tourné vers l’extérieur. Cette opération va encourager ces branches à se ramifier à leur tour, créant ainsi des sous-charpentières qui viendront étoffer la structure. Il faut continuer à supprimer toutes les pousses qui se développent sur le tronc ou qui poussent vers l’intérieur de l’arbre pour maintenir le centre du gobelet bien ouvert.

Durant toute cette période, l’objectif est de privilégier la construction de la structure de l’arbre plutôt que la production de fruits. Il ne faut pas hésiter à supprimer les quelques fruits qui pourraient apparaître durant ces premières années pour que l’arbre concentre toute son énergie sur le développement de ses racines et de sa charpente. Un arbre qui fructifie trop tôt est un arbre qui s’épuise et dont la croissance sera compromise. La patience durant ces premières années est la clé d’un arbre robuste pour l’avenir.

La taille de fructification sur les arbres adultes

Une fois que l’arbre a acquis sa forme définitive, la taille annuelle de fructification (ou d’entretien) prend le relais. Elle vise à maintenir la forme de l’arbre, à assurer un bon renouvellement du bois porteur de fruits et à garantir une production régulière et de qualité. Le cognassier fructifie principalement sur les rameaux courts (les brindilles) qui se développent sur du bois de deux ans et plus. Il est donc important de ne pas tailler trop sévèrement et de bien identifier les différentes sortes de bois.

La taille d’entretien commence toujours par une étape de nettoyage. Il faut inspecter l’arbre et supprimer tout le bois mort, malade ou abîmé. Ensuite, on s’attaque au désencombrement du centre de l’arbre. On supprime les branches qui poussent vers l’intérieur, les rameaux qui se croisent, ainsi que les gourmands, ces longues pousses très droites et vigoureuses qui partent des branches charpentières et qui ne produiront pas de fruits. Cette étape est essentielle pour maintenir la forme en gobelet et assurer une bonne pénétration de la lumière et de l’air.

Ensuite, on s’intéresse au bois fruitier. Il faut chercher à raccourcir les branches qui ont déjà porté des fruits pour encourager la formation de nouveaux rameaux fructifères plus près de la charpente. On peut également raccourcir les longues branches de l’année précédente d’environ un tiers ou de moitié pour les inciter à se ramifier et à produire du bois fruitier pour les années futures. L’idée est de favoriser un renouvellement constant du bois productif et d’éviter que la fructification ne s’éloigne de plus en plus du centre de l’arbre.

Il est important de trouver un juste équilibre. Une taille trop légère aboutira à un arbre trop dense avec de nombreux petits fruits. Une taille trop sévère stimulera une forte croissance végétative au détriment de la fructification. En général, on estime qu’il faut retirer environ 20 à 30% du volume de la ramure chaque année. L’observation de la réaction de l’arbre à la taille de l’année précédente est le meilleur guide pour ajuster son intervention.

La taille de rénovation pour les vieux sujets

Il arrive parfois de récupérer un cognassier âgé qui n’a pas été taillé depuis de nombreuses années. Ces arbres sont souvent devenus des buissons impénétrables, avec beaucoup de bois mort au centre et une production de fruits faible et de mauvaise qualité. Dans ce cas, une taille de rénovation, aussi appelée taille de rajeunissement, peut être entreprise pour redonner une seconde vie à l’arbre. Cette opération est plus drastique et doit idéalement être étalée sur deux ou trois ans pour ne pas traumatiser l’arbre.

La première année, le travail consiste à faire un nettoyage en profondeur et à commencer à restructurer l’arbre. Il faut supprimer tout le bois mort, malade et les branches qui se croisent. Ensuite, il faut choisir les 3 à 5 branches les mieux placées et les plus saines pour reformer une structure de base en gobelet. On peut être amené à supprimer de très grosses branches. Il ne faut pas hésiter à utiliser une scie d’élagage bien affûtée pour faire des coupes propres. Il est crucial de ne pas tout enlever la même année.

La deuxième année, une fois que l’arbre a réagi à la première taille en produisant de nouvelles pousses, on continue le travail de sélection. On affine la nouvelle charpente en choisissant les nouvelles pousses les mieux orientées et on supprime les autres, notamment les nombreux gourmands qui auront certainement poussé en réaction à la taille sévère. On commence à raccourcir les nouvelles branches sélectionnées pour les inciter à se ramifier, comme on le ferait pour une taille de formation.

La troisième année, on finalise la nouvelle structure et on peut commencer à pratiquer une taille de fructification normale sur les nouvelles branches. Après une telle intervention, l’arbre aura retrouvé une forme aérée, la lumière pourra de nouveau pénétrer au cœur de la ramure, et il recommencera à produire des fruits de qualité. Il est important de bien accompagner cette rénovation par un bon apport de compost et un arrosage suivi pour aider l’arbre à supporter ce stress et à reconstruire son système végétatif.

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