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La taille et le pincement du coléus

Daria · 26.04.2025.

La taille et le pincement sont des techniques de jardinage fondamentales pour transformer un simple plant de coléus en une touffe dense, harmonieuse et spectaculaire. Souvent négligées par les jardiniers débutants, ces interventions sont pourtant le secret pour obtenir des plantes au port buissonnant et compact, et pour maximiser l’impact visuel de leur feuillage coloré. Sans taille, le coléus a une tendance naturelle à pousser en hauteur, produisant de longues tiges qui peuvent devenir dégingandées et se dégarnir à la base, perdant ainsi une grande partie de leur attrait. En intervenant régulièrement, tu prends le contrôle de la croissance de la plante, la forçant à se ramifier et à produire un feuillage beaucoup plus abondant. C’est un geste simple qui fait toute la différence entre une plante chétive et une véritable boule de couleur.

Le pincement, en particulier, est une opération facile et rapide que tu peux effectuer tout au long de la saison de croissance. Il consiste à supprimer la toute extrémité d’une jeune tige, ce qui a pour effet de stimuler le développement des bourgeons latéraux situés juste en dessous. Au lieu d’une seule tige qui continue de s’allonger, tu obtiens ainsi deux nouvelles tiges, doublant la densité de la ramification à cet endroit. En répétant ce processus sur l’ensemble de la plante, tu encourages une croissance touffue et équilibrée.

La taille a également un autre rôle crucial : la suppression des fleurs. Bien que le coléus produise de discrets épis floraux, le principal intérêt de cette plante réside dans son feuillage. Laisser la plante fleurir et monter en graines détourne une part importante de son énergie, souvent au détriment de la production de feuilles et de l’intensité de leurs couleurs. En coupant systématiquement les tiges florales dès leur apparition, tu rediriges cette énergie vers ce qui fait la beauté de la plante : son feuillage.

Que ce soit pour modeler la forme, augmenter la densité, rajeunir une vieille plante ou simplement entretenir sa vigueur, la taille et le pincement sont tes meilleurs alliés. Ces techniques ne sont pas des mutilations, mais des invitations faites à la plante pour qu’elle donne le meilleur d’elle-même. En comprenant leurs objectifs et en les appliquant correctement, tu deviendras le sculpteur de tes propres chefs-d’œuvre végétaux.

Les objectifs de la taille : esthétique et santé de la plante

Le premier objectif de la taille du coléus est purement esthétique. Il s’agit de contrôler la forme et la taille de la plante pour qu’elle s’intègre harmonieusement dans tes compositions, que ce soit en potée ou en massif. Le pincement régulier des jeunes pousses permet de maintenir la plante à une hauteur désirée et de lui donner un port arrondi et compact, très recherché. Cela évite l’apparition de longues tiges nues qui s’affaissent et donnent un aspect négligé. En sculptant ta plante, tu mets en valeur la beauté de son feuillage et tu crées un point focal dense et coloré.

Au-delà de l’aspect esthétique, la taille joue un rôle fondamental dans la santé et la vigueur de la plante. En favorisant la ramification, tu augmentes la surface foliaire totale de la plante. Un feuillage plus dense signifie une plus grande capacité de photosynthèse, ce qui se traduit par une plante plus forte et plus énergique. De plus, en aérant le centre de la plante par une taille sélective si nécessaire, tu améliores la circulation de l’air, ce qui réduit les risques de développement de maladies fongiques qui prospèrent dans les environnements confinés et humides.

La taille est également un excellent moyen de « rajeunir » un coléus qui est devenu trop grand ou qui a perdu ses feuilles à la base, laissant apparaître des tiges ligneuses peu esthétiques. Une taille de rabattage, plus sévère, peut stimuler l’apparition de nouvelles pousses vigoureuses à partir de la base de la plante, lui redonnant une seconde jeunesse. C’est une technique particulièrement utile au début du printemps sur les plantes qui ont été hivernées, pour les préparer à une nouvelle saison de croissance.

Enfin, la taille est intrinsèquement liée à la multiplication. Chaque morceau de tige que tu coupes lors d’un pincement ou d’une taille peut potentiellement devenir une nouvelle plante. Au lieu de jeter ces sections de tiges, tu peux les utiliser comme boutures pour propager tes variétés préférées. La taille devient ainsi un acte doublement bénéfique : elle améliore la plante mère tout en te donnant la matière première pour créer gratuitement de nouvelles plantes et agrandir ta collection ou en faire profiter tes amis.

La technique du pincement pour favoriser la ramification

Le pincement est la technique de taille la plus importante et la plus fréquemment utilisée sur le coléus. Elle est d’une simplicité déconcertante et ne requiert aucun outil particulier, bien que l’usage d’un petit ciseau ou d’un sécateur propre puisse donner des coupes plus nettes. L’opération consiste à sectionner l’extrémité d’une tige, juste au-dessus d’une paire de feuilles. La partie à retirer est le bourgeon terminal ainsi que la plus jeune paire de feuilles qui l’accompagne. Tu peux littéralement « pincer » cette partie entre ton pouce et ton index et la détacher.

Le moment idéal pour commencer à pincer un coléus est dès son plus jeune âge. Lorsqu’un jeune plant ou une bouture enracinée atteint environ 10 à 15 centimètres de hauteur et a développé plusieurs paires de feuilles, il est temps de faire le premier pincement. En supprimant le bourgeon terminal, tu lèves ce qu’on appelle la « dominance apicale ». Cela envoie un signal hormonal à la plante pour qu’elle active les bourgeons dormants situés à l’aisselle des feuilles juste en dessous de la coupe. Chacun de ces bourgeons se développera alors pour former une nouvelle tige.

Après le premier pincement, attends que les deux nouvelles tiges qui se sont formées aient poussé et développé à leur tour quelques paires de feuilles. Tu peux alors répéter l’opération en pinçant l’extrémité de chacune de ces nouvelles tiges. Chaque pincement double le nombre de ramifications. En appliquant cette technique de manière répétée et systématique sur toutes les nouvelles pousses, tu construis progressivement une charpente dense et touffue. C’est un processus continu qui doit être maintenu tout au long de la saison de croissance pour conserver une belle forme.

N’aie pas peur de pincer ta plante. Le coléus réagit très bien et très rapidement à cette intervention. Même si cela peut sembler contre-intuitif de couper des parties saines, le résultat en vaut largement la peine. Il vaut mieux sacrifier une petite extrémité de tige pour gagner deux nouvelles branches. C’est un petit investissement pour un gain esthétique énorme. Un pincement régulier est le secret le mieux gardé pour obtenir ces coléus spectaculaires en forme de dôme que l’on voit dans les jardins d’exposition.

Quand et comment effectuer une taille plus sévère ?

Parfois, un simple pincement ne suffit pas et une taille plus drastique, appelée taille de rabattage, s’avère nécessaire. Cette opération est particulièrement indiquée dans plusieurs situations. C’est le cas pour une plante qui n’a pas été pincée régulièrement et qui est devenue haute, étiolée, avec de longues tiges dégarnies à la base. C’est également une étape clé au début du printemps pour les plantes qui ont été conservées pendant l’hiver et qui ont souvent une croissance un peu anarchique et affaiblie par le manque de lumière.

La meilleure période pour effectuer une taille sévère est au début du printemps, juste avant la reprise de la croissance active. Cela permet à la plante d’utiliser toute son énergie pour produire de nouvelles pousses fortes et saines. Tu peux aussi pratiquer une taille de rabattage en milieu d’été si une plante est devenue trop envahissante ou a perdu sa belle forme. Évite de tailler sévèrement à l’approche de l’automne, car la plante n’aurait pas le temps de se reconstituer avant d’entrer en dormance.

Pour réaliser cette taille, utilise un sécateur propre et bien aiguisé. N’hésite pas à couper les tiges de manière significative, en les rabattant de moitié ou même des deux tiers de leur hauteur. La règle est de toujours couper juste au-dessus d’un nœud (le point d’insertion d’une paire de feuilles sur la tige). C’est à partir des bourgeons situés au niveau de ce nœud que la nouvelle croissance repartira. Assure-toi de laisser au moins quelques nœuds sur la partie restante de la tige pour garantir la reprise.

Après une taille aussi sévère, la plante peut sembler un peu nue, mais ne t’inquiète pas. Si elle est en bonne santé, elle réagira rapidement en produisant une multitude de nouvelles pousses. C’est le moment idéal pour lui donner un petit coup de pouce avec un arrosage fertilisant pour soutenir cette nouvelle vague de croissance. Cette coupe de rajeunissement est une méthode très efficace pour redonner forme et vigueur à un coléus qui a perdu de sa superbe.

La suppression des fleurs pour un feuillage plus dense

Le coléus est principalement cultivé pour la beauté et la diversité de son feuillage, et non pour sa floraison. La plante produit de fines tiges florales dressées, portant de petites fleurs généralement bleues, violettes ou blanches. Bien que cette floraison ne soit pas désagréable, elle est considérée comme secondaire et même indésirable par de nombreux jardiniers, car elle se fait au détriment de ce qui fait le principal attrait de la plante : ses feuilles colorées. C’est pourquoi la suppression systématique des fleurs est une pratique de taille essentielle.

Le processus de floraison et de production de graines est extrêmement gourmand en énergie pour une plante. Lorsqu’un coléus commence à fleurir, il détourne une grande partie de ses ressources (eau, nutriments, sucres) vers le développement des fleurs et des futures graines, au détriment de la croissance végétative. En conséquence, la production de nouvelles feuilles ralentit, leur taille peut diminuer et l’intensité de leurs couleurs peut s’affadir. Laisser la floraison se poursuivre peut même signaler à la plante qu’elle a accompli son cycle de vie, ce qui peut entraîner un vieillissement prématuré et un affaiblissement général.

Pour éviter cela, il est crucial d’être vigilant et de supprimer les épis floraux dès leur apparition. Il ne faut pas attendre que les fleurs s’ouvrent. Dès que tu vois une fine tige se dresser au-dessus du feuillage, pince-la ou coupe-la à sa base avec tes doigts ou des ciseaux. Cette opération, appelée « étêtage » ou « deadheading » en anglais, est simple, rapide et doit être effectuée régulièrement tout au long de la saison. En agissant ainsi, tu envoies un signal clair à la plante : « concentre-toi sur la production de feuilles ! ».

En redirigeant l’énergie de la plante vers la croissance du feuillage, tu obtiendras une plante non seulement plus dense et plus touffue, mais aussi plus saine et plus durable. Ses couleurs resteront vives et éclatantes plus longtemps. La suppression des fleurs est donc un geste de taille qui, combiné au pincement des tiges, te garantit de profiter au maximum du spectacle offert par le feuillage de ton coléus tout au long de la saison.

Les outils nécessaires et les bonnes pratiques de taille

Pour la plupart des opérations de taille sur le coléus, en particulier le pincement, tes propres doigts sont souvent l’outil le plus simple et le plus rapide. Le pincement des jeunes pousses tendres se fait très facilement entre le pouce et l’index. Cependant, pour des tiges un peu plus épaisses ou pour une coupe plus nette, l’utilisation d’outils adaptés est recommandée. Une petite paire de ciseaux de jardinage, un sécateur de précision ou même des ciseaux de couture feront parfaitement l’affaire. L’important est que l’outil soit bien aiguisé pour réaliser une coupe franche et nette, sans écraser les tissus de la plante.

L’hygiène des outils est une règle d’or en jardinage pour éviter la propagation des maladies. Avant et après chaque séance de taille, et surtout si tu passes d’une plante à une autre, prends le temps de désinfecter les lames de tes outils. Un simple chiffon imbibé d’alcool à 70° ou d’alcool à brûler est très efficace pour éliminer les bactéries, les virus ou les spores de champignons qui pourraient être présents. Cette précaution simple peut t’éviter bien des problèmes sanitaires.

La technique de coupe est également importante. Que tu utilises un sécateur ou des ciseaux, effectue toujours la coupe juste au-dessus d’un nœud, c’est-à-dire juste au-dessus de l’endroit où une paire de feuilles est attachée à la tige. Coupe en biais, avec une inclinaison d’environ 45 degrés, la pente dirigée à l’opposé du bourgeon. Cette coupe en biseau permet à l’eau de pluie ou d’arrosage de s’écouler plus facilement, réduisant ainsi les risques de pourriture au niveau de la coupe.

Enfin, n’oublie pas que la taille, même légère, est un petit stress pour la plante. Il est donc préférable de tailler une plante qui est en bonne santé et bien hydratée. Après une séance de taille, surtout si elle a été sévère, assure-toi que la plante ne manque pas d’eau. C’est aussi un bon moment pour lui apporter un peu d’engrais liquide pour l’aider à cicatriser et à produire de nouvelles pousses. En respectant ces bonnes pratiques, tu feras de la taille un acte bénéfique qui sublimera tes coléus.

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