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La plantation et la multiplication du plaqueminier d’Asie

Daria · 05.05.2025.

La réussite de la culture du plaqueminier d’Asie repose en grande partie sur la qualité de sa plantation et la maîtrise des techniques de multiplication. Une plantation correctement effectuée est le fondement qui assurera à l’arbre un bon départ dans la vie, favorisant un enracinement profond, une croissance vigoureuse et une future production fruitière abondante. De même, connaître les méthodes de multiplication permet de pérenniser une variété appréciée ou d’étendre son verger avec des sujets sains et conformes à l’arbre mère. Ces deux étapes initiales sont donc d’une importance capitale et méritent une attention particulière de la part de tout jardinier souhaitant accueillir cet arbre généreux. Un investissement en temps et en soin lors de ces phases initiales sera largement récompensé par des décennies de récoltes savoureuses.

La préparation du site de plantation est une étape préalable non négligeable. Le plaqueminier d’Asie a une préférence marquée pour les emplacements en plein soleil, qui sont essentiels pour la maturation des fruits et la concentration en sucres. Il est également crucial de choisir un site abrité des vents froids et dominants, qui peuvent endommager les branches et compromettre la floraison. Le sol doit être profond, fertile et surtout très bien drainé, car le plaqueminier redoute l’humidité stagnante au niveau des racines, qui peut rapidement entraîner leur pourrissement. Avant la plantation, il est fortement recommandé d’amender le sol avec du compost bien décomposé ou du fumier mûr pour l’enrichir en matière organique.

Le moment de la plantation a également son importance. Pour les arbres vendus en conteneur, la plantation peut se faire presque toute l’année, en évitant les périodes de gel intense ou de canicule. Cependant, la période idéale reste l’automne, d’octobre à novembre, car cela permet à l’arbre de commencer à développer son système racinaire avant l’arrivée de l’hiver, lui donnant ainsi une avance pour la reprise végétative au printemps. Une plantation au début du printemps, avant le débourrement des bourgeons, est également une excellente option.

La technique de plantation elle-même doit être réalisée avec soin. Il faut creuser un trou de plantation au moins deux à trois fois plus large que la motte de l’arbre et légèrement plus profond. Il est conseillé de décompacter les parois et le fond du trou pour faciliter la pénétration des futures racines. Avant de placer l’arbre, il est utile de « praliner » les racines s’il est à racines nues, ou de démêler délicatement le chignon racinaire s’il est en conteneur. L’arbre est ensuite positionné bien droit dans le trou, en veillant à ce que le point de greffe se trouve bien à quelques centimètres au-dessus du niveau du sol final.

Le choix du plant et la préparation du sol

Le choix du plant de plaqueminier est la première décision stratégique pour le jardinier. Il est préférable de se tourner vers des pépiniéristes spécialisés qui proposent des plants greffés de qualité, avec un système racinaire bien développé et une structure déjà ébauchée. Le choix de la variété est également crucial et doit se faire en fonction du climat de la région, de la période de maturité souhaitée et du type de fruit recherché (astringent ou non astringent). Des variétés comme ‘Fuyu’ ou ‘Jiro’ sont non astringentes et peuvent être consommées fermes, tandis que des variétés comme ‘Rojo Brillante’ ou ‘Hachiya’ sont astringentes et doivent être blettes pour être appréciées.

Une fois le plant choisi, la préparation du sol en amont de la plantation est une étape fondamentale. Un travail du sol en profondeur sur une large surface est bien plus bénéfique que de se contenter de creuser un simple trou. Idéalement, le sol devrait être ameubli sur un mètre de diamètre et cinquante à soixante centimètres de profondeur. Cet ameublissement favorise un enracinement rapide et étendu. C’est également le moment idéal pour corriger la nature du sol : un sol lourd et argileux peut être allégé avec du sable de rivière et du compost, tandis qu’un sol trop léger et sableux peut être enrichi en argile bentonitique et en matière organique pour améliorer sa rétention d’eau.

L’analyse du pH du sol est une démarche judicieuse avant la plantation. Le plaqueminier prospère dans un sol neutre à légèrement acide, avec un pH idéalement compris entre 6,0 et 7,0. Si le sol est trop calcaire (pH élevé), l’arbre risque de souffrir de chlorose ferrique, un jaunissement des feuilles dû à une mauvaise assimilation du fer. Dans ce cas, un apport de soufre ou de tourbe acide peut aider à abaisser le pH. Si le sol est trop acide, un amendement calcaire comme de la dolomie ou de la chaux agricole permettra de relever le pH.

Enfin, il est important de ne pas mettre d’engrais chimique au fond du trou de plantation, car cela pourrait brûler les jeunes racines fragiles. La fertilisation doit provenir d’un apport de matière organique bien décomposée, comme du compost ou du fumier, mélangée à la terre de remplissage. Cet apport fournira les nutriments de manière progressive et améliorera durablement la structure du sol. Un bon sol de plantation est un sol vivant, aéré et riche, qui offrira à l’arbre les meilleures conditions pour son installation.

Les étapes de la plantation

La plantation proprement dite doit suivre une procédure méthodique pour maximiser les chances de reprise. Après avoir creusé le trou et préparé le mélange de terre de rebouchage (terre du jardin mélangée à du compost), il convient de créer une petite butte au fond du trou sur laquelle les racines de l’arbre (s’il est à racines nues) seront étalées. Pour un plant en conteneur, la motte sera simplement posée au fond du trou. La hauteur doit être ajustée de manière à ce que le collet de l’arbre, la zone de transition entre les racines et le tronc, se trouve juste au niveau du sol environnant. Le point de greffe, reconnaissable à un léger renflement sur le tronc, doit impérativement rester au-dessus de la surface du sol.

Une fois l’arbre bien positionné, on commence à reboucher le trou avec le mélange de terre préparé, en tassant légèrement au fur et à mesure pour éliminer les poches d’air et assurer un bon contact entre les racines et la terre. Il est conseillé de remplir le trou aux deux tiers, puis de procéder à un premier arrosage abondant. Cet arrosage permet de bien imbiber la terre autour des racines et de la tasser naturellement. Après que l’eau se soit infiltrée, on termine de combler le trou avec le reste de la terre.

L’étape suivante consiste à former une cuvette d’arrosage autour du tronc. Cette cuvette, sorte de petit bourrelet de terre circulaire, permettra de retenir l’eau lors des arrosages futurs et de la concentrer directement sur la zone racinaire. Immédiatement après la formation de la cuvette, il faut procéder à un deuxième arrosage très copieux, en apportant au moins vingt à trente litres d’eau, même si le temps est pluvieux. Cet arrosage final est crucial pour achever de tasser la terre et hydrater en profondeur la motte et le sol environnant.

Enfin, il est fortement recommandé d’installer un tuteur solide dès la plantation, surtout si l’arbre est planté dans une zone venteuse ou s’il est de type tige. Le tuteur doit être enfoncé dans le sol avant de placer l’arbre pour ne pas endommager les racines, et positionné face aux vents dominants. L’arbre est ensuite attaché au tuteur à l’aide de liens souples et non blessants, en formant un « 8 » pour éviter les frottements. Le tuteurage assure la stabilité de l’arbre pendant ses premières années, le temps que son système racinaire soit suffisamment développé pour l’ancrer solidement au sol.

La multiplication par greffage

La méthode de multiplication la plus fiable et la plus couramment utilisée pour le plaqueminier d’Asie est le greffage. Cette technique permet de reproduire fidèlement les caractéristiques d’une variété sélectionnée (taille du fruit, saveur, précocité, etc.) en l’associant à un porte-greffe adapté au sol et au climat. Le porte-greffe le plus commun pour le kaki est le Diospyros lotus, apprécié pour sa vigueur et sa bonne compatibilité, ou le Diospyros virginiana, qui confère une meilleure résistance au froid. Le greffage assure également une mise à fruit plus rapide que le semis.

Il existe plusieurs techniques de greffage applicables au plaqueminier, mais la greffe en fente et la greffe anglaise compliquée sont parmi les plus efficaces. Ces greffes se pratiquent généralement à la fin de l’hiver ou au début du printemps, juste avant la reprise de la végétation. Le greffon, un segment de rameau de l’année précédente prélevé sur la variété que l’on souhaite multiplier, est inséré sur le porte-greffe de manière à ce que les cambiums (les couches de cellules de croissance situées juste sous l’écorce) des deux parties soient en contact parfait. C’est ce contact qui permettra la soudure et la circulation de la sève entre le porte-greffe et le greffon.

La réussite du greffage dépend de plusieurs facteurs clés : la qualité des greffons, la vigueur du porte-greffe, la précision de la coupe et de l’assemblage, et les conditions de soin post-greffage. Les greffons doivent être prélevés sur des arbres sains et vigoureux, puis conservés au frais et à l’humidité jusqu’au moment de la greffe. Les outils utilisés (greffoir) doivent être parfaitement propres et affûtés pour réaliser des coupes nettes. Une fois la greffe réalisée, la zone de jonction doit être solidement ligaturée avec du ruban à greffer et protégée du dessèchement avec du mastic à greffer.

Après la greffe, il est crucial de supprimer toutes les pousses qui pourraient se développer sur le porte-greffe, en dessous du point de greffe. Ces pousses, appelées « gourmands », détourneraient l’énergie du porte-greffe au détriment du développement du greffon. La jeune greffe doit être protégée du soleil direct et des vents forts. Avec des soins appropriés, la soudure se fait en quelques semaines et le greffon commence à développer ses propres pousses, donnant naissance à un nouvel arbre qui portera les fruits de la variété choisie.

La multiplication par semis et autres méthodes

Bien que le greffage soit la méthode de choix pour la production fruitière, la multiplication du plaqueminier par semis est également possible. Le semis est principalement utilisé pour produire des porte-greffes ou à des fins expérimentales de sélection de nouvelles variétés. Il faut savoir que les arbres issus de semis ne reproduiront pas fidèlement les caractéristiques de la plante mère et mettront beaucoup plus de temps à produire des fruits, parfois plus de dix ans. De plus, la qualité des fruits obtenus est souvent très aléatoire.

Pour réaliser un semis, il faut d’abord extraire les graines d’un fruit bien mûr. Les graines de kaki nécessitent une période de stratification à froid pour lever leur dormance. Cela consiste à les conserver dans un substrat humide (sable, tourbe) au réfrigérateur pendant deux à trois mois durant l’hiver. Au début du printemps, les graines peuvent être semées dans des pots remplis d’un terreau léger et bien drainant. La germination a lieu généralement en quelques semaines si les conditions de chaleur et d’humidité sont adéquates.

Le bouturage du plaqueminier est une autre méthode de multiplication, mais elle est réputée pour être très difficile avec un taux de réussite très faible. Les boutures ligneuses prélevées en hiver ou semi-aoûtées en été ont beaucoup de mal à produire des racines, même avec l’utilisation d’hormones de bouturage. Cette méthode n’est donc généralement pas recommandée pour les jardiniers amateurs en raison de son manque de fiabilité et de la difficulté technique qu’elle représente pour cette espèce en particulier.

Enfin, le marcottage est une technique qui peut parfois donner des résultats, bien qu’elle soit peu pratiquée sur le plaqueminier. Elle consiste à provoquer l’enracinement d’une branche alors qu’elle est encore attachée à la plante mère. Le marcottage aérien ou le marcottage par couchage peuvent être tentés sur des branches basses et souples. Une fois que des racines suffisantes se sont développées, la marcotte peut être sevrée de la plante mère et plantée comme un nouvel individu. Cette méthode est plus sûre que le bouturage mais moins productive que le greffage.

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