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La plantation et la multiplication du pélargonium à grandes fleurs

Linden · 16.04.2025.

La réussite de la culture du pélargonium à grandes fleurs repose fondamentalement sur des bases saines, établies dès la plantation. Cette étape initiale est déterminante pour le développement futur de la plante, car elle conditionne l’établissement d’un système racinaire robuste et efficace. Un choix méticuleux du contenant, un substrat adapté et une technique de plantation correcte sont les piliers qui soutiendront une croissance vigoureuse et une floraison spectaculaire. De même, la maîtrise des techniques de multiplication, notamment le bouturage, permet de pérenniser ses variétés préférées et de créer de nouveaux plants pleins de vitalité. Aborder ces deux aspects avec soin et savoir-faire est la promesse de jardins et de balcons richement fleuris.

La première étape de la plantation consiste à choisir le bon contenant. La taille du pot est primordiale : il doit être suffisamment grand pour permettre aux racines de se développer, mais pas excessivement, car un volume de terre trop important retiendrait l’humidité trop longtemps. Un pot d’un diamètre de 15 à 20 centimètres est souvent un bon point de départ pour un jeune plant. Le matériau a aussi son importance ; les pots en terre cuite sont poreux et favorisent une meilleure aération des racines et un séchage plus rapide du substrat, ce qui est idéal pour cette plante qui craint l’excès d’eau. Les contenants en plastique, moins chers, retiennent davantage l’humidité et demandent donc une plus grande vigilance sur l’arrosage.

Quel que soit le matériau choisi, la présence de trous de drainage au fond du pot est absolument non négociable. Sans une évacuation efficace de l’excès d’eau, le substrat deviendrait saturé, privant les racines d’oxygène et conduisant inévitablement à la pourriture. Pour améliorer encore le drainage, il est vivement conseillé de placer une couche de billes d’argile, de graviers ou de tessons de pot au fond du contenant avant d’y ajouter le terreau. Cette couche de drainage crée une zone tampon qui empêche les racines de baigner dans l’eau qui pourrait stagner dans la soucoupe.

Le choix du substrat est le deuxième pilier d’une plantation réussie. Le pélargonium à grandes fleurs a besoin d’un sol riche, mais surtout léger et aéré. Les terreaux universels bas de gamme, souvent trop denses et tourbeux, sont à proscrire. Il est préférable d’investir dans un terreau de qualité spécifique pour « géraniums et plantes fleuries », qui est déjà formulé pour répondre à ces exigences. Pour les jardiniers plus exigeants, créer son propre mélange est une excellente option : deux tiers de bon terreau, un tiers de compost bien mûr pour la richesse, et une bonne poignée de perlite ou de vermiculite pour garantir une aération et un drainage parfaits.

La plantation elle-même doit être réalisée avec délicatesse. Après avoir préparé le pot avec sa couche de drainage et une première couche de terreau, on dépote délicatement le plant de son godet d’origine. Il est important d’examiner les racines : si elles forment un chignon dense et enroulé au fond du pot, il faut les démêler doucement avec les doigts pour les encourager à coloniser le nouveau substrat. On place ensuite la motte au centre du nouveau pot, en veillant à ce que le haut de la motte (le collet) arrive juste un ou deux centimètres en dessous du rebord du pot. On comble ensuite les vides avec le reste du terreau, en tassant légèrement, puis on termine par un arrosage copieux pour bien mettre la terre en contact avec les racines.

La multiplication par bouturage

Le bouturage est la méthode la plus simple, la plus rapide et la plus fiable pour multiplier le pélargonium à grandes fleurs. Cette technique de multiplication végétative permet d’obtenir de nouveaux plants génétiquement identiques à la plante mère, conservant ainsi toutes les caractéristiques de la variété, comme la couleur et la forme des fleurs. Le meilleur moment pour réaliser des boutures se situe à la fin de l’été, en août ou septembre, en utilisant les tiges saines et vigoureuses qui ont poussé durant la saison. On peut également pratiquer le bouturage au printemps, avec les nouvelles pousses.

Pour prélever une bouture, il faut choisir une tige saine, sans fleurs ni boutons floraux. L’idéal est une extrémité de tige qui n’est ni trop jeune et tendre, ni trop vieille et ligneuse. À l’aide d’un sécateur ou d’un couteau bien aiguisé et désinfecté, on coupe un segment de tige d’environ 8 à 12 centimètres de long. La coupe doit être nette et réalisée juste en dessous d’un nœud (le point d’insertion d’une feuille sur la tige), car c’est à cet endroit que les racines se formeront le plus facilement. Une coupe nette et propre réduit les risques d’infection et favorise une cicatrisation rapide.

Une fois la bouture prélevée, une petite préparation est nécessaire avant la mise en terre. Il faut retirer délicatement les feuilles situées sur la moitié inférieure de la tige, en ne conservant que les deux ou trois feuilles du sommet. Si ces feuilles sont grandes, on peut les couper de moitié pour réduire l’évaporation et éviter que la bouture ne se déshydrate avant d’avoir pu former des racines. Laisser trop de feuilles épuiserait la bouture, qui n’a pas encore de système racinaire pour absorber l’eau nécessaire. On laisse ensuite la bouture sécher à l’air libre pendant quelques heures pour que la plaie de coupe forme un cal de cicatrisation, ce qui limite les risques de pourriture.

La mise en pot des boutures est l’étape finale du processus. On remplit des petits pots ou des godets avec un substrat très léger et drainant, idéalement un mélange de terreau de semis et de sable ou de perlite. L’utilisation d’hormone de bouturage, une poudre que l’on applique sur la base de la tige, n’est pas indispensable mais peut augmenter les chances de succès et accélérer l’enracinement. On fait un petit trou dans le substrat avec un crayon, on y insère la base de la bouture sur environ 3 à 4 centimètres de profondeur, puis on tasse délicatement la terre autour. Un léger arrosage termine l’opération.

Les soins après la plantation

Les premières semaines suivant la plantation ou le rempotage sont une période critique où la plante est particulièrement vulnérable. Après la plantation, il est conseillé de placer le pot dans un endroit lumineux mais à l’abri du soleil direct pendant quelques jours. Cela permet à la plante de s’acclimater à son nouvel environnement sans subir le stress d’une forte insolation, le temps que ses racines commencent à s’établir. Un arrosage initial copieux est nécessaire, mais il faut ensuite laisser le substrat sécher légèrement avant d’arroser à nouveau pour ne pas asphyxier les racines en phase de reprise.

La surveillance de l’humidité du sol est cruciale durant cette phase d’établissement. Il est important de trouver le juste équilibre pour encourager la croissance des racines. Un sol constamment détrempé est le plus grand danger, tandis qu’un sol trop sec peut entraver le développement des nouvelles radicelles. La méthode du doigt reste la plus fiable pour évaluer les besoins en eau. On attend généralement que les premiers signes de croissance active, comme l’apparition de nouvelles feuilles, se manifestent avant de reprendre un rythme normal de fertilisation.

Il est également important de protéger la jeune plante des conditions météorologiques extrêmes. Les vents forts peuvent la dessécher rapidement ou même briser ses tiges encore fragiles. De même, les pluies battantes peuvent tasser le substrat et le saturer en eau. Si la plante est sur un balcon ou une terrasse, il peut être judicieux de la placer temporairement dans un coin plus abrité le temps qu’elle se fortifie. Cette période de « convalescence » post-plantation dure généralement deux à trois semaines.

Une fois que la plante montre des signes évidents de reprise, c’est-à-dire qu’elle produit de nouvelles pousses et que son feuillage est bien vert et ferme, on peut considérer qu’elle est bien établie. C’est à ce moment-là qu’on peut commencer à l’exposer progressivement à un ensoleillement plus direct et à intégrer un programme de fertilisation régulière. Un premier apport d’engrais liquide dilué de moitié peut être effectué environ un mois après la plantation pour soutenir la nouvelle croissance et la future floraison.

Le suivi des jeunes boutures

Le succès du bouturage dépend en grande partie des soins apportés durant la phase d’enracinement. Une fois les boutures mises en pot, elles doivent être placées dans un endroit chaud et très lumineux, mais impérativement à l’abri du soleil direct qui les brûlerait. Une mini-serre ou le fait de couvrir les pots avec un sac en plastique transparent peut aider à maintenir une hygrométrie élevée, ce qui favorise la reprise. Il faut cependant aérer régulièrement pour éviter le développement de moisissures.

L’arrosage des boutures doit être très parcimonieux. Le substrat doit être maintenu légèrement humide, mais jamais détrempé. L’excès d’eau est la principale cause d’échec, car il provoque la pourriture de la base de la bouture avant même que les racines n’aient eu le temps de se former. Le meilleur moyen d’arroser est par capillarité, en plaçant les pots dans une soucoupe remplie d’eau pendant quelques minutes, le temps que le substrat s’humidifie par le bas, puis en retirant l’excès d’eau.

La patience est une vertu essentielle dans le processus de bouturage. L’enracinement peut prendre de trois à six semaines, voire plus, en fonction de la température et de la luminosité. Le signe le plus fiable de la réussite est l’apparition de nouvelles petites feuilles au sommet de la bouture. C’est le signal que le système racinaire est en train de se former et que la bouture est devenue un plant autonome. Il ne faut surtout pas tirer sur la bouture pour vérifier si des racines se sont formées, car cela endommagerait les jeunes radicelles très fragiles.

Une fois que les boutures sont bien enracinées et ont produit plusieurs nouvelles feuilles, on peut commencer à les acclimater progressivement à des conditions normales. On retire la protection en plastique si elle était utilisée et on augmente petit à petit l’exposition à la lumière directe. C’est aussi le moment où l’on peut commencer une fertilisation très légère, avec un engrais liquide dilué au quart de la dose recommandée. Lorsque le jeune plant est suffisamment vigoureux, il peut être rempoté dans un pot individuel de taille légèrement supérieure pour poursuivre sa croissance.

Le choix du moment opportun

Le calendrier des opérations de plantation et de multiplication est un facteur clé de succès. La meilleure période pour la plantation ou le rempotage des pélargoniums est le printemps, généralement entre mars et mai, après les derniers risques de gelées. À ce moment, la plante sort de sa période de dormance et entre dans sa phase de croissance active, ce qui lui permet de s’établir rapidement et de profiter de toute la saison pour se développer et fleurir. Planter trop tard en saison peut réduire la période de floraison.

Pour la multiplication, comme mentionné précédemment, la fin de l’été est souvent considérée comme la période idéale. Les tiges prélevées à ce moment sont « aoûtées », c’est-à-dire qu’elles ont atteint une maturité parfaite, ni trop tendres ni trop dures, ce qui favorise un bon taux de réussite. Les boutures réalisées à cette période auront tout l’hiver pour s’enraciner tranquillement à l’intérieur, dans un endroit frais et lumineux, pour être prêtes à être plantées en pleine terre ou en pot au printemps suivant, déjà bien développées.

Le rempotage des plants existants est une opération qui doit être effectuée lorsque la plante se sent à l’étroit dans son pot. On le remarque lorsque les racines sortent par les trous de drainage ou lorsque le substrat s’assèche très rapidement après l’arrosage. En général, un rempotage tous les un à deux ans au début du printemps est suffisant. C’est l’occasion de renouveler le substrat qui s’est appauvri et de donner plus d’espace aux racines, ce qui redonnera un coup de fouet à la plante.

Il faut éviter de planter ou de rempoter durant les périodes de canicule en plein été. Le choc de la transplantation combiné au stress hydrique et thermique peut être fatal pour la plante. De même, il est déconseillé de procéder à ces opérations à l’approche de l’hiver, car la plante entre en dormance et n’aura pas l’énergie nécessaire pour coloniser son nouveau pot avant la période de repos. Le respect du cycle végétatif de la plante est donc essentiel pour mettre toutes les chances de son côté.

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