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La plantation et la multiplication du lavandin

Linden · 29.08.2025.

Planter et multiplier son propre lavandin est une expérience gratifiante qui permet d’embellir durablement son jardin avec une plante à la fois esthétique, parfumée et peu exigeante. Pour réussir cette entreprise, il est fondamental de comprendre et de respecter les besoins spécifiques de cette plante méditerranéenne, qui dicteront le choix de l’emplacement et la méthode de préparation du sol. Une plantation effectuée dans les règles de l’art est le gage d’un bon départ et d’un développement vigoureux pour les années à venir. De même, les techniques de multiplication, comme le bouturage ou le marcottage, sont des moyens simples et efficaces pour obtenir de nouveaux plants gratuitement, identiques en tout point à la plante mère, assurant ainsi la pérennité de vos variétés préférées. Ces gestes, bien que techniques, sont à la portée de tous les jardiniers, même les débutants.

Le choix de l’emplacement est la première étape et sans doute la plus critique pour la réussite de la plantation du lavandin. Cet arbuste a une exigence absolue : le plein soleil. Il a besoin d’au moins six à huit heures d’ensoleillement direct par jour pour prospérer, développer son parfum intense et offrir une floraison spectaculaire. Un emplacement orienté au sud ou à l’ouest est idéal. Il faut absolument éviter les zones ombragées par des arbres, des bâtiments ou d’autres plantes plus hautes, car un manque de lumière entraînera un étiolement, une faible floraison et une sensibilité accrue aux maladies.

Le type de sol est le second critère non négociable. Le lavandin déteste avoir les « pieds dans l’eau » et requiert un sol parfaitement drainé. Les sols légers, sablonneux ou caillouteux sont parfaits pour lui. Si votre terre de jardin est lourde, argileuse et compacte, il est impératif de l’amender en profondeur pour améliorer sa perméabilité. L’ajout de sable de rivière à gros grains, de graviers fins ou de compost bien mûr aidera à alléger la structure du sol et à garantir que l’eau ne stagne jamais au niveau des racines, ce qui est la cause la plus fréquente d’échec de la culture.

La circulation de l’air est un autre élément souvent sous-estimé mais essentiel à la santé du lavandin. Un emplacement bien aéré permet au feuillage de sécher rapidement après la pluie ou la rosée matinale, limitant ainsi considérablement les risques de développement de maladies fongiques. Il faut donc éviter de planter le lavandin dans des « cuvettes » ou des zones confinées où l’air stagne. Planter sur une légère pente ou sur une butte surélevée peut être une excellente solution, non seulement pour améliorer la circulation de l’air, mais aussi pour parfaire le drainage naturel du sol.

Enfin, avant de faire le trou de plantation, il est important de visualiser la taille adulte de la plante. Le lavandin peut devenir un arbuste assez volumineux, atteignant souvent 80 cm de hauteur et de largeur, voire plus pour certains cultivars. Il faut donc prévoir un espacement suffisant entre les plants, au minimum 60 à 80 cm, pour permettre à chacun de se développer harmonieusement sans entrer en compétition avec ses voisins. Cet espacement est également crucial pour maintenir une bonne aération au cœur du massif et faciliter les futures opérations d’entretien, comme la taille.

Préparation du sol et plantation

Une fois l’emplacement idéal choisi, une bonne préparation du sol est la clé pour donner au lavandin toutes les chances de bien s’établir. Commencez par désherber soigneusement la zone et travaillez le sol sur une profondeur d’au moins 30 à 40 centimètres. C’est le moment d’incorporer les amendements nécessaires si votre sol est lourd. Ajoutez une bonne quantité de sable grossier ou de petits graviers et mélangez-les intimement à la terre extraite. Un peu de compost bien décomposé peut également être ajouté pour améliorer la structure, mais sans excès, car le lavandin n’apprécie pas les sols trop riches.

Le trou de plantation doit être environ deux fois plus large et aussi profond que la motte du plant que vous allez installer. Cette largeur supplémentaire permet de décompacter la terre environnante, facilitant ainsi l’expansion des jeunes racines. Avant de placer la plante, il est judicieux de griffer délicatement la motte avec vos doigts ou une petite fourchette, surtout si les racines ont commencé à tourner en cercle au fond du pot (phénomène de chignonage). Cette action simple encourage les racines à explorer le nouveau sol plutôt qu’à continuer de s’enrouler sur elles-mêmes.

La plantation en elle-même est une étape simple. Positionnez la motte au centre du trou en veillant à ce que le haut de la motte, appelé le collet, soit au même niveau ou légèrement au-dessus du niveau du sol environnant. Il ne faut jamais enterrer le collet du lavandin, car cela favoriserait l’apparition de pourritures. Une fois la plante bien positionnée, comblez le trou avec le mélange de terre et d’amendements que vous avez préparé, en tassant légèrement avec les mains autour de la motte pour éliminer les poches d’air et assurer un bon contact entre les racines et la terre.

L’étape finale de la plantation est l’arrosage. Juste après la mise en terre, arrosez copieusement pour bien imbiber la motte et tasser le sol naturellement autour des racines. Cet arrosage initial est crucial, même si le lavandin est une plante de sécheresse. Par la suite, pendant la première année, il faudra surveiller l’arrosage de manière régulière mais sans excès, en laissant le sol sécher entre deux apports d’eau, pour accompagner la plante dans son établissement. Cette première phase est déterminante pour le développement de son futur système racinaire profond et résistant.

La multiplication par bouturage

Le bouturage est la méthode la plus simple et la plus populaire pour multiplier le lavandin, car elle permet d’obtenir de nouveaux plants génétiquement identiques à la plante mère. La meilleure période pour réaliser des boutures se situe à la fin de l’été, en août ou septembre, en utilisant des pousses de l’année qui commencent à durcir à leur base. On parle de boutures semi-aoûtées. Il est également possible de faire des boutures herbacées au printemps, mais elles sont plus fragiles et demandent plus de surveillance pour ne pas se déshydrater.

Pour prélever les boutures, choisissez des tiges saines et vigoureuses qui n’ont pas fleuri. À l’aide d’un sécateur propre et bien aiguisé, coupez des extrémités de tiges d’environ 10 à 15 centimètres de long. La coupe doit être faite juste en dessous d’un nœud (le point d’insertion des feuilles sur la tige). Une fois les tiges prélevées, préparez chaque bouture en retirant les feuilles sur la moitié inférieure de la tige. Cette partie effeuillée sera celle qui sera mise en terre pour développer des racines.

La préparation du substrat de bouturage est importante pour favoriser l’enracinement. Un mélange léger et drainant est idéal, par exemple moitié terreau de bouturage et moitié sable de rivière ou perlite. Remplissez de petits pots avec ce mélange et humidifiez-le légèrement. Vous pouvez tremper la base de chaque bouture dans une poudre d’hormone de bouturage pour augmenter les chances de succès, bien que le lavandin s’enracine souvent assez facilement sans. Piquez ensuite les boutures dans le substrat sur environ la moitié de leur longueur et tassez doucement autour.

Placez les pots de boutures dans un endroit lumineux mais à l’abri du soleil direct, par exemple sous un châssis ou dans une serre froide. L’enracinement prend généralement plusieurs semaines, voire quelques mois. Il est important de maintenir le substrat légèrement humide mais jamais détrempé. On sait qu’une bouture a pris lorsqu’elle commence à produire de nouvelles petites feuilles. Les jeunes plants pourront être rempotés individuellement au printemps suivant, puis plantés en pleine terre lorsque leur système racinaire sera suffisamment développé.

Techniques de marcottage

Le marcottage est une autre méthode de multiplication végétative très efficace et presque infaillible pour le lavandin. Elle consiste à provoquer l’enracinement d’une tige alors qu’elle est encore attachée à la plante mère. L’avantage de cette technique est que la tige continue d’être alimentée par la plante d’origine pendant tout le processus d’enracinement, ce qui minimise les risques d’échec. Le marcottage se pratique généralement au printemps sur une tige souple et basse de la plante.

Pour réaliser un marcottage simple, choisissez une longue tige saine située près de la base du lavandin. Courbez délicatement cette tige vers le sol. À l’endroit où la tige touche la terre, effeuillez-la sur quelques centimètres et faites une légère incision sur la partie inférieure de la tige à cet endroit. Cette petite blessure stimulera l’émission de racines. Enterrez cette partie incisée dans une petite tranchée de quelques centimètres de profondeur, en veillant à ce que l’extrémité de la tige, avec ses feuilles, ressorte du sol et soit redressée verticalement.

Pour maintenir la partie enterrée bien en contact avec la terre, fixez-la à l’aide d’un crochet métallique (un simple fil de fer plié en U suffit) ou d’une pierre plate. Recouvrez ensuite la partie enterrée avec de la terre fine ou un peu de terreau, et tassez légèrement. Vous pouvez marquer l’emplacement avec un petit bâton pour vous en souvenir. Il est important de garder la zone de marcottage légèrement humide pendant les mois qui suivent pour encourager le développement des racines.

L’enracinement peut prendre plusieurs mois, parfois jusqu’à l’année suivante. Pour vérifier si la marcotte a réussi, vous pouvez tirer très légèrement dessus à l’automne ou au printemps suivant ; si vous sentez une résistance, c’est que les racines se sont formées. À ce moment-là, vous pouvez sevrer la nouvelle plante en coupant la tige qui la relie à la plante mère. Il est conseillé d’attendre encore quelques semaines avant de déterrer délicatement le nouveau plant avec sa motte de racines pour le transplanter à son emplacement définitif.

Soins post-plantation et post-multiplication

Après la plantation en pleine terre, les soins de la première année sont déterminants pour l’avenir du jeune lavandin. L’arrosage doit être suivi avec attention : il faut apporter de l’eau régulièrement pour maintenir le sol frais mais non détrempé, le temps que le système racinaire se développe. Le paillage avec une fine couche de gravier peut aider à conserver une certaine humidité à la base tout en protégeant le collet de l’excès d’eau. Il est également crucial de maintenir la zone propre en enlevant les mauvaises herbes qui pourraient concurrencer le jeune plant pour l’eau et les nutriments.

Les jeunes plants issus de boutures ou de marcottes nécessitent une attention particulière. Une fois enracinés, il est préférable de les cultiver en pot pendant plusieurs mois avant de les installer en pleine terre. Cela permet de contrôler plus facilement leur environnement et de s’assurer qu’ils développent un système racinaire robuste. Choisissez un pot légèrement plus grand que le précédent et utilisez un terreau bien drainant. Placez-les dans un endroit ensoleillé et protégez-les des vents forts et des gelées tardives au printemps.

La première taille de formation est également importante. Sur un jeune plant, une légère taille des extrémités des tiges après la première floraison (ou à la fin du premier été s’il n’a pas fleuri) encouragera la plante à se ramifier dès la base. Cela permet d’éviter qu’elle ne forme une seule tige principale et de favoriser l’obtention d’une touffe dense et compacte dès le début. Cette taille doit être très légère, en se contentant de pincer les nouvelles pousses.

Enfin, il faut faire preuve de patience. Le lavandin peut paraître lent à démarrer durant sa première année, car il consacre beaucoup d’énergie au développement de ses racines. Ce n’est souvent qu’à partir de la deuxième ou de la troisième année qu’il atteindra sa taille de croisière et offrira une floraison vraiment spectaculaire. Un bon départ, grâce à une plantation soignée et des soins post-plantation attentifs, est la meilleure garantie pour profiter de cette magnifique plante pendant de longues années.

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