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La plantation et la multiplication du haricot

Daria · 27.04.2025.

La réussite de la culture des haricots commence bien avant que les premières gousses n’apparaissent ; elle prend racine dans une plantation et une multiplication méticuleuses. Comprendre les subtilités du semis, depuis le choix des graines jusqu’aux conditions idéales de germination, est fondamental pour tout jardinier souhaitant obtenir une récolte généreuse. La multiplication du haricot, principalement par semis, est un processus accessible qui permet non seulement de pérenniser ses variétés préférées d’une année sur l’autre, mais aussi d’adapter parfaitement son calendrier de culture aux spécificités de son climat et de son potager. C’est en maîtrisant ces gestes initiaux que l’on pose les fondations d’une saison de jardinage productive et savoureuse, transformant de simples graines en une profusion de légumes.

La première étape consiste à sélectionner des semences de qualité. Il est préférable d’opter pour des graines récentes, car leur pouvoir germinatif diminue avec le temps. Le choix de la variété est tout aussi crucial et doit être réfléchi en fonction de l’espace disponible (variétés naines ou à rames), du climat de la région et de l’usage culinaire souhaité (haricots filets, mangetouts, à écosser). Une fois les graines choisies, il est parfois recommandé de les faire tremper dans de l’eau à température ambiante pendant quelques heures, voire une nuit entière, avant le semis. Cette opération permet de ramollir le tégument (l’enveloppe de la graine) et d’accélérer le processus de germination, surtout si le sol est un peu sec.

Le moment de la plantation est un facteur déterminant. Le haricot est une plante d’origine chaude qui craint le gel. Il ne faut donc jamais se précipiter pour le semer. La condition sine qua non est d’attendre que la température du sol atteigne au moins 12°C, et idéalement 15°C, et que tout risque de gelée tardive soit définitivement écarté. En général, dans les climats tempérés, cette période se situe entre la mi-mai et la fin juillet. Semer dans un sol trop froid entraînerait inévitablement la pourriture des semences et un échec de la levée.

La préparation du sol est la dernière étape avant la mise en terre. Le haricot n’est pas particulièrement gourmand et redoute les excès d’azote, qui favorisent le feuillage au détriment des fleurs et des gousses. Il est donc inutile, voire déconseillé, de faire un apport de fumier frais ou d’engrais azoté juste avant la plantation. Un sol ayant reçu un amendement en compost mûr à l’automne précédent sera parfait. L’essentiel est de travailler la terre pour l’ameublir en profondeur, la débarrasser des cailloux et des racines de mauvaises herbes, et de la niveler en surface avec un râteau pour créer un lit de semence fin et accueillant.

Les différentes techniques de semis

Il existe principalement deux méthodes pour semer les haricots : le semis en ligne et le semis en poquets. Le semis en ligne est particulièrement adapté aux variétés naines. Il consiste à creuser un sillon peu profond, d’environ 3 à 5 centimètres de profondeur. On y dépose ensuite une graine tous les 5 à 7 centimètres, puis on recouvre délicatement de terre fine avant de tasser légèrement avec le dos du râteau. Il est important de respecter un espacement d’environ 40 à 50 centimètres entre chaque ligne pour permettre aux plantes de se développer correctement et pour faciliter l’entretien et la récolte.

Le semis en poquets est la méthode traditionnellement utilisée pour les haricots à rames, mais elle convient aussi aux variétés naines. Elle consiste à creuser des trous (les poquets) de 3 à 5 centimètres de profondeur, espacés d’environ 40 centimètres les uns des autres en tous sens. Dans chaque poquet, on dépose 4 à 6 graines, que l’on recouvre ensuite de terre. L’avantage de cette technique est qu’elle crée des touffes de plantes robustes qui se soutiennent mutuellement. Pour les haricots grimpants, le tuteur ou le support (filet, tipi) sera installé au centre de chaque poquet.

Une autre technique, moins courante mais utile pour les jardiniers pressés ou souhaitant prendre de l’avance, est le semis en godets. Cette méthode se pratique à l’abri (sous serre, châssis ou en intérieur) environ trois à quatre semaines avant la date de plantation prévue en pleine terre. On sème 2 à 3 graines par godet rempli de terreau. Après la levée, on ne conserve que le plant le plus vigoureux. Les jeunes plants seront ensuite repiqués au jardin une fois que le sol sera suffisamment réchauffé et que les risques de gel seront passés, en veillant à ne pas perturber la motte de racines.

Quelle que soit la technique choisie, l’arrosage après le semis est une étape cruciale. Il doit être réalisé en pluie fine pour ne pas déplacer les graines et pour bien humidifier la terre en profondeur. Il est ensuite essentiel de maintenir le sol frais, mais sans excès d’eau, jusqu’à la germination. La levée des plantules intervient généralement entre 8 et 15 jours après le semis, en fonction de la température du sol et de l’humidité. Une fois les plants levés, un premier binage permettra d’aérer la surface du sol et d’éliminer les premières mauvaises herbes.

La multiplication pour la conservation des variétés

La multiplication des haricots par le jardinier amateur vise principalement à produire ses propres semences pour l’année suivante. Cette démarche permet de conserver des variétés anciennes ou particulièrement adaptées à son terroir, qui ne sont pas toujours disponibles dans le commerce. Pour ce faire, il est impératif de travailler avec des variétés dites « fixées » ou à pollinisation ouverte, car les variétés hybrides F1 ne produisent pas de graines fiables reproduisant les mêmes caractéristiques. Il faut s’assurer de l’origine de ses semences initiales avant de se lancer dans la multiplication.

La sélection des porte-graines est une étape clé pour garantir la qualité des futures semences. Au cours de la saison de culture, il faut repérer les plants les plus sains, les plus productifs et les plus conformes aux caractéristiques de la variété (port de la plante, couleur et forme des gousses, etc.). Il est judicieux de marquer ces plants avec un ruban ou une étiquette pour ne pas les récolter par mégarde. On laisse ensuite les gousses de ces plants sélectionnés arriver à pleine maturité et sécher complètement sur pied.

Pour préserver la pureté de la variété, il est important de gérer le risque de croisements. Bien que le haricot soit une plante majoritairement autogame (elle s’autoféconde), des hybridations entre différentes variétés peuvent se produire par l’intermédiaire des insectes pollinisateurs. Pour éviter cela, il est recommandé de respecter une distance d’isolement d’au moins 10 à 50 mètres entre deux variétés de haricots différentes. Si l’espace est limité, on peut cultiver une seule variété par an ou utiliser des barrières physiques comme des cultures de plantes hautes (maïs, tournesol) entre les variétés.

Une fois les gousses parfaitement sèches et cassantes, on peut procéder à la récolte des semences. Il suffit d’écosser les gousses et de récupérer les grains. Un tri minutieux est alors nécessaire pour éliminer les graines mal formées, tachées ou trop petites. Un dernier séchage de quelques jours dans un lieu sec et aéré est indispensable avant le stockage. Les graines se conservent ensuite dans un sachet en papier ou un bocal hermétique, étiqueté avec le nom de la variété et l’année, et placé dans un endroit frais, sombre et sec. Leur durée germinative est d’environ 3 à 5 ans.

Les conditions optimales pour la germination

La germination est le processus par lequel l’embryon contenu dans la graine sort de sa dormance et commence à se développer pour donner une nouvelle plante. Pour que ce phénomène se produise, trois conditions principales doivent être réunies : la présence d’eau, une température adéquate et une bonne aération. L’eau est essentielle pour réhydrater les tissus de la graine et activer les processus métaboliques nécessaires à la croissance de l’embryon. C’est pourquoi un sol maintenu frais après le semis est si important.

La température du sol est sans doute le facteur le plus critique pour la germination du haricot. En dessous de 10-12°C, la germination est très lente, voire impossible, et les graines sont très vulnérables à la pourriture causée par les champignons du sol. La température optimale pour une germination rapide et homogène se situe entre 20°C et 25°C. À ces températures, la levée peut se faire en moins d’une semaine. Il est donc crucial de respecter le calendrier de semis et d’attendre le réchauffement printanier.

L’aération du sol, c’est-à-dire la présence d’oxygène, est également indispensable. La respiration cellulaire est un processus vital pour la graine en germination, et elle nécessite de l’oxygène. Un sol trop compact, gorgé d’eau ou asphyxiant limitera fortement la germination. C’est la raison pour laquelle il est si important d’ameublir le sol avant le semis et d’éviter les excès d’arrosage qui chassent l’air des pores du sol. Un bon drainage est donc une qualité primordiale pour le terrain qui accueillera les haricots.

La profondeur de semis a aussi son importance. Si les graines sont semées trop profondément, la jeune plantule épuisera ses réserves avant d’atteindre la surface et la lumière. À l’inverse, si elles ne sont pas assez enterrées, elles risquent de se dessécher rapidement ou d’être mangées par les oiseaux. La profondeur idéale pour les graines de haricot se situe entre 3 et 5 centimètres. Dans les sols légers et sableux, on peut se permettre de semer un peu plus profondément que dans les sols lourds et argileux.

Le repiquage et les soins post-plantation

Le repiquage concerne principalement les haricots qui ont été semés en godets à l’abri. Cette opération doit être réalisée avec soin pour minimiser le stress de la plante. Il est préférable de procéder par temps couvert ou en fin de journée pour éviter que les jeunes plants ne souffrent de la chaleur et du soleil direct. Il faut bien humidifier la motte avant de la dépoter pour qu’elle reste compacte et que les racines ne soient pas abîmées. On place ensuite la motte dans un trou de plantation de taille légèrement supérieure, on comble avec de la terre fine et on tasse légèrement autour du collet.

Juste après le semis en pleine terre ou le repiquage, un arrosage copieux est nécessaire pour assurer un bon contact entre les racines (ou la graine) et la terre. Par la suite, les soins consisteront principalement à maintenir le sol propre et aéré. Le binage régulier est une pratique bénéfique qui permet non seulement d’éliminer les jeunes mauvaises herbes, mais aussi de créer une couche de terre meuble en surface qui limite l’évaporation de l’eau. Un vieux dicton de jardinier dit « un binage vaut deux arrosages ».

Lorsque les plants atteignent une hauteur de 10 à 20 centimètres, il est temps de procéder au buttage. Cette opération consiste à ramener de la terre autour de la base des tiges sur une hauteur de quelques centimètres. Le buttage a plusieurs avantages : il renforce l’ancrage des plantes dans le sol, les rendant plus résistantes au vent ; il favorise le développement de nouvelles racines adventives sur la partie enterrée de la tige, améliorant ainsi l’alimentation en eau et en nutriments ; et il protège le collet de la plante.

L’installation d’un paillage est fortement recommandée une fois que le buttage est réalisé et que le sol est bien réchauffé. On peut utiliser de la paille, des tontes de gazon séchées, des feuilles mortes ou du broyat de branches. Cette couche protectrice maintiendra l’humidité du sol, réduisant ainsi la fréquence des arrosages. Elle empêchera également la prolifération des mauvaises herbes et protégera la structure du sol contre le tassement provoqué par les fortes pluies.

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