Planter et multiplier un cerisier ornemental japonais sont des étapes fondatrices qui déterminent la santé et la beauté future de cet arbre emblématique. Une plantation réussie ne se résume pas à creuser un trou ; elle nécessite une préparation minutieuse du site, un choix judicieux de l’emplacement et une technique de mise en terre soignée pour assurer une reprise rapide et vigoureuse. De même, la multiplication de ces arbres, bien que plus technique, permet de perpétuer la splendeur de variétés spécifiques et d’agrandir sa collection personnelle ou de partager ce trésor végétal. Comprendre les subtilités de ces processus est essentiel pour tout jardinier souhaitant accueillir ce symbole du printemps dans son jardin. C’est en posant ces premières pierres avec savoir-faire que tu garantiras à ton cerisier des décennies de floraison spectaculaire.
Le moment idéal pour la plantation
Le choix du moment pour planter ton cerisier japonais est d’une importance capitale pour sa bonne reprise. La période la plus propice est l’automne, de fin septembre à novembre, lorsque l’arbre est entré en dormance. Planter à cette saison permet aux racines de commencer à s’établir dans le sol encore chaud avant l’arrivée des grands froids de l’hiver, donnant à l’arbre une longueur d’avance pour le printemps suivant. Il pourra ainsi consacrer toute son énergie à la production de nouvelles feuilles et de fleurs dès le réveil de la nature, plutôt qu’à la formation de ses racines.
Si tu manques la fenêtre de plantation automnale, le début du printemps, de mars à début avril, est une autre excellente option. Il est crucial de planter avant le débourrement (l’ouverture des bourgeons), alors que l’arbre est encore en dormance. Planter au printemps nécessite cependant un suivi plus attentif de l’arrosage pendant la première saison de croissance, car l’arbre devra simultanément développer son système racinaire et produire son feuillage. Les chaleurs estivales peuvent arriver rapidement, augmentant le risque de stress hydrique pour un jeune arbre pas encore totalement établi.
Il faut impérativement éviter de planter pendant les périodes de conditions météorologiques extrêmes. La plantation en plein été est fortement déconseillée en raison de la chaleur intense et du risque élevé de sécheresse, qui peuvent être fatals pour un jeune arbre en phase d’acclimatation. De même, la plantation en plein hiver, lorsque le sol est gelé ou gorgé d’eau, est à proscrire. Le sol gelé rend le travail impossible et les racines ne pourraient de toute façon pas se développer.
Le choix entre un arbre à racines nues, en motte ou en conteneur peut également influencer le moment de la plantation. Les arbres à racines nues doivent impérativement être plantés pendant la période de dormance, en automne ou au début du printemps. Les arbres en conteneur, quant à eux, offrent plus de flexibilité et peuvent techniquement être plantés à n’importe quel moment de l’année, sauf en période de gel ou de canicule. Cependant, même pour ces derniers, la plantation en automne reste la meilleure garantie de succès.
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La préparation du sol et du trou de plantation
Une préparation adéquate du site de plantation est un gage de réussite pour l’avenir de ton cerisier. Commence par choisir un emplacement bénéficiant d’un plein soleil et d’un sol parfaitement drainé, comme mentionné précédemment. Une fois l’endroit idéal trouvé, l’étape suivante consiste à préparer le trou de plantation. Celui-ci doit être nettement plus large que profond ; une bonne règle est de creuser un trou au moins deux à trois fois plus large que la motte ou le système racinaire de l’arbre, mais seulement aussi profond que la hauteur de la motte.
Creuser un trou large permet de décompacter la terre environnante, ce qui facilitera la pénétration des nouvelles racines dans le sol. Il est très important de ne pas creuser le trou plus profond que la motte, car cela pourrait provoquer un affaissement de l’arbre une fois le sol tassé, enterrant le collet (la jonction entre les racines et le tronc) trop profondément. Le collet doit toujours se trouver au niveau du sol ou légèrement au-dessus pour éviter les problèmes de pourriture qui pourraient être fatals à l’arbre.
La terre que tu as retirée du trou doit être améliorée avant de servir au remblayage. Mélange-la à parts égales avec un bon compost mûr, du terreau de plantation ou du fumier bien décomposé. Cet amendement organique améliorera la structure du sol, sa capacité de rétention d’eau et sa fertilité, offrant aux jeunes racines un environnement riche et accueillant pour leur développement. Évite d’utiliser des engrais chimiques directement dans le trou de plantation, car ils pourraient brûler les racines sensibles.
Si ton sol est lourd et argileux, il est primordial d’améliorer le drainage. En plus de l’ajout de compost, tu peux incorporer un peu de sable grossier ou de gravier fin au mélange de terre. Dans les cas de drainage très médiocre, il peut être judicieux de planter le cerisier sur une légère butte ou un lit surélevé. Cela permet de surélever la majorité du système racinaire au-dessus du niveau du sol saturé en eau, prévenant ainsi l’asphyxie et la pourriture des racines.
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Les étapes de la mise en terre
La mise en terre de ton cerisier japonais est un processus délicat qui doit être effectué avec soin. Si tu as un arbre à racines nues, il est conseillé de faire tremper ses racines dans un seau d’eau ou une boue argileuse (pralin) pendant quelques heures avant la plantation pour bien les réhydrater. Pour un arbre en conteneur, arrose abondamment la motte avant de le dépoter délicatement. Inspecte le système racinaire et, si les racines forment un chignon dense, démêle-les doucement avec tes doigts ou fais quelques entailles verticales avec un couteau pour encourager leur expansion dans le nouveau sol.
Place l’arbre au centre du trou de plantation, en t’assurant qu’il est bien droit. Utilise une planche ou un manche d’outil posé en travers du trou pour vérifier que le haut de la motte ou le collet de l’arbre est bien au niveau du sol environnant. Ajuste la profondeur si nécessaire en ajoutant ou en retirant de la terre ameublie au fond du trou. C’est une étape cruciale : un arbre planté trop profondément ou trop superficiellement aura des difficultés à s’établir correctement.
Commence ensuite à remblayer le trou avec le mélange de terre et de compost que tu as préparé. Tasse légèrement la terre au fur et à mesure pour éliminer les poches d’air, qui pourraient dessécher les racines. N’utilise pas tes pieds pour tasser la terre trop fortement, car cela compacterait excessivement le sol et nuirait au développement des racines. Continue de remplir jusqu’à ce que le trou soit comblé et que le sol soit au même niveau qu’alentour.
Une fois la plantation terminée, forme une cuvette d’arrosage avec la terre restante autour de la base de l’arbre. Cette bordure en terre, d’environ 10 cm de haut, aidera à retenir l’eau et à la diriger directement vers les racines. Procède immédiatement à un arrosage copieux et lent, en remplissant la cuvette plusieurs fois, même si le sol est déjà humide. Cet arrosage initial est essentiel pour bien tasser la terre autour des racines, éliminer les dernières poches d’air et assurer un bon contact entre les racines et le sol.
La multiplication par greffage
La méthode de multiplication la plus courante et la plus fiable pour les cerisiers ornementaux japonais, en particulier pour les cultivars spécifiques, est le greffage. Cette technique consiste à unir un fragment de la variété que tu souhaites reproduire (le greffon) à un jeune plant robuste et bien établi d’une espèce compatible (le porte-greffe), généralement un cerisier sauvage comme Prunus avium. Le greffage garantit que le nouvel arbre possédera exactement les mêmes caractéristiques que la plante mère, notamment la couleur et la forme des fleurs, le port de l’arbre et sa taille.
Le greffage se pratique généralement à la fin de l’hiver ou au début du printemps, juste avant que la sève ne commence à monter activement. Le greffon, une jeune pousse saine de l’année précédente prélevée sur l’arbre mère pendant l’hiver et conservée au frais, est taillé en biseau. Une entaille correspondante est réalisée sur le porte-greffe, et les deux parties sont ensuite insérées l’une dans l’autre. Il est absolument crucial que les couches de cambium (la fine couche verte juste sous l’écorce) du greffon et du porte-greffe soient parfaitement alignées, car c’est là que la soudure des tissus se produira.
Une fois le greffon et le porte-greffe assemblés, la jonction doit être solidement ligaturée avec un ruban de greffage ou du raphia pour maintenir un contact étroit. Il est également essentiel de recouvrir toute la zone de la greffe avec un mastic à greffer ou de la cire pour la protéger du dessèchement et des infections. Ce pansement étanche maintiendra l’humidité nécessaire à la cicatrisation et empêchera l’entrée d’agents pathogènes. Avec le temps, les tissus du porte-greffe et du greffon fusionneront, et le greffon commencera à se développer pour former la nouvelle couronne de l’arbre.
Le greffage est une technique qui demande une certaine dextérité et de la pratique, mais elle est très gratifiante. Elle permet non seulement de reproduire fidèlement des variétés exceptionnelles, mais aussi de bénéficier des avantages du porte-greffe, comme une meilleure adaptation à certains types de sol ou une plus grande vigueur. Pour les jardiniers amateurs, il peut être intéressant de s’exercer sur quelques branches avant de se lancer, ou de suivre un atelier pour apprendre les bons gestes.
Les autres méthodes de multiplication
Bien que le greffage soit la méthode de choix, il existe d’autres techniques pour multiplier le cerisier japonais, bien que leurs taux de réussite puissent être plus variables. Le bouturage est l’une de ces alternatives. Il consiste à prélever des sections de tiges pour les faire enraciner. Les boutures semi-ligneuses, prélevées en été sur des pousses de l’année qui commencent à durcir à leur base, offrent les meilleures chances de succès. Chaque bouture doit mesurer environ 15 cm et comporter quelques feuilles.
Pour préparer les boutures, retire les feuilles de la partie inférieure et trempe la base dans une hormone de bouturage pour stimuler le développement des racines. Plante ensuite les boutures dans un pot rempli d’un mélange léger et drainant, comme du terreau et du sable. Recouvre le pot d’un sac en plastique transparent ou place-le dans une mini-serre pour maintenir une atmosphère humide, ce qui est essentiel pour éviter que les boutures ne se dessèchent avant d’avoir formé des racines. Place le tout dans un endroit lumineux, mais à l’abri du soleil direct.
La multiplication par semis est également possible, mais elle est rarement utilisée pour les cultivars car les arbres obtenus ne seront pas identiques à la plante mère. Les graines de cerisier japonais ont besoin d’une période de stratification à froid pour germer, c’est-à-dire qu’elles doivent être exposées à des températures froides et humides pendant plusieurs mois pour lever leur dormance. Tu peux soit semer les graines en pot à l’automne et laisser le pot à l’extérieur pendant l’hiver, soit les stratifier au réfrigérateur dans un sachet de sable humide pendant trois à quatre mois avant de les semer au printemps.
Enfin, certaines variétés de cerisiers peuvent produire des drageons, qui sont des pousses qui émergent des racines près de la base de l’arbre. Ces drageons peuvent être soigneusement séparés de la plante mère avec une partie de leurs racines au début du printemps et replantés ailleurs. Cependant, il est important de vérifier si l’arbre d’origine est greffé. Si c’est le cas, les drageons proviendront du porte-greffe et non de la variété ornementale, et ils ne produiront donc pas les mêmes fleurs.