La plantation du bananier du Japon est une étape fondamentale qui conditionne en grande partie son succès futur dans le jardin. Choisir le bon moment et le bon endroit, et préparer le sol avec soin, sont les gestes qui assureront une reprise rapide et une croissance vigoureuse. Cette plante, bien que robuste, est particulièrement sensible à ses conditions d’installation. Une plantation réussie permet au rhizome de s’établir solidement avant les extrêmes de l’été ou de l’hiver, garantissant ainsi une base saine pour les années à venir. La multiplication, quant à elle, offre le plaisir de partager cette plante exotique ou d’agrandir ses propres massifs tropicaux.
La première étape consiste à sélectionner un plant de qualité chez un pépiniériste ou un producteur spécialisé. Il faut choisir une plante avec un feuillage sain, d’un vert franc et sans taches suspectes, et dont le système racinaire est bien développé mais pas à l’étroit dans son pot. Un jeune plant vigoureux aura plus de facilité à s’adapter à son nouvel environnement. Il est préférable d’éviter les plants qui semblent chétifs ou dont les feuilles sont jaunissantes, car ils pourraient avoir des difficultés à s’établir.
Une fois la plante acquise, il faut la manipuler avec précaution lors du transport et de la plantation pour ne pas endommager les feuilles ou les racines. Le stipe, bien que d’apparence robuste, peut être fragile, tout comme les jeunes pousses qui pourraient déjà émerger à sa base. Avant de sortir la plante de son pot, il est bon de l’arroser copieusement pour que la motte se tienne bien. Cela facilitera le dépotage et minimisera le stress pour le système racinaire lors de la transition vers la pleine terre.
Enfin, le timing de la plantation est crucial. La période idéale se situe au printemps, après les dernières gelées, lorsque le sol a commencé à se réchauffer. Planter à ce moment-là donne au bananier toute la saison de croissance pour bien s’enraciner et accumuler des réserves avant son premier hiver. Une plantation en automne est possible dans les climats très doux, mais elle est plus risquée dans les régions aux hivers froids, car la plante n’aurait pas assez de temps pour s’établir solidement.
La préparation du site de plantation
La sélection de l’emplacement idéal est une condition sine qua non pour la réussite. Il faut un site qui bénéficie d’un ensoleillement direct pendant une grande partie de la journée, car le bananier du Japon est un grand amateur de lumière et de chaleur. L’emplacement doit également être protégé des vents dominants et froids, qui peuvent non seulement lacérer ses magnifiques feuilles mais aussi freiner sa croissance. Un mur exposé au sud ou une haie protectrice peuvent constituer d’excellents abris naturels.
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La préparation du trou de plantation mérite une attention toute particulière. Il est recommandé de creuser un trou généreux, d’au moins 50 à 60 centimètres de profondeur et de largeur, voire plus si le sol est de mauvaise qualité. Un trou large et profond permet d’ameublir la terre environnante, facilitant ainsi l’expansion future du système racinaire. Cette étape est essentielle pour permettre à la plante de s’ancrer solidement et d’explorer un volume de terre important pour y puiser l’eau et les nutriments.
L’amendement du sol est l’étape suivante, et elle est capitale pour cette plante gourmande. Il faut enrichir la terre extraite du trou avec une grande quantité de matière organique. L’idéal est un mélange à parts égales de terre de jardin, de compost bien mûr et de fumier décomposé. Cet enrichissement va non seulement nourrir la plante sur le long terme, mais aussi améliorer considérablement la structure du sol, sa capacité de rétention en eau et son drainage, créant ainsi un environnement parfait pour le rhizome.
Si le sol a tendance à être lourd et argileux, le drainage doit être amélioré. Au fond du trou de plantation, on peut ajouter une couche de 5 à 10 centimètres de gravier, de billes d’argile ou de pouzzolane. Cette couche drainante empêchera l’eau de stagner au niveau des racines, prévenant ainsi le risque de pourriture du rhizome, qui est la principale menace pour cette plante en sol humide. Un bon drainage est encore plus important que la richesse du sol pour la survie à long terme du bananier.
Le processus de plantation étape par étape
Une fois le trou préparé et le sol amendé, le processus de plantation peut commencer. La première étape consiste à hydrater la motte de la plante en la plongeant dans un grand seau d’eau pendant quelques minutes, jusqu’à ce que plus aucune bulle d’air ne s’en échappe. Cette opération garantit que le système racinaire est bien saturé en eau avant d’être mis en terre, ce qui réduit le choc de la transplantation. Pendant ce temps, on peut remplir partiellement le trou de plantation avec le mélange de terre préparé.
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Ensuite, il faut délicatement retirer la plante de son contenant. Si les racines ont formé un chignon dense au fond du pot, il est important de les démêler doucement avec les doigts pour les encourager à s’étendre dans le nouveau sol. On place alors la motte au centre du trou, en veillant à ce que le haut de la motte soit au même niveau que le sol environnant, voire très légèrement surélevé sur une petite butte pour favoriser le drainage. Il ne faut jamais enterrer le collet de la plante plus profondément qu’il ne l’était dans son pot d’origine.
Après avoir positionné la plante correctement, on remplit le reste du trou avec le mélange de terre enrichie, en tassant légèrement avec les mains au fur et à mesure pour éliminer les poches d’air. Il faut s’assurer que la plante est bien stable et droite. Une fois le trou complètement comblé, il est indispensable de procéder à un arrosage très abondant, même si le sol est déjà humide. Cet arrosage copieux, de l’ordre de 10 à 20 litres d’eau, permet de bien mettre la terre en contact avec les racines et de finaliser l’installation.
Pour finir, l’application d’un paillage est fortement recommandée après la plantation. Une couche de 5 à 10 centimètres de paillis organique (comme des feuilles mortes, de la paille, du BRF ou des tontes de gazon séchées) étalée autour du pied de la plante aidera à conserver l’humidité du sol, à limiter la croissance des mauvaises herbes et à protéger les racines des variations de température. Il faut veiller à ne pas couvrir la base même du stipe pour éviter les risques de pourriture.
La multiplication par division des rejets
La méthode la plus simple et la plus courante pour multiplier le bananier du Japon est la division des rejets, également appelés drageons. Un plant de bananier bien établi produit naturellement de nouvelles pousses à partir de son rhizome souterrain, qui apparaissent à la périphérie de la touffe principale. Ces rejets sont des clones génétiques de la plante mère et constituent un moyen facile d’obtenir de nouveaux plants. L’opération se pratique de préférence au printemps, lorsque la croissance a bien repris.
Pour procéder à la division, il faut choisir un rejet qui a déjà atteint une taille respectable, idéalement avec quelques feuilles bien développées et une hauteur d’au moins 30 à 40 centimètres. Un rejet plus grand aura déjà développé son propre système racinaire, ce qui augmentera considérablement ses chances de reprise. Il est préférable d’attendre que la plante mère soit bien installée depuis au moins deux ou trois ans avant de commencer à prélever des rejets, pour ne pas l’affaiblir.
L’opération de séparation doit être réalisée avec un outil bien aiguisé et désinfecté, comme une bêche ou un grand couteau. Il faut d’abord dégager délicatement la terre entre la plante mère et le rejet pour exposer la connexion du rhizome. Ensuite, d’un coup sec et net, on tranche le rhizome pour séparer le rejet, en veillant à conserver un maximum de racines attachées à ce dernier. Il est important d’être décidé dans son geste pour faire une coupe franche et limiter les blessures à la plante mère.
Une fois le rejet prélevé, il peut être replanté immédiatement dans un autre endroit du jardin préparé à l’avance, ou empoté dans un mélange de terreau riche et drainant. Après la plantation, il faut l’arroser abondamment et le maintenir dans un environnement mi-ombragé pendant quelques semaines, le temps qu’il se remette du stress de la transplantation et développe de nouvelles racines. Il est normal que le rejet montre des signes de faiblesse au début, mais avec des soins attentifs, il reprendra rapidement sa croissance.
La multiplication par semis
La multiplication du bananier du Japon par semis est une méthode beaucoup moins courante et plus complexe que la division, mais elle peut être une expérience enrichissante pour le jardinier passionné. Tout d’abord, il faut savoir que le Musa basjoo produit rarement des graines fertiles dans les climats tempérés, car les conditions de pollinisation sont rarement réunies et la saison de croissance n’est souvent pas assez longue. Il est donc généralement nécessaire d’acheter des graines auprès de fournisseurs spécialisés.
Le principal défi du semis réside dans la levée de la dormance des graines, qui possèdent une enveloppe très dure. Pour augmenter les chances de germination, il est indispensable de scarifier les graines en les frottant légèrement avec du papier de verre, puis de les faire tremper dans de l’eau tiède pendant 24 à 48 heures. Cette étape permet de ramollir la coque et de faciliter la pénétration de l’eau, ce qui déclenchera le processus de germination.
Après le trempage, les graines doivent être semées dans un substrat léger et drainant, comme un mélange de terreau pour semis et de sable ou de perlite. Il faut les enfoncer d’environ un centimètre de profondeur et maintenir le substrat constamment humide mais pas détrempé. La germination requiert de la chaleur, une température constante entre 25 et 30°C est idéale. L’utilisation d’une mini-serre chauffante ou le placement des pots près d’une source de chaleur est fortement recommandé.
La patience est de mise, car la germination peut être longue et erratique, s’étalant de quelques semaines à plusieurs mois. Une fois que les plantules ont émergé et développé quelques feuilles, elles doivent être manipulées avec une extrême précaution et repiquées individuellement dans des pots plus grands. Il faudra les acclimater très progressivement aux conditions extérieures avant de les planter en pleine terre, généralement pas avant leur deuxième année de croissance.