La réussite de la culture de l’églantier, ce rosier sauvage au charme authentique, commence par une plantation soignée et une bonne connaissance de ses méthodes de multiplication. Bien que cet arbuste soit réputé pour sa tolérance et sa facilité d’adaptation, le respect de quelques étapes clés lors de son installation garantira un développement vigoureux et une intégration harmonieuse dans le jardin. La plantation est une étape fondamentale qui conditionne la santé future de la plante, son enracinement et sa capacité à résister aux aléas climatiques. De même, maîtriser les techniques de multiplication permet de le propager aisément, que ce soit pour créer une haie, densifier un massif ou simplement partager cette belle plante avec d’autres passionnés de jardinage.
La période idéale pour planter l’églantier se situe en automne, de fin octobre à début décembre, avant les fortes gelées. La plantation automnale permet à l’arbuste de commencer à développer son système racinaire pendant l’hiver, profitant de l’humidité du sol. Il sera ainsi mieux préparé pour affronter la sécheresse estivale de l’année suivante et aura une meilleure reprise au printemps. Une plantation au début du printemps, de mars à avril, est également possible, mais elle exigera un suivi plus attentif de l’arrosage durant la première saison de croissance pour compenser un enracinement moins profond. Il est conseillé d’éviter de planter durant les périodes de gel ou de fortes chaleurs.
Le choix de l’emplacement est tout aussi crucial que la période de plantation. L’églantier est un arbuste qui aime le soleil et qui a besoin d’un espace suffisant pour s’épanouir. Il faut donc lui réserver un lieu bénéficiant d’un ensoleillement direct durant une bonne partie de la journée, ce qui est essentiel pour une floraison abondante et une bonne maturation des fruits. Il faut également anticiper sa taille adulte, qui peut atteindre deux à trois mètres de hauteur et d’envergure. Il est donc sage de le planter à une distance respectable des autres plantes, des murs ou des allées pour ne pas qu’il devienne envahissant.
La préparation du sol avant la plantation est une garantie de succès. Il est recommandé de creuser un trou de plantation large et profond, d’environ deux à trois fois la taille de la motte ou des racines. Cette opération a pour but d’ameublir la terre en profondeur, ce qui facilitera la pénétration des jeunes racines. Si le sol est lourd et argileux, l’ajout de sable grossier ou de graviers au fond du trou améliorera le drainage. Dans le cas d’un sol pauvre, l’incorporation de compost bien mûr ou de terreau de plantation à la terre extraite enrichira le substrat et fournira les nutriments nécessaires à un bon départ.
Les étapes de la plantation
Une fois le trou préparé, il est temps de s’occuper de la plante elle-même, qu’elle soit achetée en conteneur, en motte ou à racines nues. Pour les plants en conteneur, il faut dépoter délicatement la plante et démêler légèrement les racines si elles forment un chignon serré au fond du pot. Pour les plants à racines nues, il est bénéfique de pratiquer un pralinage, qui consiste à tremper les racines dans un mélange d’eau, de terre de jardin et de fumier pour favoriser la reprise et protéger les racines du dessèchement. Il est également conseillé de rafraîchir les extrémités des racines en les coupant de quelques centimètres.
Le positionnement de l’arbuste dans le trou est une étape délicate. Le collet de la plante, c’est-à-dire la jonction entre les racines et les premières tiges, doit se trouver juste au niveau de la surface du sol. Il ne faut ni l’enterrer trop profondément, ce qui pourrait provoquer des pourritures, ni le laisser trop en surface, ce qui exposerait les racines. On peut utiliser un tuteur ou le manche d’un outil posé en travers du trou pour vérifier le bon niveau. Une fois la plante bien positionnée, on comble le trou avec le mélange de terre préparé précédemment.
Après avoir rempli le trou, il est important de tasser légèrement la terre avec les mains ou le pied tout autour de la base de l’arbuste. Cette action permet d’éliminer les poches d’air et d’assurer un bon contact entre les racines et la terre. Ensuite, il est indispensable de procéder à un arrosage copieux, même si le temps est pluvieux. Cet arrosage, d’au moins dix à quinze litres d’eau, va permettre à la terre de bien se mettre en place autour des racines et d’hydrater la plante après le choc de la transplantation. Il est utile de former une cuvette d’arrosage avec la terre autour du pied pour que l’eau s’infiltre directement au niveau des racines.
Enfin, pour les plants à racines nues plantés en automne ou pour les sujets de grande taille, il peut être judicieux de tailler légèrement les branches. La réduction de la partie aérienne d’environ un tiers permet d’équilibrer le volume des branches avec celui des racines qui ont été endommagées lors de l’arrachage. Cette taille, appelée taille de plantation, limite l’évaporation par les feuilles et concentre l’énergie de la plante sur le développement de nouvelles racines, assurant ainsi une meilleure reprise. Pour les plants en conteneur, cette taille n’est généralement pas nécessaire.
La multiplication par semis
La méthode de multiplication la plus naturelle pour l’églantier est le semis, qui permet d’obtenir un grand nombre de plants à moindre coût. Les graines se trouvent à l’intérieur des cynorhodons. Il faut récolter les fruits bien mûrs en automne, les ouvrir pour extraire les graines et les nettoyer soigneusement pour enlever la pulpe et les poils irritants. Les graines d’églantier possèdent une dormance qui doit être levée pour qu’elles puissent germer. Ce processus, appelé stratification, consiste à imiter les conditions hivernales naturelles.
Pour réaliser une stratification à froid, il faut mélanger les graines propres et sèches avec un substrat humide comme du sable, de la tourbe ou de la vermiculite. Le tout est placé dans un sac en plastique ou une boîte hermétique et conservé au réfrigérateur pendant plusieurs mois, généralement de trois à quatre mois, à une température d’environ 4°C. Il est important de vérifier régulièrement l’humidité du substrat et de s’assurer qu’aucune moisissure ne se développe. Cette période de froid va ramollir l’enveloppe dure de la graine et déclencher le processus de germination.
Au début du printemps, après la période de stratification, les graines peuvent être semées. On les sème dans des terrines ou des pots remplis d’un bon terreau pour semis, en les recouvrant d’une fine couche de substrat. Il faut ensuite maintenir le terreau constamment humide mais pas détrempé, et placer les contenants dans un endroit lumineux et chaud, à l’abri du soleil direct. La germination peut être lente et parfois irrégulière, s’étalant sur plusieurs semaines. La patience est donc une vertu essentielle pour le jardinier qui choisit cette méthode.
Lorsque les jeunes plantules ont développé quelques vraies feuilles et qu’elles sont suffisamment robustes pour être manipulées, elles peuvent être repiquées individuellement dans des godets plus grands. Il faut les laisser se fortifier pendant toute une saison de croissance, en les protégeant des conditions extrêmes. Elles pourront être plantées en pleine terre à leur emplacement définitif à l’automne suivant. Il est à noter que les plants issus de semis peuvent présenter une certaine variabilité génétique par rapport à la plante mère.
La multiplication par bouturage
Le bouturage est une méthode de multiplication végétative très efficace pour obtenir des plants identiques à la plante mère. Pour l’églantier, on pratique généralement le bouturage de bois semi-aoûté en fin d’été, ou le bouturage de bois sec en hiver. Le bouturage semi-aoûté consiste à prélever des rameaux de l’année dont la base est déjà lignifiée (dure comme du bois) mais dont l’extrémité est encore tendre. On prélève des segments de tige d’environ 15 à 20 centimètres de long, juste en dessous d’un nœud (point d’insertion d’une feuille).
Une fois le segment prélevé, il faut préparer la bouture. On supprime les feuilles de la partie inférieure pour n’en conserver que deux ou trois à l’extrémité supérieure, que l’on peut couper de moitié pour limiter l’évaporation. La base de la bouture peut être trempée dans de la poudre d’hormone de bouturage pour stimuler l’émission de racines, bien que l’églantier s’enracine assez facilement sans. Les boutures sont ensuite piquées dans un pot rempli d’un mélange léger et drainant, comme du terreau et du sable, en les enterrant sur environ deux tiers de leur hauteur.
Il est crucial de maintenir une atmosphère humide autour des boutures pour éviter leur dessèchement. On peut recouvrir le pot d’un sac en plastique transparent ou d’une bouteille en plastique coupée en deux, c’est ce qu’on appelle le bouturage « à l’étouffée ». Le pot doit être placé dans un endroit lumineux mais sans soleil direct, et le substrat doit rester légèrement humide. L’enracinement prend plusieurs semaines à plusieurs mois. L’apparition de nouvelles feuilles est généralement le signe que des racines se sont formées.
Le bouturage de bois sec se pratique en hiver, sur des rameaux complètement lignifiés. La technique est similaire : on prélève des segments de 20 à 30 centimètres que l’on plante directement en pleine terre dans une tranchée remplie de sable, dans un coin abrité du jardin. On ne laisse dépasser qu’un ou deux bourgeons au-dessus du sol. Les boutures passeront l’hiver en terre et commenceront à développer des racines et des feuilles au printemps suivant. Elles pourront être transplantées à leur emplacement définitif l’automne d’après.
Autres techniques de multiplication
Une autre méthode végétative simple et efficace pour multiplier l’églantier est le marcottage. Cette technique consiste à provoquer l’enracinement d’une tige alors qu’elle est encore attachée à la plante mère. Au printemps, on choisit une branche basse et souple que l’on peut courber jusqu’au sol. À l’endroit où la branche touche la terre, on réalise une légère incision sur l’écorce pour stimuler l’émission de racines. On enterre ensuite cette partie de la branche dans une petite tranchée, en la maintenant en place avec un crochet ou une pierre.
L’extrémité de la branche doit être redressée et attachée à un petit tuteur pour qu’elle sorte de terre à la verticale. Il est important de maintenir la zone enterrée humide tout au long de la saison de croissance. Des racines vont se développer à partir de l’incision. À l’automne ou au printemps suivant, lorsque la marcotte est suffisamment enracinée, on peut la sevrer en coupant la tige qui la relie à la plante mère. Le nouveau plant ainsi obtenu peut alors être déterré avec sa motte de racines et transplanté à son emplacement définitif.
La division de touffe est une méthode qui s’applique aux sujets plus âgés et bien établis qui ont produit des drageons, c’est-à-dire des pousses issues des racines. Au début du printemps ou en automne, il est possible de prélever ces drageons avec une partie de leurs racines. Pour ce faire, on dégage la terre autour du drageon que l’on souhaite séparer. On utilise ensuite une bêche bien tranchante pour couper la racine qui le relie au pied mère.
Le jeune plant prélevé, avec son propre système racinaire, peut être immédiatement replanté ailleurs dans le jardin. Cette méthode est très rapide et offre un excellent taux de réussite, car le plant est déjà bien développé. C’est également une bonne manière de contrôler l’expansion de l’églantier s’il devient trop envahissant. Chaque drageon prélevé a le potentiel de devenir un nouvel arbuste vigoureux et florifère, partageant exactement les mêmes caractéristiques que la plante d’origine.