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Hivernage de la campanule

Linden · 21.07.2025.

L’arrivée de l’hiver marque une période de repos pour la plupart des plantes de nos jardins, et la campanule ne fait pas exception. Cependant, pour que cette gracieuse vivace puisse traverser la saison froide sans encombre et nous revenir encore plus belle au printemps suivant, quelques gestes de préparation et de protection sont nécessaires. L’hivernage ne consiste pas seulement à protéger la plante du gel, mais aussi à la préserver de l’excès d’humidité, un ennemi souvent plus redoutable. Comprendre les mécanismes de dormance de la plante et savoir adapter les soins en fonction de la rusticité de la variété et du mode de culture (pleine terre ou pot) est essentiel. Ce guide te fournira toutes les connaissances techniques pour assurer un hivernage réussi à tes campanules. En suivant ces conseils, tu mettras toutes les chances de ton côté pour profiter de leur généreuse floraison année après année.

La plupart des espèces de campanules vivaces couramment cultivées dans nos jardins sont très rustiques, ce qui signifie qu’elles peuvent supporter des températures hivernales bien en dessous de zéro. Des variétés comme la Campanula persicifolia (campanule à feuilles de pêcher), la Campanula portenschlagiana (campanule des murailles) ou la Campanula carpatica (campanule des Carpates) peuvent endurer des gels de -15°C à -20°C, voire plus, une fois qu’elles sont bien installées en pleine terre. Pour ces plantes, l’hivernage en extérieur ne pose généralement aucun problème, à condition que le sol soit correctement drainé.

Le principal danger pour les campanules en hiver n’est pas tant le froid sec que l’humidité stagnante combinée au gel. Un sol gorgé d’eau qui gèle peut faire éclater les cellules des racines et provoquer leur pourriture. C’est pourquoi la préparation du sol lors de la plantation est si cruciale. Un sol ameubli, enrichi en compost et allégé avec du sable ou du gravier, permettra à l’excès d’eau de s’évacuer rapidement, protégeant ainsi le système racinaire. Cette précaution est la meilleure assurance pour un hivernage sans souci.

Avant l’arrivée des grands froids, généralement après les premières gelées, il est conseillé de procéder à un nettoyage de la touffe. Rabats les tiges florales et les feuilles fanées à environ 5-10 centimètres du sol. Ce nettoyage permet non seulement d’avoir un massif plus propre pendant l’hiver, mais il limite aussi les risques de maladies en éliminant les débris végétaux qui pourraient servir d’abri aux spores de champignons et aux œufs de parasites. Pour les campanules à feuillage persistant, comme la campanule des murailles, cette taille n’est pas nécessaire ; il suffit de retirer les feuilles abîmées.

Pour les jeunes plants ou dans les régions aux hivers particulièrement rigoureux et sans couverture neigeuse protectrice, un paillage hivernal est une excellente protection. Après avoir nettoyé la touffe, étale une couche de 5 à 10 centimètres de feuilles mortes sèches, de paille ou de frondes de fougères à la base de la plante. Ce paillis va isoler les racines du froid, limiter les effets des cycles de gel et de dégel qui peuvent déchausser les plantes, et en se décomposant, il enrichira le sol. Il est important de retirer ce paillis progressivement au début du printemps pour permettre au sol de se réchauffer et à la nouvelle végétation de percer.

Préparation automnale pour l’hivernage

La préparation à l’hivernage commence dès la fin de l’été et le début de l’automne. C’est une période de transition où il faut aider la plante à passer progressivement de la phase de croissance active à la phase de dormance. Cesse tout apport d’engrais riche en azote dès la fin du mois d’août. Un apport d’engrais tardif stimulerait la croissance de nouvelles pousses tendres qui n’auraient pas le temps de s’aoûter (de se lignifier) avant l’hiver et seraient donc très vulnérables au gel.

Réduis également progressivement la fréquence des arrosages. Laisse le sol s’assécher un peu plus entre deux apports d’eau. Les pluies automnales sont généralement suffisantes pour couvrir les besoins de la plante à cette période. Cette légère restriction hydrique envoie un signal à la plante pour qu’elle ralentisse son métabolisme et se prépare au repos hivernal. C’est un processus naturel d’endurcissement qu’il faut accompagner.

L’automne est aussi le moment idéal pour inspecter tes plantes et traiter d’éventuels problèmes sanitaires avant l’hiver. Assure-toi qu’elles ne sont pas infestées de parasites ou atteintes de maladies. Une plante qui entre dans l’hiver en étant déjà affaiblie aura beaucoup plus de mal à survivre et à bien repartir au printemps. C’est également une bonne période pour diviser les touffes trop anciennes ou trop denses, ce qui leur permet de se régénérer.

Le nettoyage du massif est une étape importante. Retire les mauvaises herbes qui pourraient concurrencer tes campanules et servir de refuge hivernal à des ravageurs comme les limaces. Comme mentionné précédemment, la taille des parties aériennes sèches est recommandée pour la plupart des variétés caduques. Cette propreté automnale facilite le démarrage au printemps et limite la propagation des maladies d’une année sur l’autre.

Hivernage des campanules en pot

Les campanules cultivées en pot sont beaucoup plus vulnérables au gel que celles plantées en pleine terre. En effet, leurs racines ne bénéficient pas de l’inertie thermique du sol et sont exposées au froid sur toute la périphérie du contenant. Un pot gelé en totalité peut être fatal pour la plante. Il est donc indispensable de prendre des mesures spécifiques pour les protéger durant l’hiver.

La première option, et la plus sûre pour les variétés les moins rustiques ou dans les climats très froids, est de rentrer les pots dans un abri hors gel. Un garage peu chauffé, une serre froide, une véranda ou un châssis sont des endroits parfaits. L’important est que l’endroit soit lumineux mais frais, avec des températures idéalement comprises entre 5 et 10°C. Un environnement trop chaud et sombre pourrait inciter la plante à produire de longues pousses étiolées et fragiles.

Si tu ne disposes pas d’un tel abri, il est possible de laisser les pots à l’extérieur en prenant certaines précautions. Surélève les pots sur des cales en bois ou en terre cuite pour éviter qu’ils ne soient en contact direct avec le sol froid et humide, et pour assurer un bon drainage. Regroupe les pots les uns contre les autres, le long d’un mur exposé au sud, pour qu’ils se protègent mutuellement et bénéficient de la chaleur restituée par le mur.

L’étape suivante consiste à isoler le contenant. Tu peux emballer les pots avec plusieurs couches de papier bulle, de la toile de jute, ou des housses d’hivernage spécifiques disponibles dans le commerce. Pense également à pailler généreusement la surface du terreau avec des feuilles mortes ou de la paille pour protéger le collet et les racines superficielles. Pendant l’hiver, l’arrosage doit être très limité, juste assez pour empêcher un dessèchement complet de la motte, et uniquement pendant les périodes de dégel.

Cas des variétés non rustiques

Certaines espèces de campanules, souvent d’origine méditerranéenne ou subtropicale, ne sont pas du tout rustiques et ne supportent pas le gel. C’est le cas par exemple de la Campanula isophylla, la fameuse « étoile de Bethléem » ou « campanule des mariés », très appréciée en suspension pour ses longues tiges retombantes couvertes de fleurs. Ces plantes doivent impérativement être rentrées à l’intérieur avant les premières gelées.

Pour ces campanules gélives, l’hivernage se fait comme pour une plante d’intérieur. Choisis un emplacement très lumineux, comme le rebord d’une fenêtre exposée au sud, mais à l’abri des sources de chaleur directe comme les radiateurs. La température idéale se situe entre 15 et 18°C. Une température trop élevée en hiver, combinée à un manque de lumière, peut affaiblir la plante.

L’arrosage doit être considérablement réduit par rapport à la saison estivale. Laisse le substrat sécher en surface sur plusieurs centimètres avant d’arroser à nouveau. Il est crucial de ne pas laisser d’eau stagner dans la soucoupe. Cesse complètement tout apport d’engrais pendant toute la période hivernale, de l’automne jusqu’au début du printemps. La plante est en semi-repos et n’a pas besoin d’être stimulée.

Inspecte régulièrement le feuillage pour détecter la présence éventuelle de parasites d’intérieur, comme les cochenilles ou les araignées rouges, qui peuvent proliférer dans l’atmosphère sèche de nos maisons. Si nécessaire, nettoie les feuilles avec un chiffon humide. Au début du printemps, lorsque les jours rallongent et que la croissance reprend, tu pourras augmenter progressivement les arrosages, recommencer la fertilisation et tailler la plante pour lui redonner une belle forme avant de la ressortir après les derniers risques de gel.

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