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Besoins nutritionnels et fertilisation du gui blanc

Linden · 20.07.2025.

La question des besoins nutritionnels et de la fertilisation du gui blanc est aussi singulière que sa biologie. Dépourvu de racines le reliant au sol, le gui est un maître de l’acquisition de nutriments, puisant sa subsistance directement dans les veines de son arbre hôte. Il est donc impossible de fertiliser le gui de manière directe. Toute action visant à nourrir le gui doit passer par l’alimentation de l’arbre qui le supporte. Comprendre les subtilités de cette relation de dépendance nutritionnelle est essentiel pour maintenir à la fois la vigueur du gui et la santé à long terme de son hôte. La fertilisation, dans ce contexte, devient un acte indirect, une stratégie visant à enrichir le garde-manger de l’hôte pour que le parasite puisse y trouver son compte.

Le gui, étant une plante hémiparasite, pratique la photosynthèse pour produire ses propres sucres (glucides), qui lui fournissent de l’énergie. Cependant, pour tous les autres éléments essentiels à sa croissance, notamment les sels minéraux (azote, phosphore, potassium, calcium, magnésium, etc.) et l’eau, il dépend entièrement de la sève brute qu’il prélève dans le xylème de son hôte. Le gui agit comme un filtre très efficace, capable de concentrer certains minéraux dans ses tissus à des niveaux bien supérieurs à ceux que l’on trouve dans les feuilles de l’arbre porteur. Cette capacité de bioaccumulation est une des clés de son succès en tant que parasite.

Fertiliser un arbre qui héberge du gui revient donc à améliorer la qualité nutritionnelle de la sève que le parasite va consommer. Si l’arbre hôte pousse dans un sol pauvre et montre des signes de carence (feuillage jauni, croissance faible), un apport d’engrais adapté bénéficiera à l’arbre en premier lieu, qui deviendra plus vigoureux. Par ricochet, le gui profitera de cette sève enrichie en minéraux et affichera lui aussi une meilleure croissance et une couleur plus intense. La santé du parasite est donc le reflet direct de la richesse nutritionnelle de son hôte.

Le choix de l’engrais pour l’arbre hôte doit être fait avec soin. Un engrais équilibré, riche en azote (N), phosphore (P) et potassium (K), ainsi qu’en oligo-éléments, est généralement recommandé. Les engrais organiques à libération lente, comme le compost bien décomposé, le fumier mûr ou les engrais granulés organiques, sont préférables aux engrais chimiques solubles. Ils nourrissent le sol et ses micro-organismes, améliorant sa structure et sa fertilité sur le long terme, ce qui assure une libération progressive et durable des nutriments pour l’arbre.

L’application de l’engrais doit se faire sur toute la zone racinaire de l’arbre, qui s’étend bien au-delà de la chute des feuilles. Il est conseillé de l’épandre en surface au début du printemps, juste avant la reprise de la végétation, et de l’incorporer légèrement au sol par un griffage superficiel si possible. Un paillage organique appliqué par-dessus l’amendement aidera à maintenir l’humidité et à favoriser l’activité biologique qui rendra les nutriments assimilables par les racines de l’arbre. En nourrissant le sol, on nourrit l’arbre, qui à son tour nourrira le gui.

Le prélèvement des nutriments par le gui

Le processus par lequel le gui extrait les nutriments de son hôte est d’une efficacité redoutable. Le suçoir du gui ne se contente pas de pénétrer le bois de l’hôte ; il développe un réseau complexe de filaments qui s’insinuent entre les cellules de l’arbre, établissant une connexion intime avec les vaisseaux du xylème. Cette interface permet au gui d’intercepter le flux de sève brute montant des racines. Le gui profite ainsi d’un liquide déjà « préparé », contenant de l’eau et tous les minéraux puisés dans le sol par l’immense système racinaire de l’arbre.

Des études scientifiques ont montré que le gui est un accumulateur sélectif de minéraux. Il a été observé que les feuilles de gui contiennent des concentrations en potassium, phosphore et azote souvent deux à trois fois supérieures à celles des feuilles de l’arbre hôte. Cette forte concentration en éléments minéraux dans ses tissus crée un gradient osmotique qui aide le gui à attirer l’eau et les nutriments de l’hôte, un peu comme une éponge très absorbante. Il s’agit d’une adaptation physiologique clé à son mode de vie parasitaire.

Cette ponction constante de nutriments n’est pas sans conséquence pour l’arbre hôte, surtout si l’infestation est importante. En détournant une partie significative des minéraux, le gui peut provoquer des carences localisées dans les branches situées en aval de son point d’ancrage. Sur le long terme, et avec de nombreuses touffes, cela peut contribuer à l’affaiblissement général de l’arbre, réduire sa croissance, sa floraison ou sa fructification. C’est pourquoi la gestion de la population de gui est un aspect important de la gestion de la nutrition de l’arbre.

La nature des nutriments prélevés dépend aussi de la saison. Au printemps, lors de la montée de sève, le flux est particulièrement riche en nutriments que l’arbre a stockés durant l’hiver. C’est une période de croissance active pour le gui, qui profite de cette manne pour développer de nouvelles tiges et feuilles. Comprendre ce cycle permet de mieux cibler la période de fertilisation de l’arbre hôte, afin de s’assurer qu’il dispose de réserves suffisantes pour subvenir à ses propres besoins et à ceux de son « locataire ».

Identifier les signes de carence chez l’hôte

Savoir reconnaître les signes de carence nutritionnelle chez l’arbre hôte est indispensable pour intervenir à bon escient. Un des symptômes les plus courants est la décoloration du feuillage. Une carence en azote, par exemple, se manifeste souvent par un jaunissement généralisé des feuilles, en commençant par les plus anciennes. Une carence en fer (chlorose ferrique), fréquente dans les sols calcaires, provoque un jaunissement des jeunes feuilles, tandis que les nervures restent vertes. Observer attentivement ces signaux permet de poser un premier diagnostic.

Un autre indicateur important est la vigueur de la croissance de l’arbre. Un arbre bien nourri produira chaque année des pousses de longueur respectable, avec des entre-nœuds bien espacés. Si la croissance annuelle des rameaux est très faible, que les feuilles sont petites et que l’arbre a un aspect chétif, il est probable qu’il souffre d’un manque de nutriments. La présence de nombreuses branches mortes dans la couronne peut également être un signe de faiblesse générale liée à une mauvaise alimentation.

La qualité de la floraison et de la fructification peut aussi être un indice. Un arbre qui fleurit peu ou pas du tout, ou qui produit des fruits petits et de mauvaise qualité, peut manquer d’éléments essentiels comme le phosphore, qui joue un rôle clé dans la reproduction, ou le potassium, qui est important pour le développement des fruits. Bien sûr, d’autres facteurs comme le gel tardif ou un manque de pollinisation peuvent être en cause, mais une carence nutritionnelle est une piste à ne jamais écarter.

En cas de doute, une analyse de sol peut fournir des informations précieuses et précises sur la composition du sol, son pH et ses éventuelles carences. Cette analyse permet de choisir un programme de fertilisation parfaitement adapté, en apportant uniquement les éléments qui manquent, sans sur-fertiliser ni déséquilibrer le sol. C’est une approche professionnelle qui garantit la meilleure réponse possible de l’arbre, et par conséquent, un soutien optimal pour le gui qu’il héberge.

Les méthodes de fertilisation de l’arbre hôte

La méthode de fertilisation la plus simple et la plus bénéfique à long terme pour un arbre est l’amendement organique de surface. Elle consiste à épandre une couche de compost bien mûr, de fumier décomposé ou de tout autre matière organique riche au pied de l’arbre, sur toute la surface couverte par la couronne. Cette couche doit faire entre 3 et 5 centimètres d’épaisseur. Les vers de terre et les micro-organismes du sol se chargeront de décomposer cette matière et d’incorporer progressivement les nutriments dans le sol, les rendant disponibles pour les racines.

Pour un coup de pouce plus rapide, surtout si l’arbre montre des signes de carence évidents, on peut utiliser des engrais organiques granulés. Ces engrais, souvent à base de corne broyée, de sang séché ou de tourteaux végétaux, doivent être choisis avec un équilibre NPK adapté aux arbres. Ils sont à épandre au printemps, puis à intégrer aux premiers centimètres du sol par un léger griffage. Un arrosage copieux après l’application aide à dissoudre les granulés et à faire descendre les nutriments vers les racines.

Dans des cas de carences spécifiques et sévères, diagnostiquées par une analyse de sol ou foliaire, une fertilisation plus ciblée peut être nécessaire. Par exemple, une carence en fer peut être corrigée par un apport de chélate de fer, qui est une forme de fer facilement assimilable par les plantes, même en sol calcaire. De même, une carence en magnésium peut être comblée par un apport de sulfate de magnésium (sel d’Epsom). Ces interventions doivent cependant rester ponctuelles et basées sur un diagnostic précis pour ne pas créer de déséquilibres.

Une autre technique, parfois utilisée par les professionnels pour les arbres de grande valeur, est l’injection d’engrais liquide directement dans le sol, au niveau de la zone racinaire. Cette méthode permet de court-circuiter les couches superficielles du sol et de délivrer les nutriments directement là où ils sont nécessaires. C’est une technique efficace mais qui demande un matériel spécifique et une bonne connaissance de la physiologie de l’arbre. Pour le jardinier amateur, la fertilisation de surface reste la méthode la plus sûre et la plus simple à mettre en œuvre.

L’équilibre à long terme : éviter la sur-fertilisation

S’il est important de nourrir un arbre hôte carencé, il est tout aussi crucial d’éviter la sur-fertilisation. Un excès d’engrais, en particulier d’azote, peut être tout aussi néfaste qu’une carence. Un surplus d’azote favorise une croissance rapide et luxuriante du feuillage, mais ce développement se fait souvent au détriment de la solidité des tissus. Les nouvelles pousses sont alors tendres, fragiles et beaucoup plus sensibles aux maladies et aux attaques de pucerons.

De plus, une fertilisation excessive peut « brûler » les racines de l’arbre, en particulier si l’on utilise des engrais chimiques très concentrés. Elle peut également perturber l’équilibre de l’écosystème du sol, en nuisant aux champignons mycorhiziens qui vivent en symbiose avec les racines de l’arbre et l’aident à absorber l’eau et les nutriments. Une approche douce et progressive, basée sur des amendements organiques, est toujours préférable à des apports massifs et soudains d’engrais de synthèse.

Il est important de se rappeler que le gui profitera également de la sur-fertilisation. Un afflux massif de nutriments dans la sève peut stimuler une croissance explosive du parasite, ce qui pourrait rapidement déséquilibrer la relation au détriment de l’hôte. La touffe de gui pourrait devenir trop grosse et trop lourde pour la branche qui la supporte, augmentant les risques de casse. Le but n’est pas de « booster » le gui, mais d’assurer une santé stable et durable à l’arbre porteur.

La meilleure stratégie est donc celle de la modération et de l’observation. Apportez des amendements organiques une fois par an, au printemps, et observez la réaction de l’arbre. Si l’arbre semble en bonne santé, avec une croissance régulière et un beau feuillage, il n’est pas nécessaire d’en faire plus. La fertilisation ne doit pas être un réflexe systématique, mais une réponse à un besoin identifié. Un sol vivant et sain est souvent capable de fournir à l’arbre la plupart des nutriments dont il a besoin.

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