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Besoins en eau et arrosage du gui blanc

Linden · 12.08.2025.

Aborder la question des besoins en eau et de l’arrosage du gui blanc revient à changer complètement de perspective par rapport à l’horticulture classique. En tant que plante hémiparasite, le gui ne possède pas de système racinaire propre plongeant dans le sol. Il dépend entièrement de son arbre hôte pour son approvisionnement en eau et en sels minéraux. Par conséquent, l’arrosage du gui est en réalité l’arrosage de l’arbre qui le porte. Comprendre cette relation de dépendance est fondamental pour assurer la survie et la prospérité des deux organismes. Le bilan hydrique du gui est intrinsèquement lié à celui de son hôte, et toute sa stratégie de gestion de l’eau est une adaptation fascinante à cette vie perchée.

La principale source d’eau du gui est la sève brute de son arbre hôte. Grâce à son système de suçoirs, qui pénètre le xylème de la branche, le gui se branche directement sur le système vasculaire de l’arbre. Il intercepte ainsi une partie de l’eau que l’arbre puise dans le sol par ses racines et la fait monter vers son feuillage. Le gui n’a donc pas besoin d’un arrosage direct ; pulvériser de l’eau sur ses feuilles n’aurait que peu d’effet, voire aucun, sur son hydratation interne. Toute intervention doit se concentrer sur la santé et l’hydratation de l’arbre porteur.

Cette dépendance rend le gui particulièrement vulnérable aux périodes de sécheresse. Lorsque l’arbre hôte souffre d’un stress hydrique, il réduit sa transpiration et la circulation de la sève pour conserver l’eau. Par conséquent, le débit d’eau disponible pour le gui diminue drastiquement. Bien que le gui ait développé des mécanismes pour extraire l’eau plus efficacement que son hôte, une sécheresse prolongée affectera inévitablement les deux partenaires. L’observation des signes de stress hydrique sur l’hôte, comme le flétrissement ou le jaunissement des feuilles, est donc un excellent indicateur de la condition hydrique du gui.

L’arrosage d’un arbre mature qui héberge du gui peut sembler une tâche colossale, mais elle est cruciale lors des canicules ou des sécheresses estivales. Un arrosage efficace ne consiste pas à mouiller la surface, mais à apporter une grande quantité d’eau en une seule fois, de manière lente et profonde, pour qu’elle pénètre jusqu’aux racines les plus actives. Il est recommandé de créer une cuvette d’arrosage au pied de l’arbre et de la remplir plusieurs fois, ou d’utiliser un système de goutte-à-goutte ou un tuyau suintant pendant plusieurs heures. Cette opération, même réalisée une ou deux fois par mois en période critique, peut faire une différence significative.

Il est aussi important de noter que la présence d’une grande quantité de gui sur un arbre augmente la surface de transpiration totale (celle de l’arbre plus celle du gui). Cela signifie qu’un arbre fortement infesté aura des besoins en eau supérieurs à ceux d’un arbre de même taille sans gui. Cette demande accrue en eau peut rendre l’ensemble arbre-gui plus sensible à la sécheresse. Une gestion raisonnée de la population de gui, par une taille de contrôle, peut donc être une stratégie indirecte pour mieux gérer les besoins en eau et améliorer la résilience de l’arbre hôte face aux aléas climatiques.

Le mécanisme d’absorption de l’eau

Pour comprendre les besoins en eau du gui, il est essentiel de se pencher sur son fascinant mécanisme d’absorption. Le gui développe une structure spécialisée, le suçoir (ou haustorium), qui pénètre les tissus de la branche hôte jusqu’à atteindre le xylème, le conduit qui transporte la sève brute (eau et minéraux) des racines aux feuilles. Une fois la connexion établie, le gui agit comme un « voleur d’eau » en créant un potentiel hydrique plus bas que celui de l’hôte. Cela signifie qu’il exerce une « force de succion » supérieure, détournant ainsi une partie du flux de sève à son profit.

Ce gradient de potentiel hydrique est maintenu par une transpiration généralement plus intense chez le gui que chez son hôte. Ses feuilles, munies de nombreux stomates (pores permettant les échanges gazeux et la transpiration), restent souvent ouvertes plus longtemps, même en conditions de stress. Cette stratégie agressive lui assure un approvisionnement constant en eau, mais le rend également plus susceptible de se dessécher rapidement si l’hôte ne peut plus fournir suffisamment d’eau. C’est une stratégie à haut risque et à haut rendement.

La structure interne du gui est entièrement adaptée à cette vie de parasite. Il ne possède pas les longs vaisseaux de xylème que l’on trouve chez la plupart des plantes, mais plutôt des trachéides plus courtes et plus simples. Son système vasculaire est directement connecté à celui de l’hôte, formant une interface complexe où les échanges ont lieu. Cette connexion est si intime que le gui est physiologiquement dépendant de la pression et du flux de sève générés par l’activité racinaire de l’arbre porteur.

Cette dépendance totale signifie que la santé du système racinaire de l’hôte est primordiale pour le gui. Des racines endommagées par la compaction du sol, la pourriture ou la sécheresse ne pourront pas absorber l’eau efficacement. Par conséquent, l’eau n’atteindra ni les feuilles de l’arbre, ni celles du gui. Toute action visant à protéger et à favoriser le système racinaire de l’hôte, comme le paillage ou l’aération du sol, est donc une mesure indirecte mais fondamentale pour assurer l’hydratation du gui.

L’impact de la sécheresse sur le couple hôte-parasite

Les périodes de sécheresse prolongée représentent une épreuve de force pour le couple formé par l’arbre hôte et le gui. Lorsque l’eau se fait rare dans le sol, l’arbre hôte met en place des stratégies de défense, comme la fermeture de ses stomates, pour limiter les pertes par transpiration. Cette réaction, bien que vitale pour l’arbre, réduit le flux de sève dans le xylème, diminuant ainsi la quantité d’eau disponible pour le gui. La compétition pour l’eau s’intensifie alors considérablement entre les deux organismes.

Dans cette compétition, le gui a souvent l’avantage à court terme grâce à sa capacité à maintenir une forte transpiration et une succion puissante. Il peut continuer à puiser de l’eau alors que l’hôte est déjà en état de stress sévère. Cependant, cette stratégie peut se retourner contre lui. En continuant à « pomper » l’eau d’un hôte déjà affaibli, le gui peut accélérer le dessèchement de la branche sur laquelle il est implanté, voire de l’arbre entier, conduisant à la mort des deux partenaires. C’est un exemple classique de la « tragédie des biens communs » à l’échelle végétale.

Les signes visibles d’un stress hydrique sévère sur le gui sont le flétrissement de ses feuilles, qui deviennent molles et pendantes, suivi d’un jaunissement puis d’un brunissement. Finalement, les feuilles et les tiges se dessèchent complètement. Souvent, ces symptômes apparaissent sur le gui après ceux de l’hôte, car le parasite lutte jusqu’au bout pour extraire les dernières gouttes d’eau. La mort du gui est donc un indicateur d’un état de stress hydrique extrême de l’arbre porteur.

Pour atténuer l’impact de la sécheresse, une gestion proactive est nécessaire. Comme mentionné précédemment, un arrosage profond et peu fréquent de l’arbre hôte pendant les périodes critiques peut sauver le couple. De plus, réduire la « charge » parasitaire en taillant une partie des touffes de gui avant l’été peut diminuer la demande globale en eau de l’arbre. Cela permet à l’hôte de mieux traverser les périodes difficiles, assurant ainsi sa propre survie et celle des touffes de gui restantes.

Stratégies d’arrosage pour l’arbre hôte

L’arrosage d’un grand arbre qui supporte du gui doit être stratégique pour être efficace. L’objectif n’est pas de mouiller la surface, mais de faire pénétrer l’eau en profondeur, là où se trouvent les racines absorbantes. La plupart de ces racines ne se situent pas au pied du tronc, mais s’étendent sur une large zone, souvent jusqu’à l’aplomb de la couronne, et même au-delà. L’arrosage doit donc couvrir cette vaste surface.

Une des meilleures méthodes est l’arrosage lent et prolongé. Un tuyau d’arrosage réglé sur un très faible débit, déplacé à plusieurs endroits sous la couronne de l’arbre pendant plusieurs heures, est une excellente solution. Une autre technique consiste à utiliser un tuyau suintant disposé en spirale sous la canopée, qui libère l’eau lentement et uniformément. Ces méthodes permettent à l’eau de s’infiltrer en profondeur sans ruisseler en surface, atteignant ainsi les couches de sol où les racines peuvent l’absorber.

La fréquence de l’arrosage est aussi importante que la quantité. Il est beaucoup plus bénéfique de fournir une grande quantité d’eau une fois toutes les deux ou trois semaines en période de sécheresse que de donner un peu d’eau tous les jours. Un arrosage superficiel et fréquent encourage le développement de racines en surface, qui sont plus vulnérables à la chaleur et à la sécheresse. Un arrosage en profondeur incite les racines à explorer les couches inférieures du sol, où l’humidité est plus stable.

Enfin, le moment de la journée choisi pour l’arrosage a son importance. Il est préférable d’arroser tôt le matin ou tard le soir. À ces moments, les températures sont plus basses et le vent est généralement plus calme, ce qui réduit considérablement les pertes d’eau par évaporation. Arroser en pleine journée, sous un soleil de plomb, peut entraîner la perte de plus de la moitié de l’eau avant même qu’elle n’ait eu la chance de pénétrer dans le sol. Une bonne stratégie d’arrosage est donc synonyme d’efficacité et d’économie d’eau.

Le rôle du paillage dans la gestion de l’eau

Le paillage est l’une des techniques les plus simples et les plus efficaces pour aider un arbre hôte (et donc le gui) à mieux gérer ses ressources en eau. Appliquer une épaisse couche de paillis organique, comme des copeaux de bois, du broyat de branches (BRF) ou des feuilles mortes, sur le sol sous la couronne de l’arbre présente de multiples avantages. Cette couche protectrice agit comme une barrière, limitant l’évaporation de l’eau du sol sous l’effet du soleil et du vent.

En maintenant le sol plus frais et plus humide, le paillis réduit le stress hydrique de l’arbre et lui permet de puiser de l’eau plus efficacement, même entre deux pluies ou deux arrosages. Cette humidité conservée bénéficie directement au système racinaire, qui peut rester actif plus longtemps. Un sol non paillé, exposé directement au soleil, peut atteindre des températures élevées qui endommagent les racines superficielles et accélèrent le dessèchement.

Le paillage empêche également la croissance des mauvaises herbes et du gazon au pied de l’arbre. Cette végétation concurrente est une grande consommatrice d’eau et de nutriments, et son élimination permet à l’arbre de disposer de toutes les ressources disponibles dans le sol. Il est important d’étaler le paillis sur une large surface, en évitant toutefois de l’accumuler directement contre le tronc pour prévenir les risques de pourriture. Une couche de 10 à 15 centimètres d’épaisseur est idéale.

Au fil du temps, le paillis organique se décompose lentement, enrichissant le sol en matière organique et améliorant sa structure. Un sol riche en humus a une meilleure capacité de rétention en eau, agissant comme une éponge qui stocke l’eau de pluie pour la restituer progressivement à l’arbre. Le paillage n’est donc pas seulement une solution à court terme pour conserver l’humidité, mais aussi une stratégie à long terme pour améliorer la santé globale du sol et la résilience de l’arbre face à la sécheresse.

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