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L’hivernage du bananier du Japon

Linden · 16.07.2025.

L’hivernage est sans doute l’étape la plus critique dans la culture du bananier du Japon, surtout dans les régions où les températures descendent régulièrement en dessous de zéro. Bien que son rhizome soit rustique jusqu’à environ -15°C voire -18°C une fois bien établi, une protection adéquate est indispensable pour assurer sa survie et garantir une reprise vigoureuse au printemps. Un hivernage réussi ne se contente pas de sauver la plante ; il permet de préserver une partie du stipe (le pseudo-tronc), offrant ainsi une avance considérable à la croissance de la saison suivante. C’est une opération qui demande un peu de préparation en automne, mais qui est largement récompensée par la splendeur de la plante l’été suivant.

Le principe de l’hivernage repose sur la protection du cœur de la plante : le rhizome souterrain et la base du stipe. C’est de là que repartira la vie au printemps. Les feuilles, elles, ne sont absolument pas résistantes au gel et seront détruites dès les premières gelées, généralement autour de -1°C ou -2°C. Ce noircissement du feuillage est un phénomène normal et c’est le signal qu’il est temps de mettre en place la protection hivernale. Il ne faut donc pas s’inquiéter de voir le feuillage disparaître, car l’essentiel de la plante se joue sous terre.

Il existe plusieurs méthodes d’hivernage, dont l’intensité dépendra de la rigueur du climat de ta région. Dans les zones aux hivers très doux (climat océanique), un simple paillage épais au pied peut suffire. Dans les régions continentales ou montagneuses, où les gelées sont fortes et prolongées, une protection plus élaborée sera nécessaire pour garantir la survie de la plante, surtout durant ses premières années.

La préparation de la plante avant la mise en place de la protection est également une étape clé. Il ne s’agit pas simplement de couvrir la plante, mais de la mettre dans les meilleures conditions pour passer la saison froide. Cela implique de nettoyer la zone, de tailler la plante correctement et de s’assurer que l’environnement n’est pas trop humide. Un hivernage bien mené est la promesse d’un réveil spectaculaire de ton bananier dès le retour des beaux jours.

La préparation de la plante à l’automne

La préparation pour l’hiver commence bien avant l’arrivée du grand froid. Dès la fin de l’été, il est crucial de cesser toute fertilisation, notamment les apports d’azote, pour ne pas encourager la croissance de nouvelles pousses tendres qui seraient vulnérables au gel. La plante doit entrer progressivement en dormance. Il faut également réduire significativement les arrosages, en laissant le sol s’assécher davantage entre chaque apport d’eau. Un sol trop humide en hiver est le principal ennemi du rhizome.

Le moment d’intervenir pour la taille et la protection est généralement après les premières gelées blanches. Ces gelées vont faire noircir et ramollir tout le feuillage. C’est le signal naturel que la partie aérienne de la plante a terminé son cycle pour l’année. Il est alors temps de couper toutes les feuilles. On les taille à leur base, près du stipe, avec un sécateur ou un couteau bien aiguisé. Ces grandes feuilles peuvent être laissées sur place pour servir de première couche de paillis.

Une fois le feuillage supprimé, il reste le stipe. On a alors plusieurs options en fonction de la méthode de protection choisie. On peut décider de couper le stipe à une certaine hauteur, généralement entre 50 centimètres et 1 mètre du sol. Conserver une partie du stipe peut permettre à la plante de repartir de plus haut au printemps et de devenir plus grande. On peut aussi choisir de le couper au ras du sol, ce qui simplifie la protection mais oblige la plante à repartir de zéro.

Avant de mettre en place la protection finale, il est important de nettoyer soigneusement la zone autour du pied du bananier. Il faut enlever les mauvaises herbes et tous les débris végétaux qui pourraient pourrir et abriter des maladies ou des ravageurs pendant l’hiver. Un environnement propre et sain autour de la souche est une condition essentielle pour éviter les problèmes de pourriture durant la longue période hivernale.

La technique du paillage simple

Dans les régions aux hivers cléments, où les gelées sont rares et de faible intensité (ne descendant pas en dessous de -5°C à -7°C), une protection simple par paillage peut être suffisante. Cette méthode est la plus facile et la plus rapide à mettre en œuvre. Elle consiste à protéger principalement le rhizome, qui est la partie la plus importante à préserver. La survie du stipe est dans ce cas plus aléatoire.

Après avoir coupé les feuilles et éventuellement rabattu le stipe à quelques dizaines de centimètres du sol, on accumule une très épaisse couche de paillis protecteur sur toute la surface de la souche. Cette couche doit faire au moins 30 à 40 centimètres d’épaisseur pour être efficace. Elle doit déborder largement de la base du stipe pour bien isoler tout le système racinaire souterrain.

Les meilleurs matériaux pour ce paillage sont des matières organiques sèches et aérées, qui isolent bien du froid sans retenir l’humidité excessive. Les feuilles mortes bien sèches sont idéales, tout comme la paille, les frondes de fougères sèches ou même des copeaux de bois. Il faut éviter les matériaux qui se tassent et se gorgent d’eau, comme les tontes de gazon fraîches, qui pourraient provoquer la pourriture.

Pour maintenir ce paillis en place et éviter qu’il ne soit dispersé par le vent et la pluie, on peut le recouvrir d’un filet, de quelques branchages ou d’un voile d’hivernage. Il est important de ne pas utiliser de bâche en plastique imperméable directement sur le paillis, car elle empêcherait toute aération et condenserait l’humidité, créant des conditions idéales pour la pourriture. La protection doit rester respirante.

La méthode du manchon grillagé

Pour les climats plus rigoureux, où les températures peuvent descendre entre -8°C et -15°C, la méthode du manchon grillagé est l’une des plus efficaces pour protéger non seulement le rhizome mais aussi une partie du stipe. Cette technique crée une chambre d’isolation très performante autour de la plante. Elle demande un peu plus de matériel mais assure une bien meilleure protection.

Après avoir taillé les feuilles, on conserve le stipe à une hauteur de 50 cm à 1 mètre. On entoure ensuite le stipe avec un cylindre de grillage à larges mailles (type grillage à poules), en laissant un espace d’au moins 15 à 20 centimètres tout autour du stipe. La hauteur du cylindre doit dépasser de quelques centimètres le haut du stipe coupé. On fixe solidement le grillage pour qu’il ne bouge pas.

L’étape suivante consiste à remplir entièrement et soigneusement ce cylindre avec un matériau isolant et sec. La paille et les feuilles mortes bien sèches sont les meilleurs choix. Il faut bien tasser le matériau pour qu’il n’y ait pas de poches d’air, tout en veillant à ne pas abîmer le stipe. Le remplissage doit monter jusqu’en haut du grillage. Cet isolant va protéger le stipe des températures glaciales.

Enfin, il est crucial de protéger cet isolant de la pluie et de la neige pour qu’il reste efficace tout l’hiver. On peut fabriquer un « chapeau » avec une plaque de plastique, une vieille tuile ou simplement en rabattant un morceau de bâche sur le dessus du cylindre, en le fixant pour qu’il ne s’envole pas. On peut également envelopper l’extérieur du grillage avec un ou deux tours de voile d’hivernage pour une protection supplémentaire.

Le retrait de la protection au printemps

Le moment de retirer la protection hivernale est tout aussi délicat que celui de son installation. Il ne faut être ni trop pressé, ni trop tardif. Si on découvre la plante trop tôt, une gelée printanière tardive pourrait endommager gravement le stipe ou les jeunes pousses qui commencent à se former. Si on attend trop longtemps, la chaleur et l’humidité piégées sous la protection pourraient faire pourrir la plante ou encourager une croissance étiolée et fragile.

La règle générale est d’attendre que tout risque de forte gelée soit écarté. Il faut surveiller la météo et attendre que les températures nocturnes se maintiennent durablement au-dessus de zéro. Cela se situe généralement entre la fin mars et la mi-avril, selon les régions. On peut commencer par retirer le « chapeau » et le voile extérieur pour laisser l’air circuler, avant de retirer complètement l’isolant quelques jours plus tard.

Lors du déballage, il faut procéder avec délicatesse. On retire progressivement le paillis ou l’isolant. Il faut ensuite inspecter l’état du stipe. S’il est ferme et sain, c’est un excellent signe. S’il est mou, brun et dégage une odeur de pourriture, il a malheureusement gelé. Dans ce cas, pas de panique : il faut le couper progressivement, par tronçons, jusqu’à retrouver une partie saine et ferme, même si cela signifie de devoir le couper au ras du sol.

Même si le stipe a entièrement pourri, le rhizome, bien protégé sous terre, est très probablement vivant. La plante repartira de la base, en produisant de nouveaux rejets. Après le nettoyage, on peut étaler une fine couche de compost au pied de la plante pour lui donner les nutriments nécessaires à une bonne reprise. On recommencera alors les arrosages très progressivement, au fur et à mesure que la croissance reprendra et que les températures augmenteront.

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