La taille du plaqueminier d’Asie est une intervention horticole essentielle qui, lorsqu’elle est bien menée, contribue de manière significative à la santé de l’arbre, à la qualité de sa production et à son intégration harmonieuse dans le jardin. Contrairement à une idée reçue qui le voudrait peu exigeant en la matière, le plaqueminier bénéficie grandement d’une taille régulière et réfléchie. Loin d’être un acte anodin, la taille est un dialogue avec l’arbre qui vise à orienter sa croissance, à équilibrer sa structure, à favoriser la pénétration de la lumière et à stimuler la production de fruits de qualité. Il est important de comprendre que l’on ne taille pas un jeune arbre en formation de la même manière qu’un arbre adulte en pleine production. Chaque coup de sécateur doit avoir un objectif précis pour sculpter l’arbre et optimiser son potentiel.
Il est crucial de savoir que le plaqueminier fructifie sur les rameaux de l’année. Cela signifie que les fruits apparaissent sur les nouvelles pousses qui se développent au printemps à partir des bourgeons formés sur le bois de l’année précédente. La taille doit donc impérativement préserver une quantité suffisante de bois d’un an porteur de bourgeons à fruits, tout en stimulant le renouvellement des branches fructifères. Une taille trop sévère qui supprimerait la majorité du bois jeune pourrait compromettre la récolte de l’année. À l’inverse, une absence totale de taille conduit à un enchevêtrement de branches, un vieillissement prématuré de la charpente et une production de fruits plus petits et moins accessibles.
La période de taille la plus importante pour le plaqueminier se situe durant sa période de dormance hivernale, de décembre à février, et toujours en dehors des périodes de fortes gelées. Tailler en hiver, lorsque l’arbre n’a plus de feuilles, permet de visualiser parfaitement la structure de la charpente et de faire des choix de coupe éclairés. Cette taille principale est appelée taille de fructification ou taille d’entretien. Une légère taille en vert, pendant l’été, peut également être pratiquée pour éliminer les gourmands ou les rameaux mal placés, mais elle doit rester très limitée.
L’utilisation d’outils de qualité, propres et bien affûtés, est indispensable pour réaliser une taille propre. Un sécateur pour les petites branches, un ébrancheur (coupe-branches) pour les branches de taille moyenne et une scie d’élagage pour les plus grosses sections sont nécessaires. Des coupes nettes et franches cicatrisent beaucoup mieux et plus rapidement, réduisant ainsi les risques d’infection par des maladies. Il est également fortement recommandé de désinfecter les lames des outils (à l’alcool à 70° par exemple) entre chaque arbre pour éviter la propagation d’éventuels pathogènes.
La taille de formation du jeune arbre
La taille de formation est une étape cruciale qui se pratique durant les trois à quatre premières années après la plantation. Son objectif est de construire une structure de base solide, équilibrée et bien aérée, qui supportera les futures récoltes et facilitera les opérations d’entretien et de cueillette. Le choix de la forme de l’arbre, ou forme de conduite, est la première décision à prendre. La forme la plus courante et la mieux adaptée au plaqueminier est le gobelet (ou vase), avec un tronc court et trois ou quatre branches charpentières bien réparties autour du tronc.
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La première année, après la plantation, si l’on a un jeune scion (une seule tige), on le rabat à une hauteur de 60 à 80 centimètres du sol. Cette coupe va stimuler le développement de plusieurs rameaux juste en dessous du point de coupe. À l’hiver suivant, on sélectionne les trois ou quatre rameaux les mieux placés et les plus vigoureux pour former les futures branches charpentières. Ils doivent être répartis harmonieusement autour du tronc, comme les branches d’une étoile. Tous les autres rameaux sont supprimés.
Les années suivantes, la taille de formation consiste à continuer la construction de cette charpente. Chaque hiver, on raccourcit les prolongements des branches charpentières d’environ un tiers de leur longueur, en coupant toujours au-dessus d’un bourgeon tourné vers l’extérieur. Cela les encourage à se ramifier et à se fortifier. On veille également à éliminer toutes les pousses qui se développent vers l’intérieur de l’arbre, celles qui se croisent ou qui sont trop verticales (les gourmands). L’objectif est de créer une structure en forme de coupe, ouverte au centre pour laisser entrer la lumière.
Pendant cette période, il est également important de supprimer toutes les pousses qui pourraient apparaître sur le tronc, sous les branches charpentières. La taille de formation est un investissement à long terme. Un arbre bien formé dès son jeune âge sera plus productif, plus résistant aux maladies et plus facile à entretenir tout au long de sa vie. Il ne faut donc pas hésiter à être patient et méthodique durant ces premières années.
La taille de fructification de l’arbre adulte
Une fois que l’arbre a atteint sa structure adulte, la taille change d’objectif. Il ne s’agit plus de construire la charpente, mais de l’entretenir et de favoriser une production de fruits régulière et de qualité. Cette taille, pratiquée chaque hiver, est appelée taille de fructification ou d’entretien. Elle repose sur trois grands principes : aérer, éclaircir et rajeunir. Une taille bien menée permet de maintenir un bon équilibre entre la croissance végétative et la production de fruits.
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Le premier geste de la taille d’entretien consiste à nettoyer l’arbre. On supprime tout le bois mort, malade ou endommagé. On élimine également les branches qui se croisent ou se frottent l’une contre l’autre, car ces frottements créent des blessures qui sont des portes d’entrée pour les maladies. On retire aussi les branches qui poussent vers l’intérieur de la ramure, car elles assombrissent le cœur de l’arbre et gênent la circulation de l’air.
Ensuite, il faut éclaircir la ramure pour améliorer la pénétration de la lumière. Cela consiste à supprimer les branches en surnombre, notamment celles qui sont trop proches les unes des autres ou qui sont parallèles. On cherche à obtenir une répartition homogène des branches fruitières sur l’ensemble de la charpente. Une bonne aération est la meilleure prévention contre les maladies fongiques et assure une meilleure coloration et maturation des fruits. L’objectif est de pouvoir « lancer son chapeau à travers l’arbre » sans qu’il ne s’accroche.
Enfin, la taille vise à rajeunir les branches fruitières. Comme le kaki produit sur le bois de l’année, il faut veiller à ce que l’arbre produise chaque année de nouvelles pousses. Pour cela, on taille les rameaux qui ont déjà porté des fruits. On peut soit les raccourcir de moitié pour les inciter à se ramifier, soit les supprimer complètement s’ils sont trop longs et retombants, en conservant un rameau de remplacement plus jeune et mieux placé à leur base. Cette rotation permet de maintenir les zones de production proches de la charpente et d’éviter que l’arbre ne se dégarnisse de l’intérieur.
La gestion des gourmands et la taille en vert
En plus de la taille hivernale, une légère intervention en cours de végétation, appelée taille en vert, peut être bénéfique. Elle se pratique principalement en juin ou juillet et vise à contrôler la vigueur de l’arbre et à supprimer les pousses indésirables avant qu’elles ne consomment inutilement de l’énergie au détriment des fruits. Cette taille doit cependant rester légère pour ne pas perturber l’équilibre de l’arbre.
La principale cible de la taille en vert sont les gourmands. Les gourmands sont des pousses très vigoureuses, qui se développent de manière très verticale à partir du tronc ou des branches charpentières. Ils ne produisent généralement pas de fruits et leur croissance rapide et exubérante consomme une grande partie de la sève de l’arbre. En les supprimant dès leur apparition, lorsqu’ils sont encore tendres et peuvent être enlevés à la main (pincement), on redirige l’énergie de l’arbre vers les branches fruitières et le développement des fruits.
La taille en vert peut également être l’occasion d’éliminer les rameaux mal placés qui auraient été oubliés lors de la taille hivernale, ou ceux qui se développent vers l’intérieur de l’arbre. En les supprimant tôt dans la saison, on évite d’avoir à faire de grosses coupes en hiver et on améliore immédiatement l’aération et l’ensoleillement au cœur de la ramure. C’est une opération rapide qui complète efficacement la taille d’hiver.
Il est important de souligner que la taille en vert doit être modérée. Supprimer une trop grande quantité de feuillage en été réduirait la capacité de photosynthèse de l’arbre et pourrait affaiblir sa croissance et la maturation des fruits. Elle se limite donc à la suppression des gourmands et de quelques rameaux manifestement mal orientés. C’est une taille de « nettoyage » et d’optimisation, et non une taille de structure.
Les erreurs de taille à éviter
Pour assurer la santé et la productivité du plaqueminier, il est tout aussi important de connaître les erreurs de taille à ne pas commettre. La plus grande erreur est sans doute l’absence totale de taille sur un arbre adulte. Sans intervention, l’arbre devient très dense, la lumière ne pénètre plus, les maladies se développent, la production de fruits se déplace vers l’extrémité des branches et la qualité des fruits diminue. L’arbre vieillit mal et devient difficile à gérer.
À l’opposé, une taille trop sévère, souvent appelée « taille de bûcheron », est extrêmement préjudiciable. Rabattre drastiquement toutes les branches chaque année va provoquer une réaction de panique de l’arbre, qui va répondre en produisant une multitude de gourmands très vigoureux au détriment de la production de fruits. Cette pratique déséquilibre complètement l’arbre, l’épuise et le rend plus vulnérable aux maladies. La taille doit toujours être une intervention mesurée et réfléchie.
Une autre erreur fréquente est de laisser des chicots, c’est-à-dire des morceaux de branches mortes après la coupe. Une coupe doit toujours être faite au ras de la branche porteuse, juste après le bourrelet cicatriciel, sans toutefois l’endommager. Les chicots ne peuvent pas cicatriser correctement et deviennent des portes d’entrée pour les champignons et les insectes xylophages qui peuvent ensuite s’attaquer au bois sain de l’arbre.
Enfin, il faut éviter de tailler pendant les périodes de fortes gelées. Le gel peut endommager les tissus fraîchement coupés et provoquer des éclatements du bois, ce qui complique la cicatrisation. Il est préférable d’attendre une journée où les températures sont positives pour effectuer la taille hivernale. De même, l’application de mastic cicatrisant sur les plaies de taille est aujourd’hui controversée. Sur les petites coupes, il est préférable de ne rien mettre et de laisser l’arbre développer ses propres défenses naturelles. Le mastic peut être réservé aux très grosses coupes, de plus de 5 centimètres de diamètre.