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Les besoins en nutriments et la fertilisation du plaqueminier d’Asie

Daria · 29.07.2025.

Pour que le plaqueminier d’Asie puisse exprimer tout son potentiel et offrir des récoltes généreuses de fruits savoureux, une alimentation nutritionnelle équilibrée est absolument essentielle. Comme tout être vivant, l’arbre puise dans le sol les éléments minéraux nécessaires à sa croissance, à la production de son feuillage, à sa floraison et, bien sûr, au développement de ses fruits. Une fertilisation bien raisonnée ne consiste pas simplement à apporter de l’engrais en grande quantité, mais plutôt à comprendre les besoins spécifiques de l’arbre aux différents stades de son développement et à y répondre de manière ciblée. Une bonne stratégie de fertilisation vise à maintenir la fertilité du sol sur le long terme, à prévenir les carences et à assurer une croissance saine et équilibrée, gage de productivité et de résistance aux maladies.

Le plaqueminier est un arbre fruitier qui, sans être excessivement gourmand, apprécie un sol riche et bien pourvu en matière organique. Les trois nutriments majeurs, connus sous le sigle NPK, sont fondamentaux. L’azote (N) est crucial pour la croissance végétative, c’est-à-dire le développement des feuilles et des rameaux. Le phosphore (P) joue un rôle clé dans le développement du système racinaire et dans les processus énergétiques de la plante, notamment la floraison et la nouaison. Le potassium (K) est quant à lui indispensable pour le grossissement des fruits, leur teneur en sucre, leur coloration et leur saveur, ainsi que pour la résistance de l’arbre au froid et aux maladies.

Au-delà de ces macro-éléments, le plaqueminier a également besoin d’éléments secondaires comme le calcium (Ca) et le magnésium (Mg), ainsi que de divers oligo-éléments en plus petites quantités, tels que le fer (Fe), le bore (B), le zinc (Zn) et le manganèse (Mn). Une carence dans l’un de ces éléments, même mineure, peut entraîner des déséquilibres, affecter la croissance de l’arbre et diminuer la qualité de la récolte. Par exemple, une carence en fer est fréquente en sol calcaire et se manifeste par une chlorose, c’est-à-dire un jaunissement des feuilles alors que les nervures restent vertes.

La meilleure approche pour la fertilisation est de commencer par nourrir le sol. Un sol sain, vivant et riche en humus est capable de stocker les nutriments et de les mettre à disposition de l’arbre de manière progressive. C’est pourquoi l’apport régulier de matière organique sous forme de compost, de fumier bien décomposé ou de paillis organique est la base d’une bonne fertilisation. Ces amendements organiques améliorent non seulement la disponibilité des nutriments, mais aussi la structure du sol, sa capacité de rétention d’eau et son activité biologique, créant un environnement idéal pour les racines de l’arbre.

Comprendre les carences et les excès

Il est crucial pour le jardinier d’apprendre à reconnaître les signes de carences nutritionnelles afin de pouvoir y remédier rapidement. La carence la plus courante chez le plaqueminier est la carence en azote, qui se manifeste par un feuillage pâle, voire jaunâtre, et une croissance générale ralentie. Les feuilles les plus âgées, à la base des rameaux, sont généralement les premières touchées. Un apport d’engrais organique riche en azote, comme le sang séché ou la corne broyée, permet de corriger rapidement ce problème.

Une carence en potassium peut se traduire par un jaunissement ou un brunissement du pourtour des feuilles les plus anciennes, ainsi que par des fruits de petite taille, manquant de saveur et de couleur. La cendre de bois (utilisée avec modération et sur sol non calcaire), la consoude ou les engrais organiques spécifiques « fruits » riches en potasse peuvent combler ce manque. La carence en phosphore est plus rare et plus difficile à diagnostiquer, se manifestant souvent par une coloration violacée des feuilles et une faible floraison.

La chlorose ferrique, due à une carence en fer, est facilement identifiable par le jaunissement du limbe des jeunes feuilles situées en bout de rameau, alors que les nervures restent bien vertes. Ce problème survient le plus souvent dans les sols au pH élevé (calcaires) qui bloquent l’assimilation du fer. Pour y remédier, on peut pulvériser du chélate de fer sur le feuillage pour un effet rapide, et amender le sol avec du soufre ou de la matière organique acide pour une solution à plus long terme.

Il est tout aussi important d’éviter les excès de fertilisation, qui peuvent être aussi préjudiciables que les carences. Un excès d’azote, par exemple, va stimuler une croissance végétative exubérante et un feuillage très dense, mais cela se fera au détriment de la production de fruits. De plus, les tissus tendres et gorgés d’eau seront plus sensibles aux attaques de pucerons et aux maladies. Un excès de fertilisation peut également « brûler » les racines et polluer les nappes phréatiques. La modération et l’équilibre sont donc les maîtres mots.

La fertilisation à la plantation et pour les jeunes arbres

Les besoins nutritionnels du plaqueminier évoluent avec son âge. Lors de la plantation, l’objectif principal n’est pas de « booster » l’arbre, mais de lui fournir un environnement de sol riche et équilibré pour favoriser un bon enracinement. Comme mentionné précédemment, il est proscrit de mettre de l’engrais chimique au contact direct des racines. L’essentiel de la fertilisation initiale provient de l’incorporation de compost bien mûr ou de fumier décomposé à la terre de rebouchage. Cet apport de matière organique fournira une alimentation douce et progressive durant la première année.

Durant les deux ou trois premières années suivant la plantation, le plaqueminier consacre son énergie au développement de son système racinaire et de sa structure charpentière. La fertilisation durant cette période doit viser à soutenir cette croissance de manière équilibrée. Un apport annuel de compost au pied de l’arbre au début du printemps est généralement suffisant. Il peut être complété par un engrais organique complet à libération lente, avec un équilibre NPK favorisant légèrement l’azote et le phosphore pour encourager la croissance des racines et des branches.

Il est important de ne pas sur-fertiliser les jeunes arbres. Un excès d’azote pourrait les rendre plus fragiles et retarder leur entrée en production. L’apport d’engrais se fait généralement en surface, sur toute la zone correspondant à l’aplomb de la ramure, suivi d’un léger griffage pour l’incorporer et d’un bon arrosage. L’application d’un paillis organique par-dessus l’amendement contribuera à maintenir l’humidité et à enrichir le sol en continu.

L’observation de la vigueur du jeune arbre est le meilleur guide pour ajuster la fertilisation. Si l’arbre présente une croissance annuelle saine (des pousses de 30 à 50 cm), avec un feuillage bien vert, c’est que la fertilisation est adéquate. Si la croissance est faible et le feuillage pâle, un apport complémentaire peut être nécessaire. Si la croissance est excessive et désordonnée, il faut réduire, voire supprimer, la fertilisation azotée pour l’année suivante.

La fertilisation des arbres en production

Une fois que le plaqueminier entre en production, ses besoins nutritionnels changent. La formation des fruits est un processus exigeant qui consomme une grande quantité de nutriments, en particulier du potassium. La fertilisation des arbres adultes doit donc viser non seulement à soutenir la croissance annuelle, mais aussi à compenser les éléments exportés par la récolte des fruits. Une fertilisation inadéquate sur un arbre en production peut conduire à l’épuisement de l’arbre et au phénomène d’alternance.

Le programme de fertilisation pour un arbre adulte peut être fractionné en deux ou trois apports au cours de l’année. Un premier apport est réalisé à la fin de l’hiver ou au tout début du printemps, avant le débourrement. Cet apport sera composé d’un engrais organique complet, riche en azote pour soutenir le démarrage de la végétation. Un apport de compost bien mûr en surfaçage est également très bénéfique à cette période.

Un deuxième apport peut être effectué en fin de printemps ou début d’été, après la nouaison, lorsque les jeunes fruits commencent à grossir. Cet apport devra être plus riche en potassium et en phosphore pour soutenir le développement des fruits et la formation des bourgeons floraux pour l’année suivante. Des engrais organiques spécifiques pour arbres fruitiers sont bien adaptés pour cette période. Il faut veiller à bien arroser après chaque apport d’engrais pour qu’il puisse se dissoudre et être absorbé par les racines.

Après la récolte, à l’automne, un dernier apport peut être envisagé, notamment dans les sols pauvres. Cet apport, pauvre en azote mais riche en phosphore et en potassium, aide l’arbre à reconstituer ses réserves avant l’hiver et à se préparer pour la saison suivante. L’utilisation d’engrais verts, semés au pied de l’arbre à l’automne et fauchés au printemps, est aussi une excellente pratique pour enrichir le sol en matière organique et en azote de manière naturelle.

Les engrais organiques et naturels

Pour une culture respectueuse de l’environnement et pour la santé du sol, l’utilisation d’engrais organiques et naturels est fortement recommandée. Le compost de jardin est l’amendement de base par excellence. Riche en humus, en nutriments variés et en micro-organismes bénéfiques, il améliore la fertilité globale du sol. Il peut être épandu en couche de quelques centimètres au pied de l’arbre chaque année au début du printemps.

Le fumier bien décomposé (de cheval, de vache, de mouton) est également un excellent amendement, apportant azote et autres éléments nutritifs tout en améliorant la structure du sol. Il est crucial qu’il soit bien mûr pour ne pas brûler les racines. D’autres engrais organiques spécifiques peuvent être utilisés pour des besoins ciblés : le sang séché ou la corne torréfiée pour un apport rapide en azote, la poudre d’os ou le guano pour le phosphore, et la cendre de bois (avec parcimonie) ou le patentkali pour le potassium.

Les engrais verts sont une autre méthode de fertilisation naturelle très efficace. Semer un mélange de légumineuses (phacélie, moutarde, trèfle) au pied de l’arbre à l’automne permet de couvrir le sol pendant l’hiver, d’éviter le lessivage des nutriments et d’améliorer sa structure grâce aux racines. Au printemps, ces plantes sont fauchées et laissées sur place comme un paillis nutritif, ou légèrement incorporées au sol, libérant ainsi l’azote qu’elles ont fixé.

Enfin, les purins de plantes, comme le purin de consoude, peuvent être utilisés en complément. Le purin de consoude est particulièrement riche en potasse et en oligo-éléments, ce qui en fait un excellent engrais liquide pour soutenir la fructification. Dilué à 10%, il peut être utilisé en arrosage au pied de l’arbre toutes les deux ou trois semaines pendant la période de grossissement des fruits. Ces méthodes naturelles nourrissent l’arbre de manière douce et durable, en parfaite harmonie avec l’écosystème du jardin.

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