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La plantation et la multiplication du cèdre de l’Atlas

Linden · 27.05.2025.

La réussite de la culture du cèdre de l’Atlas, cet arbre emblématique à la silhouette imposante, repose fondamentalement sur la qualité de sa plantation et la maîtrise des techniques de multiplication. Une plantation correctement effectuée est le gage d’une bonne reprise et d’un développement vigoureux pour les décennies à venir, tandis que la multiplication permet de perpétuer ses caractéristiques uniques. Ces deux processus, bien que distincts, partagent un objectif commun : donner naissance à un arbre sain, robuste et capable de s’adapter à son nouvel environnement. Il est donc primordial d’aborder ces étapes avec méthode et savoir-faire, en comprenant les exigences biologiques de cette essence montagnarde. De la préparation minutieuse du sol à la sélection des techniques de propagation, chaque geste compte pour assurer un avenir prometteur à ce géant des jardins.

La période de plantation est un facteur déterminant pour le succès de l’opération. Idéalement, la mise en terre du cèdre de l’Atlas s’effectue à l’automne, entre septembre et novembre, dans les régions au climat tempéré. Cette période permet à l’arbre de développer son système racinaire dans un sol encore chaud avant l’arrivée des grands froids, lui donnant ainsi une avance pour la reprise végétative au printemps suivant. Une plantation printanière, de mars à avril, est également possible, surtout dans les régions aux hivers très rigoureux, mais elle exigera un suivi plus attentif de l’arrosage durant le premier été pour compenser un enracinement moins établi. Il est crucial d’éviter de planter durant les périodes de gel, de fortes chaleurs ou de sécheresse.

Le choix du plant est tout aussi important. Il est préférable de se procurer un sujet jeune, élevé en conteneur ou en motte, auprès d’un pépiniériste de confiance. Un plant de qualité présente un système racinaire bien développé mais non enroulé (chignonage), un tronc droit et robuste, et un feuillage dense et sain, exempt de tout signe de maladie ou de carence. Il faut inspecter soigneusement la motte : les racines doivent être blanches ou claires et réparties de manière homogène. Un sujet trop grand par rapport à son contenant peut avoir souffert de contraintes et aura plus de difficultés à s’établir une fois en pleine terre.

Enfin, la multiplication du cèdre de l’Atlas est une démarche plus technique, mais passionnante pour le jardinier averti. La méthode la plus courante pour l’espèce type est le semis, qui permet d’obtenir de nouveaux plants à partir de graines. Pour les variétés horticoles spécifiques, comme le célèbre cèdre bleu ‘Glauca’ ou les formes pleureuses, le greffage est la seule technique qui garantit la transmission fidèle des caractéristiques de la plante mère. Chaque méthode a ses propres exigences et son propre calendrier, et leur maîtrise ouvre la porte à la création et à la diffusion de ces arbres d’exception.

La préparation du site de plantation

Une préparation soignée du site est la première étape vers une plantation réussie. Le travail commence par le choix d’un emplacement définitif, en gardant à l’esprit que le cèdre de l’Atlas deviendra un arbre de très grande taille. Il lui faut un espace dégagé, en plein soleil, et un sol qui ne retient pas l’eau en excès. Une fois l’emplacement déterminé, il est essentiel de préparer le sol en profondeur pour faciliter l’installation et la croissance des racines. Le désherbage minutieux de la zone est indispensable pour éliminer toute compétition pour l’eau et les nutriments durant les premières années critiques.

Le creusement du trou de plantation doit être fait avec soin. La règle générale est de creuser un trou au moins deux à trois fois plus large que la motte de l’arbre, mais de la même profondeur. Un trou trop profond risquerait de provoquer un affaissement du plant et d’enterrer le collet, la zone de transition entre le tronc et les racines, ce qui est extrêmement préjudiciable à l’arbre. Les parois du trou doivent être décompactées, surtout en sol lourd, pour éviter un « effet de pot » qui confinerait les racines et les empêcherait de coloniser le sol environnant.

L’amendement du sol est une étape clé, surtout si la terre de jardin est de piètre qualité. Il ne s’agit pas de remplacer la terre extraite, mais de l’améliorer. On peut y mélanger un tiers de compost bien mûr, de terreau de plantation ou de fumier décomposé pour enrichir le substrat et améliorer sa structure. Si le sol est lourd et argileux, l’ajout de sable de rivière ou de graviers fins au fond du trou et dans le mélange de remplissage favorisera un meilleur drainage, une condition sine qua non pour la survie du cèdre.

Avant de procéder à la mise en terre, il est conseillé de bien hydrater la motte du jeune cèdre. Si l’arbre est en conteneur, il suffit de le plonger dans un grand seau d’eau jusqu’à ce qu’aucune bulle d’air ne s’en échappe. Pour un arbre en motte, un arrosage copieux de la tontine est recommandé. Cette étape assure que les racines sont bien hydratées avant d’être mises en contact avec le sol, ce qui réduit le choc de la transplantation et favorise une reprise plus rapide. Un système racinaire bien hydraté est plus apte à commencer son exploration du nouveau sol.

Le processus de plantation étape par étape

La mise en terre du cèdre de l’Atlas doit suivre une procédure rigoureuse. Après avoir préparé le trou et la motte, on positionne l’arbre bien droit au centre du trou. Le sommet de la motte doit affleurer le niveau du sol environnant, ou être très légèrement surélevé pour anticiper un éventuel tassement. Utiliser une planche ou un manche d’outil posé en travers du trou permet de vérifier facilement la hauteur correcte. Il est crucial de ne jamais enterrer le collet de l’arbre, car cela pourrait entraîner sa pourriture et sa mort à terme.

Une fois l’arbre bien positionné, on commence à combler le trou avec le mélange de terre préparé. Il est important de tasser légèrement la terre au fur et à mesure du remplissage pour éliminer les poches d’air qui pourraient dessécher les racines, mais sans compacter excessivement le sol. Cette opération se fait de préférence à la main ou avec le pied, en veillant à ne pas abîmer la motte. Le remplissage doit être homogène tout autour de l’arbre pour assurer sa stabilité.

Après avoir rempli le trou, il est essentiel de former une cuvette d’arrosage autour du tronc. Cette bordure de terre, d’une dizaine de centimètres de hauteur, permettra de retenir l’eau lors des arrosages et de la concentrer directement sur la zone racinaire. Le premier arrosage doit être très abondant, même si le sol est déjà humide, afin de bien mettre la terre en contact avec les racines et de chasser les dernières poches d’air. Il faut compter au moins 20 à 30 litres d’eau pour un jeune sujet.

La dernière étape de la plantation consiste à tuteurer le jeune cèdre si nécessaire. Un tuteurage est recommandé pour les arbres plantés dans des zones venteuses ou pour les sujets de plus de 1,5 mètre de hauteur, afin d’assurer leur ancrage et de protéger le tronc des mouvements excessifs qui pourraient briser les jeunes racines en formation. Le tuteur doit être solide et planté avant l’arbre pour ne pas endommager la motte. L’attache, souple et non blessante, doit être vérifiée et desserrée régulièrement pour ne pas étrangler le tronc en croissance.

Les soins post-plantation essentiels

Les soins qui suivent la plantation sont déterminants pour la survie et la bonne croissance du cèdre. Le suivi de l’arrosage est la priorité numéro un durant les deux à trois premières années. Il doit être régulier et adapté aux conditions météorologiques, en particulier pendant la première saison estivale. Il est préférable d’arroser copieusement une fois par semaine plutôt que de donner un peu d’eau tous les jours. Un arrosage en profondeur encourage les racines à descendre chercher l’humidité, ce qui rendra l’arbre plus résistant à la sécheresse à long terme.

La mise en place d’un paillage au pied de l’arbre est fortement conseillée juste après la plantation. Une couche de 5 à 10 centimètres d’écorces de pin, de paille ou de BRF (Bois Raméal Fragmenté) aide à maintenir le sol frais et humide, limite la concurrence des mauvaises herbes et protège les racines des températures extrêmes. Il faut veiller à laisser un petit espace libre autour du tronc pour éviter les risques de pourriture. Ce paillage se décomposera lentement, apportant de la matière organique bénéfique au sol.

La surveillance de l’état général de l’arbre est également cruciale. Il faut inspecter régulièrement le feuillage pour détecter tout signe de stress, comme un jaunissement ou un flétrissement, qui pourrait indiquer un problème d’arrosage. Il est aussi important de vérifier l’attache du tuteur pour s’assurer qu’elle ne blesse pas l’écorce et de l’ajuster si nécessaire. Le tuteur peut généralement être retiré après deux ou trois ans, lorsque l’arbre est suffisamment ancré pour se maintenir seul.

Durant les premières années, il est préférable de ne pas fertiliser excessivement le jeune cèdre. L’amendement organique incorporé au sol lors de la plantation est généralement suffisant pour démarrer. Un excès d’engrais azoté pourrait favoriser une croissance rapide du feuillage au détriment du développement racinaire, rendant l’arbre plus fragile. Si une fertilisation s’avère nécessaire sur un sol très pauvre, un apport léger d’engrais pour conifères à libération lente au printemps sera amplement suffisant. La priorité reste le développement d’un système racinaire robuste.

La multiplication par semis

La multiplication du cèdre de l’Atlas par semis est une méthode passionnante qui permet de faire naître un arbre à partir de sa graine. La première étape consiste à récolter les cônes à l’automne, lorsqu’ils sont mûrs mais avant qu’ils ne s’ouvrent et ne dispersent leurs graines. Les cônes doivent ensuite être stockés dans un endroit sec et chaud pour encourager leur ouverture. Une fois les graines ailées extraites, il faut les débarrasser de leur aile pour faciliter la germination.

Les graines de cèdre possèdent une dormance qui doit être levée pour qu’elles puissent germer. Ce processus, appelé stratification, imite les conditions hivernales naturelles. Les graines doivent être placées dans un substrat humide (sable, tourbe, vermiculite) et conservées au réfrigérateur à une température de 1 à 5°C pendant une période de un à trois mois. Cette étape de stratification à froid est indispensable pour obtenir un bon taux de germination. Il faut surveiller régulièrement l’humidité du substrat pour éviter qu’il ne se dessèche ou ne moisisse.

Après la stratification, les graines sont prêtes à être semées au début du printemps. On les sème dans des pots profonds ou des caissettes remplis d’un terreau pour semis bien drainant. Les graines sont recouvertes d’une fine couche de substrat, d’environ leur propre épaisseur. Les semis doivent être maintenus dans un endroit lumineux, à l’abri du soleil direct, et le substrat doit rester constamment humide mais pas détrempé. La germination peut prendre plusieurs semaines à plusieurs mois, il faut donc faire preuve de patience.

Une fois que les plantules ont développé quelques paires de vraies aiguilles et sont assez robustes pour être manipulées, elles peuvent être repiquées individuellement dans des pots plus grands. Elles y seront cultivées pendant au moins un ou deux ans avant d’être suffisamment fortes pour être plantées en pleine terre. Durant cette période, elles nécessiteront une protection contre les fortes gelées et les sécheresses estivales. Le semis est un processus long, mais la satisfaction de voir grandir un cèdre que l’on a fait naître est incomparable.

Les techniques de greffage pour les cultivars

Le greffage est la méthode de multiplication végétative utilisée pour reproduire les cultivars du cèdre de l’Atlas, tels que les variétés ‘Glauca’ (cèdre bleu) ou ‘Pendula’ (cèdre pleureur). Cette technique consiste à souder un fragment de la variété que l’on souhaite multiplier (le greffon) sur un jeune plant de l’espèce type (le porte-greffe), qui fournira le système racinaire. Le porte-greffe est généralement un jeune cèdre de l’Atlas issu de semis, âgé de deux à trois ans et bien établi dans son pot. La compatibilité entre le greffon et le porte-greffe est essentielle à la réussite de l’opération.

Le choix du greffon est primordial. Il doit être prélevé sur une plante mère saine, vigoureuse et représentative des caractéristiques du cultivar. On prélève généralement une jeune pousse de l’année, d’une dizaine de centimètres de long, en fin d’hiver ou au début du printemps, lorsque l’arbre est encore en dormance. Le greffon doit comporter plusieurs bourgeons bien formés. La fraîcheur du greffon est un facteur clé ; il doit être utilisé le plus rapidement possible après sa récolte ou conservé dans des conditions de froid et d’humidité.

La technique de greffage la plus couramment pratiquée pour le cèdre est la greffe en fente terminale ou la greffe de côté. La greffe en fente consiste à décapiter le porte-greffe et à fendre verticalement sa tige sur quelques centimètres pour y insérer le greffon, taillé en biseau des deux côtés. Dans la greffe de côté, on pratique une incision latérale sur la tige du porte-greffe pour y glisser le greffon. Dans les deux cas, il est impératif de faire coïncider les cambiums (la fine couche de cellules de croissance sous l’écorce) du greffon et du porte-greffe, car c’est à cet endroit que la soudure se produira.

Après l’insertion du greffon, la zone de greffe doit être solidement ligaturée avec un ruban spécial (flexibande, buddy tape) pour maintenir les deux parties en contact étroit et les protéger du dessèchement et des infections. La plante greffée est ensuite placée dans une serre ou sous châssis, dans des conditions de chaleur et d’humidité contrôlées, pour favoriser la formation du cal de cicatrisation et la soudure. Ce processus, appelé « mise à l’étouffée », peut durer plusieurs semaines. Une fois que le greffon montre des signes de reprise (débourrement des bourgeons), on peut commencer à acclimater progressivement la jeune plante à des conditions normales.

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