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La taille et la coupe de la passiflore

Linden · 29.04.2025.

Maîtriser l’art de la taille est l’une des interventions les plus gratifiantes et les plus décisives dans la culture de la passiflore. Face à la vigueur et à la croissance parfois anarchique de cette liane, le sécateur devient l’outil indispensable du jardinier pour sculpter, contenir et surtout stimuler la plante. La taille n’est pas un acte de mutilation, mais un dialogue avec la plante, une manière de guider son énergie vers la production de fleurs plutôt que vers une croissance désordonnée. Une passiflore non taillée peut rapidement devenir un enchevêtrement inextricable de vieilles tiges, avec une floraison confinée à ses extrémités lointaines. Comprendre pourquoi, quand et comment tailler est donc essentiel pour maintenir une plante saine, esthétique et incroyablement florifère.

Le principal objectif de la taille est de favoriser le renouvellement du bois de la plante. En effet, la plupart des espèces de passiflores fleurissent principalement sur les nouvelles pousses de l’année. En taillant les tiges de l’année précédente, on encourage la plante à produire une multitude de nouvelles pousses vigoureuses, qui seront autant de supports pour les futures fleurs. Une taille bien menée permet donc de multiplier les sites de floraison et d’obtenir une couverture de fleurs beaucoup plus dense et mieux répartie sur l’ensemble de la plante.

Un autre objectif majeur de la taille est de contrôler le développement de cette liane exubérante. La passiflore peut croître de plusieurs mètres en une seule saison et rapidement envahir son support, voire les plantes voisines. La taille permet de la maintenir dans les limites de l’espace qui lui est alloué, que ce soit un treillage, une pergola ou un grillage. Elle permet également d’aérer la structure de la plante, ce qui est crucial pour la prévention des maladies.

Enfin, la taille a un but sanitaire et esthétique. Elle consiste à éliminer le bois mort, les tiges abîmées par le gel ou les maladies, ainsi que les branches faibles ou qui s’entrecroisent. Cela permet de « nettoyer » la plante, de favoriser une meilleure circulation de l’air et de la lumière en son sein, et de lui donner une forme plus harmonieuse et équilibrée. Une plante bien structurée est non seulement plus belle, mais aussi plus saine et plus facile à entretenir.

Le moment idéal pour la taille

Le choix du moment pour effectuer la taille principale est d’une importance capitale pour ne pas compromettre la floraison. La période la plus propice pour cette intervention est la fin de l’hiver ou le tout début du printemps, généralement entre la fin février et le mois de mars, selon le climat de la région. Il est crucial d’attendre que les plus grands risques de fortes gelées soient passés, mais d’intervenir avant que la végétation n’ait pleinement redémarré.

Tailler à ce moment précis présente plusieurs avantages. D’une part, la plante est encore en dormance, la sève n’est pas encore montée en pleine puissance, ce qui réduit le stress lié à la taille et les risques d’écoulements. D’autre part, cela permet de supprimer les parties qui ont pu être endommagées par le gel hivernal. Surtout, cette taille précoce va stimuler le départ de nouvelles pousses dès le réveil de la plante, lui laissant toute la saison pour se développer et fleurir.

Il faut absolument éviter de tailler la passiflore à l’automne. Une taille à cette période pourrait stimuler la croissance de nouvelles pousses tardives qui n’auraient pas le temps de s’aoûter (de durcir) avant l’arrivée de l’hiver. Ces jeunes pousses tendres seraient alors extrêmement vulnérables au gel, ce qui pourrait fragiliser l’ensemble de la plante. L’automne est une période où la plante doit commencer à ralentir son métabolisme, et non être encouragée à pousser.

En plus de la taille principale de printemps, des interventions plus légères peuvent être réalisées durant la saison de croissance, de la fin du printemps à l’été. Ces tailles d’entretien, aussi appelées pincements, consistent à couper l’extrémité des jeunes tiges pour les encourager à se ramifier. On peut également en profiter pour palisser les nouvelles pousses sur leur support et supprimer les fleurs fanées afin de stimuler l’apparition de nouveaux boutons floraux.

Les techniques de taille fondamentales

Pour la taille de printemps, il ne faut pas avoir peur d’être assez sévère. La première étape consiste à observer la structure générale de la plante et à repérer les branches principales, ou charpentières, qui forment l’ossature de la passiflore sur son support. Ces branches principales doivent être conservées. La taille va ensuite se concentrer sur toutes les tiges secondaires qui ont poussé et fleuri l’année précédente à partir de ces charpentières.

La technique consiste à rabattre (raccourcir) toutes ces tiges secondaires en ne laissant que deux ou trois bourgeons (aussi appelés yeux) à partir de leur point de départ sur la branche principale. Cela représente une coupe à environ 10-15 centimètres de la charpentière. C’est de ces bourgeons restants que partiront les nouvelles pousses florifères de l’année. Profites-en également pour supprimer complètement les tiges mortes (qui sont sèches et cassantes), faibles ou mal placées.

Il est essentiel d’utiliser les bons outils pour effectuer une taille propre. Un sécateur bien affûté et désinfecté est indispensable. Une coupe nette et franche cicatrise mieux et limite les risques de maladies. Pour les tiges plus grosses, une scie d’élagage peut être nécessaire. Les coupes doivent être faites en biseau, quelques millimètres au-dessus d’un bourgeon tourné vers l’extérieur de la plante. Cette orientation encouragera la nouvelle pousse à se développer vers l’extérieur, favorisant ainsi une bonne aération.

Après la taille, il est bénéfique d’apporter un peu de compost ou un engrais organique au pied de la plante. Cela lui fournira les nutriments nécessaires pour soutenir la forte croissance qui va suivre. C’est également le moment idéal pour vérifier et renforcer le support si nécessaire, et pour palisser les branches charpentières afin de bien structurer la plante pour la saison à venir.

La taille de formation pour les jeunes plantes

Lorsqu’on plante une jeune passiflore, une taille de formation durant les deux premières années est très utile pour l’aider à établir une structure de base solide et bien ramifiée. La première année, après la plantation, laisse la plante développer quelques tiges vigoureuses. À la fin du premier hiver, sélectionne la tige la plus forte pour devenir le « tronc » principal et palisse-la verticalement sur le support.

Une fois que cette tige principale a atteint la hauteur désirée, tu peux la pincer (couper son extrémité) pour l’encourager à produire des pousses latérales. Sélectionne deux ou trois de ces pousses latérales de chaque côté et palisse-les horizontalement pour former les premières branches charpentières. C’est à partir de cette structure de base que se développeront les tiges secondaires qui porteront les fleurs.

La deuxième année, continue ce travail de formation. Laisse les charpentières s’allonger et palisse-les au fur et à mesure. Les tiges secondaires qui pousseront à partir de ces charpentières pourront être taillées à la fin du deuxième hiver en suivant la méthode de taille classique (rabattre à deux ou trois yeux). Cette approche progressive permet de créer une plante bien équilibrée, qui couvrira son support de manière harmonieuse.

Cette taille de formation est particulièrement importante pour les passiflores destinées à couvrir une pergola ou un grand mur. Une structure bien établie dès le départ garantit une meilleure longévité et une plus grande facilité d’entretien pour les années à venir. C’est un investissement en temps au début qui sera largement récompensé par la suite.

La gestion des rejets et la taille des fleurs fanées

Certaines espèces de passiflore, notamment la Passiflora caerulea, ont tendance à produire des rejets, c’est-à-dire de nouvelles pousses qui émergent du sol à partir des racines, parfois à plusieurs mètres du pied principal. Si on les laisse se développer, la plante peut devenir très envahissante. Il est donc important de supprimer ces rejets dès leur apparition en les coupant le plus près possible du sol.

Cette surveillance est particulièrement nécessaire pour les plantes en pleine terre. Si tu vois de jeunes pousses de passiflore apparaître au milieu de ta pelouse ou dans un autre massif, agis rapidement. Ne les arrache pas simplement, car cela pourrait laisser un morceau de racine en terre capable de produire un nouveau rejet. Utilise une bêche ou un transplantoir pour couper la racine souterraine d’où part le rejet.

Une autre intervention d’entretien utile tout au long de la saison de floraison est la suppression des fleurs fanées. Bien que cela ne soit pas aussi crucial que pour d’autres plantes, ce geste présente plusieurs avantages. D’un point de vue esthétique, il permet de garder une plante propre et nette. D’un point de vue physiologique, il empêche la plante de consacrer son énergie à la production de fruits.

En coupant la fleur juste après sa fanaison, tu rediriges l’énergie de la plante vers la production de nouveaux boutons floraux, ce qui peut prolonger la période de floraison. Bien sûr, si tu souhaites récolter les fruits de ta passiflore (pour les variétés qui en produisent des comestibles), il ne faut évidemment pas supprimer les fleurs fanées. Dans ce cas, laisse la nature faire son travail de pollinisation et de fructification.

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