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La plantation et la multiplication de la passiflore

Linden · 30.03.2025.

Planter une passiflore, c’est inviter l’exotisme et la complexité dans son jardin ou sur son balcon. Cette liane spectaculaire, avec ses fleurs qui semblent tout droit sorties d’un rêve, nécessite cependant une attention particulière lors de sa mise en terre pour garantir son épanouissement futur. La réussite de la plantation est la pierre angulaire de la culture de cette plante ; elle détermine sa vigueur, sa capacité à s’établir et, bien sûr, sa future floraison. Il est donc essentiel de bien préparer le sol, de choisir le bon emplacement et de manipuler la motte avec délicatesse. De même, maîtriser les techniques de multiplication te permettra de pérenniser tes variétés préférées ou de les partager avec d’autres passionnés, un plaisir que tout jardinier connaît.

Le choix du moment de la plantation est primordial et dépend en grande partie du climat de ta région. Idéalement, la passiflore se plante au printemps, après les dernières gelées, généralement vers les mois d’avril ou de mai. Cette période permet à la plante de disposer de toute la saison de croissance pour bien s’enraciner et se fortifier avant d’affronter son premier hiver. Une plantation à ce moment-là lui donne les meilleures chances de survie et de développement. Dans les régions au climat très doux, une plantation en début d’automne est également envisageable, car le sol est encore chaud, ce qui favorise l’enracinement.

Avant même de creuser le trou de plantation, il est crucial de préparer le sol qui accueillera ta nouvelle protégée. La passiflore apprécie un sol riche, léger et surtout très bien drainé. Un sol lourd et argileux, qui retient l’eau en excès, est son pire ennemi car il favorise la pourriture des racines. Il est donc souvent nécessaire d’amender la terre de jardin avec du compost bien décomposé pour l’enrichir, et du sable grossier ou des graviers fins pour améliorer le drainage. Cette préparation minutieuse du sol est un investissement qui portera ses fruits pendant de nombreuses années.

Enfin, la multiplication de la passiflore offre plusieurs possibilités, chacune avec ses avantages et ses défis. Le bouturage est la méthode la plus courante et la plus fiable pour obtenir des plantes identiques au pied mère. Le semis est une autre option, qui peut donner des résultats surprenants mais demande plus de patience et de technicité. D’autres techniques comme le marcottage peuvent également être utilisées pour certaines variétés. Explorer ces différentes méthodes de multiplication est une aventure fascinante qui te permettra de mieux comprendre le cycle de vie de cette plante extraordinaire et d’agrandir ta collection.

La préparation du sol et la plantation en pleine terre

La première étape pour une plantation réussie en pleine terre consiste à choisir l’emplacement parfait, comme nous l’avons déjà évoqué, un endroit ensoleillé et abrité des vents froids. Une fois l’emplacement choisi, il faut préparer le trou de plantation. Celui-ci doit être nettement plus grand et plus profond que la motte de la plante, idéalement deux à trois fois son volume. Cette précaution permet d’ameublir la terre environnante, facilitant ainsi l’expansion des jeunes racines dans leur nouvel environnement. Une bonne structure du sol favorise un enracinement rapide et profond.

Au fond du trou de plantation, il est indispensable de créer une couche de drainage efficace. Pour ce faire, dépose une épaisseur d’environ cinq à dix centimètres de matériaux drainants comme des graviers, des billes d’argile ou des tessons de poterie. Cette couche empêchera l’eau de stagner au niveau des racines, même en cas de fortes pluies. Prépare ensuite un mélange de terre de jardin, de compost mûr et de sable de rivière. C’est ce mélange riche et drainant qui sera utilisé pour combler le trou autour de la motte.

Avant de dépoter la plante, fais tremper la motte dans un seau d’eau pendant quelques minutes jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de bulles d’air qui s’échappent. Cela assure une hydratation parfaite de la motte avant la mise en terre. Dépote ensuite délicatement la passiflore en veillant à ne pas abîmer les racines. Si les racines forment un chignon serré au fond du pot, n’hésite pas à les démêler doucement avec tes doigts pour les encourager à explorer le nouveau sol. Place la motte au centre du trou, en t’assurant que le haut de la motte (le collet) arrive juste au niveau du sol environnant.

Une fois la plante bien positionnée, comble le trou avec le mélange de terre préparé, en tassant légèrement au fur et à mesure pour éliminer les poches d’air. Forme une cuvette d’arrosage autour du pied de la plante, ce qui permettra de concentrer l’eau au niveau des racines lors des arrosages. Termine par un arrosage copieux, même si la terre est déjà humide, pour bien mettre en contact la terre et les racines. Un paillage au pied de la plante (avec des écorces de pin, de la paille, etc.) aidera à conserver l’humidité du sol et à limiter la concurrence des mauvaises herbes.

La culture en pot pour balcons et terrasses

La culture de la passiflore en pot est une excellente alternative pour ceux qui ne disposent pas d’un jardin, ou pour les régions où les hivers sont trop rudes pour la laisser en pleine terre. Le choix du contenant est crucial : il doit être suffisamment grand, d’un diamètre d’au moins trente à quarante centimètres, pour permettre un bon développement du système racinaire. Il est impératif que le pot soit percé de trous de drainage pour évacuer l’excès d’eau. La terre cuite est souvent un bon choix car sa porosité permet au substrat de respirer.

Le substrat utilisé pour la culture en pot doit être de très bonne qualité. Un mélange composé d’un tiers de bon terreau pour plantes fleuries, d’un tiers de terre de jardin et d’un tiers de sable ou de perlite est idéal pour assurer à la fois la richesse en nutriments et un drainage parfait. N’oublie pas de placer une couche de billes d’argile au fond du pot avant d’y mettre le substrat. Lors de la plantation, les étapes sont similaires à celles de la pleine terre : hydratation de la motte, positionnement au centre du pot et comblement avec le substrat adéquat.

L’un des avantages de la culture en pot est la possibilité de contrôler plus facilement l’environnement de la plante. Tu peux déplacer le pot pour optimiser l’exposition au soleil au fil de la journée ou de la saison. De plus, il est plus simple de protéger la plante du froid en hiver en la rentrant dans une véranda, une serre ou une pièce lumineuse et fraîche. Cependant, la culture en pot demande une surveillance plus accrue de l’arrosage, car le substrat s’assèche beaucoup plus vite qu’en pleine terre, surtout en été.

Le rempotage de la passiflore cultivée en pot doit être effectué tous les deux ou trois ans, de préférence au début du printemps. Choisis un pot légèrement plus grand que le précédent, d’environ cinq centimètres de diamètre supplémentaires. C’est l’occasion de renouveler le substrat qui s’est appauvri au fil du temps et de vérifier l’état des racines. Si tu ne souhaites pas augmenter la taille du pot, tu peux effectuer un surfaçage, qui consiste à remplacer les premiers centimètres de l’ancien substrat par du terreau neuf et riche.

La multiplication par bouturage

Le bouturage est la méthode la plus populaire et la plus efficace pour multiplier la passiflore, car elle permet d’obtenir rapidement de nouvelles plantes génétiquement identiques au pied mère. Le meilleur moment pour réaliser des boutures est en été, généralement en août, lorsque les tiges sont semi-aoûtées, c’est-à-dire qu’elles ne sont ni trop tendres, ni trop dures et ligneuses. C’est à ce stade que les tiges ont le plus de potentiel pour développer de nouvelles racines. Choisis une plante mère saine et vigoureuse, exempte de maladies ou de parasites.

Prélève des segments de tige d’environ quinze à vingt centimètres de long, en coupant juste en dessous d’un nœud (le point d’insertion d’une feuille sur la tige). Utilise un sécateur ou un couteau bien aiguisé et désinfecté pour faire une coupe nette. Retire les feuilles de la partie inférieure de la bouture, en ne conservant que les deux ou trois feuilles du haut. Si ces feuilles sont grandes, tu peux les couper de moitié pour réduire la perte d’eau par évapotranspiration, ce qui aidera la bouture à concentrer son énergie sur la production de racines.

Pour augmenter les chances de succès, tu peux tremper la base de la bouture dans de la poudre d’hormone de bouturage. Bien que cette étape ne soit pas toujours indispensable pour la passiflore, elle favorise un enracinement plus rapide et plus robuste. Prépare ensuite un pot rempli d’un substrat léger et drainant, comme un mélange de terreau et de sable. Fais un trou dans le substrat avec un crayon ou un bâtonnet, puis insère délicatement la base de la bouture. Tasse légèrement le substrat autour de la tige pour assurer un bon contact.

Place les boutures à l’étouffée, c’est-à-dire en les couvrant d’un sac en plastique transparent ou d’une bouteille en plastique coupée. Cela permet de maintenir un niveau d’humidité élevé, essentiel au développement des racines. Installe le pot dans un endroit chaud et lumineux, mais à l’abri du soleil direct qui pourrait brûler les boutures. Aère régulièrement pour éviter le développement de moisissures et maintiens le substrat légèrement humide. Les premières racines devraient apparaître au bout de quelques semaines à un mois.

Le semis de la passiflore

La multiplication par semis est une méthode plus longue et plus aléatoire que le bouturage, mais elle peut être très gratifiante, notamment pour créer de nouvelles variétés par hybridation. Les graines peuvent être récoltées sur les fruits de tes propres plantes ou achetées dans le commerce. Si tu récoltes tes propres graines, nettoie-les soigneusement de la pulpe qui les entoure (l’arille), car celle-ci contient des substances qui peuvent inhiber la germination. Laisse-les ensuite sécher quelques jours dans un endroit sec et aéré.

Les graines de passiflore ont souvent un tégument (une enveloppe) dur qui peut rendre la germination difficile. Pour lever cette dormance, il est fortement conseillé de faire tremper les graines dans de l’eau tiède pendant 24 à 48 heures avant de les semer. Certains jardiniers vont même jusqu’à scarifier légèrement l’enveloppe avec du papier de verre fin pour faciliter la pénétration de l’eau. Ces étapes préparatoires augmentent considérablement le taux de germination.

Le semis s’effectue au printemps, dans des godets ou une terrine remplis d’un terreau spécial semis, fin et bien drainant. Enfonce les graines à environ un centimètre de profondeur et recouvre-les d’une fine couche de substrat. Arrose délicatement avec un pulvérisateur pour ne pas déranger les graines. Pour germer, les graines de passiflore ont besoin de chaleur, une température constante d’environ 20 à 25°C est idéale. Place la terrine dans une mini-serre chauffante ou près d’une source de chaleur douce, et maintiens le substrat constamment humide mais pas détrempé.

La germination peut être longue et irrégulière, s’étalant parfois sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Fais preuve de patience ! Une fois que les plantules ont développé deux à quatre vraies feuilles, il est temps de les repiquer individuellement dans des pots plus grands. Manipule-les avec une extrême précaution pour ne pas abîmer les jeunes racines fragiles. Continue à les cultiver dans un endroit chaud et lumineux, et attends qu’elles soient suffisamment robustes avant de les acclimater progressivement aux conditions extérieures et de les planter à leur emplacement définitif.

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