Planter et multiplier le romarin sont des étapes fondatrices qui déterminent la réussite de sa culture et permettent de pérenniser sa présence au jardin. Cette opération, bien que simple en apparence, requiert une bonne compréhension des exigences de cet arbuste méditerranéen pour lui offrir un départ optimal. Que ce soit en pleine terre pour structurer un massif ou en pot pour parfumer un balcon, la méthode de plantation doit être méticuleuse, en particulier concernant la préparation du sol. De même, maîtriser les techniques de multiplication, comme le bouturage ou le marcottage, offre la satisfaction de créer de nouvelles plantes à partir d’un pied mère, assurant ainsi la transmission de ses caractéristiques uniques.
La période idéale pour la plantation du romarin se situe au printemps, après les dernières grosses gelées, généralement entre les mois de mars et de mai selon les régions. Planter à cette saison permet à l’arbuste de disposer de toute la belle saison pour bien s’installer et développer un système racinaire robuste avant d’affronter son premier hiver. Une plantation en début d’automne est également possible dans les régions au climat doux, où les hivers ne sont pas trop rigoureux, ce qui laisse le temps à la plante de s’établir avant les chaleurs estivales. Il faut absolument éviter de planter pendant les périodes de gel ou de forte canicule.
Avant la plantation, la préparation du trou est une étape à ne pas négliger. Celui-ci doit être nettement plus grand et plus profond que la motte de la plante, environ deux à trois fois son volume. Cette précaution permet d’ameublir la terre environnante et de faciliter la pénétration des jeunes racines. Le fond du trou doit être garni d’une épaisse couche de drainage, d’au moins 10 à 15 centimètres, composée de graviers, de tessons de poterie ou de billes d’argile. C’est le secret pour éviter la stagnation de l’eau au niveau des racines, le principal ennemi du romarin.
Au moment de la mise en terre, il est important de manipuler la motte avec délicatesse. Si le plant est dans un conteneur en plastique, il faut le dépoter soigneusement. Il est souvent bénéfique de griffer légèrement les racines à la périphérie de la motte, surtout si elles forment un chignon dense, afin de les encourager à s’étendre dans leur nouvel environnement. La plante doit être positionnée au centre du trou de manière à ce que le haut de la motte, appelé le collet, affleure le niveau du sol. Il ne faut jamais enterrer le collet, car cela favoriserait le développement de maladies.
Une fois la plante bien positionnée, il suffit de combler le trou avec un mélange de terre de jardin et de matériau drainant comme du sable grossier. Il est inutile d’ajouter du compost ou de l’engrais à la plantation, car le romarin préfère les sols pauvres. Après avoir comblé le trou, il faut tasser légèrement la terre avec les mains pour éliminer les poches d’air et assurer un bon contact entre les racines et le sol. Un arrosage copieux est ensuite indispensable pour aider la terre à bien se mettre en place et pour hydrater la motte, même si le sol est humide.
La technique du bouturage
Le bouturage est la méthode la plus simple, la plus rapide et la plus fiable pour multiplier le romarin. Elle permet d’obtenir de nouveaux plants génétiquement identiques à la plante mère, conservant ainsi toutes ses caractéristiques, comme son port, sa vigueur et l’intensité de son parfum. La meilleure période pour réaliser les boutures se situe à la fin de l’été, d’août à septembre. À ce moment, les tiges de l’année ont atteint un stade semi-aoûté, c’est-à-dire qu’elles sont encore souples à leur extrémité mais déjà rigides et ligneuses à leur base, ce qui favorise un bon enracinement.
Pour prélever les boutures, il faut choisir des tiges saines et vigoureuses, sans fleurs. À l’aide d’un sécateur propre et bien affûté, on coupe des extrémités de rameaux d’une longueur de 10 à 15 centimètres. Le prélèvement se fait de préférence le matin, lorsque la plante est bien hydratée. Une fois les tiges prélevées, il faut préparer les boutures en retirant les feuilles sur la moitié inférieure de chaque tige. Cette opération, appelée l’habillage, limite l’évaporation et concentre l’énergie de la bouture sur la production de racines.
La mise en terre des boutures requiert un substrat très léger et drainant. Un mélange de terreau pour semis et de sable à parts égales est idéal. On remplit de petits pots ou une terrine avec ce substrat, puis on y enfonce les boutures sur environ la moitié de leur longueur, en les espaçant de quelques centimètres. Il est possible, bien que non indispensable, de tremper la base des boutures dans de l’hormone de bouturage pour accélérer le processus d’enracinement. Un léger arrosage est ensuite nécessaire pour humidifier le substrat.
Pour favoriser la reprise, les boutures doivent être placées dans un endroit chaud et lumineux, mais à l’abri du soleil direct. La technique « à l’étouffée », qui consiste à couvrir les pots d’un sac en plastique transparent ou d’une bouteille coupée, permet de maintenir une atmosphère humide propice à l’émission de racines. Il faudra aérer régulièrement pour éviter le développement de moisissures. Au bout de quelques semaines, généralement quatre à six, les signes de reprise, comme l’apparition de nouvelles feuilles, indiquent que l’enracinement a réussi et que les jeunes plants peuvent être progressivement acclimatés à l’air libre.
La multiplication par marcottage
Le marcottage est une autre technique de multiplication végétative très efficace et naturelle pour le romarin, en particulier pour les variétés à port rampant ou étalé. Elle consiste à provoquer l’enracinement d’une tige alors qu’elle est encore attachée à la plante mère, ce qui garantit un approvisionnement continu en sève et augmente considérablement les chances de succès. Le marcottage se pratique au printemps ou en été, sur une branche basse, longue et souple, facile à courber jusqu’au sol. Cette méthode demande un peu plus de patience que le bouturage, mais elle est presque toujours couronnée de succès.
La première étape consiste à choisir la branche idéale. Il faut repérer une tige saine de l’année précédente, suffisamment longue pour être amenée au contact de la terre sans la casser. Une fois la branche choisie, on prépare le sol à l’endroit où elle touchera terre. Il faut ameublir la terre sur une dizaine de centimètres de profondeur et y ajouter un peu de sable ou de terreau pour créer une zone propice à l’émission de racines. L’objectif est de fournir un milieu léger et accueillant pour les futures racines.
L’étape suivante est la préparation de la tige elle-même. Sur la partie de la branche qui sera en contact avec le sol, on réalise une légère incision ou on gratte l’écorce sur quelques centimètres avec un couteau propre. Cette blessure volontaire stimule la production d’hormones d’enracinement à cet endroit précis. On retire également les feuilles sur cette portion de la tige pour éviter qu’elles ne pourrissent au contact de la terre. Cette préparation minutieuse est un gage de réussite pour un enracinement rapide.
Enfin, on enterre la partie incisée de la tige dans la terre préparée, en la maintenant en place à l’aide d’un crochet métallique ou d’une pierre. L’extrémité de la branche, avec ses feuilles, doit rester à l’air libre et être redressée, éventuellement attachée à un petit tuteur pour qu’elle pousse verticalement. Il est important de maintenir le sol humide à l’endroit du marcottage pendant toute la saison. Au bout de plusieurs mois, voire un an, lorsque la marcotte a développé un système racinaire suffisant, on peut la sevrer en coupant la tige qui la relie à la plante mère et la transplanter à son emplacement définitif.
La multiplication par semis
La multiplication du romarin par semis est une méthode moins courante et plus aléatoire que le bouturage ou le marcottage. Elle est principalement utilisée par les professionnels pour créer de nouvelles variétés ou pour une production à grande échelle. Le semis ne garantit pas d’obtenir des plants identiques au pied mère, car il y a une variabilité génétique. De plus, la germination des graines de romarin est souvent lente et capricieuse, avec un taux de réussite assez faible. C’est cependant une expérience intéressante pour le jardinier curieux et patient.
La période la plus propice pour semer les graines de romarin est le début du printemps, de février à avril. Le semis se fait en intérieur, dans un environnement contrôlé, pour assurer la chaleur nécessaire à la germination. Il faut utiliser une terrine ou des godets remplis d’un terreau spécial semis, très fin et drainant. Les graines doivent être réparties uniformément à la surface du substrat, sans être trop serrées, puis recouvertes d’une très fine couche de terreau ou de vermiculite, car elles ont besoin de lumière pour germer.
Après le semis, il est crucial de maintenir le substrat constamment humide mais jamais détrempé. L’utilisation d’un pulvérisateur est idéale pour ne pas déplacer les graines. La terrine doit être placée dans un endroit chaud, avec une température constante d’environ 20-22°C, et très lumineux. Une mini-serre chauffante est un atout considérable pour réussir le semis. La patience est de mise, car la germination peut prendre de trois semaines à plus d’un mois, et elle est souvent irrégulière.
Une fois que les plantules ont développé quelques vraies feuilles et qu’elles sont suffisamment robustes pour être manipulées, il est temps de les repiquer. Chaque plantule est délicatement extraite de la terrine et transplantée dans un pot individuel rempli d’un mélange de terreau et de sable. Il faut continuer à les cultiver dans un endroit abrité et lumineux, en les acclimatant progressivement aux conditions extérieures avant de les planter au jardin. Les plants issus de semis mettront plus de temps à atteindre une taille respectable que ceux obtenus par bouturage.
Le choix des variétés à planter
Le choix de la variété de romarin à planter est important, car il en existe de nombreuses, chacune ayant des caractéristiques spécifiques de port, de rusticité, de couleur de fleurs et d’intensité aromatique. Le romarin officinal de type, ‘Rosmarinus officinalis’, est le plus commun, avec un port dressé pouvant atteindre 1,50 mètre de hauteur et une bonne rusticité. Il est parfait pour créer des haies basses, pour être planté en isolé ou au sein d’un massif d’inspiration méditerranéenne. C’est la variété la plus polyvalente pour le jardin et la plus utilisée en cuisine.
Pour les jardins où l’espace est limité, pour la culture en pot ou pour garnir des murets et des rocailles, les variétés à port rampant ou prostré sont idéales. ‘Rosmarinus officinalis Prostratus Group’ est le plus connu, formant un couvre-sol dense et retombant gracieusement sur les supports. Ses tiges souples s’étalent sur le sol et peuvent créer de magnifiques cascades végétales. D’autres cultivars comme ‘Cap-Vert’ ou ‘Pointe du Raz’ offrent également ce port tapissant avec une excellente résistance aux embruns, ce qui les rend parfaits pour les jardins de bord de mer.
Si l’on recherche une floraison particulièrement décorative, certaines variétés se distinguent par la couleur de leurs fleurs. Alors que le romarin classique offre des fleurs bleu pâle, la variété ‘Albus’ se pare de fleurs d’un blanc pur, tandis que ‘Roseus’ ou ‘Majorca Pink’ proposent des fleurs roses délicates. Pour une floraison d’un bleu intense, la variété ‘Vezelay’ ou ‘Tuscan Blue’ sont d’excellents choix. Ces variations de couleur permettent de créer de jolis contrastes dans les massifs et d’apporter une touche d’originalité.
Enfin, la rusticité est un critère de choix essentiel, surtout dans les régions aux hivers froids. Certaines variétés sont réputées pour leur meilleure résistance au gel. C’est le cas du romarin ‘Arp’, qui peut supporter des températures descendant jusqu’à -20°C une fois bien installé en sol sec. ‘Hill Hardy’ est une autre variété connue pour sa robustesse face au froid. Choisir une de ces variétés rustiques est un gage de sécurité pour les jardiniers des régions continentales ou montagneuses qui souhaitent cultiver le romarin en pleine terre.