Share

La plantation et la multiplication du cognassier

Daria · 28.06.2025.

La plantation et la multiplication du cognassier sont des étapes fondatrices qui détermineront le succès de ta culture pour les années à venir. Choisir le bon moment, le bon endroit et la bonne méthode est essentiel pour assurer à ton futur arbre un départ vigoureux et une longue vie productive. Le cognassier est un arbre relativement facile à vivre, mais une plantation soignée et des techniques de multiplication maîtrisées sont le gage d’une croissance saine et de récoltes généreuses. Que tu partes d’un jeune scion acheté en pépinière ou que tu souhaites propager un arbre que tu aimes particulièrement, chaque geste compte. C’est un investissement initial en temps et en savoir-faire qui sera largement récompensé par la beauté de l’arbre et la saveur de ses fruits.

Le succès de la plantation repose en grande partie sur le choix de l’emplacement. Le cognassier est un grand amateur de soleil et a besoin d’une exposition bien ensoleillée pour bien fructifier et pour que ses fruits développent tous leurs arômes. Il apprécie également les situations abritées des vents forts, qui peuvent endommager ses branches et compromettre la pollinisation au printemps. Le sol doit être profond, riche et surtout bien drainé, car le cognassier craint les excès d’eau stagnante qui peuvent provoquer l’asphyxie de ses racines.

La période idéale pour la plantation s’étend de l’automne à la fin de l’hiver, hors période de gel. Planter en automne, lorsque la terre est encore chaude, permet à l’arbre de commencer à développer son système racinaire avant l’arrivée de l’hiver, ce qui lui donnera une bonne avance pour la reprise végétative au printemps. Une plantation au début du printemps est également possible, mais elle demandera un suivi plus attentif de l’arrosage durant le premier été. Il est généralement préférable d’opter pour des arbres à racines nues plantés en automne ou des arbres en conteneur qui peuvent être plantés presque toute l’année.

Concernant la multiplication, plusieurs options s’offrent à toi, chacune avec ses avantages. Le bouturage est la méthode la plus simple et la plus courante pour obtenir de nouveaux plants identiques à la plante mère. Le marcottage est une autre technique efficace, bien que moins productive, qui permet d’enraciner une branche sans la séparer de l’arbre. Enfin, le greffage, plus technique, permet d’associer les qualités d’un porte-greffe résistant (souvent un autre cognassier ou un aubépine) avec une variété de coing choisie pour la qualité de ses fruits. Chaque méthode requiert un savoir-faire spécifique mais est accessible au jardinier amateur motivé.

Choisir le bon emplacement et préparer le sol

Le choix de l’emplacement est la première décision cruciale pour l’avenir de ton cognassier. Il lui faut un endroit recevant au moins six à huit heures de soleil direct par jour. Une exposition plein sud ou sud-ouest est idéale. Un bon ensoleillement est non seulement indispensable pour la photosynthèse, mais il est aussi vital pour la maturation des fruits et la prévention des maladies fongiques, qui se développent plus facilement à l’ombre et dans l’humidité. Évite les zones ombragées par de grands arbres ou des bâtiments, ainsi que les fonds de vallée où l’air froid peut stagner et causer des dégâts lors des gelées printanières.

La nature du sol est tout aussi importante. Le cognassier est tolérant mais s’épanouit dans un sol fertile, profond et qui ne retient pas l’eau en excès. Si ton sol est lourd et argileux, il est impératif d’améliorer son drainage. Pour cela, tu peux incorporer du sable grossier, du gravier ou, mieux encore, une grande quantité de matière organique comme du compost ou du fumier bien décomposé. À l’inverse, si ton sol est très sableux et léger, l’ajout de compost aidera à améliorer sa capacité de rétention en eau et en nutriments. Un test de pH est également une bonne idée ; le cognassier préfère un sol neutre à légèrement acide.

Une fois l’emplacement choisi, la préparation du trou de plantation est une étape à ne pas négliger. Creuse un trou large et profond, au moins deux à trois fois plus large que la motte ou le système racinaire de l’arbre, et d’une profondeur d’environ 60 à 80 centimètres. Cette opération permet de décompacter la terre en profondeur, ce qui facilitera l’installation et l’expansion des racines. Sépare la terre de la couche supérieure, plus riche, de celle des couches inférieures. Amende généreusement la terre extraite avec du compost mûr et un peu de corne broyée pour un apport d’azote à libération lente.

Avant de planter, assure-toi que l’emplacement est suffisamment espacé des autres arbres ou constructions. Le cognassier est un arbre qui peut atteindre une taille respectable, avec une envergure de 4 à 5 mètres à maturité. Il a besoin d’espace pour se développer harmonieusement et pour que l’air circule bien autour de lui. Prévoir cet espace dès la plantation t’évitera d’avoir à faire des tailles drastiques plus tard ou de voir ton arbre entrer en compétition avec ses voisins pour la lumière et les ressources du sol.

Le processus de plantation étape par étape

La plantation proprement dite demande méthode et soin. Si tu plantes un arbre à racines nues, il est conseillé de « praliner » les racines avant la mise en terre. Cette technique consiste à tremper le système racinaire dans un mélange boueux d’argile, de bouse de vache et d’eau (le pralin), ce qui favorise le contact entre les racines et la terre et stimule la reprise. Pour un arbre en conteneur, dépote-le délicatement et si les racines forment un chignon serré au fond du pot, démêle-les avec précaution pour les encourager à s’étendre dans le nouveau sol.

Place une couche de terre amendée au fond du trou de plantation. Installe ensuite l’arbre bien droit au centre du trou, en étalant soigneusement les racines s’il est à racines nues. Le point de greffe, ce renflement à la base du tronc, doit impérativement se trouver à quelques centimètres au-dessus du niveau final du sol. S’il est enterré, le porte-greffe pourrait développer ses propres racines et le greffon pourrait s’affranchir, perdant ainsi les bénéfices du porte-greffe. Utilise un tuteur ou une planche posée en travers du trou pour vérifier le bon niveau.

Remplis ensuite le trou avec le reste de la terre amendée, en commençant par la terre de surface plus riche. Tasse légèrement la terre au fur et à mesure avec tes mains ou ton pied pour éliminer les poches d’air et assurer un bon contact entre les racines et le sol. Une fois le trou complètement rempli, forme une cuvette d’arrosage autour du tronc. Cette bordure de terre retiendra l’eau et la dirigera directement vers les racines, là où elle est le plus nécessaire.

La dernière étape est un arrosage abondant et immédiat, même s’il pleut. Verse au moins 15 à 20 litres d’eau dans la cuvette pour bien imbiber la terre et achever de la tasser autour des racines. Installe un tuteur solide face aux vents dominants pour maintenir le jeune arbre droit et protéger ses racines des mouvements qui pourraient retarder leur ancrage. Fixe le tronc au tuteur avec un lien souple et non serré pour ne pas blesser l’écorce. Cet arrosage copieux et le tuteurage sont deux garanties pour une bonne reprise.

La multiplication par bouturage

Le bouturage est une méthode de multiplication végétative très accessible qui te permet de créer un nouveau cognassier génétiquement identique à la plante mère. La période la plus propice pour réaliser des boutures de cognassier est à la fin de l’automne ou en hiver, après la chute des feuilles, lorsque l’arbre est en dormance. On parle alors de boutures de bois sec ou de boutures ligneuses. Cette technique a un bon taux de réussite et ne nécessite pas de matériel sophistiqué.

Choisis des rameaux sains et vigoureux de l’année, d’un diamètre comparable à celui d’un crayon. Prélève des sections d’environ 20 à 30 centimètres de long. La coupe inférieure doit être faite juste en dessous d’un œil (un bourgeon dormant), en biseau pour augmenter la surface d’enracinement. La coupe supérieure doit être faite juste au-dessus d’un œil, de manière droite pour limiter la déshydratation. Supprime tous les bourgeons sur la moitié inférieure de la bouture pour favoriser la formation de racines plutôt que de feuilles.

Pour augmenter les chances de succès, tu peux tremper la base biseautée de chaque bouture dans de la poudre d’hormone de bouturage. Bien que ce ne soit pas indispensable pour le cognassier, cela peut accélérer et améliorer le développement des racines. Prépare ensuite un pot profond ou une caissette rempli d’un substrat léger et drainant, comme un mélange de terreau et de sable ou de perlite. Enfonce les boutures dans le substrat sur environ la moitié de leur longueur, en veillant à bien tasser la terre autour pour assurer un bon contact.

Place tes pots de boutures à l’extérieur, dans un endroit abrité du vent et du plein soleil, par exemple au pied d’un mur exposé au nord. Le substrat doit rester légèrement humide mais jamais détrempé tout au long de l’hiver. Au printemps suivant, tu devrais voir apparaître les premiers signes de reprise, avec le gonflement des bourgeons restants. Laisse les jeunes plants se développer dans leur pot pendant toute une année avant de les repiquer à leur emplacement définitif au jardin l’automne suivant.

Le greffage du cognassier

Le greffage est une technique plus avancée qui consiste à souder un fragment végétal, le greffon (une portion de rameau avec quelques bourgeons), sur un autre végétal qui lui servira de support, le porte-greffe. Cette méthode est utilisée pour reproduire fidèlement une variété fruitière spécifique sur un porte-greffe choisi pour sa vigueur, sa résistance aux maladies ou son adaptation à un certain type de sol. Pour le cognassier, on utilise souvent comme porte-greffe des cognassiers de semis ou des variétés spécifiques comme le Cognassier de Provence BA29.

Il existe plusieurs techniques de greffage, mais l’une des plus courantes pour le cognassier est la greffe en fente, pratiquée à la fin de l’hiver, juste avant la reprise de la végétation. Elle consiste à décapiter le porte-greffe à la hauteur souhaitée, puis à fendre son diamètre sur quelques centimètres de profondeur. On insère ensuite un ou deux greffons, taillés en double biseau, dans la fente, en s’assurant que les cambiums (la fine couche verte sous l’écorce) du greffon et du porte-greffe coïncident parfaitement sur au moins un côté. C’est cette mise en contact qui permettra la soudure.

Une autre méthode populaire est la greffe en écusson, qui se pratique en été, généralement en août. Elle consiste à prélever un bourgeon avec un petit morceau d’écorce (l’écusson) sur un rameau de la variété à multiplier. On pratique ensuite une incision en forme de T dans l’écorce du porte-greffe, on soulève délicatement les deux lèvres de l’écorce et on y glisse l’écusson. Le contact entre les cambiums est là aussi essentiel. Le bourgeon greffé restera dormant jusqu’au printemps suivant, où il se développera pour donner une nouvelle branche.

Quelle que soit la technique utilisée, la ligature et la protection de la greffe sont primordiales pour assurer sa réussite. Il faut ligaturer fermement la zone de greffe avec du raphia ou un lien spécial pour maintenir le greffon en place et assurer un contact optimal. Ensuite, il est indispensable de recouvrir toutes les plaies de coupe, y compris l’extrémité du greffon et la zone de ligature, avec un mastic à greffer. Ce mastic empêche le dessèchement des tissus et les protège de l’eau et des maladies, créant un environnement propice à la cicatrisation et à la soudure des deux parties.

Ça pourrait aussi te plaire