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La taille et le rabattage de l’alisier torminal

Daria · 18.07.2025.

La taille de l’alisier torminal est une intervention qui doit être menée avec réflexion et parcimonie. Cet arbre, doté d’un port naturellement élégant et équilibré, ne nécessite pas de tailles annuelles systématiques comme peuvent l’exiger certains arbres fruitiers. Une taille excessive ou mal réalisée peut même nuire à sa santé et dénaturer sa silhouette harmonieuse. L’objectif principal de la taille n’est pas de contraindre l’arbre, mais de l’accompagner dans son développement, en particulier durant ses jeunes années, pour lui construire une charpente solide et durable. Pour les sujets adultes, les interventions se limiteront le plus souvent à des opérations sanitaires ou de sécurité, visant à préserver sa vigueur et sa longévité.

Il est fondamental de comprendre pourquoi on taille. La taille de l’alisier torminal peut répondre à plusieurs objectifs distincts. Le premier est la taille de formation, pratiquée sur les jeunes arbres, qui vise à établir une structure de branches principales (charpentières) bien réparties et solidement attachées au tronc. Le deuxième objectif est la taille d’entretien, sur les arbres matures, qui consiste à supprimer le bois mort, les branches malades ou celles qui se croisent. Enfin, une taille peut être nécessaire pour des raisons de sécurité ou de contrainte, par exemple pour dégager le passage sous l’arbre ou l’éloigner d’une construction.

La meilleure période pour tailler l’alisier torminal est durant sa période de dormance, en hiver, généralement de novembre à mars. L’absence de feuilles offre une visibilité parfaite de la structure de l’arbre, ce qui facilite grandement le choix des branches à couper. De plus, à cette période, la circulation de la sève est à son minimum, ce qui limite les écoulements et le stress pour l’arbre. Il est cependant impératif d’éviter de tailler pendant les périodes de fortes gelées, car le bois gelé est cassant et les plaies de taille cicatrisent mal par grand froid.

L’utilisation d’outils appropriés est une condition sine qua non pour une taille de qualité. Les outils, qu’il s’agisse d’un sécateur, d’un ébrancheur ou d’une scie, doivent être parfaitement affûtés pour réaliser des coupes nettes et franches. Une coupe mal faite, déchiquetée, est une porte d’entrée idéale pour les maladies. Il est tout aussi crucial de désinfecter les lames des outils avant de commencer la taille et entre chaque arbre, avec de l’alcool à 70° ou de l’eau de Javel diluée, pour ne pas propager d’éventuels pathogènes.

Une règle d’or de la taille est de toujours couper au bon endroit. Pour supprimer une branche entière, la coupe doit être faite juste à l’extérieur du bourrelet cicatriciel, cette petite ride circulaire à la base de la branche, sans toutefois l’endommager. Ce bourrelet contient les tissus qui permettront à l’arbre de refermer la plaie. Il ne faut jamais laisser de chicot (un moignon de branche), car il mettra très longtemps à pourrir et constituera un point d’entrée pour les maladies. Sur les grosses branches, il est conseillé de procéder en trois temps pour éviter de déchirer l’écorce.

La taille de formation du jeune arbre

La taille de formation est la plus importante pour l’avenir de l’alisier torminal. Elle se pratique durant les 3 à 5 premières années après la plantation et a pour but de construire une architecture solide et aérée. L’objectif n’est pas de réduire le volume de l’arbre, mais de guider sa croissance. Une bonne structure initiale évitera d’avoir à faire des coupes drastiques sur l’arbre adulte, qui sont toujours plus traumatisantes.

La première étape consiste à s’assurer que l’arbre développe un axe central dominant, la flèche. Si plusieurs pousses entrent en compétition à la cime de l’arbre, il faut choisir la plus vigoureuse et la mieux placée, et supprimer les autres. On veille ensuite à sélectionner les futures branches charpentières. On choisit 3 à 5 branches bien réparties autour du tronc, espacées d’au moins 15-20 cm en hauteur, et avec un angle d’insertion le plus large possible par rapport au tronc. Les branches avec un angle trop fermé sont plus fragiles et risquent de se casser sous le poids des fruits ou de la neige.

Chaque hiver, on supprime les branches mal positionnées : celles qui poussent vers l’intérieur de l’arbre, celles qui se croisent ou se frottent, les branches qui partent au même niveau sur le tronc (fourches), et celles qui sont trop basses et qui gêneront le passage à l’avenir. Il faut toujours privilégier les branches qui poussent vers l’extérieur pour obtenir une couronne ouverte où l’air et la lumière pourront bien circuler. Cette aération est essentielle pour limiter le développement des maladies fongiques.

Cette taille doit rester légère. On ne supprime jamais plus de 20 à 25% de la masse foliaire potentielle de l’arbre en une seule fois. Il s’agit d’un travail de sélection patient, qui s’étale sur plusieurs années. Une fois que la structure de base est établie et que le tronc est suffisamment dégagé sur la hauteur souhaitée, la taille de formation est terminée. L’arbre peut alors être laissé à son développement naturel, avec seulement des interventions d’entretien ponctuelles.

La taille d’entretien de l’arbre adulte

Pour un alisier torminal adulte qui a été correctement formé dans sa jeunesse, la taille d’entretien est minimale. Elle se résume le plus souvent à ce qu’on appelle un « nettoyage ». Cette opération, qui peut être réalisée tous les 3 à 5 ans, consiste à inspecter l’ensemble de la couronne et à supprimer tout ce qui peut nuire à la santé de l’arbre.

La première chose à faire est de retirer tout le bois mort, sec ou cassé. Ce bois n’est plus utile à l’arbre et peut abriter des champignons ou des insectes xylophages. Il représente également un danger s’il tombe. On supprime ensuite les branches qui montrent des signes de maladie, comme des chancres, en coupant toujours bien en dessous de la partie atteinte, dans le bois sain. Tous ces déchets de taille doivent être évacués et de préférence brûlés pour éviter la dissémination des pathogènes.

On observe ensuite la structure de l’arbre pour repérer les branches qui se sont développées de manière anarchique. On supprime les branches qui se croisent et qui se blessent mutuellement par frottement, car ces blessures sont des portes d’entrée pour les maladies. On peut également éclaircir légèrement le centre de l’arbre si la ramure est devenue trop dense, en supprimant quelques rameaux pour améliorer la pénétration de la lumière et la circulation de l’air.

Il est également important de supprimer les gourmands et les rejets. Les gourmands sont des pousses très vigoureuses et verticales qui se développent sur le tronc ou les branches charpentières, souvent en réaction à une taille sévère ou à un stress. Ils ne produisent pas de fruits et détournent l’énergie de l’arbre. Les rejets, ou drageons, sont des pousses qui partent directement des racines. Ils doivent être éliminés régulièrement en les coupant au plus près de leur point de départ.

Le rabattage et les tailles sévères

Le terme « rabattage » désigne une taille sévère qui consiste à réduire de manière importante la hauteur ou le volume d’un arbre. Pour l’alisier torminal, comme pour la plupart des arbres d’ornement à port naturel, le rabattage est une pratique à éviter absolument. Étopper un alisier, c’est-à-dire couper sa flèche, détruit irrémédiablement sa silhouette élégante et provoque une réaction de stress de l’arbre, qui va émettre une multitude de rejets verticaux inesthétiques et fragiles à l’endroit de la coupe.

Une taille sévère est un traumatisme majeur pour un arbre. Les plaies de grande dimension mettent beaucoup de temps à cicatriser, voire ne cicatrisent jamais complètement, laissant la porte ouverte à la pourriture et aux champignons qui peuvent s’installer au cœur du bois. Un rabattage important réduit aussi considérablement la surface foliaire de l’arbre, le privant d’une partie de ses capacités de photosynthèse et l’affaiblissant durablement.

Les tailles drastiques ne devraient être envisagées qu’en cas d’absolue nécessité, par exemple pour des raisons de sécurité si une branche maîtresse menace de casser ou si l’arbre est devenu dangereux à cause d’une maladie. Dans de tels cas, il est fortement recommandé de faire appel à un arboriste-grimpeur professionnel. Il saura évaluer les risques, utiliser les techniques de coupe appropriées pour minimiser les dégâts et assurer la sécurité de l’intervention.

Si la taille d’un arbre est devenue une nécessité à cause d’un manque de place, c’est souvent le signe d’une erreur de planification initiale. Il est toujours préférable de choisir un arbre adapté aux dimensions de son jardin plutôt que de devoir le mutiler pour le contenir. Pour l’alisier torminal, qui peut atteindre 20 mètres de haut, il est crucial d’anticiper son développement et de lui laisser l’espace dont il a besoin pour s’épanouir librement.

Les erreurs de taille à ne pas commettre

La première erreur, et la plus courante, est de tailler sans savoir pourquoi. Chaque coupe doit être justifiée. Tailler pour « faire propre » ou pour « donner une forme » est rarement une bonne raison et conduit souvent à des interventions inutiles ou néfastes. Il faut toujours observer l’arbre, comprendre sa structure et n’intervenir que si c’est nécessaire pour sa santé ou sa formation.

Une autre erreur fréquente est de laisser des chicots. Comme nous l’avons vu, un moignon de branche ne peut pas cicatriser et devient une voie d’entrée pour les maladies. À l’inverse, couper trop près du tronc et endommager le bourrelet cicatriciel est tout aussi préjudiciable, car cela empêche une bonne fermeture de la plaie. La technique de coupe est donc primordiale.

L’utilisation de mastic ou de goudron de cicatrisation sur les plaies de taille est une pratique aujourd’hui largement déconseillée par les professionnels. Des études ont montré que ces produits peuvent emprisonner l’humidité et les champignons sous une couche étanche, favorisant ainsi le développement de la pourriture au lieu de la prévenir. Il est préférable de laisser les plaies de taille propres à l’air libre ; l’arbre possède ses propres mécanismes de défense pour compartimenter la blessure et la cicatriser.

Enfin, il faut se méfier de la taille excessive. Vouloir faire tout le travail de formation en une seule fois sur un jeune arbre ou enlever plus d’un quart du volume de la couronne sur un arbre adulte est une erreur qui peut gravement l’affaiblir. La taille doit toujours être une intervention mesurée. Mieux vaut tailler un peu chaque année pendant la phase de formation, ou tous les 3 à 5 ans pour l’entretien, plutôt que de réaliser une taille sévère tous les 10 ans.

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