Le coléus, avec ses origines tropicales, est une plante qui ne tolère absolument pas le gel. Dans les régions aux hivers froids, il est le plus souvent cultivé comme une plante annuelle, destinée à embellir les jardins et les balcons le temps d’une saison avant de disparaître avec les premières gelées. Cependant, il est tout à fait possible de conserver tes spécimens préférés d’une année sur l’autre grâce à une technique simple : l’hivernage. Cette pratique consiste à rentrer la plante à l’intérieur pour la protéger du froid et lui permettre de passer l’hiver dans de bonnes conditions, afin de la ressortir au printemps suivant. C’est une excellente façon de préserver les variétés rares ou celles auxquelles tu tiens particulièrement, tout en réalisant des économies.
L’hivernage du coléus peut se faire de deux manières principales. La première consiste à rentrer le pot entier de la plante à l’intérieur. Cette méthode convient bien pour les plantes de taille raisonnable cultivées en pot toute la saison. La seconde méthode, plus pratique pour les grandes plantes ou celles cultivées en pleine terre, consiste à prélever des boutures à la fin de l’été. Ces boutures, une fois enracinées, prennent beaucoup moins de place et sont plus faciles à gérer pendant l’hiver qu’une plante adulte. Au printemps, elles se développeront rapidement pour donner de nouvelles plantes vigoureuses.
La réussite de l’hivernage dépend de plusieurs facteurs clés. Il faut choisir le bon moment pour rentrer les plantes, les préparer correctement à leur séjour en intérieur, et leur fournir les conditions adéquates de lumière, de température et d’arrosage pendant toute la période hivernale. L’objectif n’est pas de stimuler une croissance active, mais plutôt de maintenir la plante en vie, dans un état de dormance ou de croissance très ralentie, jusqu’au retour des beaux jours.
En maîtrisant les techniques d’hivernage, tu peux transformer ton coléus d’une simple plante annuelle en un compagnon végétal durable. C’est un processus qui demande un peu d’attention et d’anticipation, mais la récompense est grande lorsque tu vois tes plantes préférées refleurir au printemps, prêtes pour une nouvelle saison de splendeur. Cela te permet de construire une véritable collection de coléus au fil des ans, en sauvegardant et en multipliant les plus belles variétés.
Pourquoi et quand préparer le coléus pour l’hiver ?
La principale raison d’hiverner un coléus est sa totale incapacité à survivre aux températures négatives. Originaire de climats où le gel est inconnu, la moindre gelée endommage irrémédiablement ses tissus cellulaires, provoquant le noircissement et la mort de la plante. Si tu vis dans une région où les hivers sont froids, l’hivernage est la seule solution pour conserver ta plante d’une année sur l’autre. C’est particulièrement pertinent pour les variétés hybrides spéciales que tu ne trouveras peut-être pas facilement en jardinerie l’année suivante.
Au-delà de la simple survie, l’hivernage te permet de prendre de l’avance sur la saison suivante. Une plante qui a passé l’hiver à l’intérieur, même si sa croissance a été ralentie, sera plus grande et plus développée au printemps qu’un jeune plant acheté en magasin. Elle pourra être sortie plus tôt (après acclimatation) et offrira un impact visuel plus rapide dans tes massifs ou tes potées. Si tu choisis d’hiverner des boutures, tu disposeras au printemps d’une multitude de jeunes plants prêts à être repiqués, ce qui représente une économie substantielle.
Le timing est absolument crucial pour réussir l’hivernage. Il ne faut pas attendre les premiers froids pour agir. La transition entre les conditions extérieures et l’environnement de la maison doit se faire le plus en douceur possible. Le moment idéal pour rentrer tes coléus est à la fin de l’été ou au début de l’automne, lorsque les températures nocturnes commencent à descendre régulièrement en dessous de 10-12°C. N’attends surtout pas la première annonce de gel, car le choc thermique serait trop brutal pour la plante.
Anticiper cette transition permet à la plante de s’acclimater progressivement à un environnement intérieur avant que le stress du froid ne l’ait affaiblie. Une plante rentrée trop tardivement, déjà stressée par le froid, aura beaucoup plus de mal à s’adapter et sera plus vulnérable aux maladies et aux parasites. Surveille donc attentivement la météo à la fin de la saison estivale et prépare-toi à agir dès que les nuits se rafraîchissent de manière constante.
La préparation de la plante avant le remisage
Avant de faire entrer ton coléus à l’intérieur pour l’hiver, une étape de préparation minutieuse est indispensable pour maximiser ses chances de survie et éviter d’introduire des nuisibles dans ta maison. Commence par inspecter rigoureusement la plante sous toutes ses coutures. Cherche la présence de pucerons, de cochenilles, d’araignées rouges ou de tout autre insecte indésirable, en portant une attention particulière au revers des feuilles et à l’aisselle des tiges. Il est beaucoup plus simple de traiter un problème à l’extérieur avant de rentrer la plante.
Si tu découvres des parasites, traite la plante immédiatement. Une pulvérisation d’un mélange d’eau et de savon noir ou d’huile de neem est une bonne première mesure. Pour plus de sécurité, il est même conseillé de traiter préventivement la plante, même si tu ne vois aucun signe d’infestation. Un rinçage complet du feuillage au jet d’eau peut également aider à déloger d’éventuels clandestins. Cette étape de « nettoyage » est fondamentale pour ne pas contaminer tes autres plantes d’intérieur.
Ensuite, il est fortement recommandé de tailler sévèrement la plante. Rabats les tiges d’environ la moitié ou même des deux tiers de leur longueur. Cette taille a plusieurs avantages : elle réduit l’encombrement de la plante, ce qui facilite son placement à l’intérieur, et elle élimine les parties potentiellement porteuses de maladies ou d’œufs de parasites. De plus, cela encourage la plante à se concentrer sur le maintien de son système racinaire pendant l’hiver plutôt que sur le soutien d’un feuillage abondant, et cela favorisera une croissance plus compacte et touffue au printemps.
Si ta plante était en pleine terre, déterre-la délicatement avec une motte de terre suffisamment grande pour ne pas trop perturber les racines. Place-la dans un pot à peine plus grand que la motte, en comblant les vides avec un terreau frais et drainant. Si elle était déjà en pot, vérifie l’état du substrat. Si le pot est envahi de racines ou si le terreau est épuisé, un rempotage dans un substrat frais peut être bénéfique. Arrose modérément après ces opérations et laisse la plante quelques jours à l’extérieur, à l’ombre, pour qu’elle se remette du stress avant de la rentrer définitivement.
Les conditions idéales pour un hivernage réussi en intérieur
Une fois à l’intérieur, le plus grand défi est de fournir à ton coléus la bonne quantité de lumière. Le manque de lumière est le principal problème pendant l’hiver. Place ta plante dans l’endroit le plus lumineux de la maison, idéalement près d’une fenêtre orientée au sud ou à l’ouest. Même dans ces conditions, la lumière hivernale est souvent insuffisante, ce qui peut provoquer l’étiolement de la plante (tiges longues et fines) et la perte de ses couleurs vives. Ne t’inquiète pas si le feuillage devient plus vert et moins coloré ; c’est une réaction normale qui se corrigera au printemps.
Si tu ne disposes pas d’un emplacement suffisamment lumineux, l’utilisation d’un éclairage artificiel peut être une excellente solution. Des lampes de croissance horticole ou même de simples néons « lumière du jour » placés à une quinzaine de centimètres au-dessus de la plante pendant 12 à 14 heures par jour peuvent faire une énorme différence. Cet apport de lumière supplémentaire aidera la plante à conserver une forme plus compacte et à mieux traverser l’hiver. C’est un investissement particulièrement judicieux si tu souhaites hiverner de nombreuses boutures.
La température est un autre facteur important. Le coléus appréciera une pièce fraîche mais à l’abri du gel. La température idéale pour l’hivernage se situe entre 10°C et 15°C. Une pièce trop chauffée (au-dessus de 20°C) combinée à un manque de lumière encouragera une croissance faible et étiolée. Une véranda peu chauffée, une chambre d’amis non utilisée ou un garage lumineux sont souvent des endroits parfaits. Évite à tout prix de placer la plante près d’une source de chaleur directe comme un radiateur, qui assèche l’air et favorise les attaques d’araignées rouges.
Enfin, l’humidité de l’air doit être surveillée. L’air de nos intérieurs chauffés en hiver est souvent très sec, ce que le coléus n’apprécie guère. Pour augmenter l’humidité locale, tu peux placer le pot sur une large soucoupe remplie de billes d’argile ou de graviers que tu maintiendras humides. L’évaporation de l’eau créera un microclimat plus humide autour de la plante. Regrouper plusieurs plantes ensemble aide également à maintenir une meilleure hygrométrie. Des vaporisations régulières du feuillage peuvent aussi être bénéfiques.
Les soins durant la période de dormance hivernale
Pendant la période d’hivernage, les besoins de ton coléus sont considérablement réduits, et il est essentiel d’adapter tes soins en conséquence. L’erreur la plus courante est de continuer à arroser la plante comme en été. En hiver, avec une croissance quasi nulle, les besoins en eau sont très faibles. Un excès d’arrosage dans un sol qui ne sèche pas est la cause la plus fréquente d’échec de l’hivernage, menant à la pourriture des racines. Il faut donc laisser le terreau sécher en surface, et même un peu plus en profondeur, entre deux arrosages.
La fréquence d’arrosage peut ainsi passer à une fois toutes les deux à trois semaines, voire moins, en fonction de la température et de l’humidité de la pièce. Utilise toujours la technique du doigt pour vérifier l’humidité du sol avant d’apporter de l’eau. Quand tu arroses, fais-le modérément, juste assez pour humidifier la motte, sans la détremper. Il est crucial de ne jamais laisser d’eau stagner dans la soucoupe. Un arrosage parcimonieux est la règle d’or pour un hivernage réussi.
Durant toute cette période de repos, de l’automne au début du printemps, il ne faut absolument pas donner d’engrais à la plante. La fertilisation stimulerait une croissance artificielle, faible et fragile, dans des conditions de lumière insuffisantes, ce qui épuiserait la plante inutilement. La reprise des apports d’engrais ne se fera qu’au printemps, lorsque tu constateras des signes évidents de nouvelle croissance et que tu commenceras à préparer la plante pour sa sortie à l’extérieur.
Même en dormance, il est bon de continuer à inspecter régulièrement ta plante pour détecter toute apparition de parasites, particulièrement les araignées rouges et les cochenilles, qui apprécient l’atmosphère confinée de nos intérieurs. Pince de temps en temps les extrémités des tiges si tu vois que la plante tente de s’étioler, afin de maintenir une forme un peu plus compacte. Au début du printemps, lorsque les jours rallongent visiblement, tu pourras augmenter progressivement les arrosages et effectuer une nouvelle taille pour préparer la plante à une nouvelle saison de croissance vigoureuse.