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L’hivernage de l’ail d’ornement de l’Iran

Daria · 27.07.2025.

L’Allium aflatunense est une plante bulbeuse originaire des régions montagneuses d’Asie centrale, ce qui lui confère une excellente rusticité et une bonne adaptation aux hivers froids. Dans la plupart des climats tempérés, son hivernage ne pose pas de difficultés particulières et les bulbes peuvent rester en pleine terre sans protection. Cependant, comprendre les processus qui se déroulent sous terre pendant la saison froide et connaître les quelques précautions à prendre, notamment dans les régions aux conditions extrêmes ou pour les cultures en pot, permet de garantir une reprise vigoureuse au printemps et une floraison spectaculaire. L’hivernage n’est pas une période d’inactivité totale, mais une phase de repos et de préparation essentielle au cycle de vie de la plante.

Le processus d’hivernage commence en réalité dès l’automne. Après sa période de dormance estivale, le bulbe se réveille avec le retour de températures plus fraîches et de l’humidité. Il commence alors à développer un nouveau système racinaire qui s’ancrera dans le sol tout au long de l’automne et de l’hiver, tant que le sol n’est pas gelé en profondeur. C’est ce système racinaire précoce qui permettra à la plante de démarrer sa croissance foliaire de manière explosive dès les premiers redoux du printemps. Un bon enracinement automnal est donc la première clé d’un hivernage réussi.

L’un des plus grands dangers pour l’ail d’ornement en hiver n’est pas le froid en lui-même, mais l’excès d’humidité combiné au gel. Un sol gorgé d’eau qui gèle en profondeur peut provoquer des dommages physiques aux bulbes et aux racines. De plus, l’humidité stagnante dans un sol froid favorise le développement de maladies de pourriture. C’est pourquoi la qualité du drainage du sol est absolument primordiale. Un sol léger, qui laisse l’eau s’écouler rapidement, est la meilleure assurance pour que les bulbes passent l’hiver sans encombre.

Dans les régions où les hivers sont très froids mais secs, sans couverture neigeuse protectrice, le gel peut pénétrer profondément dans le sol. Bien que l’Allium aflatunense soit rustique jusqu’à environ -15°C, voire -20°C en sol bien drainé, des froids extrêmes et prolongés peuvent endommager les bulbes les plus exposés. Dans ces conditions, un paillage protecteur peut s’avérer très utile pour isoler le sol et modérer les fluctuations de température. Cette protection supplémentaire offre une sécurité non négligeable.

Il est important de noter que le bulbe contient déjà l’embryon de la fleur de l’année suivante. Le froid hivernal est nécessaire à la levée de dormance de cet embryon floral, un processus appelé vernalisation. C’est cette exposition à une période de froid qui déclenche le processus de floraison au printemps. Tenter de cultiver l’ail d’ornement dans un climat sans hiver froid se solderait par une production de feuilles mais une absence de fleurs. L’hiver est donc une étape indispensable à son cycle floral.

La protection par le paillage

Dans les régions aux hivers particulièrement rigoureux ou en l’absence de neige, l’application d’un paillis hivernal est une précaution simple et très efficace. Le paillage a pour but d’isoler le sol, de le protéger du dessèchement causé par les vents froids et de limiter l’impact des cycles de gel et de dégel qui peuvent perturber l’enracinement des bulbes. Il ne s’agit pas de réchauffer le sol, mais de maintenir sa température plus stable.

Le meilleur moment pour appliquer le paillis est à la fin de l’automne, après les premières gelées, une fois que le sol a commencé à refroidir. Appliquer le paillage trop tôt sur un sol encore chaud pourrait encourager le développement de pourritures ou attirer des rongeurs qui viendraient y trouver un abri confortable pour l’hiver. Il faut attendre que la végétation environnante soit entrée en dormance pour agir.

Les matériaux idéaux pour un paillis hivernal sont légers, aérés et ne se tassent pas en une masse compacte et humide. Les feuilles mortes sèches, la paille, les frondes de fougères ou les copeaux de bois sont d’excellents choix. Il faut éviter les matériaux qui retiennent trop l’eau, comme la tourbe ou les tontes de gazon fraîches. Une couche de 10 à 15 centimètres d’épaisseur est généralement suffisante pour offrir une bonne protection.

Au début du printemps, lorsque le risque de fortes gelées est écarté et que le sol commence à se réchauffer, il est important de retirer progressivement ce paillis. Le laisser en place trop longtemps retarderait le réchauffement du sol et pourrait entraver la sortie des jeunes pousses. En écartant délicatement le paillis, on permet aux premiers rayons de soleil de réchauffer la terre et de stimuler le démarrage de la végétation.

L’hivernage en pot

La culture de l’Allium aflatunense en pot demande une attention particulière en hiver, car les bulbes y sont beaucoup plus exposés au froid qu’en pleine terre. Dans un pot, le volume de terre est limité et le gel peut rapidement atteindre le cœur de la motte, ce qui n’arrive que très rarement en pleine terre. Les racines et le bulbe sont donc plus vulnérables aux températures négatives. La survie des bulbes en pot pendant l’hiver dépendra des précautions prises.

Plusieurs stratégies peuvent être adoptées en fonction de la rigueur du climat. Dans les régions à hivers modérés, il peut suffire de protéger le pot lui-même. On peut l’envelopper dans du plastique à bulles, de la toile de jute ou du voile d’hivernage pour isoler les parois du froid. Il est également très important de surélever le pot sur des cales pour éviter qu’il ne soit en contact direct avec le sol froid et humide, et pour assurer un bon drainage.

Dans les régions où les hivers sont plus sévères, avec des gelées fortes et prolongées, il est plus prudent de déplacer les pots dans un endroit abrité. Un garage non chauffé, une cave fraîche, une serre froide ou un abri de jardin sont des lieux parfaits. L’objectif n’est pas de mettre les bulbes au chaud, car ils ont besoin de la période de froid pour leur vernalisation, mais de les protéger des températures extrêmes, en dessous de -5°C à -10°C dans le pot.

Pendant l’hivernage en pot, l’arrosage doit être extrêmement limité. Le substrat doit rester à peine humide, mais jamais détrempé. Un excès d’eau dans un pot qui gèle peut faire éclater le contenant et endommager gravement les racines. Un arrosage très léger une fois par mois est amplement suffisant si le pot est à l’abri de la pluie. Au début du printemps, les pots pourront être sortis et les arrosages repris progressivement avec le redémarrage de la végétation.

La gestion des problèmes hivernaux

Même avec de bonnes précautions, quelques problèmes peuvent survenir pendant l’hiver. L’un des plus courants, comme mentionné précédemment, est la pourriture des bulbes due à un mauvais drainage. Si vous constatez au printemps que certaines de vos touffes ne repartent pas et qu’en grattant la terre vous découvrez des bulbes mous et pourris, c’est le signe que votre sol est trop humide en hiver. La seule solution sera d’améliorer le drainage de la zone avant de replanter de nouveaux bulbes à l’automne suivant.

Les rongeurs, tels que les campagnols et les mulots, peuvent être particulièrement actifs en hiver, cherchant de la nourriture sous terre. Les bulbes d’ail d’ornement, bien que moins appétissants que ceux des tulipes, peuvent tout de même être une cible. Si vous suspectez leur présence, la mise en place de pièges ou l’utilisation de paniers de plantation grillagés lors de la plantation automnale sont les meilleures solutions pour protéger vos bulbes des attaques futures.

Le déchaussement des bulbes est un autre problème qui peut survenir dans les sols lourds soumis à des alternances de gel et de dégel. Ces mouvements du sol peuvent progressivement faire remonter les bulbes vers la surface, les exposant au gel et au dessèchement. Un bon paillage aide à limiter ce phénomène en stabilisant la température du sol. Si vous remarquez un bulbe déchaussé au début du printemps, il suffit de le ré-enfoncer délicatement à la bonne profondeur.

Enfin, l’arrivée précoce du printemps suivie d’un retour de gelées tardives peut parfois endommager les jeunes pousses. En général, l’Allium aflatunense est assez résistant et même si le bout des feuilles est touché par le gel, la plante repartira sans trop de difficultés. Cependant, en cas d’annonce d’une forte gelée tardive alors que les feuilles sont déjà bien développées, il est possible de les protéger pour la nuit avec un voile d’hivernage ou un simple pot en terre cuite retourné.

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