Share

La taille et le rabattage de la fleur de gouttelette

Daria · 25.04.2025.

La taille est une pratique culturale souvent sous-estimée mais pourtant essentielle pour l’Osteospermum, car elle influence directement sa forme, sa vigueur et, surtout, l’abondance de sa floraison. Contrairement à une idée reçue qui voudrait qu’on laisse la nature suivre son cours, des interventions de taille bien ciblées et réalisées au bon moment permettent de transformer une plante potentiellement désordonnée et peu florifère en un buisson compact et littéralement couvert de fleurs. Le rabattage et les différentes techniques de pincement ne sont pas des actes de mutilation, mais des gestes de jardinier qui guident la croissance de la plante, stimulent sa ramification et prolongent sa période de floraison. Maîtriser ces techniques est donc indispensable pour quiconque souhaite tirer le meilleur parti de ses marguerites du Cap.

Il existe plusieurs types de taille pour l’Osteospermum, chacun ayant un objectif et une période de réalisation spécifiques. La première intervention, le pincement, se pratique sur les jeunes plants au printemps et vise à densifier la structure de la plante. Plus tard dans la saison, la suppression des fleurs fanées, ou « deadheading », est une tâche récurrente qui encourage la plante à produire continuellement de nouveaux boutons floraux. Une taille de rafraîchissement peut également être effectuée en milieu d’été pour redonner de la vigueur aux plantes qui s’essoufflent. Enfin, une taille plus sévère est pratiquée à l’automne pour préparer la plante à l’hivernage.

Le principe fondamental qui sous-tend l’efficacité de la taille est la levée de la dominance apicale. Le bourgeon situé à l’extrémité d’une tige produit des hormones qui inhibent le développement des bourgeons situés plus bas sur cette même tige (les bourgeons axillaires). En coupant ou en pinçant l’extrémité de la tige, on supprime cette source d’inhibition. Les bourgeons axillaires sont alors « libérés » et peuvent se développer pour former de nouvelles ramifications. Plus une plante est ramifiée, plus elle possède de tiges, et donc plus elle est capable de produire un grand nombre de fleurs.

La taille est également une question d’esthétique. Sans intervention, l’Osteospermum a une tendance naturelle à s’étioler, surtout s’il n’est pas en plein soleil, et à se dégarnir de la base au fil de la saison. Les tiges s’allongent, s’affaissent et la floraison se concentre aux extrémités. Des tailles régulières permettent de maintenir un port compact, arrondi et touffu, en assurant une répartition harmonieuse du feuillage et des fleurs sur l’ensemble de la plante. C’est le secret pour obtenir des potées et des massifs denses et florifères du printemps à l’automne.

L’outillage nécessaire pour la taille de l’Osteospermum est simple. Pour le pincement des jeunes pousses tendres, les doigts suffisent amplement. Pour les tiges plus épaisses et pour la suppression des fleurs fanées, un petit sécateur bien aiguisé et propre est idéal. Il est important que les lames soient tranchantes pour effectuer des coupes nettes qui cicatrisent rapidement, et propres pour ne pas transmettre de maladies d’une plante à l’autre. Un bon entretien des outils fait partie intégrante des bonnes pratiques de jardinage.

Le pincement pour un port touffu

Le pincement est la première technique de taille à appliquer, et elle est déterminante pour la structure future de la plante. Elle doit être réalisée au printemps, sur les jeunes plants nouvellement achetés ou sur ceux qui sortent de l’hivernage, dès que la croissance a bien repris. Cette opération est particulièrement importante pour les jeunes plants qui n’ont souvent que quelques tiges principales. L’objectif est simple : forcer la plante à se ramifier dès la base pour obtenir un port dense et buissonnant plutôt qu’une silhouette dégingandée.

La technique du pincement est très simple. Elle consiste à supprimer, avec l’ongle du pouce et de l’index ou avec un petit sécateur, l’extrémité de chaque tige principale, juste au-dessus d’une paire de feuilles. Il suffit de retirer le bourgeon terminal et le premier ou les deux premiers jeux de jeunes feuilles. Cette action, en apparence anodine, va déclencher le développement des bourgeons dormants situés à l’aisselle des feuilles inférieures. Chacun de ces bourgeons va alors produire une nouvelle tige latérale.

En répétant cette opération sur les nouvelles tiges qui se développent, on peut multiplier le nombre de ramifications de manière exponentielle. Une tige pincée en produira au moins deux nouvelles. Si l’on pince à nouveau ces deux nouvelles tiges, on en obtiendra quatre, et ainsi de suite. Il est conseillé de pincer les jeunes plants deux à trois fois au début du printemps. Bien que cela retarde légèrement l’apparition des toutes premières fleurs, le résultat en vaut largement la peine : la plante sera beaucoup plus touffue et produira au final une quantité de fleurs bien plus importante.

Le pincement n’est pas réservé qu’aux jeunes plants. Il peut également être pratiqué à tout moment de la saison de croissance si l’on remarque qu’une tige s’allonge de manière disproportionnée par rapport au reste de la plante. Pincer cette tige récalcitrante permettra de rééquilibrer la silhouette de la plante et de maintenir son port compact et harmonieux. C’est une technique de maintenance simple qui contribue grandement à l’esthétique générale de la potée ou du massif.

La suppression des fleurs fanées pour prolonger la floraison

La suppression régulière des fleurs fanées, une pratique que les jardiniers appellent « deadheading » en anglais, est sans doute l’intervention la plus importante à réaliser pendant toute la saison de floraison. L’objectif biologique d’une plante est de se reproduire, c’est-à-dire de produire des graines. Une fois qu’une fleur a été pollinisée, la plante concentre son énergie à la maturation de cette fleur pour former des semences. Ce processus est très énergivore et se fait au détriment de la production de nouveaux boutons floraux.

En coupant systématiquement les fleurs dès qu’elles commencent à se flétrir, on interrompt ce cycle de production de graines. La plante, ne parvenant pas à accomplir son objectif de reproduction, est alors biologiquement « trompée » et réagit en produisant de nouvelles fleurs pour tenter à nouveau de former des graines. Cette simple action permet de rediriger l’énergie de la plante vers la création continue de nouvelles fleurs, prolongeant ainsi la période de floraison de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois.

La technique est simple : il suffit de suivre la tige de la fleur fanée et de la couper juste au-dessus du premier jeu de feuilles saines ou d’une nouvelle ramification en formation. Il ne faut pas se contenter de retirer uniquement les pétales fanés, mais bien de couper la tige qui porte la fleur. Cette opération doit être effectuée régulièrement, idéalement une à deux fois par semaine, en faisant le tour de ses plantes. Cela devient un rituel agréable qui permet en même temps d’inspecter la santé générale de la plante.

Au-delà de son effet stimulant sur la floraison, la suppression des fleurs fanées a également un intérêt esthétique et sanitaire. Une plante débarrassée de ses fleurs flétries présente un aspect beaucoup plus net et soigné. De plus, les pétales en décomposition peuvent coller au feuillage et, avec l’humidité, devenir un foyer pour le développement de maladies fongiques comme le botrytis (pourriture grise). Maintenir la plante propre est donc aussi une mesure de prévention efficace.

La taille de rafraîchissement estivale

Au cœur de l’été, surtout lors de périodes de forte chaleur, il n’est pas rare que l’Osteospermum connaisse une baisse de régime. La floraison peut devenir moins abondante, les tiges peuvent s’allonger et la plante peut sembler fatiguée. C’est le moment idéal pour pratiquer une taille de rafraîchissement, parfois appelée taille de régénération. Cette intervention a pour but de redonner de la vigueur à la plante et de stimuler une nouvelle vague de croissance et de floraison pour la fin de l’été et l’automne.

Cette taille est un peu plus sévère que le simple pincement. Elle consiste à rabattre l’ensemble de la plante, en raccourcissant toutes les tiges d’environ un tiers à la moitié de leur longueur. Il ne faut pas hésiter à couper, même s’il y a encore quelques fleurs. Cette opération peut sembler radicale, mais elle est très bénéfique. Elle permet d’éliminer les tiges les plus anciennes et les moins productives et de stimuler le développement de nouvelles pousses vigoureuses à partir de la base de la plante.

Le moment idéal pour cette taille se situe généralement vers la fin juillet ou le début août. Il est préférable de la réaliser après un pic de floraison. Suite à cette taille, il est conseillé de bien arroser la plante et de lui apporter un peu d’engrais liquide pour plantes fleuries afin de soutenir la production de nouvelles pousses. La plante aura une apparence un peu dégarnie pendant une courte période, mais en l’espace de deux à trois semaines, elle produira un nouveau feuillage dense et se couvrira à nouveau de fleurs.

Cette taille de rafraîchissement est particulièrement recommandée pour les Osteospermums cultivés en pots et en suspensions, qui ont tendance à s’épuiser plus rapidement que ceux en pleine terre. Elle permet de maintenir une floraison spectaculaire jusqu’aux premières gelées, alors que les plantes non taillées auraient déjà un aspect vieillissant. C’est le secret pour conserver des potées impeccables et colorées tout au long de la saison.

Le rabattage automnal pour l’hivernage

À l’approche de l’hiver, une dernière taille importante doit être effectuée, surtout pour les plantes que l’on souhaite conserver en les rentrant à l’abri. Cette taille, que l’on appelle le rabattage automnal, a pour but de préparer la plante à sa période de dormance. Elle se pratique avant les premières fortes gelées, au moment de déterrer les plants de pleine terre ou de rentrer les potées. L’objectif est de réduire le volume de la plante pour faciliter son stockage et de limiter les risques de maladies pendant l’hivernage.

Le rabattage d’automne est assez sévère. Il consiste à couper toutes les tiges de la plante à environ 10-15 centimètres du sol. On supprime ainsi la majeure partie du feuillage et des tiges de l’année. Cette opération réduit considérablement les besoins en eau et en lumière de la plante pendant l’hiver et limite les surfaces sur lesquelles les maladies fongiques pourraient se développer dans l’atmosphère confinée de l’abri hivernal. On en profite également pour nettoyer la base de la plante de toutes les feuilles mortes et débris.

Pour les plantes qui restent en pleine terre dans les régions à hiver doux, une taille légère peut être pratiquée à l’automne pour nettoyer la plante, mais il est souvent conseillé d’attendre la fin de l’hiver ou le début du printemps pour effectuer la taille principale. Le feuillage restant, même s’il est abîmé par le froid, offre une certaine protection au cœur de la plante pendant l’hiver. Le rabattage sévère sera alors effectué au printemps pour stimuler la nouvelle croissance.

Cette taille automnale est également le moment idéal pour prélever des boutures. Les segments de tiges saines coupées lors du rabattage peuvent être utilisés pour réaliser des boutures qui seront conservées à l’intérieur pendant l’hiver. C’est une excellente façon de multiplier ses plantes et d’assurer sa collection au cas où la plante mère ne survivrait pas à l’hivernage. On combine ainsi la préparation de la plante mère et sa multiplication en une seule opération.

Ça pourrait aussi te plaire