Share

L’hivernage du glaïeul d’Abyssinie

Daria · 20.12.2024.

Le glaïeul d’Abyssinie, également connu sous le nom de glaïeul étoilé, glaïeul parfumé ou Acidanthera, est une plante originaire d’Afrique de l’Est, célèbre pour sa beauté enchanteresse et son parfum enivrant. Ses élégantes fleurs blanches au centre violet foncé confèrent à chaque jardin une atmosphère exotique. En raison de son origine tropicale, l’hivernage en pleine terre sous notre climat représente un défi sérieux et, dans la plupart des cas, conduit à la mort de la plante. Par conséquent, il est d’une importance cruciale que les cormes sensibles au gel soient arrachés en automne et conservés dans des conditions appropriées jusqu’à la plantation printanière suivante, afin d’assurer la floraison et la survie de la plante année après année.

Introduction au glaïeul d’Abyssinie et l’importance de l’hivernage

Le glaïeul d’Abyssinie (Gladiolus murielae) est une plante vivace à cormes de la famille des Iridacées. Il impressionne par son aspect gracieux, ses fleurs étoilées et pendantes, ainsi que par son arôme caractéristique et doucereux. La période de floraison se situe généralement dans la seconde moitié de l’été, en août et septembre ; à cette époque, de nombreuses autres plantes ont déjà terminé leur floraison, ce qui en fait un ornement précieux dans le jardin de fin d’été. Les fleurs apparaissent individuellement ou en petits groupes sur de longues tiges et conviennent également parfaitement comme fleurs coupées, emplissant la maison de leur parfum particulier. Les feuilles sont étroites, en forme d’épée, de couleur vert clair, et rehaussent encore l’aspect général de la plante.

Dans l’habitat naturel de la plante, les régions montagneuses d’Éthiopie, les hivers sont doux et les étés chauds. Pour cette raison, elle ne tolère pas nos hivers continentaux tempérés, en particulier les fortes gelées et un sol constamment humide et froid. Le gel des cormes ou leur pourriture dans un sol froid et humide est presque garanti s’ils sont laissés à l’extérieur. Un hivernage réussi n’est donc pas seulement une option, mais une nécessité si l’on souhaite continuer à admirer cette plante particulière la saison suivante. Un hivernage soigné assure la conservation des réserves énergétiques des cormes, afin qu’ils puissent repousser vigoureusement au printemps.

Si l’hivernage est négligé, le scénario le plus probable est la perte totale de la plante. Même pendant les hivers plus doux, si le sol ne gèle pas en profondeur, les cormes peuvent commencer à pourrir en raison de l’effet combiné d’une humidité excessive et du froid, ou du moins s’affaiblir au point de ne plus pouvoir fleurir l’année suivante. Pendant l’hivernage, non seulement la plante est protégée des dégâts du gel, mais on a également l’occasion d’inspecter les cormes et d’éliminer les spécimens malades ou endommagés. De cette manière, on prévient la propagation des maladies et on s’assure que seuls des cormes sains et vigoureux retournent au sol au printemps.

Il est important de noter que, bien que le glaïeul d’Abyssinie appartienne au genre Gladiolus, ses exigences et son apparence diffèrent légèrement des glaïeuls hybrides courants à grandes fleurs. Cependant, la procédure d’hivernage présente de nombreuses similitudes avec celle d’autres plantes à cormes sensibles au gel, telles que les dahlias ou les bégonias. La clé du succès réside dans le bon moment de l’arrachage, la préparation minutieuse des cormes et la garantie de conditions de conservation idéales. Ces étapes seront détaillées ci-dessous, afin que chacun puisse maîtriser cette importante technique de jardinage.

Période optimale pour l’arrachage des cormes

L’arrachage des cormes du glaïeul d’Abyssinie doit être effectué avant les premières fortes gelées. Cela se produit généralement à la fin octobre ou au début novembre, mais il est essentiel de surveiller les conditions météorologiques actuelles. Il n’est pas recommandé de commencer ce travail trop tôt, car la plante, même après la floraison, continue de stocker des nutriments importants dans les cormes par le biais des feuilles, se préparant ainsi pour la croissance de l’année suivante. Tant que le feuillage est vert, ce processus se poursuit activement et contribue à l’augmentation de la taille et de la vitalité des cormes.

Le moment idéal pour l’arrachage est lorsque les feuilles de la plante commencent à jaunir et à sécher, mais avant l’arrivée des premières fortes gelées du sol. Le jaunissement des feuilles signale que la période de végétation touche à sa fin et que les cormes sont entrés en dormance, se préparant pour la période de repos. Si l’on attend trop longtemps et que le sol a déjà gelé, les cormes peuvent être endommagés, ce qui compromet le succès de l’hivernage. Une gelée légère et superficielle ne cause généralement pas encore de dommages aux parties souterraines, mais des températures négatives persistantes peuvent être fatales.

Pour l’arrachage, il faut choisir une journée sèche et ensoleillée, lorsque le sol n’est pas trop humide. Cela facilite le travail et réduit le risque d’endommager les cormes. Il est plus difficile d’extraire les cormes d’un sol humide et boueux sans les endommager, et l’élimination de la terre adhérente est également plus laborieuse. Dans des conditions plus sèches, les cormes sont plus faciles à nettoyer et sèchent plus rapidement, ce qui est essentiel pour prévenir la pourriture.

Il faut s’assurer de connaître l’emplacement exact des plantes, surtout si elles sont cultivées parmi d’autres plantes dans un massif mixte. Il peut être utile de marquer les tiges du glaïeul d’Abyssinie pendant l’été, par exemple avec un petit piquet ou une étiquette. Ceci est particulièrement pratique si le feuillage a déjà complètement séché et est difficile à identifier. Une préparation minutieuse et le bon moment contribuent grandement au succès de l’hivernage et à une floraison abondante l’année suivante.

Préparation des cormes pour la conservation

Après avoir arraché soigneusement les cormes du sol à l’aide d’une fourche-bêche ou d’une pelle, en veillant à ne pas les endommager, l’étape suivante importante est une préparation minutieuse pour la conservation hivernale. Tout d’abord, retirez les plus gros résidus de terre des cormes, mais ne les lavez pas à l’eau, car une humidité excessive peut entraîner la pourriture. Coupez les tiges à environ 5-10 centimètres au-dessus du corme. Ce moignon facilite la manipulation ultérieure et empêche la pénétration de pathogènes dans le corme par la surface de coupe.

Les cormes nettoyés doivent ensuite être séchés pendant quelques jours, voire une à deux semaines, dans un endroit aéré, sec, mais à l’abri du gel. Un endroit idéal pour cela peut être un hangar, un garage ou une véranda bien ventilée, où l’air peut circuler librement autour d’eux. Le but du séchage est de permettre aux couches externes de sécher correctement, réduisant ainsi le risque de moisissure et de pourriture pendant la conservation. Étalez les cormes en une seule couche sur du papier journal, une grille ou dans une caisse peu profonde, de sorte que toutes les faces soient exposées à l’air.

Après la période de séchage, inspectez soigneusement tous les cormes. Retirez ceux qui sont endommagés, mous, moisis ou qui présentent des signes de maladie. De tels spécimens peuvent en effet, pendant la conservation, infecter les cormes sains. À ce stade, il est fréquent de voir de plus petits cormes filles, appelés bulbilles, qui se sont formés autour du corme principal. Ceux-ci peuvent être délicatement séparés du corme mère, conservés séparément et, plantés au printemps, se développeront en plantes capables de fleurir en quelques années.

Certains jardiniers traitent les cormes avec une poudre fongicide avant la conservation pour prévenir les maladies. Cela peut être particulièrement justifié s’il y a eu des problèmes de moisissure ou d’autres infections fongiques par le passé. La poudre fongicide doit être appliquée en fine couche sur les cormes, par exemple en les secouant délicatement avec la poudre dans un sac en papier. Cette étape n’est pas obligatoire, mais elle peut augmenter la sécurité de l’hivernage, surtout dans des conditions de conservation plus humides.

Assurer des conditions de conservation idéales

Pour les cormes de glaïeul d’Abyssinie soigneusement préparés et séchés, l’étape cruciale suivante est le choix d’un lieu et d’une méthode de conservation appropriés. La température idéale de conservation se situe entre 5 et 10 degrés Celsius. Dans un environnement plus chaud, les cormes peuvent commencer à germer prématurément, tandis que des températures inférieures à zéro peuvent les endommager ou les détruire. Il est important que la température pendant la conservation soit relativement stable, en évitant les grandes fluctuations.

Le lieu de conservation doit être sombre, sec et bien ventilé. La lumière peut stimuler la germination précoce, et une humidité excessive favorise la moisissure et la pourriture. Un excellent lieu de conservation peut être une cave non chauffée, un cellier frais, un garage à l’abri du gel ou un hangar isolé. Il est important d’assurer la circulation de l’air dans la pièce, donc ne surchargez pas les récipients de conservation et aérez de temps en temps si la température extérieure le permet.

Les cormes peuvent être conservés dans divers matériaux. Des sacs en papier, des boîtes en carton ou des caisses remplies de copeaux de bois, de tourbe, de sable, ou éventuellement de perlite ou de vermiculite sont des solutions courantes. L’essentiel est que le matériau de conservation ait une structure lâche et puisse absorber l’excès d’humidité, mais en même temps ne dessèche pas excessivement les cormes. Disposez les cormes en une seule couche dans le matériau de conservation de manière à ce qu’ils ne se touchent idéalement pas, réduisant ainsi le risque de propagation d’éventuelles infections.

Pendant la conservation, au moins une fois par mois, il est conseillé de vérifier l’état des cormes. Retirez-les du récipient de conservation et inspectez s’il y a parmi eux des spécimens mous, moisis ou ratatinés. Ceux-ci doivent être immédiatement retirés pour protéger les autres cormes sains. Si le matériau de conservation semble trop humide, remplacez-le par un matériau plus sec. Un contrôle régulier aide à détecter et à résoudre à temps les problèmes éventuels, assurant le bon état des cormes pour le printemps.

Problèmes courants durant l’hivernage et leur prévention

Malgré la préparation la plus soignée, des problèmes peuvent survenir pendant l’hivernage des cormes du glaïeul d’Abyssinie. L’un des problèmes les plus courants est la moisissure, généralement causée par une humidité trop élevée et une ventilation insuffisante. Pour éviter cela, il est crucial de bien sécher les cormes avant la conservation et d’assurer un lieu de conservation sec et bien ventilé. Si de la moisissure est détectée, les cormes affectés doivent être immédiatement retirés, les autres, si nécessaire, séchés à nouveau et le matériau de conservation remplacé.

Un autre problème courant est le dessèchement et le flétrissement des cormes. Cela peut se produire si le lieu de conservation est trop chaud et sec, ou si le matériau de conservation absorbe trop d’humidité. Bien que la sécheresse soit préférable à l’humidité, une perte d’eau excessive peut affaiblir les cormes. Pour éviter cela, choisissez un lieu de conservation plus frais et un matériau de conservation (par exemple, du sable légèrement humide, de la tourbe) qui aide à maintenir l’humidité idéale des cormes sans être trop mouillé. Ici aussi, un contrôle occasionnel aide à évaluer la situation.

Plus rarement, mais des dommages causés par des rongeurs peuvent également survenir, surtout si le lieu de conservation (par exemple, hangar, cave) leur est facilement accessible. Les souris et les campagnols aiment consommer les cormes riches en nutriments. Pour éviter cela, utilisez des récipients de conservation à l’épreuve des rongeurs, par exemple des caisses avec un treillis métallique ou des boîtes en plastique bien fermées avec de petits trous de ventilation. La mise en place de pièges à rongeurs peut également aider à résoudre le problème, mais le plus important est la prévention, c’est-à-dire rendre le lieu de conservation inaccessible aux rongeurs.

Il peut arriver que les cormes commencent à germer prématurément pendant la conservation. Cela est généralement dû à une température de conservation trop élevée ou à une exposition à la lumière. Si cela est observé, essayez de déplacer les cormes dans un endroit plus frais et plus sombre. Il n’est pas recommandé de casser les pousses précoces ; essayez plutôt de ralentir le processus en modifiant les conditions jusqu’à la plantation printanière. De tels cormes peuvent encore être sauvés, mais assurez-vous que les pousses ne soient pas endommagées avant la plantation.

Préparation printanière et plantation des cormes

Après le long repos hivernal, à l’approche du printemps, il est temps de préparer les cormes du glaïeul d’Abyssinie pour la replantation. Généralement à la fin avril ou au début mai, après la fin des gelées tardives, c’est le moment de planter, lorsque le sol s’est suffisamment réchauffé. Quelques semaines avant la plantation prévue, il est conseillé de déplacer les cormes dans un endroit plus lumineux et légèrement plus chaud (environ 15-18 degrés Celsius) pour stimuler leur réveil et la formation de pousses. Ce que l’on appelle le forçage peut accélérer la floraison ultérieure.

Pendant le forçage, les cormes peuvent être disposés en une seule couche sur un plateau peu profond, éventuellement sur un peu de sable humide ou de tourbe, mais assurez-vous qu’ils ne stagnent pas dans l’eau. À ce stade également, un contrôle régulier est important pour pouvoir retirer les spécimens qui se seraient ramollis ou moisis. Sur les cormes sains, de petites pointes de pousses apparaîtront bientôt, signalant qu’ils sont prêts à être plantés. Si des bulbilles ont également été hivernées, elles peuvent aussi être préparées de manière similaire.

Pour la plantation, choisissez un endroit ensoleillé, chaud et à l’abri du vent dans le jardin. Le glaïeul d’Abyssinie préfère un sol bien drainé et riche en nutriments. Avant de planter, il est conseillé d’ameublir le sol et de l’enrichir avec du compost ou du fumier bien décomposé. Plantez les cormes à environ 8-10 centimètres de profondeur et à une distance de 10-15 centimètres les uns des autres, la pointe vers le haut. Ils sont plus beaux plantés en groupe, il est donc conseillé de planter au moins 5-7 cormes ensemble.

Après la plantation, arrosez abondamment le sol. Pendant la saison de croissance, un arrosage régulier est nécessaire, surtout pendant les périodes plus sèches, mais évitez l’eau stagnante. Pour favoriser la floraison, il est conseillé de fertiliser les plantes plusieurs fois pendant l’été avec un engrais liquide riche en potassium. Avec les soins appropriés, le glaïeul d’Abyssinie nous récompensera à nouveau avec ses magnifiques fleurs et son parfum enivrant dans la seconde moitié de l’été, confirmant l’effort consacré à son hivernage.

Ça pourrait aussi te plaire